Le jour où vous vous rendez compte que vous devez "tuer" vos personnages
Imaginez : vous vivez quotidiennement avec eux depuis des mois - voire des années - vous avez appris à les aimer (ou les détester)(ou aimer les détester)(ou détester les aimer), vous avez même le béguin pour certains d'entre eux, connaissant chacunes de leurs petits histoires, de leurs manies, pouvant réciter leur biographie de la façon la plus complète possible et soudain, vous vous rendez compte que "Non, vraiment, il/elle ne correspond pas à ce que je veux écrire. Il/Elle est trop ceci, pas assez cela, etc...". Et là, la seule chose que vous pouvez faire, c'est les laisser au bord du chemin, parfois avec une promesse de se revoir, mais vous savez qu'ils finiront par mourir seuls, attendant ce jour qui n'arrivera jamais où vous viendrez les rechercher, le regard pleins d'excuses et la voix tremblante.
Ce n'est pas de votre faute, non, si vous vous écoutiez, vous les garderiez tous auprès de vous, mais c'est cette fichue histoire qui n'a pas basoin d'eux ; cette fichue histoire qui doit être plus ceci ou moins cela et qui ne pourra l'être si vous les gardez.
Alors oui, ça vous brise le coeur - après tout, ce sont en quelques sortes vos enfants que vous abandonnez là, comme ces pauvres chiens attachés à un arbre un jour de départ en vacances - oui, vous vous sentez coupable, mais c'est pour le bien de votre histoire et c'est ça le plus important. D'ailleurs, vous allez devoir - très probablement - remanier pour la dixième fois votre univers. Avec, là aussi, un (gros) pincement au coeur. Mais que ne ferait-on pas pour une bonne histoire ?