[Fic] Guide de survie à la vie quotidienne - Épisode 2

Nov 13, 2006 12:50


Titre: Guide de survie à la vie quotidienne - Épisode 2 : Comment apprendre de ses erreurs
Auteur: krystalyne
Rating: G
Disclaimer: Éditions Dupuis
Notes: Cet épisode est centré uniquement sur Spip (après tout, il a été absent dans le premier épisode (et le premier et demi épisode ;)), mais tous les autres sont là, au grand dam de notre écureuil égocentrique…

Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour sortir ses amis d’une mauvaise situation ?  Même s’il ne pouvait se faire comprendre, Spip avait toujours l’impression d’avoir été utile dans ces aventures rocambolesques.  Après tout, combien de fois avait-il usé de ses dents pour ronger les liens des prisonniers ?  Combien de fois avait-il risqué sa vie pour sauver ceux qu’il aime ?

Et qui avait ramassé les vêtements éparpillés de son maître dans la brousse australienne ?  Qui avait su où les kidnappeurs robotiques du Comte de Champignac étaient ?  Qui avait récupéré le carnet de feu Tanzafio, qui était à ce moment entre les mains d’un dangereux mégalomane ?  Et les exemples ne s’arrêtaient pas là, bien entendu.  Pour tout cela, Spip n’avait pas toujours été remercié à sa juste valeur, mais il savait reconnaître ces petites attentions qui l’attendaient une fois revenus à la maison…

- Nous voilà ! avait lancé Spirou en entrant le premier.

Fantasio, qui le suivit, déposa sa valise en disant :

- Pour une fois, je ne suis pas mécontent d’être enfin chez soi.

- Tu dis ça à chaque fois, se moqua le rouquin.

- Peut-être… mais c’est la première fois que je sais que quelqu’un m’attend…

Ils entendirent des gazouillements.  Fantasio ne prit pas le temps de défaire ses bagages et se dirigea vers la cuisine.  Lily-Ann était assise sur sa chaise haute, le regard hypnotisé sur son hochet.  Lorsque Luna, pelant des pommes, aperçut l’arrivée des hommes, elle fut si surprise qu’elle s’entailla un doigt.

- Aïe !

- Quoi ?  Est-ce l’effet que je te fais, Luna ? taquina le blond.

- Très drôle, ironisa la jeune femme.

Seccotine, qui surveillait la compote réchauffée à petit feu, vint embrasser son époux.

- Alors, ce reportage en Argentine ?

- Ça a failli être une catastrophe.

- Ça ne se serait pas arrivé si tu t’étais engagé dans cette ruelle étroite, ajouta Spirou en entrant dans la pièce.

- Ça ne se serait pas arrivé si tu avais su lire la carte comme il faut.

Fantasio se calma rapidement lorsqu’il se tourna vers sa fille.  À quatre mois, ses fins cheveux clairs sur son crâne donnaient pour prévision qu’elle allait ressembler physiquement à sa mère.  Il se pencha vers elle et la regarda affectueusement.

- Bonjour, ma puce.  Est-ce que ton père t’a beaucoup manqué ?

Pour réponse, Lily-Ann, qui tenait toujours son hochet, secoua si vite des bras qu’il ne vit pas le jouet frapper malencontreusement son nez.

- Aïe !

- Je crois qu’elle t’en veux.

La moquerie de Luna attira les rires de Seccotine et de Spirou, mais le blond ne s’en préoccupa pas, concentré sur les mimiques du bébé.

- Oui, je sais que je suis parti trop longtemps, répondit-il à son interlocutrice dépourvue de parole.  Mais papa t’aime encore.  Pas vrai ?

Du bout des doigts, il la chatouilla et la petite se remit à gazouiller.

Le rouquin ne put s’empêcher de sourire.

- Dites-moi que je rêve : Fantasio qui ne se fâche pas.  Serait-il devenu papa gâteau ?

Le concerné s’arrêta et jeta un regard noir à l’endroit de son meilleur ami.

- Tu répètes ça et je te ferais regretter tes paroles.

- D’accord, tu n’as pas changé, rigola l’espiègle journaliste.

Un peu plus bas, Spip tapait impatiemment du pied.  Combien de temps allait-il attendre avant de recevoir ses noisettes préférées ?  Il avait beau tirer sur le pantalon de son maître, mais ce dernier s’était avancé vers la chaise haute de la princesse gâtée.

- Regarde ce que je t’ai amené.

Lily-Ann ouvrait les yeux d’ébahissement face à cette peluche jaune tachetée de noir et pourvue d’une longue queue.

- C’est un marsupilami, expliqua son parrain.  Celui-là a été fait par un artisan venu de la Palombie.  Unique en son genre, tout comme le marsupilami.

Pendant que la bambine faisait connaissance avec cet assemblage de tissus, Spip fulmina.  Comment avait-il osé donné un cadeau à… à cet gamine ?!  Pourquoi elle ?  Qu’avait-elle de plus que lui ?

Quatre mois.  Quatre mois qu’on ne lui portait plus attention qu’avant.  Quand cette ordure pleurait, tous venaient la voir.  Quand il se blessait, tous lui reprochaient son imprudence.  C’était la faute à ce satané chien ! aurait-il voulu hurler.  Mais personne ne pouvait le comprendre.  Et ils préféraient se tourner vers ce microbe, qui ne parlait pas et qui attirait tant d’ennuis et d’embarras…

Il n’en pouvait plus.  Il grimpa le long de la chaise haute et se jeta sur la peluche, où ils tombèrent tous les deux.  Lily-Ann, privée de son nouveau jouet, ne put que pleurer, mais l’écureuil était fixé sur son objectif : détruire le marsupilami.  Il le ferait par ses dents, par ses griffes, mais il le ferait.  Soudain, un étau de mains se resserra autour de lui et il fit face à un Spirou colérique.

- Spip !  C’était pour Lily-Ann, ce cadeau !  Il n’est pas pour toi !

La morveuse continuait de pleurer, la tête blottie contre Seccotine, qui maintenait cette même rage contre le rongeur.  Fantasio et Luna avaient eux aussi adopté cette attitude de reproche.

- J’en ai assez de tes crises de jalousie ! continua le rouquin.  Il n’y a pas que toi, dans ce monde !

Spip ne voulait plus rien entendre.  Lui, jaloux ?  Il voulait juste retrouver la place qu’il méritait autrefois !  Et puisque son maître ne voulait rien savoir de lui…

Il lui mordit la main, qui le relâcha dans un cri de douleur, et en profita pour s’éclipser.  Spirou avait beau le rappeler, il ne se retourna pas.  Ça y est, il quitta la maison !  Et ce sera pour de bon !

-xxx-

Pourquoi ne venait-il pas le chercher ?  Combien de fois avait-il risqué sa vie pour le retrouver ?  Du haut de sa branche, Spip ne voyait pas la moindre chevelure rousse se pointer dans la forêt.  Alors que la nuit commençait à se pointer, il commença à s’inquiéter.

Avaient-ils tous cessés de l’aimer ?  Lui, Spip, le valeureux écureuil ?  Ça devait être le cas, puisque personne ne venait le réclamer.  Attristé, il attendit que la lune fut haute dans le ciel avant de redescendre de son refuge.  S’ils ne voulaient plus de lui, autant refaire sa vie dans cette forêt !  Mais il fallait avant tout se faire des provisions…

Lorsqu’il entra à nouveau dans la demeure afin de retrouver ses réserves de noix, il entendit avec agacement les pleurs de Lily-Ann.  Il se rappela à quel point il détestait se réveiller de cette manière et voulut se dépêcher de récupérer sa nourriture.  Il gagna le trou le menant dans l’armoire, mais il réalisa trop tard que les pleurs se rapprochaient.  Malheureusement, il glissa sur une arachide et retomba du trou.

La première chose dont Spip eut conscience en retrouvant ses esprits fut un gazouillement.  Il se retourna et vit Lily-Ann, riant dans les bras de son père, souriant.

- Content de te revoir, dit Fantasio en guise de salutation.

La petite, oubliant sa faim, tendit les bras vers l’écureuil.  Le blond la regarda avec ravissement, puis jeta son regard sur le rongeur.

- Je crois qu’elle a envie de mieux te connaître, tu ne trouves pas ?

Elle ?  La morveuse ?  Vexé, Spip tourna le dos, provoquant les pleurs du bébé.  La voix de Fantasio se fit plus dure :

- Écoute, je te prie d’arrêter tes crises.  Tu n’as pas à être jaloux.  Je sais qu’elle demande beaucoup d’attention, mais ce n’est pas parce qu’elle est là qu’on t’oublie.

L’écureuil se retourna lentement.  C’était vrai ?  On ne l’oubliait pas ?

- Mais qu’allais-tu penser ? ajouta le journaliste.  Tu sais bien que tu restes indispensable !

L’espace d’un instant, Spip se traita intérieurement d’idiot.  Puis, fou de joie, il grimpa le long de la jambe de Fantasio et se hissa sur son épaule, provoquant l’amusement de Lily-Ann.  Le père sourit, pensant à la réaction que ferait Spirou lorsqu’il saura que ce compagnon à fourrure est revenu…

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