Titre: Les liaisons dangereuses Tokyo
Rating: NC-17
Personnages/Pairings: Jun/Sho Ohno/Aiba Jun/Aiba
Résumé: Masaki entre dans une prestigieuse université de Tokyo, réservée à l'élite. Il y fait de nombreuses rencontres plus ou moins heureuses...
Ceci est une version moderne des "Liaisons Dangereuses" de Choderlos de Laclos
« Sensei, dites-nous qu'il n'a rien, s'il vous plait...
-Vous voulez la vérité ou que je vous dise ce que vous souhaitez entendre ? »
Les deux femmes baissèrent la tête sachant ce qui se cachait sous cette phrase lourde de sens.
Imouto-sensei avait attendu son petit-fils devant la maison de Matsumoto, persuadée qu'il s'y trouvait et qu'il ne tarderait pas à en sortir. L'un de ses proches amis, enseignant dans l'association avait accepté de lui servir de chauffeur et de guetteur et ils discutaient à mots couverts de la situation délicate de Sho lorsqu'il avait vu le jeune homme arriver sur le trottoir d'en face l'air totalement hagard.
Ils s'étaient avancés en voiture jusqu'à lui et l'avait fait monter sans qu'il n'oppose la moindre résistance.
Imouto sensei l'avait amené à la maison où Maki les attendait déjà et elles l'avaient couché dans la plus grande des chambres, appelant immédiatement le médecin, plus qu'inquiètes en voyant l'état lamentable dans lequel il se trouvait.
Le médecin qui connaissait bien la vieille dame ne lui avait pas posé de questions en arrivant, tâchant de se faire une opinion personnelle avant toute chose. Mais en sortant de la chambre, il avait le regard grave.
« Il vous a parlé ? » l'interrogea Maki.
« Non, absolument pas. Il est couché, il ne dort pas mais a le regard dans le vide. Je ne sais pas depuis combien de jours il ne s'est pas alimenté mais je pense que c'est assez préoccupant pour justifier la pose d'une perfusion... Quant au reste... » il regarda les deux femmes, se demandant visiblement si elles étaient prêtes à entendre ce qu'il avait à dire, puis se lança. « Il se pourrait qu'il ait été violé... il a des marques de liens aux poignets et aux chevilles qui n'ont pas l'air récentes, il se pourrait que ce soit un traitement régulier. Il a aussi perdu pas mal de sang. Je pense qu'on l'a forcé. Voulez-vous que je fasse un rapport à la police ?
-Je... non. » souffla Maki. « Je pense qu'il était consentant dans la mesure du possible...
-Oh, je vois... » murmura le médecin pensant de toute évidence avoir à faire à un masochiste. « Cependant, je ne peux pas taire ce que j'ai constaté.
-Alors, je porterai plainte moi-même avec lui, dès qu'il m'aura parlé. Je ferais alors appel à vos constatations à ce moment-là si vous l'acceptez, sensei » conclut Maki avec un calme qui n'était que façade.
« Ne tardez pas alors Mademoiselle. Il... il est très affaibli je ne sais pas s'il peut recouvrer la santé. Je préconise une hospitalisation.
-Non ! Surtout pas ! Il se laisserait mourir, s'il vous plait Sensei, il ira mieux je vous le promets si vous nous laissez nous occuper de lui...
-Ce n'est pas raisonnable.
-Rien n'est raisonnable dans cette histoire. » intervint la grand-mère. « Mais elle a raison, il souffre moralement bien plus que physiquement et tant qu'il n'ira pas mieux dans sa tête, son corps ne suivra pas.
-Je vois... » capitula le médecin, visiblement mécontent qu'on ne suive pas ses instructions. « Je reviendrai dans deux jours. Parlez-lui et tentez de le raisonner... s'il ne s'est pas nourri d'ici-là, je le ferai hospitaliser d'office.
-Très bien. » opina Maki en le raccompagnant à la porte avant de revenir à la vieille dame.
« Ca va aller, ça va aller » la rassura-t-elle en lui caressant l'avant-bras en un geste apaisant.
Mais elle était terrorisée. Même dans ses pires cauchemars, elle n'aurait pas imaginé cette situation sinistre. Réussirait-elle à passer outre ses réticences pour lui être utile ? Saurait-elle occulter le dégoût qui lui venait en imaginant Sho attaché à un lit à la merci de Matsumoto ? Non, si elle y pensait, elle prendrait ses jambes à son cou, c'était couru d'avance.
« Je vais lui faire de la soupe. Ca me servira d'excuse pour aller le voir.
-Très bien, je vais aller m'allonger un peu si tu le veux bien.
-Bien sûr Baa-chan... vous devez être épuisée... Croyez-vous que je devrais prévenir ses parents ?
-Attends la prochaine visite du médecin. S'il ne va pas mieux, on les appellera.
-Très bien. Alors souhaitons que nous n'ayons pas à le faire. »
La vieille dame se retira dans sa chambre en refermant la porte derrière elle en douceur.
Maki fila à la cuisine, et se concentra sur la cuisine pour ne pas réfléchir à ce qui l'attendait. Quand Sho était entré dans la maison, il ne l'avait pas vu. Il ne voyait rien ni personne, et ça avait été d'une violence rare pour la jeune femme. Cet homme brisé n'avait plus rien du gentil garçon qu'elle avait connu.
Elle frappa doucement à la porte avant d'entrer et d'entrouvrir les rideaux. Il n'avait pas bougé du lit, les yeux grands ouverts sur le vide. Maki s'assit à côté de lui et lui sourit.
« Je t'ai fait de la soupe, Sho-kun. Tu sais celle que tu aimes... Il faut que tu manges pour reprendre des forces. »
Elle tendit une cuillère de soupe dans sa direction mais il ne réagit pas. Peut-être ne voulait-il simplement pas la voir, elle...
« Je vais laisser le plateau sur cette chaise et tu vas manger tout seul alors... tu as besoin de te reposer, je comprends. »
Maki ressortit, le cœur au bord des lèvres. Elle était incapable de démêler l'écheveau de ses sentiments. Elle était morte de peur à l'idée qu'il puisse mourir de chagrin, elle voulait le secouer pour qu'il sorte de cette catatonie morbide, mais elle devait aussi s'avouer qu'en cet instant, elle le détestait profondément. Pour ce qu'il lui avait fait, pour être tombé amoureux d'un autre, pour avoir glissé si loin dans la luxure, salissant tout ce qui les liait. Et tout cela la frappa comme une évidence. Jamais plus ils ne pourraient être ensemble. Il avait tout détruit. Si elle devait s'écouter en cet instant, elle passerait les portes de la maison et l'oublierait du mieux qu'elle le pouvait. Mais c'était impossible. Parce que malgré tout, il était l'homme pur et merveilleux qu'elle avait aimé, quelque part, profondément caché sous toute cette douleur et pour cette seule raison, elle se devait de l'arracher à la mélancolie.
En fin d'après-midi, elle retourna dans la chambre où rien n'avait bougé et tenta une fois encore de le raisonner en vain. Laissant passer la nuit, Maki retenta sa chance le lendemain matin puis encore l'après-midi qui suivait avec sa grand-mère, mais rien n'y fit. Le médecin revenait le lendemain et à elles deux, elles n'avaient pas avancé d'un iota... Maki en aurait hurlé de rage. A chaque fois que l'une d'entre elle tentait de poser la main sur lui il se raidissait et se roulait en boule sur lui-même...
« Je vais y retourner ! » lança Maki déterminée en se levant de table à la nuit tombée.
« Mais tu y es allée un nombre incalculable de fois, et rien n'a changé. Il faut qu'on accepte qu'il soit hospitalisé Maki-chan. Pour son propre bien. Ça dépasse de loin nos compétences ce qui lui arrive. Si on persiste, il risque de... non, je ne veux pas y penser.
-Je vais le faire réagir ! Je ne sortirai pas sans qu'il m’ait parlé !
-Alors bon courage, ma gentille Maki. »
La jeune fille lui sourit avec affection retenant les larmes qui menaçaient dangereusement de couler. Mais si elle se laissait aller maintenant, elle ne pourrait pas en endiguer le flot, elle le savait...
« Comptez sur moi ! »
Bien entendu, elle n'avait aucune certitude ni aucun plan d'attaque. Rien que la résolution de ne pas flancher face à cette situation d'urgence.
Elle entra une fois de plus et alla s'asseoir sur le lit.
« Sho-kun. Tu n'as encore rien mangé. Si tu ne te décides pas, demain tu seras hospitalisé. En psychiatrie. Et je ne pourrais plus rien pour toi, tu m'entends ? » Pas de réaction. « Le médecin m'a dit certaines choses... il faut que tu me répondes c'est important, Sho. Il a vu des marques de liens sur ton corps. Est-ce que tu as été... contraint de faire quelque chose ? » Pourquoi était-ce à elle de poser ces questions effroyables qui la mettait face à l'affreuse réalité de la tromperie ? Il ne répondit pas mais hocha négativement la tête... « C'est bien ce qui me semblait... ». La colère refit surface. « Tu veux crever, très bien... pour lui... très bien... tu me facilites la tâche, finalement. Si tu n'es plus là, je ne me poserai plus de questions existentielles ou morales sur ce que je dois faire. Te soigner, rester à tes côtés comme une parfaite petite-amie ou te tourner le dos parce que tu as pris mon cœur et mon amour et que tu les as piétinés avec ton amant. Vous vous êtes bien amusés en pensant à moi ? »
Sho leva la tête vers elle.
« Je... te déteste, Sho. Je déteste ce que tu as fait avec lui. Je déteste ce que tu m'as fait devenir. Une femme trompée, aigrie, en colère. Tu m'as trahie, tu m'as menti pendant tout ce temps, et maintenant tu vas mourir sans te battre. Tu vas me laisser seule et... et... »
Maki s'arrêta en sentant la main glacée de Sho se poser sur la sienne.
« Tu t'en veux ? Alors mange ! Mange !! Et bats-toi ! » ordonna-t-elle avec détermination en lui tendant une cuillère de soupe.
Il ouvrit la bouche et aspira le liquide, faisant éclater de soulagement le cœur de Maki. Il n'était pas tiré d'affaire, loin de là, mais c'était enfin un premier pas. Aussi timide soit-il.
Il avala quelques cuillerées puis Maki accepta de le laisser seul.
Elle fut réveillée au milieu de la nuit par le bruit de la plomberie qui se mettait en marche. Après un moment d'étonnement, elle alla dans la chambre de Sho et trouva le lit vide.
Le bruit d'eau venait de sa salle de bain. Elle poussa la porte précautionneusement et le vit debout dans la douche, nu et immobile, du sang coulant le long de ses jambes emporté par le mince filet d'eau. Maki refréna un sanglot en posant une main tremblante sur sa bouche et l'appela doucement sans qu'il ne l'entende.
Elle prit une grande inspiration et ôta son pyjama sans bruit avant d'aller se placer avec lui sous la douche. Elle remplaça l'eau tiède par de l'eau chaude et s'agenouilla en prenant du savon pour lui laver les jambes afin qu'il ne reste enfin plus aucune trace de ce qui lui était arrivé. Lorsqu'elle se releva, elle vit qu'il s'était mis à pleurer doucement en la regardant faire.
« Ca va aller. » lui souffla-t-elle en le prenant contre elle dans ses bras, embrassant son visage, le réchauffant de son corps brûlant. Au bout de longues minutes, elle sentit qu'il passait ses bras autour d'elle pour la serrer à la broyer.
« Viens, on doit sortir de la douche sinon on sera gelés... » souffla-t-elle en lui prenant la main.
Elle le sécha et lui passa un pyjama propre avant de le remettre au lit, se couchant contre lui comme ils le faisaient lorsqu'ils étaient plus jeunes. Elle posa sa tête sur son torse et frotta ses pieds contre les siens pour les réchauffer, le serrant contre elle, tentant d'insuffler un peu de sa combativité dans ce cœur meurtri.
Maki ne le quitta plus jusqu'à ce qu'enfin il se remette à avaler de la nourriture solide, éloignant enfin le spectre de l'hospitalisation.
Il ne lui avait toujours pas parlé, mais plusieurs fois, la jeune fille l'avait surpris à la regarder avec un doux sourire auquel elle avait répondu avec chaleur.
Imouto-sensei était retournée à ses élèves à la demande de Maki qui l'apaisa du mieux qu'elle le put, promettant de l'appeler chaque jour pour lui faire un rapport sur son petit-fils.
Mais avant de quitter la maison, la vieille femme s'était entretenue une fois encore avec Sho, profitant de l'absence de sa petite-amie.
Elle s'était assise face à lui dans le salon et avait trouvé sa main à tâtons.
« Parle-moi mon ange, s'il te plait, avant que je ne parte... » avait-elle chuchoté en une douce supplique.
« Je n'y arrive pas.... » avait-il répondu d'une voix éraillée d'avoir trop peu servi.
« Sho-kun, s'il est une chose qu'il faut que tu comprennes, c'est que tu es une victime. Tu t'es fait manipuler par cet homme, c'est vrai. En ce moment tu es triste de l'avoir perdu mais...
-Non.
-Quoi ?
-Ce n'est pas ça. Me quitter a été la meilleure chose qu'il ait faite depuis le début, même si ça m'a anéanti. J'étais incapable de m'arracher à lui, et je me détestais pour ça...
-Alors ?
-Je... je me dégoûte pour ce que je vous ai fait à Maki et à toi. Je vous ai déçues et trahies, je suis le pire des êtres humains...
-Ne crois pas ça ! Surtout pas ! Tu as fait du mal à la femme que tu aimes, c'est vrai... Mais il n'est jamais trop tard pour réparer ses erreurs.
-Je pense que si.
-Sho, tu n'es plus le garçon qu'elle a aimé. Tu as changé, tu as souffert, tu es devenu un homme. Peut-être que quelque chose de positif peut sortir de cette tragédie.
-Comment ?
-Tu t'es affirmé, tu as quitté la fac d'économie que tu détestais. Peut-être est-ce l'occasion de reconstruire sur ce champ de ruine, de prendre un nouveau départ. Avec elle.
-Est-ce qu'elle pourra m'aimer à nouveau, rien n'est moins sûr.
-Si elle ne t'aimait pas, elle ne serait pas là. »
Sho sourit tristement, se disant pour la première fois que sa grand-mère était une femme bien naïve parfois et alla s'agenouiller à ses pieds, posant la tête sur ses genoux pour qu'elle le caresse comme elle savait si bien le faire.
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Une routine s'était peu à peu installée après le départ de la vieille femme.
Maki était retournée à la fac pour finir son semestre et Sho passait ses journées dans la maison, tentant de comprendre ce qui lui était arrivé. S'il était une chose qu'il pouvait accorder à Jun, c'était qu'il avait révélé chez lui des pans entiers de sa personnalité dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Comment parvenir maintenant à se réconcilier avec cet étranger avec qui il cohabitait depuis 20 ans sans en avoir jamais eu conscience ?
En dehors du monde et de ses pensées parasites, il avait commencé à écrire. Comme un étranger aurait pu le faire en l'observant, il avait commencé à raconter sa propre histoire, se rendant compte que tout ceci était certainement orchestré de main de maître depuis des mois. Il n'aurait probablement rien pu faire... c'était un piège parfait qui s'était refermé sur lui, et il n'avait pas su lutter. Mais cette prise de conscience n'empêchait pas la culpabilité de le ronger aussi sûrement que l'avait rongé l'amour vicié qu'il ressentait pour Jun.
Maki.
Chaque jour, il la voyait évoluer à ses côtés et Sho avait l'impression de la redécouvrir. Elle ne se comportait pas avec lui comme si rien ne s'était passé et il lui en était infiniment reconnaissant. Maki était plus distante, bien que toujours présente, ne s'autorisant plus le moindre geste affectueux depuis qu'elle avait partagé son lit, le soir où elle l'avait trouvé dans la douche. Tout était détruit entre eux, pensait-il amèrement... elle n'avait plus cette jolie lueur de tendresse qu'il y voyait avant, chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui. Et qu'est-ce qu'elle était belle, se disait-il avec émotion. Sho avait l'impression de la découvrir. Ne l'avait-il jamais vraiment vue telle qu'elle était en réalité ou avait-elle changé à cause de ce qu'il lui avait fait ?
Mais il se refusait à lui poser la question. Chaque matin en sortant de sa chambre, il était sûr de ne pas la trouver, s'attendant à ce qu'elle ait enfin baissé les bras, à ce qu'enfin elle l'ait senti suffisamment sorti d'affaire pour le fuir et l'oublier avec soulagement. Mais elle était toujours là, souriante et attentive et le jeune homme se demandait quelle en était la raison.
Elle étudiait ses cours studieusement comme toujours en rentrant le soir et petit à petit Sho s'était installé à ses côtés, silencieusement, travaillant sur ses écrits.
Le soir, ils se séparaient après un rapide bonsoir et chacun regagnait sa chambre.
« Je vais arrêter la fac. » lui annonça-t-elle un soir alors qu'ils étaient devant les informations de la nuit.
« Tu vas quoi ? » sursauta Sho sidéré par cette nouvelle.
« J'ai décidé d'intégrer une école de journalisme l'année prochaine. Je veux être journaliste, c'est ce que j'ai découvert grâce au stage.
-A Tokyo ? » souffla Sho, le cœur battant soudain la chamade. C'était donc le moment tant redouté ? Elle allait lui dire qu'elle repartait à Osaka ?
« Bien sûr à Tokyo. Tu aurais envie de vivre ailleurs ? »
Sho sentit son cœur s'arrêter pour de bon et ses joues s'empourprer. Il fit non de la tête et ne put réprimer une exclamation de surprise lorsque la jeune femme posa la tempe sur son épaule en murmurant un « Alors pourquoi je quitterais Tokyo ? »
Il avait oublié. Sincèrement. Il avait totalement oublié comme c'était grisant de la sentir contre lui. Son petit corps chaud, sa fragrance sucrée, sa douceur apaisante. Sho ferma les yeux et respira une grande bouffée de son odeur sentant tout l'amour qu'il n'avait jamais cessé d'avoir pour elle lui revenir comme une grande bourrasque en plein cœur.
Sans pouvoir s'en empêcher il posa les lèvres sur son front chaud, la surprenant à son tour. Elle se redressa et le regarda avec étonnement.
« Excuse-moi, je ne voulais pas... »
Maki le coupa dans son élan en l'embrassant avec fougue, lui coupant le souffle. Quand elle s'éloigna de lui, elle avait les joues rouges et un air sérieux.
« Ca faisait longtemps... je voulais voir si ça avait changé. » s'excusa-t-elle.
« Et alors ?
-Oui, ça a changé... » chuchota Maki.
« Oh...
-ON a changé, Sho. Ca ne sera plus jamais pareil entre nous... je ne suis plus la jeune fille que tu as connu, comme tu n'es plus le garçon que j'aimais.
-Je suis désolé, Maki, pour tout ce que je t'ai fait.
-Je sais que tu es désolé. Il faut que tu arrêtes d'être désolé. Il faut qu'on renonce à ce qu'on a été si on veut avancer, qu'on s'accepte comme les adultes qu'on est devenus aujourd'hui. » Enfin, se dit-elle. Enfin elle pouvait lui dire ce qu'elle avait sur le cœur... Durant ces longues semaines, elle avait réalisé qu'elle l'aimait toujours et elle avait retrouvé les raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de lui des années auparavant. Mais aujourd'hui son amour était différent, plus mature, plus conscient, plus douloureux assurément. Elle se décida à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« Sho, réponds moi franchement. Tu m'aimes toujours ?
-Oui je t'aime !! » s'écria-t-il en la faisant rire.
« C'est une réponse qui vient du cœur !!
-Elle ne peut pas venir d'ailleurs... » souffla-t-il.
Elle se pencha sur lui et reposa ses lèvres sur les siennes en ne le quittant pas des yeux, avec lenteur, souriant en l'entendant gémir dans leur baiser.
Il sentit son corps réagir un peu trop vigoureusement à ce contact doux et se leva précipitamment.
« Je vais me coucher. » annonça-t-il en cachant son état du mieux qu'il le pouvait. Il ne pouvait pas lui faire ça... c'était juste impensable. Ils commençaient enfin à se parler, ce n'était pas le moment de passer pour un pervers. Elle devait déjà suffisamment le croire...
Il se coucha rapidement, prenant un livre pour se changer les idées, incapable de se concentrer en entendant les portes s'ouvrir et se fermer dans la maison.
Sho posa un oreiller sur sa tête et se raidit en entendant la porte de sa propre chambre s'ouvrir doucement.
Il risqua un œil et vit Maki en chemise de nuit qui se tenait près du lit.
« Je peux dormir avec toi ? » demanda-t-elle timidement.
« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée... » dit-il d'une petite voix, la seule vue de son corps gracile à travers le tissu transparent lui faisait perdre pied.
« J'en ai vraiment envie.
-Je ne pourrais pas dormir si tu es près de moi, je...
-Je ne parlais pas de dormir. » souffla Maki en posant un paquet de préservatifs sur la table de chevet et elle ôta les bretelles de son vêtement de nuit, le laissant choir au sol avant d'attendre la réaction de Sho.
Il glapit peu élégamment avant de se reprendre et de soulever sa couverture pour lui faire une place dans le lit. Maki s'y glissa en frissonnant et se colla à lui pour se réchauffer.
Sho retira son T-shirt, et la prit dans ses bras. Elle passa les bras autour de son cou et l'embrassa tendrement, entrouvrant timidement la bouche pour caresser la lèvre inférieure de Sho de sa langue.
« Tu es venue me torturer ? » demanda-t-il d'une voix rauque.
« Je suis venue pour que tu me fasses l'amour... »
Il la renversa sous lui, lui écartant les cuisses afin qu'elle sente la réalité de son désir pour elle.
« Tu es sûre que c'est ce que tu veux ? » murmura-t-il en faisant un mouvement de bassin contre elle, lui coupant le souffle.
Elle eut soudain une montée d'angoisse mais ce n'était que de l'appréhension face à l'inconnu que représentait l'union charnelle. Oui, elle en mourrait d'envie.
Maki opina doucement en le regardant avec détermination, puis elle reprit sa bouche et se tortilla sous lui pour baisser son boxer. « S'il te plait »
Sho s'écarta d'elle et la caressa avec émerveillement. Il dessina ses seins du bout des doigts puis descendit la main le long de son ventre doux jusqu'à son bas-ventre et il la sentit s'ouvrir pour lui. Elle releva les bras au-dessus de sa tête, s'arquant pour qu'il enfonce ses doigts un peu plus loin en elle, gémissant de plaisir. Il l'étira doucement l'accoutumant à cette sensation d'intrusion avant de se placer entre ses cuisses.
Il saisit le paquet de préservatif et Maki le regarda en dérouler un sur son membre dressé. Elle avait replié les bras sur ses seins, soudain gênée par ce moment bêtement technique. Mais Sho lui sourit. De son doux sourire plein de désir et d'amour.
Elle écarta lentement ses bras et posa les mains de chaque côté de ses flancs le couchant sur elle.
Il guida son membre en elle progressivement, ne la quittant pas des yeux.
C'était la première fois pour lui aussi et il fut abasourdi par ce qu'il ressentait en entrant en elle. Par l'intensité de la sensation de pénétrer ce corps de femme si chaud, si doux, si accueillant. De lire dans ces yeux le don et l'abandon malgré ses lèvres qu'elle mordait pour ne pas montrer sa douleur.
Il avait une envie folle de bouger entre ses reins de laisser la jouissance qu'il sentait déjà toute proche l'emporter, le soulager. Mais il n'en fit rien. La sentant se détendre un peu, il poussa un peu plus loin en elle et sentit une résistance qu'il fit sauter avec lenteur alors que la jeune fille poussait un petit cri de douleur.
Sho embrassa son visage avec amour, s'excusant de lui infliger cette peine, s'immobilisant au creux de son ventre, se contractant pour réprimer son désir.
Maki planta ses ongles dans les bras de son amant, redressant la tête pour l'embrasser à son tour, l'incitant d'un mouvement de bassin à bouger.
Sho ondula lentement des hanches, faisant durer le plaisir d'être en elle aussi longtemps qu'il le pouvait. Il se cabra pour embrasser les aréoles de ses seins, la faisant crier de plaisir. Elle passa d'instinct ses cuisses autour de lui, l'enfouissant au plus profond d'elle-même, déclenchant leurs jouissances dans un grand râle de plaisir.
Ils s'embrassèrent, à bout de souffle, se souriant amoureusement, se soufflant des « je t'aime » au creux de l'oreille qui firent se dresser leurs épidermes.
Sho se retira d'elle quelques minutes plus tard, avant d’ôter son préservatif et d'aller le jeter à la poubelle. Maki admira son corps nu dans l'obscurité de la chambre, son propre corps repu de caresse, alanguit contre les oreillers qui sentaient l'odeur de Sho.
Il vint se recoucher contre elle et elle se nicha dans ses bras.
« Je t'ai fait mal ?
-Oui. Mais plus maintenant. » chuchota Maki en le regardant dans les yeux, l'embrassant à nouveau avec tendresse et Sho vit avec émotion luire enfin la petite lueur à laquelle il avait à jamais renoncé.