Fandom : Cesare (manga)
Personnages/Pairing : Cesare, Miguel, Angelo + personnages secondaires. Cesare/Miguel.
Rating : T
Mots : 4049
« Cesare, les rues de Pise ne sont pas sures ! s’énerva Miguel. Ce n’est pas parce que tu as déjoué une tentative d’assassinat que Della Rovere va cesser de t’envoyer des assassins !
- Et bien, répliqua Cesare d’une voix glaciale, j’espère qu’on réussira à les avoir en vie, ces assassins-là. »
Il se leva et, après avoir foudroyé Miguel du regard, quitta la pièce. Après son départ, Francesco et Miguel soupirèrent. Cesare se croyait invincible et ignorait la prudence ce qui compliquait diablement leur tâche. Aller protéger un homme qui s’expose ouvertement au danger n’avait rien d’une sinécure. Compatissant, Francesco serra l’épaule de Miguel et les autres gardes présents le regardèrent avec commisération.
« Je vais l’accompagner ces prochains jours, déclara le jeune homme en passant une main dans sa tignasse bouclée. Je ne peux pas le laisser sans protection. Même si ce n’est pas l’envie qui me manque, murmura-t-il avec une grimace de colère.
- Je dirais à la garde de rester toujours à proximité de Cesare, le rassura Francesco. Elle pourra ainsi agir rapidement en cas de problème, sans être vue au cas contraire. »
Miguel hocha la tête avec un léger soupir et sortit de la salle à la recherche de son maître. Francesco le regarda partir, soucieux. Depuis qu’Angelo avait été blessé en protégeant Cesare de la lame d’un assassin, les relations entre Cesare et Miguel s’étaient tendues. Autant Cesare considérait Angelo comme un pion, autant il était évident pour tous que le jeune florentin était cher au cœur de Miguel, peut-être même plus que ce qu’un ami devrait être. Miguel pardonnait difficilement à Cesare la désinvolture qu’il montrait pour la blessure d’Angelo et, plus encore, le peu de cas qu’il semblait faire de l’acte du garçon en s’exposant à nouveau au danger. Cesare, de son côté, se vexait de l’attitude de Miguel et de son intérêt pour Angelo. Cesare n’était pas partageur avec ce qu’il considérait comme lui appartenant et Miguel était son double de l’ombre, il ne laisserait à personne d’autre la fidélité de Miguel. Comme si la fidélité de Miguel, celle du chien envers son maître, pouvait être mise en compte !
OoOoO
Ce fut un soir, alors qu’ils rentraient d’une taverne, que les assassins décidèrent de frapper. Miguel et Cesare se dépêchaient dans le froid de l’hiver, passant par des petites ruelles pour rentrer plus vite, lorsque trois hommes, les capuches relevées sur leurs têtes pour dissimuler leurs visages, les entourèrent. Miguel porta immédiatement la main à une de ses dagues, attentif au moindre mouvement. Les hommes se précipitèrent vers Cesare, les armes levées. Un d’entre eux s’effondra immédiatement, la dague de Miguel plantée dans la gorge. Des deux survivants, un continua vers Cesare tandis que l’autre bouscula Miguel, désarmé, à terre.
Cesare ne vit rien de tout cela, trop occupé par l’homme qui tentait de le tuer. Vicieusement, le Borgia planta sa propre dague dans la cuisse de l’assassin, qui chuta à terre, et Cesare l’assomma avec le pommeau de son arme. Une fois sûr que son agresseur était bien inconscient et qu’il ne risquait pas de se réveiller, Cesare se tourna vers Miguel. Le jeune homme restait assis par terre, appuyé contre un mur, le troisième assassin mort près de lui, un des couteaux de Miguel enfoncé dans le cou. La mort avait dû être instantanée et Cesare eut une brusque colère. Il avait pourtant précisé qu’il voulait qu’on capture vivants ceux qui voudraient s’en prendre à sa vie ! Il traversa à grands pas les quelques mètres qui le séparaient de Miguel, les sourcils froncés, avant de se figer.
Son camarade avait le visage très pâle et respirait par à-coup. Cesare était maintenant suffisamment proche pour voir que son pourpoint était taché de sang. Pourtant, la blessure de l’assassin n’avait pas beaucoup saigné… Cesare mit quelques secondes à faire le rapprochement entre le sang sur les vêtements de Miguel, sa figure pâle et ses yeux s’écarquillèrent. Il s’agenouilla précipitamment près de son ami et le soutint pour éviter qu’il ne s’effondre totalement. Miguel tourna la tête vers lui.
« Tu es content, lui murmura-t-il difficilement entre deux inspirations douloureuses, tu en as eu un vivant. J’espère que ça valait le coup.
- Non, non, chuchota Cesare avec un effroi certain, tu ne vas pas mourir. Tu n’as pas le droit de mourir, je te l’interdis. »
Cesare sentit un froid immense l’envahir et il secoua la tête en signe de dénégation. Ses mains étaient poisseuses du sang de Miguel, tandis qu’il essayait de comprimer les blessures qui lui lacéraient la poitrine. Malgré le manteau que Cesare avait enlevé pour le donner à Miguel, ce dernier tremblait, à cause du froid et de la perte de sang, et était à peine conscient. Derrière lui, Cesare pouvait entendre des bruits de pas pressés. C’était sa garde qui arrivait, si Miguel et Francesco pensaient qu’il n’avait pas remarqué qu’il était suivi par les soldats de son père… Francesco, justement, s’agenouilla près de lui et ausculta rapidement le blessé avant de tourner la tête vers les gardes.
« Alvaro ! Trouve-moi un chariot, vite ! Felipe, cours jusqu’à l’archevêché et va prévenir les médecins ! »
Les appelés se dispersèrent tandis que deux autres gardes emmenaient le prisonnier blessé. Cesare restait près de Miguel, sans bouger, et son précepteur le dévisagea.
« Messire Cesare ! s’inquiéta Francesco. Êtes-vous blessé ?
- Je vais bien. » La voix de Cesare était ferme mais elle manquait de son orgueil naturel. « Ce n’est pas mon sang. »
Francesco leva un sourcil surpris au ton étrange de la voix de Cesare mais, sagement, ne fit aucun commentaire. Bientôt, Alvaro revint avec une carriole tirée par deux chevaux et, avec le plus de délicatesse possible, lui et Francesco chargèrent le corps inconscient de Miguel à l’arrière. Cesare monta sur le cheval que lui tendait un garde et ne desserra pas les dents du trajet. A l’arrivée, plusieurs serviteurs se précipitèrent pour emmener Miguel jusqu’à sa chambre, où les médecins attendaient déjà. Doucement, Francesco manœuvra Cesare et l’entraîna dans ses propres appartements. Un valet se précipita pour lui apporter un bassin d’eau tiède et lui laver les mains. Cesare se laissa faire avant de repousser son serviteur et de s’enfermer dans sa chambre, sans dire un mot. Francesco regarda la porte se refermer derrière son jeune maître et poussa un léger soupir. Il n’y avait plus qu’à attendre d’avoir des nouvelles de Miguel.
Après ce qui lui sembla une éternité, les médecins sortirent enfin de la chambre de Miguel, avec plusieurs servantes, la mine sombre, qui emmenaient avec elles des linges tachés de sang et des bassines d’eau souillée. Felipe, qui attendait aux côtés de Francesco, se leva immédiatement pour aller prévenir Cesare. L’héritier Borgia arriva, accompagné du cardinal Riario. Les médecins se tournèrent vers eux.
« Nous avons pansé les blessures. Les lacérations ne sont pas profondes et ne mettent pas de facto sa vie en danger mais le jeune seigneur avait déjà perdu beaucoup de sang, déclara le plus âgé. Nous craignons par ailleurs qu’il développe une forte fièvre dans les heures qui suivent, ce qui compliquerait encore plus sa situation. Il nous est difficile de nous prononcer mais le patient est jeune et robuste, il a des chances de survivre. Les prochaines heures vont être décisives. »
Les médecins continuèrent à parler, accumulant les recommandations pour prendre soin du blessé, mais Cesare les écoutait à peine. Tout ce qu’il retenait, c’était que Miguel risquait de mourir. Enfin, après de longues palabres, les médecins se turent et Cesare les remercia à la suite de Francesco. Le cardinal Riario s’empressa de louer aussi le savoir des médecins puis les quitta après avoir promis de prier pour la guérison du jeune espagnol. Cesare lui en rendit grâce du bout des lèvres et se rendit au chevet de Miguel. Un assistant des docteurs, qui veillait sur lui, se leva précipitamment à la vue du jeune seigneur mais Cesare l’ignora et s’assit près du lit.
Miguel était pâle, très pâle par rapport à son teint mat habituel, et sa respiration était terriblement faible. Sous sa chemise, on pouvait deviner d’importants bandages. Ses mains étaient gelées et inertes sur les couvertures lorsque Cesare voulut les saisir. Une nouvelle fois, un frisson glacial parcourut Cesare et le jeune homme se leva brutalement.
« Messire Cesare ? demanda Francesco qui l’avait suivi.
- Faites en sorte qu’on veille correctement sur Miguel, ordonna le Borgia d’un ton péremptoire. Et prévenez-moi si son état empire. »
Cesare quitta ensuite la salle et se précipita dans sa chambre, dont il claqua la lourde porte derrière lui. Il s’appuya à elle, brusquement étourdi. Il pouvait encore entendre les dernières paroles de Miguel, qui se répétaient en boucle dans sa tête.
« Tu es content, tu en as eu un vivant. J’espère que ça valait le coup. »
Une rage inattendue, qu’il ne s’expliquait pas, envahit soudain Cesare. Le visage déformé par un rictus de colère, il balaya d’un geste vif les objets qui se trouvaient sur sa table. Par chance, il n’y avait rien de fragile dessus et les seules choses qui se retrouvèrent par terre furent ses livres. Cesare ferma les yeux et prit une profonde inspiration mais cela ne suffit pas à calmer son courroux. Le sang lui battait dans les veines, si brûlant et si rapide qu’il en avait le vertige.
Il se laissa tomber à genoux devant le crucifix posé sur un buffet bas et posa son front contre le rebord de bois.
« Je vous en supplie, Seigneur, épargnez Miguel. Je suis le seul responsable des péchés qu’il a pu commettre. C’est pour moi qu’il a tué, s’il y a un coupable, je suis ce coupable. Miguel est innocent, Miguel est un homme bien. Seigneur juste et miséricordieux, je vous en supplie, laissez-moi Miguel. »
Il resta à genoux malgré la douleur que cette posture lui occasionnait. La terreur de perdre Miguel lui rongeait l’esprit et Cesare avait l’impression d’être au bord d’un abîme, complètement engourdi par la peur d’y tomber. Il ne pouvait que s’accrocher à son autel et balbutier des prières. Miguel ne pouvait pas mourir, Cesare avait encore trop besoin de lui à ses côtés.
« Tu es content, tu en as eu un vivant. J’espère que ça valait le coup. »
Ses doigts se crispèrent sur le meuble et Cesare retint un sanglot. Son front était douloureusement appuyé contre le rebord de bois mais Cesare s'en moquait.
« S’il te plait, Miguel, ne meurs pas, murmura-t-il d’une voix cassée. Tu n’as pas le droit de m’abandonner, tu me l’as promis ! Je suis désolé de ce que je t’ai dit, s’il te plait, réveille-toi. Tu n'as pas le droit de mourir, tu me l'as promis, tu me l'as promis ! Je te déteste ! »
Le bruit de quelqu’un frappant à sa porte tira Cesare de ses lamentations. Une jolie servante entra et s’inclina légèrement, portant de la nourriture sur un plateau d’argent ouvragé. Si elle s’étonna des livres sur le sol, elle ne fit aucune remarque et se contenta de les ramasser après avoir posé son chargement sur la table.
« Le seigneur Francesco a ordonné qu’on vous apporte une légère collation, expliqua-t-elle en s’inclinant poliment devant son maître. Dois-je partir ou souhaitez-vous que je reste pour vous servir, Monseigneur ? »
Cesare secoua la tête et renvoya la jeune fille d’un geste de la main. Il lissa la couverture d’un livre et soupira. L’idée même de manger lui soulevait l’estomac mais il se força à grignoter une ou deux tranches de viande et quelques fruits secs.
Francesco arriva peu de temps après avec de mauvaises nouvelles. Malheureusement pour eux, l’assassin s’était donné la mort dans sa cellule, s’étranglant avec ses propres vêtements pour échapper à la torture.
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Le lendemain après-midi amena avec lui Angelo que les rumeurs inquiétaient. Le bruit de l’attaque s’était répandu dans la ville comme un incendie dans les champs secs en été. Cesare avait souri en le saluant mais ce sourire ne s’était pas reflété dans ces yeux. Angelo, innocent comme il l’était, n’avait pas remarqué le manque de sincérité de Cesare et Francesco l’avait gentiment guidé jusqu’à la chambre de Miguel. Felipe et Alvaro, les deux autres espagnols les plus proches de Miguel, veillaient le jeune homme en discutant à voix basse. Ils se levèrent de leurs fauteuils en voyant Angelo et l’accueillirent avec des sourires sincères mais fatigués.
Angelo s’assit au bord du lit et passa une main dans les cheveux bouclés et sombres de Miguel, qui poussa un gémissement. Le valencien avait les traits tirés et le visage très pale, agité de frissons à cause d’une mauvaise fièvre.
« Comment va-t-il ? chuchota Angelo, anxieux.
- Pas très bien, » soupira Alvaro ce qui lui valut un coup de coude de la part de Felipe. Alvaro lui jeta un regard noir en se frottant les côtes. « Ça ne sert à rien de se voiler la face ! se défendit-il.
- Il a la fièvre, expliqua Francesco en couvant le blessé d’un regard inquiet. Il a perdu beaucoup de sang lors de l’attaque et il en est tombé malade. Il a de brusques accès de fièvre dans lesquelles il bouge, c’est pour ça que nous devons le veiller, pour qu’il n’aggrave pas ses plaies. » Il se força à sourire devant l’angoisse d’Angelo et agita la main. « Ne t’en fais pas, Miguel est fort, il va s’en tirer.
- Est-ce que je peux rester à le veiller ? demanda Angelo.
- Je suis sûr que Cesare n’y verra aucun inconvénient, le rassura Francesco.
- C’est gentil de te proposer, le remercia Felipe en baillant et sa fatigue était bien visible. Ça ne risque pas de gêner tes cours ? »
Angelo secoua la tête et les espagnols sortirent de la salle, le laissant seul avec Miguel. Francesco envoya un garde prévenir sa servante, pour qu’elle ne s’inquiète pas en ne le voyant pas revenir. Dans son lit, Miguel gémit doucement, les yeux mi-clos entre sommeil et réveil, et Angelo passa un linge humide sur son front pour le rafraichir. Angelo se pencha pour écouter ce que le blessé marmonnait mais Miguel murmurait des phrases en espagnol et Angelo ne comprenait pas encore assez la langue pour la comprendre, surtout quand elle était parlée par un malade qui délirait. Il lui sembla pourtant que Miguel appela plusieurs fois Cesare avant de retomber dans son sommeil fiévreux.
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Cesare était dans sa chambre, assis devant sa fenêtre ouverte. Il avait un livre latin ouvert sur les genoux mais son regard contemplait le paysage. Pensif, il oubliait le monde qui l’entourait. Ce fut dans cet état que Francesco le trouva. Inquiet de ne pas entendre son jeune maître répondre à ses appels et craignant qu’il ne commette une quelconque stupidité, Francesco était entré.
« Messire Cesare ? l’appela-t-il, incertain de le déranger.
- Francesco ? » Cesare avait légèrement sursauté. De toute évidence, il n’avait pas remarqué l’arrivée de son tuteur. « Que faites-vous ici ?
- Vous n’êtes pas descendus de la journée, j’étais inquiet. » Francesco dévisagea longuement Cesare, qui ne semblait pas lui accorder beaucoup d’attention. « Angelo veille sur Miguel.
- Oh ? » Malgré son exclamation, Cesare ne paraissait pas surpris. « C’est gentil de sa part.
- Ne voulez-vous pas aller voir Miguel ?
- Non, je n’en ai aucune envie pour le moment. » Le regard de Cesare se porta enfin sur Francesco et ce dernier put voir que, si les yeux de son maître étaient durs comme la pierre, ils étaient bordés d’un liseré rouge, témoin d’un nuit passée à veiller - ou à pleurer, si seulement Cesare en était capable. « Pouvez-vous me laisser seul, Francesco ? À moins que vous ayez d’autres nouvelles à me porter ? »
Francesco connaissait suffisamment bien son élève pour savoir quand il était bon d’insister et quand ce ne l’était pas. Ce fut la raison pour laquelle il s’inclina légèrement devant Cesare avant de prendre congé de lui, laissant le jeune homme seul à ruminer sa culpabilité si c’était là son désir. Francesco adressa une courte prière à Dieu, leur Seigneur, pour qu’Il ne leur enlève pas Miguel et qu’Il le laisse vivre. Francesco craignait la réaction et le désespoir de Cesare si jamais il devait perdre Miguel. Le jeune homme ne s’en remettrait jamais.
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Angelo resta la nuit à veiller Miguel, Alvaro et Felipe, ainsi que quelques autres gardes dont Miguel était particulièrement proche, lui tenaient parfois compagnie. Plusieurs fois, Angelo eut peur pour Miguel, lorsque ce dernier était pris de fièvres et de frissons plus intenses que les autres, mais Miguel était fort et s’accrocha à la vie. Le lendemain au matin, le soleil illumina la chambre, faisant ressortir les ombres et les creux du visage exsangue de Miguel. Francesco vint aux nouvelles, accompagné des médecins, qui ne firent que répéter leur premier diagnostic. Le jeune homme, à cause de ses blessures et de la neige, avait contracté la fièvre et il devait lutter contre sa maladie s’il souhaitait vivre. Avec un soupir, Francesco congédia ces incapables et, penché sur le lit, caressa doucement les cheveux bouclés de Miguel, un air inquiet qu’Angelo ne lui avait jamais vu, sur le visage.
« Merci de veiller sur Miguel, lui sourit Francesco en se sentant dévisager. Tu nous aides beaucoup.
- Oh, je ne fais pas grand-chose ! s’écria Angelo en rougissant et en baissant la tête. Je suis plutôt inutile.
- Tu te trompes. Je suis sûr que ta présence compte beaucoup pour Miguel, même si tu ne t’en rends pas compte. »
Angelo rougit plus fort et hocha la tête avant d’essuyer le visage trempé de sueur de son ami. Francesco regarda, l’air sombre, Miguel respirer péniblement. Angelo eut un sourire rassurant et lumineux lorsque son regard croisa celui du plus âgé.
« Ne vous en faites pas. Miguel est une des personnes les plus fortes que je connaisse, je n’ai aucun doute qu’il va guérir et que tout s’arrangera. »
Francesco eut quelques secondes de surprise - il ignorait qu’il était si facile à lire - avant de sourire à son tour. Angelo, dans toute sa simplicité, arrivait à remonter le moral des gens sans la moindre difficulté.
« Merci Angelo. Je laisse Miguel à tes bons soins. »
Francesco ferma la porte derrière lui et Angelo resta seul avec Miguel. Il mangea une rapide collation le midi, qu’une servante lui amena, et les heures s’écoulèrent lentement, sans que la condition de Miguel s’améliore. Le soir, au moment où la nuit tombait et que le soleil éclairait la pièce de ses derniers rayons, Miguel fut pris d’une forte crise de fièvre et Angelo eut toutes les peines du monde à l’empêcher de se faire mal en bougeant. Alvaro et Felipe, qui arrivaient aux nouvelles, vinrent lui prêter main-forte mais il était difficile de retenir Miguel sans appuyer sur ses blessures. Angelo ne comprenait rien aux murmures pressants de Miguel, sauf le prénom de Cesare qu’il répétait de nombreuses fois.
Angelo se pencha vers Miguel tandis qu’Alvaro faisait pression sur ses épaules pour que le blessé ne se lève pas.
« Tout va bien, murmura Angelo à l’oreille de Miguel. Tout va bien. Tu es en sécurité. Cesare va bien, vous êtes tous les deux en sécurité, à l’archevêché. Tout va bien. Reste calme, s’il te plait, Miguel. Tu as besoin de te reposer.
- Angelo ? »
Le blond sursauta lorsqu’il entendit Miguel lui répondre. L’espagnol avait levé faiblement la tête vers lui et le dévisageait, les yeux brumeux. Angelo réussit à esquisser un sourire et attrapa la main de Miguel entre les siennes, pour lui signifier sa présence.
« Je suis là.
- Cesare… Cesare…
- Cesare va bien. Je te promets.
- Je dois voir Cesare… J’ai besoin de le voir… »
Epuisé par son effort, Miguel cessa de lutter contre Alvaro et s’effondra dans ses draps trempés de sueur, sans cesser d’appeler Cesare d’une voix plaintive. Alvaro et Angelo s’échangèrent un regard puis le garde se leva brusquement.
« Je vais prévenir Cesare. »
Angelo hocha la tête en regardant Alvaro quitter la pièce puis se tourna à nouveau vers Miguel avec un léger soupir. Même blessé, même perdu dans les fièvres, Miguel faisait passer Cesare avant toute chose. Cesare avait beaucoup de chance d’avoir un ami aussi dévoué. Angelo passa un linge humide sur le front de Miguel, essayant de calmer le jeune homme qui recommençait à se débattre.
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Cesare essayait de se concentrer sur sa lecture de la Divine Comédie mais ses pensées s’égaraient souvent. Il revoyait sans cesse Miguel en train de se vider de son sang dans la ruelle, ou trop tranquille et trop froid dans son lit. Quand il lui avait saisi la main, il y a ce qu’il semblait à Cesare une éternité, elle était gelée comme celle d’un cadavre et il avait pris peur. Peur que Miguel meurt de ses blessures. Il avait refusé d’entrer dans la chambre de Miguel depuis.
On toqua à sa porte et il tourna la tête. Francesco et Alvaro firent irruption dans la pièce. La hâte sur leurs visages eut l’effet d’un coup de poing dans le ventre de Cesare. Quelles mauvaises nouvelles allaient-ils lui apprendre ? Il se leva, une boule dans la gorge, et dut recourir à toute sa bonne éducation pour garder sa maîtrise de soi.
« Messire Cesare, Miguel vous réclame, lui annonça Francesco.
- Comment ? »
Cesare crispa les mains sur sa chaise, les jointures blanches.
« Alvaro ? interrogea Francesco en se tournant vers le garde.
- Pendant qu’Angelo et moi nous veillions Miguel, expliqua Alvaro en se frottant la nuque, il a eu une nouvelle crise de fièvre et il a commencé à vous appeler.
- Il vous réclame souvent dans ses fièvres et il a tendance à s’agiter, continua Francesco. Ce qui est dangereux dans son état. Votre présence pourrait le calmer.
- Très bien. Je vais le voir. »
Lorsqu’il entra dans la chambre de Miguel, Felipe et Angelo se tournèrent vers lui mais il les congédia d’un signe de la main, désirant rester seul avec Miguel. Lorsque tous furent sortis de la chambre, il put s’asseoir sur le bord du lit et il dévisagea son ami. Miguel n’avait plus l’air terrible et cadavérique de la dernière fois mais son visage restait souffrant. Il caressa doucement le front du valencien, encore chaud de fièvre mais moins que ce que Cesare redoutait. Il prit entre ses mains une des mains de Miguel, elle était tiède au toucher, loin du froid de la mort. Cesare sentit la boule au ventre, qu’il avait depuis l’attaque, se dissiper et le poids sur ses épaules disparut. Miguel allait s’en sortir.
Cesare ferma les yeux et murmura une courte prière à Dieu, pour le remercier d’avoir épargné Miguel. Sa voix était tremblante et il inspira plusieurs fois pour essayer de se calmer. Son cœur battait de joie et Cesare se sentit euphorique.
Ses émotions sous contrôle, Cesare osa enfin regarder une nouvelle fois Miguel et manqua de sursauter lorsque deux yeux noirs le regardèrent en retour.
« Cesare…
- Je suis là. » Cesare réussit à sourire, d’un sourire fragile qui se maintenait à peine sur ses lèvres, trop étonné encore d’un bonheur auquel il avait du mal à croire. « Je vais bien.
- Tu… Les assassins ?
- Ils sont morts.
- Désolé
- Ce n’est pas important et tu n’y es pour rien. »
Ils restèrent longtemps silencieux, à juste se regarder. Cesare tenait toujours la main de Miguel et la pressait gentiment. Voir Miguel qui allait bien, le voir lui sourire, tout donnait à Cesare l’impression que son cœur se dilatait sous la joie. Il se pencha et embrassa doucement le front, puis les lèvres de Miguel.
« Cesare ? demanda le valencien, incertain.
- Je t’interdis de me refaire une telle peur, Miguel. Tu n’en as pas le droit, tu n’as pas le droit de me quitter comme ça. Je t’interdis de mourir, c’est bien compris ? »
Miguel eut un petit sourire moqueur sous l’absurdité de la demande. Son regard se perdit sur sa main, entrelacée avec celles de Cesare, puis il regarda à nouveau le beau visage de son ami, qui souriait comme un enfant, malgré ses yeux brillants. Miguel sentit ses lèvres s’étirer en un sourire sincère.
« Promis. »
Notes :
- Yeaaaah ! J'ai enfin fini cet OS. Cesare m'aura bien fait suer pour l'écrire, cet affreux.
- Kyrie Eléison : prière catholique, qui signifie "Seigneur, prends pitié".