Jun 21, 2010 21:18
Here's a translation of something I wrote. How does it read? Anything clunky? I've had problems before with translators being too literal. I'm encouraged that he's translated the title, originally "The English Country House", as "Le manoir anglais", since he's clearly picked a phrase that means the same thing, rather than doing word-for-word translation.
Anyway, tell me what you think.
Le manoir anglais
Au Moyen Âge, ces maisons de campagne ressemblaient plus à des châteaux qu'à de simples demeures : tout en hauteur, construites en pierre et tournées vers la défense. Elles étaient destinées non seulement à résister aux attaques, mais aussi à dissuader tout assaillant : le message des propriétaires était simple «Si je suis assez puissant pour construire cette maison, je suis assez puissant pour vous battre ».
Dans ces demeures, le dîner était célébré en grande pompe. La viande rôtie passait d'abord dans la Grand’Salle devant les gens de rang inférieur, avant d'être portée à l'étage jusqu'à la Suite où le Maître de maison prenait son repas. Le serviteur chargé de couper la viande le faisait dans la démesure : c'était un privilège lié au rang de recevoir à la fois des morceaux de choix et plus que ce que vous pouviez manger. De la même manière, la place à laquelle vous étiez assis représentait votre rang. Le roi dînait seul, car personne n’était suffisamment important pour partager son repas. Les paysans étaient nourris dans l'entrée ; probablement plus pour étaler sa richesse que par altruisme.
Au fil des siècles, ces maisons ont évolué : on a commencé à construire des demeures pour lesquelles l'esthétique prenait le pas sur la défense. Elles ressemblaient plus à des hôtels particuliers à l'architecture ordonnée et symétrique, alors en vogue, qu'à des châteaux. Toutefois, le principe resta le même. Ces maisons de campagne restaient des investissements fiables, avec l'assurance de revenus liés à l'exploitation des terres alentour. Leurs propriétaires devinrent une élite, fuyant la société des plus petites gens.
Le repas demeure notamment une véritable cérémonie. Les convives mangent ensemble, puis se retirent en même temps pour prendre le thé, se faire servir le dessert, jouer aux cartes ou écouter de la musique. Plus tard dans la soirée, ils dansent dans la salle où ils ont pris leur dîner. Ce genre d'événement est appelé « Bal ».
Il faut attendre le XVIIIème siècle et l'amélioration des conditions de transport, notamment au niveau des suspensions de chariot qui offrent un plus grand confort, pour constater un véritable changement dans ce qui a trait à la maison de campagne. Il est à présent possible de voyager rapidement et commodément entre Londres et la province. Désormais, les riches familles disposent d'une maison à Londres, pour y séjourner durant la «Saison londonienne », et d'une maison de campagne.
En outre, ces nouvelles conditions permettent de ne rester qu'une soirée au manoir. On peut, à sa guise, rendre visite à des amis ou des amis d'amis. La Bonne Société, comme on l'appelait alors, devint mobile : après une journée sur les champs de course, on pouvait passer prendre le thé. Ces visites font de la maison « de campagne » une maison « de société ».
Ces mondanités sont nommées « Assemblées ». On se promenait dans la propriété, allant de distraction en distraction. Dans cette salle, certains jouaient aux cartes, ici, d'autres buvaient du thé; là, d'autres encore faisaient de la musique. Nourriture et vin étaient proposés aux invités au fil de leur parcours. Les invités étaient jadis divertis tous ensemble, ils sont maintenant encouragés à l'être séparément.
L'architecture s'est adaptée à ce nouveau mode de vie : là où les maisons étaient auparavant centrées autour de la pièce principale, ces nouvelles bâtisses sont construites en cercle, avec des salles de réception encadrant un large escalier en colimaçon. De la même manière, les jardins ont été organisés en circuits, avec des étapes invitant les convives à la flânerie : comme une roseraie, une pagode, une maison d'été ou bien un étang. On leur donne des noms : "Le Grand Jardin", "La Promenade Nord", "Le Bosquet".
Petit à petit, la campagne revêt des aspects romantiques. Auparavant, promenades et équitation étaient nécessité ; ces activités ont, à présent, gagné en prestige. Dans les tableaux, les maisons de campagne sont souvent dépeintes tels des îlots perdus dans un paysage hostile.
Au déclin de l'époque victorienne, le christianisme prend une place de plus en plus importante, et le Maître de maison devient le responsable moral de la maison. Il conduit la prière, maintient la discipline et est un modèle de vertu. Toute la maisonnée, les serviteurs comme les membres de la famille, assiste au service donné à la chapelle le dimanche.
À cette époque, on observe une nette distinction entre les sexes. Alors que les hommes chassaient, s'entraînaient au tir et parlaient affaires, les femmes étaient censées discuter et jouer aux cartes. Les pièces devinrent exclusivement masculines ou féminines : les hommes commandaient la salle à manger, l'armurerie et le fumoir, alors que les femmes occupaient le boudoir et le salon.
La distinction entre hommes et femmes était également notable après le dîner. Les hommes buvaient du brandy, à table, tandis que les dames se retiraient. Puis, les hommes enfilaient de raffinés gilets destinés au fumoir où ils allaient ensuite, tandis que les femmes buvaient le thé et jouaient aux cartes.
En ces temps très religieux, la maison était de plus en plus considérée comme un véritable foyer. Afin de renforcer cet aspect, les serviteurs ne se montraient plus. Les pièces réunissant la famille étaient alors conçues avec deux portes: une donnant sur la partie réservée aux propriétaires, l'autre sur celle réservée aux serviteurs. Les étages supérieurs étaient destinés à la famille, les étages inférieurs aux serviteurs, et les deux partis se croisaient aussi peu que possible.
L'époque victorienne, d'un côté consolidait le manoir par ses valeurs, de l'autre, en sonnait le glas par son industrialisation. L'amélioration des transports fit qu'il était moins onéreux d'importer des céréales que de les cultiver localement. Tout à coup, les terres cultivées ne garantirent donc plus les rentes de jadis. Certains aristocrates trouvèrent de nouvelles façons de gagner de l'argent, par exemple en intégrant les conseils d'administration de sociétés auxquelles leurs titres prêtaient un semblant de prestige. D’autres furent contraints de vendre leurs propriétés.
Certaines d'entre elles furent acquises par des industriels, récemment adoubés et tout enclins à acheter un titre de noblesse. Les aristocrates leur donnaient le surnom de «Nouveaux Riches» et se demandaient si les nouveaux venus sauraient maintenir l'étiquette. De ce côté-là, aucune inquiétude à avoir, les aristocrates frais émoulus, fascinés par le monde dont ils avaient payé l'entrée, faisaient montre de zèle pour s'y fondre. Ils acquirent et dévorèrent des ouvrages dédiés à l'étiquette dans le but de perpétuer toutes les traditions qu'ils purent y trouver, et allant jusqu'à en inventer de nouvelles.
À l'aube du XXe siècle, la maison de campagne semblait imprenable. L'époque édouardienne fut une époque où la richesse était ostentatoire. Mais ce fut le calme avant la tempête. D'abord, la Grande Guerre décima des familles entières. Puis les domestiques rejoignirent les villes, où les usines leur offraient de meilleurs salaires et des journées de travail plus courtes. Enfin, dans les années 1920, la Grande Crise frappa, et l'argent vint à manquer.
Les manoirs du livre A Taste for Murder s'appuient sur cette histoire. Leurs traditions remontent au Moyen-Âge. Leur architecture, aussi, est d'un autre âge. Les liens sociaux s'articulent autour des repas, de la danse, du thé et des cartes.
Mais ces traditions entrent en conflit les unes avec les autres. Le Maître de maison tente de tenir la maison à la manière victorienne ; strict, autoritaire et défenseur d'une famille soudée. La jeune génération, élevée à l'époque édouardienne, mène la belle vie : ils fument, boivent et ont des rapports sexuels. Pendant que la fortune s'épuise, la faillite guette.