[One-shot] Période passagère
Titre: Période passagère
Auteur: krystalyne
Rating: G
Disclaimer: Éditions Dupuis
Notes: One-shot dédié à Morvan, puisque c’est son anniversaire aujourd’hui. Au nom de toute la communauté Spirou-fandom, je vous souhaite un joyeux 37 ans ^^ ! Et vivement la sortie du 50ème tome ;)
Il n’avait jamais pensé que cela se produirait. Pas à cet âge, en tout cas. Pas dans la vingtaine. Mais voilà, ce que le reflet de la pharmacie lui renvoyait lui fit l’effet d’une bombe.
- Bonjour, Fantasio.
Spirou s’arrêta sur le seuil de la porte, s’apercevant que son meilleur ami, vêtu d’un peignoir bleu, restait figé devant la glace.
- Attends, laisse-moi deviner, fit le rouquin, moqueur. Tu as un point noir sur le bout du nez ?
Le blond se retourna, pâle comme un drap.
- Non… c’est pire que ça…
Par cette expression, Spirou s’attendait à une vilaine mauvaise nouvelle, mais…
- J’ai mon premier cheveu blanc…
Alors, c’était plus fort que lui : il pouffa, provoquant la colère chez l’autre.
- Quoi ? Tu trouves ça drôle ?
Il devait s’arrêter, mais la nouvelle était si imprévisible que le rouquin s’esclaffa et dut se tenir les côtes, tellement que cela faisait mal… Finalement, le regard noir de son partenaire le convainquit de se calmer.
- Ex… Excuse-moi, Fantasio. Allons, ne fais pas cette tête-là, je suis sûr que ce cheveu n’est pas blanc.
- Si, il l’est ! Regarde !
Se fiant sur le miroir, Fantasio retrouva son indésirable et le montra à son ami, qui haussa les épaules.
- Allons, ça ne paraît pas tant que ça.
- On en reparlera quand ses copains vont le rejoindre ! À moins que…
Le blond entortilla le cheveu autour de son index et le tira d’un coup sec.
- Aïe !
- Tu sais que ce cheveu aurait fini par tomber ?
- Comme tous les autres, je le sais, mais j’ai préféré faire autrement.
Il soupira, les mains appuyées sur le lavabo, puis ajouta :
- Ça y est, je suis devenu un vieux croûton.
Spirou sourit malgré lui.
- Ne dis pas ça, il te reste beaucoup de choses à vivre.
- Je sais, mais… Des fois, j’ai l’impression de rater ma vie.
Sachant que le rouquin allait rappliquer, il se retourna brusquement et devança :
- Pas marié. Pas d’enfants. Crois-tu que c’est une vie, ça ? Une vie à courir les reportages ? Une vie à quitter constamment notre chez-soi ? Une vie à risquer sa vie ?
Spirou voudrait bien le réconforter, mais ce que disait Fantasio était vrai. Un de ces jours, ils seraient trop vieux pour ce métier. Un de ces jours, quelqu’un, encore plus ambitieux, encore plus fou qu’eux, va les surpasser. Mais heureusement, ce jour n’était pas encore arrivé.
- Ce que tu vis présentement n’est qu’une période de doutes.
- Encore ton psychiatre qui a dit ça ?
Le journaliste ne se découragea pas et continua :
- Je sais que ce qu’on vit n’est pas facile. J’ignore ce que l’avenir va nous réserver. Combien de temps nous reste-il à vivre ? Que deviendrons-nous dans dix ans ? Quelles rencontres feront-nous ? Tout ça, je ne le sais pas.
Puis, il posa une main amicale sur son épaule.
- Mais je suis là. Tu es là. Comprends-tu ce que je veux dire ?
- N… non…
- Ce que je veux dire, c’est qu’on ne se laissera pas tomber.
Sourire en coin, il ajouta :
- Et ce n’est pas ta paranoïa qui va me convaincre du contraire…