Dernières lectures

Dec 24, 2012 16:07



Un caprice de Bonaparte de Stefan Zweig

A chaque fois que je lis du théâtre, je promet de ne pas recommencer tellement ça me frustre: je voudrai le frisson de la représentation, quand le feu des acteurs, les bons tout au moins, retourne le public comme une crêpe, quand la mise en scène et les costumes portent le texte... Ceci dit, il y a tant de pièces et d'auteurs qui piquent ma curiosité. 
Un caprice de Bonaparte est une pièce qui commence lors de la campagne d'Egypte : Bonaparte est auréolé de gloire et n'a pas vraiment l'habitude qu'on lui refuse quoi que ce soit. Cependant, ce qu'il veut cette fois-ci, c'est la femme d'un de ses officiers. 
La pièce tourne autour de la notion d'abus de pouvoir, de culte de la personnalité et de mille petites choses joyeuses du même type. C'est très bien écrit et j'espère le plaisir de la voir un jour représentée. 


Les Médicis. Splendeur et secrets d'une dynastie sans pareille d'Alexandre Dumas

Les Médicis. Splendeur et secrets d'une dynastie sans pareille, fait partie de ces textes moins connus que les archi-célèbres Mousquetaires ou Reine Margot mais qui ont pourtant tous les ingrédients pour entraîner le lecteur de la même façon. Evidemment, parler d'une famille à l'histoire aussi chargée permet déjà à Dumas d'accumuler une matière extraordinaire: en réalisations somptueuses ou en sang versé,le leur ou celui des autres, les Médicis ont aimé faire les choses en grand. 
Que dire d'autres sinon que si Dumas garde l'habitude d'arranger parfois l'histoire à sa façon, parce qu'après tout un fratricide est bien plus entraînant d'un point de vue romanesque qu'une mort par malaria, il est comme toujours un compteur hors pair: nous entrons dans la chambre où le Duc Alexandre est assassiné, nous nous retranchons dans la sacristie avec Laurent qui vient de voir tuer son frère, nous tremblons de jalousie avec Jeanne d'Autriche... 
Ce texte possède donc tout l'esprit de Dumas et je ne regrette qu'une chose: qu'il n'ait pas fait plus longue cette histoire d'une famille hors du commun, tant cette plongée dans Florence s'est révélée entraînante.

Tau Zéro de Poul Anderson

Tau Zéro a été un coup de coeur assez intense. 
Le principe de base est assez simple: cinquante membres d'équipage, vingt-cinq hommes, vingt-cinq femmes, embarqués dans le Leonora Christine pour un voyage de cinq ans, ceci de leur point de vue mais j'y reviendrai. Certains sont destinés à piloter l'engin en question, d'autres sont des spécialistes, chacun dans leur domaine, pour l'étude du futur monde où ils s'implanteront. 
Il s'agit d'un roman difficile à chroniquer sans révéler certains points clés de l'intrigue qu'il faut pourtant passer sous silence pour ne pas gâcher la surprise. Soyons francs, c'est assez frustrant. Cependant, cela n'empêche pas de souligner que l'un des points importants est bien celui-ci : les retournements de l'intrigue, l'originalité d'un roman partant pourtant d'une base somme toute ultra-classique dans la SF, le voyage spatial à destination de colonisation... On est surpris, enthousiasmé, emporté par les différents retournements de situation et jamais la SF ne m'avait accrochée ainsi, avec la trépidation qui vous fait tourner la page suivante pour savoir la suite! 
Autant prévenir tout de suite un lecteur intéressé: la science-fiction ici ne comporte ni pisto-lasers, ni autre combat spatial entre armadas. Non, l'histoire ne concerne que ce vaisseau et ses cinquante membres d'équipage partis à la découverte, et peut-être à la colonisation d'un monde. Si deux personnages peuvent prétendre au titre de personnages principaux, une dizaine de membres d'équipage réapparaissent régulièrement dans le roman, et permettent ainsi à l'auteur d'explorer une multitude de réactions face à l'espoir, au découragement et à toutes les épreuves que l'équipage et les scientifiques les accompagnant va devoir affronter pour survivre et on en vient immanquablement à se demander quelles seraient nos propres réactions.
Signalons enfin qu'il ne s'agit pas que d'une histoire de huis clos, fût-il spatial, mais d'un vrai roman de hard science-fiction. Il exploite de façon très intelligente le principe de la dilatation du temps (pas d'inquiétude, c'est expliqué dans le roman) et utilise la physique comme un ressort narratif avec beaucoup de talent. 
Poul Anderson a fait ses devoirs et ça se sent: les principes soutenant le vaisseau sont expliqués sans que cela alourdisse l'oeuvre, et il a suffisamment bien construit et son moteur, et son plan de vol, pour que l'ouvrage soit digne d'une postface d'un astrophysicien, Roland Lehoucq, en manière de cerise sur le gâteau. 
Une excellente lecture que je recommande chaudement.

La reine Brunehaut de Bruno Dumézil

La reine Brunehaut est une biographie qui a l'excellente idée de se dévorer comme un roman historique, grâce à une écriture très fluide et plaisante.
Autant avouer tout de suite que mes connaissances sur les Mérovingiens étaient plus que réduites, au point d'être un peu inquiète de me trouver totalement perdue dans le livre... L'auteur cependant sait replacer les choses dans leur contexte, commence par plusieurs paragraphes qui retracent la chute de Rome, les différentes étapes des migrations de ces peuples nommées barbares, l'histoire enfin du peuple où Brunehaut, princesse Wisigoth originaire d'Espagne, va se retrouver par son mariage...Plusieurs paragraphes qui ont fait, j'avoue, que j'ai fini par me demander quand donc on allait la croiser et trouver le début, certes instructif, mais plutôt longuet.
Comme toujours sur les périodes anciennes, c'est parfois frustrant: le lecteur voudrait en savoir plus sur tel événement, mais non, il n'y a que deux lignes dans une source sur le sujet, et l'auteur nous l'avoue clairement. Ceci surtout après la mort de Grégoire de Tours, apparemment la plus terrible pipelette de l'histoire!
Une bonne biographie, agréable à lire, bien documentée sans être assommante pour un non-spécialiste, et à recommander aux amateurs d'histoire.

Le Mystère de Cloomber de Conan Doyle

Le Mystère de Cloomber fait partie des livres de Conan Doyle rejetés dans l'ombre par les séries bien plus célèbres de l'auteur, les aventures du Professeur Challenger et surtout, surtout, les enquêtes du génial Sherlock Holmes. 
Ici, pas de détective, le narrateur est mêlé d'abord aux évènements par sa simple proximité géographique et il ne saura rien empêcher,ni rien résoudre d'ailleurs, se bornant à un rôle de rapporteur et de compilateur. 
A la lecture , ce roman soutient tout à fait la comparaison avec les autres oeuvres qui ont fait connaître l'auteur. Ce qui est amusant d'ailleurs est qu'on y retrouve des techniques que Conan Doyle utilise dans ses romans plus célèbres, comme celle de l'homme rattrapé par son passé ou le récit au présent cédant la place en cours de route au récit des évènements antérieurs qui déclencheront le châtiment, exactement comme dans Une étude en rouge ou La vallée de la peur....
Si le côté extrêmement classique du récit et son déroulement ne provoquent pas grande surprise, Le Mystère de Cloomber n'en reste pas moins un récit à énigme assez plaisant, soutenu par le style de Conan Doyle, et une découverte très agréable.

Le livre sacré du loup-garou de Viktor Olegovic Pelevin

Ce livre est extrêmement frustrant, comme un rendez-vous manqué. le premier tiers est vraiment très bien, plaisant, drôle, original,un brin loufoque amenant à tourner les pages avec trépidation pour connaître la suite... le lecteur s'attache au personnage principal, la narratrice, renarde multi-millénaire, femme-renarde à la chinoise vivant le Moscou d'aujourd'hui et échangeant des mails avec ses semblables sur la chasse à l'aristocrate anglais et le super-loup-garou, qu'elles attendent à la manière d'un sauveur christique... 
Hélas, cela ne continue pas dans cette veine. Dès l'entrée en scène du rôle masculin, loup-garou , membre du successeur du KGB, le FSB, l'histoire perd de son rythme, échange celui-ci contre de longues tirades philosophico-cryptiques qui ont vite fait de faire perdre le fil de l'histoire. 
J'avoue être allé jusqu'au bout du livre par pur esprit de contradiction et malgré le début très prometteur, ce n'est pas un livre que je recommanderai.
Made in China  de J. M. Erre
Made in China est un livre excellent pour se changer les idées. C'est déjanté, loufoque au possible, très facile à lire et drôle et on se laisse embarquer sans difficulté dans les affres de ce jeune homme, noir, et adopté en Chine par un couple de Français, et qui tente de démêler le secret de sa naissance. 
Ensuite, de jeux de mots en situations totalement folles, force est d'avouer que ce n'est pas forcément un roman marquant, une de ces claques dont un lecteur se souvient des années après, cela se lit vite et s'oubliera sans doute aussi rapidement, mais peu importe, si on ne cherche qu'à se détendre quelques heures, c'est un livre qui remplit tout à fait son contrat et qui me laissera un souvenir plaisant.

théâtre, alexandre dumas, livre

Previous post Next post
Up