Fic: Au commencement, Réponse au Défi de Septembre

Oct 08, 2006 19:50


Titre: Au Commencement
Auteur: Shinrin
Personnages: lol Eh bin, ça va vous surprendre, mais Kingsley... ....enfin peut-être pas le Kingsley auquel on est habitués ^^;; 
Rating: PG13?
Nombre de mots: 1,171 mots
Note: réponse au défi de Septembre (all night long), en retard, pardon, pardooooon.... Ah, et finalement, ça rend plus dark que je ne l'avais prévu initialement. ^^;;

Il aurait préféré que le salon soit plongé dans l’obscurité. Il aurait voulu se taper un genou contre le rebord de la table basse, la lueur au bout de sa baguette trop ténue pour repousser les ténèbres. Il aurait aimé ne pas apercevoir son reflet dans le miroir de l’entrée, visage gris, traits tirés, une fine coupure au-dessus de la pommette gauche.
Mais Kingsley rentre et elle est là, qui l’attend en silence, assise dans un fauteuil près d’une vieille lampe en fer forgé. Son regard est accusateur ; voilé d’inquiétude, aussi.
« Où étais-tu ? »
Il serre les dents. Et voilà, l’interrogatoire commence.
« Avec des amis. »
Ce n’est qu’un demi-mensonge. Après tout, on tisse forcément des liens particuliers avec la personne qui vous a sucé dans le coin le plus sombre du Bear’s Den, non ? Même sans connaître son nom, même sans avoir vu précisément ses traits, même sans avoir échangé plus que deux phrases... il reste quand même un lien étrange, primaire, réel... non ?
Tout ça, bien sûr, il ne peut pas le lui expliquer, elle ne comprendrait pas. Alors il n’ajoute rien d’autre. Ils restent ainsi, immobiles statues de sel aux indéchiffrables regards.
Finalement, c’est elle qui abandonne la lutte.
« Pourquoi tu n’as pas prévenu ? »
Sa voix est tremblante d’inquiétude et de quelque chose qui ressemble de plus en plus à de la colère.
« J’y ai pas pensé. »
Cette fois, c’est l’entière vérité. Difficile de penser quand une langue experte glisse le long de votre queue.
« De toute façon, j’ai pas à prévenir. Je sors jamais d’habitude, je pouvais bien faire une exception. »
« Justement, tu ne disparais jamais comme ça ! »
L’éclat de voix sonne sec comme un coup de fouet.
« Tu aurais dû prévenir ! »
Peut-être. Sauf qu’il n’a pas réfléchi. Ca lui est monté dans le sang tout à l’heure, pendant que Greeswald déblatérait. Il a eu envie de se prouver qu’il pouvait le faire. Il a eu envie de plaire, d’être désiré. Il a eu envie de se perdre dans les plaisirs du corps. Dans les alcools iridescents et les parfums de rêves éclatés. Dans les chants, poisseux de maquillage, du travesti sur la scène.
Il a regretté, ensuite. Un instant, il a eu peur, a lutté pour ne rien laisser paraître. Il n’a pas trouvé ses marques au milieu du bar à moitié vide, a senti couler sur lui des regards assombris par l’ivresse. Il s’est senti bête, debout devant la porte, hésitant à entrer. Il s’est dit qu’il aurait vraiment du se raser le crâne, au lieu de garder ces quelques millimètres ridicules de cheveux ; il a réalisé qu’il aurait du mettre sa chemise bleu nuit, au lieu de ce vieux t-shirt couleur crème.
Il s’est dirigé vers le bar, a demandé une bièreaubeurre, s’est efforcé de dissimuler sa nervosité. Dans des niches pleines d’ombre apparaissaient par intervalles des visages, fantômes rendus difformes par la fumée.
Il a failli faire marche arrière.
Mais voilà. A l’autre bout de la pièce, deux jeunes hommes l’observaient avec un amusement surpris. Il a mis quelques temps avant de s’en apercevoir. Il s’est agité sur son tabouret, sentant sa nervosité grandir. Et puis il les a reconnus. Deux anciens élèves de son collège, voilà qui ils étaient. Deux coqueluches des premières années, surtout le type aux cheveux noirs.
Quand il les a dévisagé, le mec a eu un sourire amusé. Et un clin d’oeil. Kingsley a pris ça pour un encouragement. Il s’est senti étrangement soulagé.
Les choses ont été plus faciles après ça. Plus question de faire marche arrière. Il fallait garder la tête haute devant ses aînés. Surtout des Gryffondors.  
Dans un coin, semblant plus perdu que lui, un jeune homme à peine aussi âgé que lui sirotait une bouteille. Il n’a pas fallu dire grand-chose pour qu’il suive Kingsley dans l’arrière salle. Il s’est senti fier.
Il se demande un instant si elle sera fière, elle aussi, en apprenant ça, où si elle s’effondrera en pleurs. Si elle le maudira, voudra le soigner par des sorts d’amnésie, des thérapies sorcières poussées...
Il est cinq heures du matin ; il n’a pas envie de le découvrir. Il regarde les mains maigres qui serrent compulsivement le châle autour des épaules fragiles.
« J’étais morte d’inquiétude ! Avec ce qui se passe ces derniers temps... ! Tu aurais pu... »
« Je sais. »
Il n’a pas besoin qu’elle lui explique.
Il ignore comment l’attaque a commencée. Il sait juste qu’il a quitté le bar, qu’il a remonté l’allée des Embrumes, un sourire aux lèvres. C’est là qu’il a commencé à les entendre. Les cris.
Il a fait tout ce qu’on leur avait appris en cours de duel. Il a tiré sa baguette. Il a couru en prenant soin de rester dans l’ombre, de progresser d’abris en abris, limitant le risque d’être pris à découvert.
Quand il a finalement atteint la petite ruelle, il a été incapable de réagir, pendant un instant.
C’était la première fois qu’il voyait une bataille. Deux corps à terre, baignant dans une substance brillante, poisseuse, noire comme la nuit. Des serpents de lumière zébraient l’air, des sorts éclataient de tout côté, accompagnés de brefs hurlements de douleur, d’une plainte rauque, d’un rire dément.
Des silhouettes blanches, des crânes sculptés dans des masques couleur d’os. Des Mangemorts.
En face d’eux, quelques sorciers. Quelques hommes, des femmes, tout âges confondus... et les deux anciens élèves de Poudlard.
Une barrique a explosé juste à côté de Kingsley, l’a projeté contre le mur. C’est ce qui l’a ramené à la réalité, l’a poussé à intervenir. Ce qui lui a sauvé la vie, sans doute, le transformant de cible vivante en combattant.
Il s’est jeté en avant le coeur battant, hurlant pour s’empêcher de réfléchir à ce qu’il faisait. Il a lancé une attaque contre le premier Mangemort à sa portée.
« S’il t’était arrivé malheur... ! S’il... ! »
« Il m’est rien arrivé. Il m’arrivera rien. »
Avec un peu de chance. Peut-être.
Avec un peu d’entraînement, aussi.
Quand tout a été fini, qu’il n’y a eu ni gagnant ni perdant, juste à compter les cadavres, les deux anciens élèves l’ont pris à part. Ils se sont présentés. Ils ont parlé d’un groupe s’appelant l’Ordre. Sirius lui a laissé entendre qu’ils avaient besoin de gars doués, dans son genre ; il s’est sentit flatté, intéressé... hésitant, aussi. Remus avait l’air sur la réserve, semblait vouloir empêcher son compagnon de parler, et quelque chose en Kingsley lui en était presque reconnaissant.
Pourtant, quand Sirius a refait cet infernal petit clin d’oeil, Kingsley a su, au plus profond de lui-même, qu’il serait présent à ce rendez-vous « juste pour discuter », dans deux semaines.
« Ne refais plus jamais ça, tu m’entends, Kingsley ? Je veux savoir où tu es, la nuit ! »
Il se détourne, évite de croiser son reflet dans le miroir.
« Bonne nuit, Maman. »

thème, fic, all night long, septembre

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