Pourquoi je n'ai mis que deux étoiles sur cinq à Yeruldelgger de Ian Manook/Patrick Manoukian

Jul 26, 2015 17:43

Sur Babelio, un est un réseau social dédié aux livres et aux lecteurs, je viens de coller juste deux étoiles à un roman qui a une bien meilleure moyenne,  Yeruldelgger de Ian Manook/Patrick Manoukian .
.Franchement, j'ai eu l'envie assez pressante de coller simplement une étoile à ce roman, pourtant un gros succès polars français des dernières années.
Pas pour l'ambiance: le cadre est en effet très original dans le domaine du polar, ça fait du bien de voir un peu autre chose, et la Mongolie, d'Oulan Bator et ses miséreux aux steppes immenses pleines de trous de marmottes, cela est très bien rendu.
Pas tellement pour l'intrigue non plus: si elle souffre de certains clichés (l'homme d'affaires prêt à tout, même à se salir les mains et prendre le risque de tout perdre, pour amasser plus...), elle a assez de rebondissements, de flics ripoux, d'indics, pour satisfaire les amateurs de polars les plus pointilleux.
Non, ce qui m'a gonflé, c'est le recours systématique au viol et/ou à la mort de personnages féminins pour torturer le personnage masculin principal. Sa fille assassinée, sa femme folle...peu importe pour elles, tout ce qui compte, c'est l'impact sur Yeruldelgger ! C'est de plus en plus courant, ils ont même un terme en anglais pour cela , women in the fridge, (je conseille cette excellente explication du sujet )  et franchement, j'en ai marre d'en trouver un peu près partout, de ces exemples, dans les films, les séries, les comics, les romans... Alors certes, l'un des personnages accuse l'ego de Yeruldelgger, quand il explique que c'est pour l'atteindre, toutes ces horreurs, cependant, comme c'est réellement le cas dans l'histoire, je doute qu'on puisse mettre cela sur le compte d'une dénonciation de ce phénomène dans la littérature, les films....

Et ça ne s'arrange pas au fil du livre : attention, spoilers, sélectionnez pour lire:

Après qu'il soit longuement très longuement, insisté sur la tentative de meurtre sur la fille survivante de Yeruldelgger, rien que pour briser son père, on insiste sur les brûlures sur tout le corps de l'adolescente, sexe y compris, dans une abondance de détails franchement inutiles, encore plus pour un personnage mineur, et ça continue avec le viol collectif dont souffre l'un des deux personnages féminins principaux, une jeune inspectrice, avant d'être sauvé par Yeruldelgger et un jeune garçon, genre damoiselle en danger sauvé par les hommes de sa vie, puis se prolonge encore avec les récits de viols dans le camp de l'Ours,  longuement narrés par une vieille femme, le viol de l'étrangère , les viols sous entendus de toutes les femmes travaillant au camp y compris les petites filles..

Je ne dis pas que c'est un thème qui doit être abandonné, car ce serait pire et la littérature doit aussi servir à dénoncer les horreurs de ce monde, cependant, il y a peut-être un moment où il faut commencer à se poser des questions quand la torture  , le viol et le meurtre sont les seuls ressorts scénaristiques proposés aux personnages féminins et que l'histoire s'y étend avec une telle complaisance, alors que Yeruldelgger lui-même a droit à  un séjour dans un monastère et a une éducation de moine guerrier !
Je ne nie pas l'intéressant volet géopolitique de ce roman, qui lui vaut les deux étoiles que je lui colle, mais je refuse de mettre plus. L'auteur a une bonne plume, il doit pouvoir trouver mieux pour faire avancer ses personnages !

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