Oct 02, 2009 01:20
Mon premier post ici est en français. Logique implacable : je suis française.
L'épisode 5x03 de Bones a ravivé chez moi hier des sentiments enfouis. Des sentiments qui ne ressortent qu'au son du piano. Voulant chercher le magnifique morceau interprété par le prodige de l'épisode, j'ai (re)trouvé sur ma route Debussy, Chopin, Mozart et Beethoven.
Ils ont fait écho à mon rêve de la nuit précédente.
Pour résumé, vous prenez un rêve dans une chambre d'hôtel, un très bon épisode de Bones et quelques notes de piano et vous obtenez ça.
oOoOo
Il y a des moments tels que celui là qui méritent le silence.
Certains réalisateurs douteux de films de série B y mettraient du Beethoven ou du Chopin. Quelque chose de lent et d’enlevé. Probablement une nocturne.
Erreur.
L’instant vaut plus et ces virtuoses aussi.
Pourtant Dieu sait si tes mains glissaient sur moi telles celles d’un pianiste sur un clavier. Un musicien expérimenté mais appliqué à découvrir chaque note de ma peau.
Toi, le prodige, tu connaissais les notes par cœur mais tu découvrais ma partition.
Il est de ces moments où il n’y a plus de mots, plus de son.
Si ce n’est celui de ma robe qui glisse au sol dans un froissement de soie.
Si ce n’est ce mot retenu dans un souffle, ce mot coincé dans ma gorge où tu as posé ta bouche.
Pas de moderato.
Nous allions à notre propre tempo.
Piano.
Nous avions tout le temps.
Ce que nous n’avions pas, c’était l’assurance que l’occasion se représenterait. Il fallait saisir l’instant, mais en douceur. Lentement.
Un compositeur aurait laissé courir son crayon sur la gamme, annotant croches et rondes, noires et blanches. Le mariage parfait.
Nous, nous laissions nos corps parler pour nous, écrire notre propre musique.
Plus de mot. Plus de doute.
Il n’y avait plus de place pour lui entre nous. Ni pour le doute ni pour le remords.
Il n’y avait pas de place non plus pour la passion. Ni passion, ni raison.
Il n’y avait rien entre nous. Rien autour de nous.
Si ce n’était cette musique qui nous faisait danser.
Ni slow, ni valse.
Ni tango, ni mambo.
Mais une danse dont nous inventions les pas, chaque caresse comme ébauche d’un nouvel enchaînement.
Pas besoin de métronome non plus. Pourtant c’était la première fois.
Mais nous écrivions cette symphonie intime à quatre mains sans même nous regarder.
Notre diapason, c’était nos baisers. Mes frissons te donnaient le ton. Ta respiration m’assurait que tu gardais le rythme.
Jamais en canon. Toujours à l’unisson.
En cœur. Et en tout point, ensemble.
Il est de ces moments où l’on se croit maître du monde, capable d’écrire les plus belles symphonies du bout des doigts.
A cet instant, on se sait puissant et empli d’une énergie qui ne demande qu’à sortir.
Puis la seconde, la respiration suivante, tout est fini.
L’extase exige une pause dans notre mélodie. Une pause, pour mieux la souligner.
Le temps est figé. Nos mouvements aussi.
Ni cri, ni pleur, encore moins trompette et tambour.
Mais toujours ce silencieux piano qui soude nos corps.
Un silence sur la partition.
Pas d’applaudissement au creux de tes bras. Juste le silence. Et l’émotion intacte.
Notre symphonie ne restera pas dans l’histoire. On ne l’enseignera pas au conservatoire.
Nos noms ne seront jamais associés à Debussy ou Mozart.
Et pourtant, ce soir là, nos accords étaient parfaits.
oOoOo
Merci d'avoir lu.
piano - rêve