Fic pour Gredoune : Cherche belle plante pour vieux garçon en herbe

Jan 01, 2009 16:09

Chère gredoune, en ce premier jour de l'an 2009, voici pour toi un cadeau plein de roux et de Gryffondor adorable XD J'espère que tu as passé un excellent réveillon et que ce début d'année commence bien pour toi!!!

Titre : Cherche belle plante pour vieux garçon en herbe
Pairing principal : Charlie Weasley/Neville Longbottom
Rating : PG
Genre : Romance
Nombre de mots : 4082
Disclaimer : Légalement, le Potterverse appartient à JKR. Mais on sait tous de quoi il en retourne.
Note : Un grand merci à l'obsédée de dragonneaux que je ne nomme point, anonymat oblige. Elle m'a énormément aidé pour cet OS, et est l'auteure du joli petit calembour présent dans le titre. ;) Un cachet d’aspirine, un mea culpa et un grand câlin aux modos, pour le retard pris.
Mot de l’auteur : Douce Gred, le fluff n'est pas mon fort ces temps-ci. J'ai eu beaucoup de mal (ô doux euphémisme) à me plonger dans l'écriture de ta commande, mais je croise les doigts pour que ce oneshot te plaise. Dans le cas contraire, l'option 'Nouveau cadeau' existe toujours. ;)
Charlie et Neville se joignent à moi pour te souhaiter d'excellentes fêtes de fin d'année, et Luna est indisponible, mais je suis sûre qu'elle n'en pense pas moins. Mille baisers de ta lutine !



Fate makes fools of us all. And it's rather fun to watch.
~ Albus Dumbledore (1)

La première fois qu'il eut à affronter un Epouvantard, Neville Longbottom s'était trouvé face à Severus Snape et était parvenu - sans oser y croire - à dompter sa peur.

A dix-sept ans, aucun doute ne pesait plus au sujet de sa répartition à Gryffondor : celui qui organisa la résistance à Poudlard et décapita l'animal familier de Voldemort disposait d'un sacré courage, personne ne pouvait le lui dénier.

Dix années plus tard, une autre menace, bien plus terrifiante, se profilait à l'horizon. Et Merlin seul savait comment il allait en réchapper, cette fois-ci.

***

Le soleil était à son zénith lorsqu’un jeune homme échevelé se glissa subrepticement dans le jardin du Terrier, au milieu d’une foule compacte. Çà et là, des explosions de pétards retentissaient, suivies de cris d’enfants surexcités. Une grande banderole flottait entre deux bouleaux et, de temps à autre, une voix suraiguë s’élevait pour souhaiter un « Joyeux anniversaire, Harry ! »

Il se faufila entre les petits groupes, cherchant un coin où il pourrait passer en toute sérénité l’après-midi. Soudain, une main l’agrippa par derrière, le faisant sursauter. Heureusement, ce n’était que Ron et Hermione. Le sorcier se détendit sensiblement, jeta un regard noir au rouquin qui pouffait à ses dépens, avant de répondre avec précaution à l’étreinte de la jeune femme enceinte :

« Je ne comprends toujours pas comment tu peux vivre avec lui, Hermione, » chuchota-t-il, déclenchant en retour une oeillade faussement outrée de la part du mari de cette dernière.

Elle lui fit un clin d’oeil en retour, reposant sa tête sur l’épaule de son époux : « Il n’est pas aussi bête qu’il en a l’air, rassure-toi. »

Son compagnon, étrangement, laissa passer l’insulte, ses pupilles brillant d’une façon qui rappelait Georges - avant.

« Et toi, Nev’, toujours célibataire ? » le questionna-t-il, haussant délibérément la voix. Son vis-à-vis glapit, la mine trahissant une certaine appréhension.

« C’est un coup bas, infâme Serpentard, » murmura-t-il, gorge nouée. Il refreina l’envie qui le poussait à se glisser sous la table la plus proche. « Où est-elle ? »

« Occupée en cuisine, aux dernières nouvelles. » l’informa Hermione, qui se rapprocha pour lui souffler à l’oreille : « Tu n’aurais pas dû venir. »

« Elle m’aurait suivie en enfer, si je n’avais pas fait acte de présence, » répliqua-t-il, se passant la main dans les cheveux en signe d’anxiété. « Qu’est-ce qu’elle prépare, aujourd’hui ? »

« J’ai croisé la nièce de Verpey dans le salon, » révéla malicieusement Weasley. « Jolies fanfreluches, dignes de ma grand-tante Greta. Tout à fait ton genre de demoiselle. Encore mieux que la dernière, tu te souviens ? Celle qu‘on aurait pu confondre avec Goyle. »

Sa tendre moitié lui frappa les côtes, histoire de le faire taire. « Tu devrais lui faire comprendre que tu n’as pas besoin d’entremetteuse, Neville. »

« Elle ne s’arrêtera qu’en recevant un faire-part de mariage, » la contredit-il, consterné.

« Annonce-lui que tu as trouvé corde à ton cou - aïe, Hermione ! Que tu as des vues sur quelqu’un, que tu meurs d’envie de sauter sur McGonagall, mais que ta morale t’empêche de nouer une relation avec ta supérieure hiérarchique, » proposa le gérant de Farces pour sorciers facétieux.

Sa femme leva les yeux au ciel : « Ronald Bilius Weasley, tu es ignoble. »

« Il y a une seconde solution, » conclut le champion d'échecs sans se démonter. « La fuite. »

« Sans vouloir te vexer, c’est l’option que je privi - »

« Neville, te voilà ! Tu prendras bien une part de gâteau ? » s’écria avec ravissement une personne dans son dos.

Pris par surprise, le brun pivota brusquement afin de faire face à celle qui l’interpellait ; son coude percuta violemment l’assiette tendue vers lui, projetant la part de pudding sur Ron, qui esquiva de justesse l‘objet volant. Le disque de porcelaine se fracassa en heurtant le sol, et les lèvres de Neville se crispèrent. Bien joué...

Toutes les têtes se tournèrent vers eux, quelques sourires apparurent en reconnaissant le maladroit qui avait interrompu leurs conciliabules avant de se désintéresser rapidement de la scène - ils avaient fini par prendre l’habitude de voir Neville Longbottom perdre toute contenance en présence de la maîtresse de maison.

D’ailleurs, en parlant du troll... Molly s’empressa de faire disparaître d’un coup de baguette péremptoire les dégâts, tapa sèchement l’épaule de son fils qui ricanait encore - le traître ! pour enfin reporter son attention sur lui. Le jeune homme inspira profondément, et allait entamer la conversation lorsqu'elle le prit de court :

« Tu ne devrais pas être aussi tendu, mon petit, c’est mauvais pour l’estomac. »

Son regard bleu perçant l’examina ensuite de pied en cap ; il fit une prière rapide à Morgane pour que quelqu’un abrège son calvaire. La posture du Gryffondor se raidit imperceptiblement lorsque l’énergique matrone le gratifia d’un immense sourire copyrighté Bonne-maman Weasley.

« Je suis ravie de te voir, Neville. Harry m'avait fait comprendre que tu avais énormément de travail ces temps-ci, mais je savais que tu ferais le déplacement. Après tout, Poudlard est fermé, tu ne devrais pas passer ton temps dans les serres, penché toute la journée sur des plantes. » Il ouvrit la bouche, mais elle poursuivit son monologue, le morigénant du regard. « Tu aurais dû te changer pour l’occasion, mon petit. Après tout, c’est ton anniversaire, à toi aussi. Comment se porte ta grand-mère ? »

Le professeur de Botanique se mordit les lèvres ; près de la clôture du jardin, Celui-Qui-Avait-Un-Monstre-Pour-Belle-Mère surveillait le petit Albus perché sur un balai. Harry aurait dû le prévenir qu’il lui avait assuré un alibi ! Ah, les amis...

Il se souvint soudain que Mrs Weasley lui avait posé une question.

« Hum... bien. »

Et la palme de la réponse du siècle est attribuée à Mr Longbottom ! Il rougit furieusement, puis -

« Tu as de la boue sur ton cou, Neville. Tu t’es fait attaquer par un Joncheruine ? »

- éprouva le désir irrépressible d’embrasser (en tout bien tout honneur) son amie qui, vêtue d’un immense boubou chamarré, le dévisageait de ses grands yeux gris.

« Luna ! Tu es rentrée d’Afrique ? » demanda Hermione, analysant la tenue de la Serdaigle.

Cette dernière hocha la tête, distraite par un papillon, avant de remarquer le ventre rebondi de son interlocutrice.

« Tu as grossi. »

Le futur papa ricana, et Mrs Weasley se rengorgea, rayonnante : « Notre Hermione attend un petit bébé pour le mois suivant ! La famille s’agrandit ! » s’exclama-t-elle, les mains jointes. « D’ailleurs, à ce propos, Neville, ta grand-mère doit s’impatienter... »

« Euh... je... euh... » Sublime, Neville, un vrai chef. Molly avait un talent inné pour lui donner l’impression de remonter en enfance, à l’époque où il ne pouvait prononcer une phrase sans balbutier. Il avait cru s’être définitivement débarrassé de ce tic redoutable...

Ron vola à son secours : « Maman, avant de t’acharner sur Neville, finis donc le travail chez nous. Charlie n’a pas de bague au doigt. »

La pétulante quinquagénaire entama alors son sempiternel sermon, manquant à chaque geste d’éborgner sa progéniture : « A chaque visite, je lui répète encore et encore qu’il devrait songer à revenir à la maison. Quelle idée de s’enterrer en Roumanie ! Ce n’est pas dans sa tanière de vieux gardiens rabougris qu’il trouvera une jeune fille comme il faut ! Mais Neville, lui - »

Une fois de plus, Luna divertit l’assistance. « Charlie et moi avons rendez-vous demain. »

Un silence choqué suivit cette déclaration  la bouche encore grande ouverte, Molly avait l’apparence d’une personne à qui l’air manquait. Le reste de l’assistance ne valait pas mieux... Devant l’absence de réactions, Neville interrogea lui-même sa meilleure amie :

« Un rendez-vous ? » répéta-t-il, sa voix trahissant son incrédulité. Si même Luna s’y mettait...

D’un air absent, la blonde se mit à jouer avec la guirlande en coquilles de noix qu’elle arborait à son cou. « Je vais en Transylvanie, dans la réserve où travaille Charlie. On m’a dit que l’Énormus à Papille avait fait une apparition là-bas, et tout le monde sait qu’il est extrêmement vulnérable aux attaques de vampires. C’est une mission d’urgence. »

Molly retrouva miraculeusement l’usage de ses cordes vocales. « Oh ! Je vois, Luna. Avant de partir, passe à l‘intérieur. Ce pauvre Charlie ne doit pas avoir goûté à de la bonne cuisine depuis Noël dernier. »

Elle s’éloigna vivement de la petite assemblée, qui exhala communément l’air leur restant dans les poumons. L’alerte était passée...

« Neville ! »

L’interpellé ferma les paupières. Les rouvrit :

« Mrs... Mrs Weasley ? »

« Reviens dîner demain, j’ai quelqu’un à te présenter. » Il ne s’agissait pas d’une invitation, mais d’un ordre : le ton n’offrait aucune alternative. Sa situation n’offrait aucune alternative, à moins qu’il ne décide de se sauver au pôle Nord ou -

La lumière fut.

« Luna, tu - tu pars demain en Roumanie ? »

***

La peau recouverte d'une fine couche de poussière ocre, Charlie referma d'un geste sec la porte de l'enclos, déclenchant de la sorte les protections runiques du grillage. Betsy, seule femelle Cornelongue de toute la réserve, rugit faiblement pour manifester son mécontentement face à l'afflux de magie, sans toutefois daigner remuer son corps, sonnée par un sortilège de Léthargie bien appliqué.

Il s'affala contre la barrière, proférant un juron lorsque son épaule percuta une dent d'acier. Occupée à ranger ses potions médicinales dans une petite cassette, Miruna eut pour lui une oeillade amusée :

« Va te reposer, Codruţ ne va pas tarder. »

Son coéquipier acquiesça, se massa les tempes, et prit finalement le chemin de leurs quartiers, son dos l'élançant à chacun de ses pas : la nuit avait été particulièrement éprouvante, après l'épidémie de Dragoncelle qui avait frappé quatre dragons de la colonie. Ils avaient dû procéder à une mise en quarantaine, et passer la soirée à suer sang et eau pour administrer aux têtes de mule les potions appropriées.

Désormais délié de ses fonctions, le sorcier à la crinière fauve éprouvait plus que jamais le besoin de se plonger dans un bon bain brûlant, avant de s'enterrer dans son lit le restant de la journée.

Cette douce perspective de repos s’envola à la minute même où il pénétra dans la maisonnette qu’il n’avait plus partagé depuis que Codruţ et Miruna s’étaient fiancés l’année précédente.

« Qu’est-ce que... »

Hébété, il contempla la demi-douzaine de malles en cuir et de caisses qui encombraient l’entrée. Un sifflement étrange s’échappait de l’une d’entre elles, sur laquelle était apposée l’inscription « DANGEREUX ». Baguette à la main, Charlie traversa le vestibule, en prenant soin de ne pas effleurer quoi que ce soit, pour se rendre au salon.

Installée dans le rocking-chair près de la cheminée, une femme paraissait entièrement plongée dans un Chicaneur, au point de ne pas se rendre compte de l’arrivée du propriétaire des lieux. L’accord qu’il avait passé la semaine dernière lui revint alors à l’esprit, et sa tension artérielle se calma considérablement tandis qu’il rengainait sa baguette.

« Luna, » marmonna-t-il, la fatigue amenuisant quelque peu sa capacité à communiquer. « Là depuis longtemps ? »

La naturaliste releva la tête, le regard brillant. « J'ai fait une promenade autour du lac, à l'aube. Les roseaux doivent abriter des merveilles. Tu penses que l'Énormus se cache dans les environs ? »

S'il n'avait pas connu la petite Lovegood haute comme un gnome, il l'aurait sans doute envoyé promener, désireux comme il l'était de tomber dans les bras de Morphée. Mais sa bonne éducation l'emporta.

« Je n'ai rien vu d'inhabituel ces derniers jours. »

Elle prit un air sceptique, retournant à sa lecture sans autre commentaire. Réprimant un bâillement, il allait s'acheminer vers sa divine salle de bain lorsqu'un ronflement inattendu parvint à son oreille.

Lové sur son sofa dans une posture qui rappelait vaguement celle d'un petit chat, un homme sommeillait, bouche ouverte. Le roux mit quelque temps à mettre un nom sur ce visage : après tout, le professeur Longbottom et lui ne se croisaient que rarement, lors de ses séjours au Terrier. Mais que fabriquait-il en Roumanie ? Que faisait-il chez lui ?

« Ron dit que ta mère est un vrai dragon, » confia la sorcière, sans que son vis-à-vis ne parvienne à comprendre la raison de cette pseudo révélation.

« On a tous un tempérament de feu, dans la famille, » plaisanta-t-il, devant une Luna pince-sans-rire qui se pencha de nouveau sur son magasine.

Considérant la discussion comme close, Charlie fit un dernier effort jusqu'à sa salle d'eau, attrapant au passage une serviette. Au moment où il voulut se glisser dans la baignoire, l'ancien joueur de Quidditch découvrit qu'une plante en pot et un arrosoir avaient été déposés au fond. Avec mauvaise humeur, il entreprit de les bannir de son paradis aquatique...

Quelques secondes plus tard, Neville fut éveillé par un hurlement de bête mutilée, et se redressa, le coeur battant à toute allure. Le Gryffondor n'eut pas longtemps à attendre avant de découvrir de quoi il en retournait : nu comme un Veracrasse - à l'exception d'une serviette maintenue à la taille, Charlie Weasley fit irruption dans le salon, couvert des pieds à la tête d'une substance verdâtre peu ragoûtante.

En croisant le regard furieux de son hôte, le professeur de Botanique se mordit nerveusement les lèvres : il aurait dû trouver un endroit plus approprié où placer son Mimbulus Mimbletonia...

***

Lorsque Luna alla à Salem pour ses études supérieures, on lui annonça - à sa profonde stupéfaction - qu'aucun cursus ne comportait de cours sur les Ronflacs Cornus. Elle opta alors pour l'étude comparée des comportements humains et animaliers dans les sociétés moldues et sorcières. Son sujet de prédilection fut sans conteste les parades amoureuses.

Après une semaine d'observation scientifique en Roumanie, elle parvint à deux conclusions. Premièrement, l'Énormus à Babille disposait de techniques de camouflage extrêmement performantes, et la traque ne serait pas aisée. Et second point, les hommes pouvaient être vraiment, vraiment niais en matière de sentiments.

***

Allongé dans son lit, Neville combattait désespérément l’ennui lorsque quelqu’un frappa à sa porte. Une voix masculine s’éleva de l’autre côté de la cloison :

« Longbottom ? »

Soudainement fébrile, le brun se saisit du livre le plus proche, histoire de se donner une contenance. Il s’éclaircit la voix :

« Tu - tu peux entrer. »

Charlie apparût dans l’entrebâillement, la main sur la poignée ; Neville, lui, plongea son nez entre les pages, maudissant son manque d’assurance.

Chaque fois que les deux hommes se croisaient, dans le couloir ou dans la cuisine, l’esprit sadique du jeune professeur ne manquait jamais de faire ressurgir l’image mémorable du pénible incident survenu le premier jour, court-circuitant toute ses facultés de raisonnement. Leurs rencontres finissaient toujours par Neville balbutiant une excuse quelconque avant de retourner s’enfermer dans la chambre d’amis, le visage empourpré.

A cause de sa timidité excessive, son hôte devait croire qu’il avait une case en moins... Forçant sa nature, le botaniste détacha les yeux de l’ouvrage qu’il tenait, dévisageant celui qui lui faisait face.

« Luna m’a dit que tu avais passé la semaine cloîtré à la maison, » déclara de but en blanc Charlie.

Ses amis étaient tous des traîtres.

« J’ai travaillé sur mes cours, pour la rentrée prochaine, » mentit-il, sans rougir - Merlin merci.

« Il n’y a pas mal de plantes rares dans le coin, » enchaîna-t-il, s’appuyant avec nonchalance contre la porte. « Tu n’es pas intéressé ? »

Question piège.

« Je... j’ai beaucoup de travail. »

Son interlocuteur haussa les sourcils, sceptique. « Vous êtes censés repartir dans trois jours. Tu n’as pas fait le voyage jusqu’en Roumanie pour lire dans le noir ? »

Il n‘aurait pas dû fermer ses fichus rideaux. Neville rougit instantanément, pestant intérieurement contre sa bêtise. « Je... »

Charlie fit claquer sa langue contre son palais, l’interrompant : « J’ai quelques devoirs à accomplir au nord du parc, cet après-midi, dans la vallée. Tu peux m’accompagner, si tu le souhaites. »

« Je... »

« Oui ? »

Le ton ferme indiquait clairement que le fils de Molly Weasley n’accepterait pas de réponse négative : Luna devait l’avoir forcé à se montrer sociable. Ste-Mangouste qui se moquait de la charité...

« Je - je serai prêt dans un quart d’heure. »

***

L’atmosphère était étouffante, sans la moindre bouffée d’air frais.

Du dos de la main, Neville essuya son front couvert de sueur tout en suivant le sentier rocailleux en pente, à distance raisonnable de son guide.

Ce dernier n’avait pas pipé mot depuis le début de l’escapade, et le professeur lui en était reconnaissant. Il pouvait ainsi se concentrer sur les végétaux en bordure de route, un calepin à la main, griffonnant quelques croquis lorsqu’une pousse particulière retenait son attention. Et il évitait de se ridiculiser par la même occasion.

Un éclat de couleur rouge vif attira son oeil : à une dizaine de mètres, un arbuste aux baies aussi grosses que des groseilles se mouvait le long d‘un petit ruisseau, doté de racines qui faisaient également office de pieds.

L’expert ès botanique n’avait jamais eu la chance d’approcher un tel spécimen : l’excitation parcourut ses veines, et il s’empressa de se rapprocher de l’objet de sa curiosité qui s’était immobilisé, abandonnant la piste sinueuse.

Pour plus de confort, il s’installa sur un rocher grisâtre à l’ombre, et entreprit de dessiner le plus fidèlement possible l’arbrisseau, s’oubliant totalement dans sa tâche...

***

Il avait perdu un Anglais inconscient sur une route de Transylvanie, en pleine zone de reproduction de dragons.

Charlie se frotta énergiquement les yeux avant de scruter une nouvelle fois les environs, espérant un miracle, mais rien n’y fit : les alentours étaient déserts.

Merlin, sa mère allait le tuer.

Vu sous cet angle, il avait toutes les raisons de paniquer. Le gardien de la réserve reprit le chemin qu’il venait d’emprunter, accompagnant sa marche de jurons qui auraient fait pâlir feu Severus Snape. Il ne mit que quelques minutes à repérer une tâche bleue pâle, à proximité du petit cours d'eau.

A la fois soulagé et exaspéré, le roux s'approcha à grands pas de la future cible de son courroux ; dans sa hâte, il trébucha sur une pierre avant de s'étaler aux pieds de l'autre, son épaule luxée il y a de cela des semaines se rappelant vivement à sa mémoire. Les paumes en sang, il jeta un regard furibond à celui qu'il jugeait responsable des pires maux de son existence - ou presque.

Il s'attendait à ce que le scientifique bredouille, tremble, se fossilise instantanément, mais non.

Longbottom lui souriait.

Il lui souriait réellement. Comme dans 'sourire'. Comme dans 'ses prunelles couleur chocolat brillaient radieusement'. Comme dans 'une petite fossette se dessina lorsque ses lèvres s'étirèrent' -

- Charlie cligna des paupières, hébété, et agrippa machinalement la main calleuse tendue vers lui pour l'aider à se relever. Ils étaient très proches, soudainement ; mal à l’aise, il fit un pas en arrière.

« Tout va bien ? » s'enquit Neville, l’expression maintenant alarmée.

« Mon épaule m’élance un peu, mais je survivrai, » affirma-t-il, la voix chevrotante.

Son compagnon hocha simplement la tête, avant de se baisser pour ramasser quelque chose dans l’herbe - un cahier et quelques crayons. « La végétation est impressionnante, dans les environs, » continua-t-il, relaxé, en feuilletant quelques pages. « J’ai rarement vu autant d’espèces dans un même lieu. »

Charlie eut un petit rire forcé. « Ce doit être grâce au fumier. Après tout, on est dans une réserve de dragons. » Une lueur étrange dansa dans les yeux du professeur Longbottom, il préféra se focaliser sur le paysage alentour. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher et rougeoyait au loin. « On devrait rentrer. »

Sans un regard en arrière, il prit le chemin du retour, un sentiment curieux lui compressant la poitrine.

***

Au beau milieu de la nuit, un craquement sinistre l’éveilla en sursaut.

Un bruit de chute le convainquit d’abandonner son lit douillet. Murmurant un Lumos qui l’entoura d’un halo doré, il descendit furtivement l’escalier, suivant une odeur suspecte et familière à la fois, qui le conduisit jusqu‘au jardin. Il se demanda alors s’il ne faisait pas un cauchemar.

« Je peux savoir ce que tu fabriques ? » demanda-t-il sèchement.

Un professeur de Botanique se figea, l’air coupable, au centre d’une pile de petits fûts en chêne. L’un d’entre eux se renversa à terre, dévoilant un contenu peu ragoûtant...

« Des bouses de dragon dans mon jardin ?! »

En analysant la posture crispée du sorcier qui brandissait sa baguette vers lui, Neville comprit qu’il n’allait pas s’en tirer sans dommage, cette fois-ci. Il se mordit l’intérieur de la joue, sans oser prendre la parole.

« Tu as passé la nuit à ramasser des bouses de dragon, pour les stocker dans mon jardin ? » insista son hôte dans un quasi murmure, avançant vers lui sans prendre garde aux détritus qui jonchaient le sol. Le fautif grimaça, mais conjura néanmoins son courage :

« Tu sais, c’est un fertilisant de choix. Je - je comptais en ramener quelques échantillons à Poudlard. Si ça ne te dérange pas. Je veux dire - ce n‘est pas du vol, si ? Je - »

Charlie contempla la douzaine de petits tonneaux malodorants, puis le jeune homme en pyjama jaune canari qui se dandinait nerveusement dans l’attente de son jugement.

Presque malgré lui, un couinement inélégant lui échappa. Puis deux. Il finit par laisser libre cours à son hilarité, qui s’accrut devant l’expression médusée de son vis-à-vis.

Il hoqueta alors, luttant pour prononcer quelques mots :

« Du vol... de bouse de dragon... »

Si le sol avait été plus propre, le gardien de la réserve se serait roulé par terre. Il ébouriffa affectueusement les cheveux de Neville, qui recula par automatisme, heurtant une des caisses derrière lui. Le professeur Longbottom glapit en sentant le sol se dérober à ses pieds.

Au lieu de quoi, il se trouva écrasé contre un torse couvert de tâches de rousseur, et ce fut le souffle qui lui manqua. Sous ses doigts, il sentait le pouls précipité de Charlie, sa respiration irrégulière. L’étreinte se relâcha, lui permettant ainsi de relever le menton.

Le rire fit place au silence.

Puis, dans une impulsion qui le rendait, une fois de plus, digne d’appartenir à la maison Gryffondor, Neville prit appui sur les épaules du roux, pour appliquer finalement ses lèvres contre une bouche enthousiaste.

***

« Oh, Charlie, c’est merveilleux ! »

Conversant avec Luna au bout de la longue table dressée dans l‘arrière-cour du Terrier en l‘honneur du petit Hugo, Neville tressaillit et fit volte-face, observant Molly bondir de sa chaise pour se jeter au cou de son dresseur de dragons.

La maîtresse de maison lâcha heureusement prise. Elle enserra le visage de Charlie entre ses mains, lui déposant un baiser sur le front : « Garde-chasse à Poudlard ! Oh, je savais que tu t’assagirais et que tu déciderais de rentrer au pays ! »

Enfin libéré, le fils prodigue se massa les joues.

« Merci maman. »

Des « Félicitation, mon vieux ! » se firent entendre le long de la tablée. Neville sourit : la nouvelle n’en était plus une depuis une semaine, pour lui.

Ron, la mine espiègle, tapa son couteau contre le table, et les bavardages cessèrent :

« Charlie, je ne sais pas si tu te rends compte de l‘énorme erreur que tu as faite, » entama-t-il.

L’interpellé fronça les sourcils. « Je te demande pardon ? »

« Eh bien, disons que tu vas te trouver confronter à d’innombrables jeunes filles de bonne famille à la recherche du Vif d’or. Maman se chargera du tri, évidemment. »

Les rires fusèrent, et même Molly gloussa.

Charlie, lui, esquissa un rictus diabolique. « J’aurais aimé voir ça, mais ça ne va pas être possible. »

« Tu retournes en Roumanie ? » lança Bill, déclenchant une fois de plus l’hilarité des personnes présentes.

« Neville et Charlie vont se fiancer. »

Merci Luna.

FIN.

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(1) Citation tirée de la fanfiction Seamus is Seamus, and you are Yourself

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