Dans ma tête
Fandom : Merlin
Genre : slash, angst, fluff, explicit sex, first time, POST-S2.
Censure : NC-17
Personnages : Merlin/Arthur, et le reste de Camelot.
Mots : 4 489 mots
Date : 27 février/1er mars 2010
Disclaimer : Merlin est l’exclusive de ses auteurs et de la BBC.
Note : Spoilers Saison 2. Petit cadeau pour
aqualillium, parce que sans elle je serais encore bloquée dans mon
muse_random.
***
Il n’y avait que peu d’occasions où il détestait cordialement le Prince. Même si celui-ci était parfois dur à supporter, Merlin savait que c’était aussi dû à son impossible instinct d’insubordination et que par conséquent la moindre demande un peu sèche d’Arthur l’énervait profondément. Mais à part cela Arthur était quelqu’un de bien et un ami.
Sauf quand il était malade. Dans ces moments-là, Merlin aurait pu l’étouffer pendant son sommeil sans le moindre regret. Enfin du moins pas pour les quelques minutes de total silence qui auraient suivi avec délectation. Il s’en serait voulu après.
Arthur avait passé des jours en patrouille à la frontière Nord, dormant dehors par pluie, vent neige et grêle. L’hiver n’était pas clément cette année sur les terres de Camelot. Il était évidemment revenu avec une grippe carabiné et le sale caractère qui venait avec.
Arthur n’aimait pas être inutile. Il aimait encore moins être alité. Il prenait comme un affront personnel que son corps ne l’oblige à délaisser ses obligations, l’entraînement, les chevaliers, le peuple. Arthur était intransigeant comme ça. Mais même sa volonté de fer ne pouvait rien contre les demandes autoritaires et sans appel de son organisme. Au grand dam de Merlin et de tout le château. Mais surtout de Merlin.
Quand le prince était mal, tout le monde fuyait l’aile du château qui abritait son appartement de peur de se retrouver embarqué par cet ouragan de mauvaise humeur. Merlin lui n’avait le choix de fuir ou pas.
C’était l’une des raisons qui l’avait poussé ce soir-là en rentrant d’une journée au service de leur futur et insupportable souverain à se jeter la tête la première dans ses livres de magie. Il n’en pouvait plus et d’après Gaius, le prince en avait pour encore une bonne dizaine de lunes pour se remettre complètement de son mal.
Il y avait des dizaines de formules pour soulager les symptômes mais aucune à proprement dit pour guérir sans conditions et immédiatement les maux du corps à son grand regret alors Merlin prit les choses en main. Ce n’était certainement pas la première fois qu’il opérait une formule de son cru. Un peu de ci, un peu de ça, beaucoup de chance et d’instinct et le tour était généralement joué et couronné de succès.
Merlin avait su se servir de ses pouvoirs avant d’apprendre des sorts après tout. Quelques mots murmurés, une décoction de préparée et la chaleur dans tous ses membres témoins de l’emploi de sa magie et c’était fini. Il n’avait plus qu’à attendre le lever du soleil et le retour au chevet d’Arthur.
Le sommeil l’envahit aussitôt et Merlin ouvrit les yeux automatiquement avant le chant du coq, reposé et apaisé. La journée s’annonçait belle. Il se prépara à la hâte et fila dans les appartements princiers sans même faire attention au regard endormi et suspicieux de son mentor, avec un espoir si grand que Merlin avait l’impression qu’il allait l’étouffer.
Il ouvrit doucement la porte pour ne pas réveiller Arthur trop brusquement, l’instinct de survie quand même plus fort que toutes ses espérances et laissa un sourire radieux illuminer son visage en voyant le jeune prince debout et déjà en plein entraînement avec son épée étincelante dans le soleil levant. Il avait réussi. Arthur se retourna vers lui, arrêtant l’épée en plein élan pour en déposer la pointe sur le sol, appuyant son poids dessus.
« Heureux de vous voir sur pied, Sire. »
Arthur le dévisagea avec un mélange d’amusement et suspicion qui laissa un moment Merlin terrifié à l’intérieur.
« Merlin, salua Arthur à son tour avant de se remettre à ses exercices.
-Je vous serais gré de ne pas endommager le mobilier si tôt dans la matinée, Sire. J’ai bien assez de travail pour la semaine.
-Et si tu commençais par ranger mes appartements et par me faire porter le petit déjeuner Merlin. J’ai une faim de loup.
-Avec grand plaisir. »
Merlin déposa un pichet d’eau fraîche sur la table et se pencha pour ramasser la chemise sale sur le sol.
Quelle agréable vue de si bon matin.
Merlin se redressa brusquement comme frappé par la foudre. Il se retourna vers le prince, qui n’avait pas interrompu ses activités.
« Vous m’avez parlé, Sire ?
-Non Merlin. Mais peut-être arrives-tu à entendre mon estomac crier famine, insista Arthur en pointant sa lame vers lui.
-Oui, pardon. J’y vais de ce pas. »
Merlin détalla de la pièce, une sueur froide dans son dos. Que venait-il de se passer ?
***
Gaius lui jeta un regard plein de reproches en examinant l’héritier de la couronne qui trépignait d’impatience à l’idée de sortir à l’air libre pour la première fois depuis ce qui avait semblé une éternité. Merlin se ronger mécaniquement le même ongle depuis une bonne dizaine de minutes en observant l’examen approfondi du médecin de la Cour.
Au delà des inquiétudes qu’il avait de s’être trompé dans sa formule et des reproches de Gaius pour avoir utilisé sa magie sans l’avoir consulté au préalable quand à la santé de leur dauphin, Merlin ne pouvait s’empêcher d’être nerveux. Quelque chose n’était pas normal.
Il va finir par attaquer l’os, cet imbécile s’il continue comme ça.
Merlin fit un bond et se retourna. Il entendait des voix. Il en était maintenant persuadé. Ce n’était pas un fantôme ni un esprit, parce qu’on ne s’adressait jamais vraiment à lui. Personne ne répondait quand il posait des questions à cet individu inconnu que ce soit à voix haute ou dans sa propre conscience.
Merlin commençait vraiment à se demander s’il ne perdait pas la tête et il n’était pas convaincue que ce soit l’explication la plus simple ni la meilleure.
« Tout semble aller pour le mieux, votre Altesse. Vous m’en voyez rassuré.
-Vous êtes trop modeste quand à vos dons de guérisseur, Gaius. Merci. Un jour de plus dans ce lit et je n’aurai pas été responsable de mes actions, sourit Arthur avec bonne humeur.
-Merci, votre Altesse. Merlin. Puis-je te parler un moment ? » cingla Gaius en prenant la direction de la sortie.
Arthur sauta du matelas pour aller se changer derrière le paravent.
« Bien entendu Gaius. »
Quelqu’un a de gros problèmes.ricana la voix dans sa tête et brusquement tout prit son sens.
Ce genre de remarques, ces intonations. Il en était sûr maintenant.
Bon courage Merlin ! se moqua-t-elle.
Il entendait les pensées d’Arthur. Manquant une marche et laissant échapper un petit cri terrifié, Merlin faillit se tordre le cou dans sa chute. Une solution probablement plus agréable que de subir cette nouvelle fantaisie du Destin.
***
Merlin resservit Arthur avec attention, posant sa main sur celle entourant le pied de la coupe pour être sûr de ne pas en mettre à coté.
C’est à se demander comment il fait pour avoir les main douces et si peu calleuses.
Merlin se mordit la lèvre et relâcha brusquement la coupe comme brûlé. Arthur lui jeta un regard sombre en maîtrisant le recul du verre, manquant d’en reverser le contenu sur sa tenue de cérémonie. Merlin bredouilla une excuse et se retira avec les autres serviteurs et valets dans le fond avec hâte.
« Tout va bien, Merlin ? s’enquit Gwen.
-Oui oui.
-Tu m’as l’air fébrile. Tu devrais demander à Gaius de te prescrire quelque chose, réitéra-t-elle inquiète.
-Je lui demanderais. Merci de t’inquiéter. » bafouilla-t-il.
Le banquet battait son plein et les invités venu du royaume voisin ravi au delà des mots par l’accueil de Camelot. Ce nouveau traité allait assurer une ère de prospérité et de paix pour quelques longues années.
Les jeunes femmes paradaient dans leurs plus belles toilettes, les hommes dans leur habits d’apparat. Le bal était enfiévré et les danses succédaient aux nombreux services dans une ronde de couleurs, de rires et de musique. Mais Merlin n’avait guère l’envie d’en profiter.
Il supportait les pensées, les commentaires de l’esprit d’Arthur depuis trois lunes déjà et Merlin découvrait que le sort ne faisait que gagner en intensité avec le temps. Il pouvait entendre Arthur à l’autre bout du château maintenant.
Il n’y voyait pas particulièrement d’inconvénients quand Arthur s’entraînait, patrouillait. Le bourdonnement de la présence d’Arthur un vague bruit de fond rassurant. Quand Arthur était en conseil de guerre ou en réunion avec le conseil, il avait envie de s’endormir tant Arthur pensait à des choses sans grand intérêt. Merlin était maintenant incollable sus les prévisions et l’état des stocks de grains. C’était rassurant de savoir où son maître se trouvait et de le savoir sain et sauf.
Il entendait Arthur penser au peuple, cherchait des solutions pour son bien-être, Camelot toujours présent dans son esprit, en premier, avant l’honneur, avant les attentes de son père avant même les conseils et les réprimandes faites aux chevaliers pendant l’entraînement. C’était fabuleux d’entendre le futur roi de légende se construire seul jour après jour.
Sauf quand il était près de lui. Dans ces moments-là, Merlin avait mal à la tête tellement il essayait de bloquer la moindre parole. Arthur le scrutait tout le temps, le regardait, s’inquiétait, l’étudiait et Merlin en était malade.
Ca pouvait aller d’un vague « Il a l’air de cacher quelque chose. » à un « son séant dans les airs n’est pas une position adéquate dans ce genre de situation mais Dieux que c’est agréable à voir. »
Dans ces moments-là, Merlin devenait d’un rouge brillant, une chaleur évidente sur le visage, tant et si bien que ça avait conduit ce soir-là Gwen à le croire fiévreux.
Il secoua la tête et prit une grande inspiration pour se calmer. Il ne savait pas s’il devait être heureux ou terrifié d’Arthur. Le jeune prince discutait avec une énième jeune damoiselle, poli et séduisant à haute voix, désespérément ennuyé à l’intérieur.
Une mesure de plus et sa robe risque de laisser sa poitrine déborder sur la table. A quoi pensent donc ces dames.
Merlin étouffa un éclat de rire, s’attirant les regards curieux et scandalisés des autres domestiques.
Enfin un sourire. Ce n’est pas trop tôt. Je ne sais pas ce qu’on vient de lui dire mais au moins cela fait plaisir à voir.
Merlin releva la tête, perplexe et sentit son cœur rater un battement en voyant le sourire que lui adressait le prince.
« Sa Seigneurie a l’air de s’amuser, sourit Gwen à ses cotés.
-Oui je crois. » répondit maladroitement Merlin.
Un nouvel interlude musical débuta et Arthur se leva, invitant une nouvelle jeune fille à danser avec lui. Arthur savait aussi bien danser qu’il savait combattre ou diriger. Il glissait sur le parquet de la salle avec grâce, élégance et dignité tant et si bien que même si sa cavalière était une empotée elle semblait flotter avec lui sans la musique. Merlin adorait le voir danser.
Arthur sourit un peu plus à sa partenaire et l’entraîna dans un pas encore plus élaboré.
« Le cœur de cette jeune demoiselle ne s’en remettra jamais, s’amusa Gwen avec un brin d’envie.
-Comment le pourrait-elle ? dit-il sans y penser.
-Merlin ! s’exclama-t-elle régalée de surprise.
-Enfin, je veux dire. Il fait tout pour faire en sorte de les faire tomber à ses pieds. C’est évident ! C’est un charmeur. Ces jeunes femmes ne devraient même pas le regarder, s’indigna faussement Merlin.
-Tu n’en penses pas le moindre mot, déclara Gwen avec triomphe.
-Toutes les dames des royaumes sont attirés par Arthur. Encore plus quand il le fait exprès. Dans ces moments-là… même moi, je le serais. »
Gwen lui fit un sourire affectueux et le récompensa d’une caresse sur le bras.
Merlin ne sera jamais à toi.
Merlin faillit se mordre la langue en entendant les propos si véhéments du roi. Il crut un instant voir le regard courroucé d’Arthur dans leur direction et pourtant Merlin le trouva poli et concentré sur sa danse.
Il secoua la tête. Même en écoutant son esprit, Merlin n’arrivait pas à comprendre Arthur.
***>
Les choses se compliquèrent beaucoup plus le jour de la rupture du traité. Bayard avait déjà réunis ses troupes le long de la frontière, Cendred s’était allié avec lui et maintenant Camelot se retrouvait assiégée de tous les cotés. Merlin entendait Arthur s’inquiétait, bouillonnait de rage contre leurs ennemis. Camelot ne faisait pas la guerre. Pas contre les autres royaumes, juste contre la magie, ce qui ne dispensaient pas les autres royaumes de devenir nerveux à chaque victoire ou chaque mouvement d’Uther.
Uther n’avait pas besoin de faire des plans, de planifier une riposte. Arthur était déjà à l’œuvre depuis l’arrivée de leur éclaireur, épuisé, ensanglanté. Il avait pris les choses en main sous la supervision d’Uther, qui ne savait pas s’il devait être fier de son fils ou s’il devait craindre pour son trône.
Arthur avait déjà prouvé à maintes reprises sa loyauté. Là où l’égoïsme d’Uther avait coûté des vies par centaines, Arthur ne vivait que pour Camelot et c’était sans nul doute ce qui ferait de lui un grand roi.
Mais à chaque nouvelle bataille, à chaque nouvelle formation de prévue sur le papier, Merlin sentait son cœur se serrait de terreur. Il savait qu’il ne pourrait pas l’accompagner. Il serait banni, tuer. Arthur l’enfermerait dans les cachots pour l’empêcher de les suivre. Il l’avait entendu.
Ne me regarde pas comme ça. Je ne te mettrai pas en danger en te laissant à mes côtés
Et ce n’était que le désespoir de cette pensée qui faisait vaciller la volonté de Merlin à protéger Arthur où qu’il aille. Il savait qu’il ne ferait que le distraire, comprenant maintenant bien plus qu’il ne l’aurait imaginé le comportement du prince.
« Je partirai à l’aube avec mes hommes. Les troupes se sont rassemblaient sur le champ de bataille décidé. Nous sommes prêt, père. Nous vaincrons. »
Le roi posa sa main sur l’épaule de son fils et acquiesça de la tête avec fierté et angoisse. Merlin quitta la salle du trône à la suite d’Arthur jusque dans ses appartements où il ouvrait déjà toutes ses malles pour préparer son sac. Merlin l’arrêta à la deuxième tunique matelassé fourrée en boule dans le trop étroit couchage.
Ne fais pas ça.
« Vous devrez être prudent. S’étrangla Arthur sans le regarder, préparant son meilleur ami pour la guerre.
-Ne le suis pas toujours ?
-Non. C’est bien ce qui nous inquiète tous.
-Je ferai mon possible. Léon sera à mes côtés. Il est encore plus protecteur que mon père ou Gaius.
-Léon n’est qu’un homme.
-Nous le sommes tous. »
Sauf vous, pensa fort Merlin avec une révérence qu’il n’osait jamais reconnaître.
« Tu me fais la promesse de ne pas sortir de l’enceinte ? dit Arthur.
-Oui, Sire.
-Jure-le.
-Il n’est pas nécessaire d’en arriver là, riposta Merlin avec colère.
-Jure-le Merlin, jure-le sur Hunith, sur Gaius. Jure-le moi. contra Arthur avec autorité, le regard intense et impérieux.
Merlin déglutit et se résigna.
« Je le jure. »
Arthur se détendit visiblement et Merlin se surprit à remarquer le soupir de soulagement qui lui échappa. Pourquoi Arthur s’inquiétait donc tant pour lui ? Pour son valet ? Ils étaient amis certes, mais Merlin n’était personne, ne pourrait jamais être plus que ça.
Les Dieux soient loués.
« En retour je vous demande de revenir.
-Je ferais mon possible, sourit Arthur avec indulgence. Maintenant laisse-moi. Gaius doit avoir besoin de ton aide pour préparer les réserves de soin.
-Oui, Sire, dit-il en s’inclinant.
Il fallait donc une guerre pour qu’il me traite avec déférence.fut la pensée triste qu’il entendit.
Merlin se mordit la lèvre en se dirigeant vers la porte pour l’empêcher de se jeter sur Arthur et de le secouer, d’hurler sur lui et sa grandeur d’âme.
« Bonsoir, Merlin.
-Bonsoir… Arthur. »
Et ce fut la dernière fois qu’il le vit avant que les chevaliers ne partent pour la bataille.
***>
Merlin avait beaucoup appris depuis son arrivée à Camelot. Il avait bien étudié et savait par conséquent mieux que les druides comment voler un cristal magique sans se faire repérer ni alerter les gardes. Les sorts d’illusions n’étaient pas si durs à lancer et maintenir.
Il s’enferma dans sa chambre, la peur au ventre, le cristal brûlant de pouvoir entre ses mains. Gaius n’avait même pas cherché à l’arrêter, trop occupé qu’il était à solliciter Gwen pour ne pas qu’elle perde la raison d’inquiétude à son tour.
Il colmata les trous de la porte, de la fenêtre et s’assit sur les planches froides du sol, au milieu de cercles de craies qu’il avait dessiné par pur instinct sa magie vibrant à l’intérieur de son corps prête à exploser avec son angoisse.
Il alluma les bougies d’un battement de paupières, posa le cristal devant lui et toute sa magie s’échappa de son si fort contrôle. Le cristal s’illumina et il voyait Arthur. Ses cheveux blonds étincelant au soleil levant autour de sa couronne d’or, l’épée brandit si haut dans le ciel.
POUR CAMELOT ! furent les pensées et les cris et la charge fut lancée.
Merlin n’avait jamais vu pareille violence, pareille force et volonté de destruction. La haine de Bayard et Cendred, la fureur protectrice d’Arthur, la rage des chevaliers et des soldats. Merlin tremblait de peur derrière ses paupières fermées. Il avait l’impression que les collisions des épées faisait battre douloureusement son cœur à un rythme freiné, l’assourdissant dans sa transe.
Qu’Albion le protège ! pria-t-il
Nos promesses ont été faites ! Nous les respecterons. Pour revoir les remparts de Camelot victorieux ! fut la seule pensée qu’il entendit. La seule. Arthur n’était plus là pour être entendu, n’était plus dans son esprit pour le rassurer.
Merlin pleura et pria plus fort encore qu’il ne l’avait jamais fait, nouant chacune d’elle à la terre elle-même, laissant un appel à Albion, à la Nature, à la Magie. Protéger ce roi que vous désespérez d’avoir.
ET il l’entendit le rugissement, le cri qui lui glaça le sang. Celui d’un bête qu’il croyait avoir banni à jamais du monde. Et tout s’arrêta.
Les bougies s’éteignirent, la craie disparut, le cristal reprit sa place dans le coffre scellé de la salle du trésor et la porte s’ouvrit à la volée. Gaius le saisit par l’épaule et Merlin se laissa aller contre le torse fragile du vieil homme.
Il avait perdu Arthur.
***>
Uther faisait les cent pas sur les remparts au-dessus d’eux. Aucune nouvelle. Camelot n’avait reçu aucun message du front, aucune nouvelle de son prince et de son armée depuis des jours. Merlin guettait de l’autre côté de l’enceinte, à l’abri des regards, ramassant les herbes que Gaius lui avait demandé de collecter dans les jardins médicinaux.
Merlin le faisait par pur automatisme, cherchant les bribes d’une liaison avec Arthur, le fil rouge coupé depuis ce qui lui semblait une éternité, le laissant seul et frigorifié par la solitude et la terreur.
Il sentait la terre trembler mais rien n’avait d’importance.
« Je croyais t’avoir interdit de quitter l’enceinte de la citadelle ! »
Merlin se retourna aussi brusquement qu’on tranchait la détente d’une catapulte. Arthur lui souriait sans la moindre nuance de reproches, ses cheveux blonds toujours aussi brillants sous le soleil malgré la boue et les traces de sang, son armure endommagée, son épée émoussé par les trop nombreux coups.
Mais Arthur était là. Merlin lâcha le panier d’osier et resta figé sur place.
Derrière lui les chevaliers se dressaient, plus ou moins blessé mais droits, la posture des vainqueurs, les yeux brillant de bonheur face à leur château. Il voyait plus loin dans la forêt dissimulées sous les pins, les chênes et les bouleaux, deux grands yeux d’or.
« C’est ainsi que tu accueilles ton prince ! s’amusa Arthur.
-Pardon, Sire, bredouilla-t-il en le rejoignant.
Arthur vibrait de joie et d’amusement. Merlin s’inclina avec une sourire et se saisit de la bride de son cheval.
« Bienvenu, mon Seigneur.
-C’est bon d’être de retour. »
Et Merlin le ramena chez lui.
***
Le triomphe de Camelot pour ses guerriers fut sans pareil. Merlin n’avait jamais vu tant de ferveur, de bonheur posséder un peuple. Les fleurs pleuvaient, les murs étaient parés de rouge et d’or, la musique et les acclamations résonnaient sans répit. Le banquet royal se prolongea dans la cour, le peuple invité à célébrer aux côtés des nobles, de ses chevaliers, de son champion et de son roi.
Merlin était encore si bouleversé qu’il n’avait pas quitté le prince des yeux depuis son retour, même s’il n’eut pas une seconde pour rester en sa présence. Arthur fut libéré de son armure par Gwen, traité par Gaius, accueilli par son père, retenu par le conseil et les nobles. Si bien qu’au deuxième jour de banquet, Merlin savait qu’Arthur n’avait pas dormi depuis son retour.
Les couronnes de Bayard et Cendred étincelaient sur la table royale face à Uther et chaque noble payait ses respects plus courbés que jamais. Camelot avait gagné deux royaumes, un nouveau peuple qui avait juré allégeance avec révérence et ferveur.
Un nouvelle ère commençait pour Albion et elle ne le devait qu’à Arthur. Gwen entraîna Merlin danse après danse pendant des heures et Merlin rit aux éclats, heureux comme jamais il ne l’avait été.
« Je vois qu’on s’amuse. »
Gwen et lui s’arrêtèrent de tourner frénétiquement et sourirent à leur futur souverain. Arthur baisa la main de Gwen comme celle d’une reine et fixa Merlin d’un regard intense.
« Puis-je vous délester de votre si incompétent cavalier, mademoiselle. Je crains devoir me retirer avant de tomber de sommeil, ce qui vous me l’accorderez sûrement ne saurait rendre une belle image du champion d’une nation.
-Je vous en pris votre Altesse. Je m’en voudrais d’être responsable de votre déchéance, sourit Gwen, amusé par le jeu du prince.
-Vous êtes trop aimable. Merlin ? »
Merlin sourit, un peu confus et suivit son maître jusque dans ses appartements. La porte refermée derrière eux, Arthur laissa retomber les apparences et s’affala sur le matelas, la fatigue lisible dans le moindre mouvement de poitrine.
« Je vais avoir besoin que vous vous redressiez, Sire, si vous voulez que je vous déleste de ses apparats, ricana Merlin.
-Je ne rêve que de ça depuis des mois. Tu n’imagines pas à quelque point c’est une torture de dormir en armure, manger, en armure, monter en amure, et de s’enrouler dans ses vêtements si peu confortables pendant des jours.
-Et je ne le souhaite pas. » sourit Merlin.
Il ôta les vêtements avec délicatesse, il le savait blessé et Merlin s’en serait voulu de lui faire ressentir la moindre douleur par maladresse. Il ôta la dernière couche qui recouvrait le torse et s’arrêta brusquement lorsque ses yeux se posèrent sur le haut du bras d’Arthur.
« Je voulais te le rendre à mon retour, mais je crains de l’avoir ruiner pendant mon séjour, expliqua Arthur en détachant le foulard rouge que Merlin avait glissé dans la sacoche avant son départ, tâchée de sang, découvrant un vilaine coupure depuis traitée.
-Ce n’est pas grave, s’étrangla Merlin en allant ranger la chemise.
-J’ai choisi de prendre ça comme un gage de chance et d’affectation ai-je eu tort Merlin ? »
Merlin se mordit la lèvre et prit une grande inspiration pour garder contenance. Il aurait tout donner pour pouvoir entendre son esprit de nouveau. Il se retourna vers Arthur et sut qu’il n’en avait pas besoin.
Embrasse-moi. Embrasse-moi ! criait Arthur par tous ses pores et Merlin n’avait plus besoin de magie pour le comprendre. Il avait des yeux.
Il se précipita vers lui et recouvrit les lèvres roses avec passion et désespoir. Il l’embrassa comme jamais il n’avait embrassé personne, priant pour qu’Arthur comprenne son désespoir, son bonheur de le retrouver, son amour.
Et Arthur entendait, l’embrassait avec fougue. Les mains contre les joues de Merlin, dans ses cheveux ses jambes autour de sa taille, assis qu’il était sur le matelas, Arthur donnait tout ce qu’il avait et Merlin acceptait humblement, une main contre la nuque chaude, l’autre sur la cuisse d’Arthur pour ne pas s’écrouler contre son roi.
« Je t’ai entendu y penser. Penser à moi, murmura Arthur contre son cou, les mains partout sur lui, le déshabillant avec agilité.
-Moi aussi. » répondit bêtement Merlin.
D’un mouvement brusque et rapide, Arthur l’allongea sur le lit, se penchant au-dessus pour un nouveau baiser. Merlin l’agrippa par les cheveux et prit le contrôle même pour un instant. Arthur faisait l’amour comme il combattait ou dirigeait. Il était révérencieux, possessif et fervent, faisant passer les autres avant lui.
Merlin ne s’était jamais senti autant aimé. Arthur le caressait comme une chose précieuse que Merlin savait ne pas être. Il l’embrassait doucement, passionnément partout, avec amour et admiration. Merlin se sentait partir, flottait. Ici Arthur était le magicien, l’envoûtant d’un geste, d’une parole d’un gémissement contre sa gorge, lui faisant perdre la tête.
Il s’entendait résonner dans l’air, sentait sa magie s’étirait tout autour de lui pour les envelopper la peau chaude d’Arthur contre la sienne, en lui, ses lèvres contre son cou, sur les siennes.
Merlin aurait tout fait pour que ça dure des heures, des jours, des années ! Et pourtant il lâcha prise et étouffa un cri en entraînant Arthur avec lui. Arthur retomba sur lui comme au ralenti, sa bouche ouverte contre son cou, les mains dans ses cheveux.
« Merlin… soupira-t-il.
-Oui ?
-La prochaine fois que je suis malade ? Abstiens-toi d’expérimenter ta magie sur moi. J’ai cru devenir fou.
-J’en prends bonne note, Sire, répondit Merlin après un moment de panique. La prochaine fois je vous laisserai misérable et le nez dégoulinant.
-Merci, sourit Arthur en se redressant.
Merlin arrêta de respirer un instant sous le regard si amoureux d’Arthur.
-Et pour information. Un dragon, Merlin ? Je te savais extravagant mais tout de même.
-Je ne lui ai rien demandé. Il est venu de son plein gré.
-Je croyais que j’en avais terminé avec sa vie.
-Eh bien en fait…
-Merlin ?
-Oui ?
-Plus de mensonges. Celui-là était bien trop important pour que tu le caches, reprocha Arthur.
-Je le promets. Mais, pour ma magie…
-Tu es un imbécile, Merlin. Tu ne saurais garder un secret si ta vie en dépendait, rit Arthur contre sa gorge.
-J’ai bien gardé celui-là.
-Ce n’était pas un secret c’était un mensonge. Tu n’as pas le droit de me mentir, protesta Arthur en baillant.
-Il en sera fait selon vos désirs, votre Seigneurie. »
Merlin sentit Arthur se détendre contre lui et il prit une grande inspiration, comme s’il respirait pour la première fois de sa vie. Heureux et détendu.
« Oh et Merlin ?
-Quoi encore ? N’aviez-vous pas sommeil !
-Si. Mais si tu pouvais remettre mes appartements en état avant qu’on ne vienne nous déranger. Je pense que ta tête sera satisfaite de rester sur tes épaules.
-Dors Arthur.
-J’aime quand tu me tutoies. » commenta Arthur avant de sombrer.
Merlin rit doucement pour ne pas le déranger et observa les dégâts plus attentivement. Comment avait-il réussi à faire pousser tant de lianes et de fleurs sur les murs étaient un vrai mystère qu’il n’était pas particulièrement pressé de résoudre. Pas quand il avait le futur souverain d’Albion contre lui.
Tout ça à cause d’un rhume.
FIN.
27 février - 1er mars 2010