Calendrier de l'Avent : 24 décembre

Dec 25, 2016 12:06

Titre : Découverte familliale
Projet : OmbreSang Lycan/Vampire
Personnages : Cyann, Vénézio, Morrigan, Kerryn, Jalän
Thème et contrainte : Amitié (mais en fait je m'en suis éloignée) et dialogue avec quatre personnes.
Date : 24 décembre
Rating : PG-15

Cyann repris sa course en pestant mentalement contre sa propre arrogance. Miranda l’avait pourtant mise en garde, mais elle n’avait pas voulu y croire. Elle aurait pourtant du se douter que Vénézio n’oublierait pas si facilement l’évènement. Lucrèce avait également été secoué en apprenant la présence en ville de la dénommée Morganna, au point qu’il en avait même oublié de la sermonner pour avoir désobéi à son cousin. Mais ce dernier avait choisi de lui faire payer sa faible tentative de rébellion au prix fort et Cyann n’avait pas l’intention de se laisser faire.

Fënryr n’avait pas eu le temps de lui apprendre à se métamorphoser sans avoir à se déshabiller, raison pour laquelle elle cherchait à s’éloigner autant que possible des humains. Elle tourna dans la première ruelle mal éclairée qu’elle trouva tout en réfléchissant aux évènements de ces trois derniers jours. Il lui manquait indubitablement certaines pièces du puzzle pour comprendre la situation et nombre de questions se pressaient dans son esprit. Qui était Morganna ? Pourquoi sa présence avait-elle tant bouleversé son père et les lycans qui constituaient son Cœur de Meute ? Que faisait une vampire aussi puissante en plein cœur du territoire d’un Alpha ? Et surtout, surtout, pourquoi le foulard qu’elle lui avait offert portait-il l’odeur ténue mais tout de même reconnaissable de Tenoch ? Qu’est-ce que cela signifiait ? La vampire avait dit le lui offrir en gage de sa bonne foi… Cherchait-elle à lui faire comprendre que c’était le lycan qui l’envoyait ? Quel rapport y avait-il entre cette élégante vampire et le
lycan effrayant et sauvage qui semblait partager un lien si spécial avec Fënryr ?

Un bruit de pas l’alerta, les amis de Vénézio étaient proches. La jeune femme grimaça en s’enfonçant dans la ruelle. Si cette dernière se révélait être une impasse elle serait prise au piège, mais elle ne connaissait pas Rome, et elle avait trouvé plus urgent de s’éloigner des humains que de prêter attention aux rues qu’elle empruntait. Un grondement sourd monta dans sa gorge, elle détestait cette impression de vulnérabilité qu’elle ressentait en cet instant, elle détestait la simple idée d’être considérée par d’autre comme une proie, et plus encore celle de ne pas être en mesure de leur faire payer ce comportement.

Cyann arriva à un autre embranchement et se figea, hésitante. Les ruelles devenaient de plus en plus sombres et crasseuses et la jeune femme prenait conscience de son erreur, elle aurait mieux fait de chercher à se perdre dans la foule au lieu de se laisser ainsi mener dans un endroit où ils pourraient faire ce qu’ils voulaient d’elle.

« A droite ! »

La voix s’insinua faiblement dans son esprit, une voix masculine qu’elle ne connaissait pas et qui la rendit aussitôt méfiante. Pourtant il y avait dans cette voix une sorte d’angoisse qui la toucha, comme si celui qui s’adressait ainsi à elle craignait réellement qu’elle fasse le mauvais choix. Pourtant, songea Cyann, cela pouvait tout aussi bien être un piège… Elle hésita quelques secondes avant de se décider à prendre à droite. Vénézio et ses amis étaient trop jeunes pour pouvoir s’adresser mentalement à elle, son sang était encore, après tout ce temps, saturé par celui de Fënryr et ses pouvoirs mentaux étaient totalement bridés. Pour l’atteindre il fallait quelqu’un de puissant et d’expérimenté, et elle doutait que quelqu’un dans l’entourage de Vénézio réponde à ces critères.

La jeune femme se remit à courir d’une foulée souple qu’elle pouvait maintenir des heures durant si nécessaire, préférant garder ses forces pour plus tard. Cyann bénéficia de quelques minutes de répit avant d’entendre à nouveau ses poursuivants quelque part derrière elle. Elle jura entre ses dents, regrettant une fois de plus de ne pas avoir eut l’occasion d’apprendre à mieux se défendre… Mais dans la Meute de son père les femmes ne se battaient pas puisque les hommes étaient là pour les protéger.

La ruelle se révéla être une impasse, Cyann s’en rendit compte trop tard pour pouvoir faire demi-tour, les autres s’étaient déjà engagés à sa suite entre les immeubles décrépits. Si seulement elle avait eu une arme… Mais cela non plus son père ne le permettait pas.

« Nous sommes presque là… »

La voix résonna dans son esprit, calme et rassurante, empreinte d’une froide satisfaction qui lui rappellait un peu le caractère sauvage des lycans de Fënryr. La jeune femme avait pourtant la conviction que ce n’était pas l’’un d’eux qui s’adressait ainsi à elle.

Cyann se retourna vers ses poursuivants après s’être assurée qu’aucune porte ne pouvait s’ouvrir dans son dos. Tenoch lui avait montré quelques petites astuces, mais il n’avait pas eu le temps de pousser plus loin ses cours et Fënryr lui avait promis de commencer à la former à leur retour de vacance, autant dire qu’elle était quasiment sans défense devant ses agresseurs… Elle réprima l’envie de feuler de rage, consciente qu’elle ne devait pas prendre le risque de révéler sa nature vampirique face à des lycans.

La jeune femme prit une profonde inspiration et força son esprit affolé à retrouver son calme, et si pour cela elle dû laisser la fureur l’envahir, elle considéra qu’elle y gagnait tout de même au change. Un soir, assise sur la terrasse de bois exotique avec Tenoch et Fënryr elle avait écouté avec attention les deux mâles discuter de la force de l’instinct lycan et de ses conséquences sur le comportement de chacun. Ainsi elle se souvenait très bien qu’ils soient tombés d’accord sur le fait qu’un lycan avait le plus grand mal à se soumettre à un loup moins dominant que lui ou inversement à se faire obéir d’un loup plus dominant que lui.

Sa respiration s’apaisa et elle écouta les battements de son cœur ralentirent à leur tour. La jeune femme fit taire sa peur et les attendit, bien décidée à leur faire payer d’une manière ou d’une autre leur attitude.

Le groupe se déploya en arc de cercle face à elle quand ils la virent et des sourires mauvais se dessinèrent sur leurs visages.

- Alors ? Tu as fini de courir ? demanda Vénézio d’une voix doucereuse en s’avançant vers elle.
- Oui, j’ai fini, répliqua Cyann avec un sourire carnassier et bien plus d’assurance qu’elle n’en ressentait.

A sa grande surprise elle nota un bref éclair d’hésitation dans le regard de son cousin. Après tout Fënryr et Tenoch devaient savoir ce qu’ils disaient en affirmant qu’un dominant pouvait presque toujours prendre le pas sur des lycans moins dominants que lui pour peu qu’il ait assez d’assurance pour s’imposer. Restait à savoir ce qu’elle était elle-même…

- Tu vas apprendre quelle est ta véritable place, gronda Vénézio. Il ne sera pas dit qu’une garce dans ton genre défiera impunément l’autorité de la Meute !
- L’autorité de la Meute ou la tienne ? le railla-t-elle. Il me semble que c’est à mon père ou à ses lieutenants qu’il appartient de faire régner l’ordre dans la Meute et non à l’un de leur fils.

L’expession du jeune homme s’assombrie et Cyann réprima un frisson de terreur. Ils allaient lui faire payer très très cher sa tentative de rebellion. Un instant elle songea avec une certaine nostalgie à la réaction de Tenoch ou de Lee face à cette bande de brutes se prenant pour des caïds. Quant à la réaction de Fënryr, elle préférait encore éviter d’y penser, après tout elle n’était pas certaine de souhaiter le voir décimer la Meute.

- Quand une gamine arrogante se permet de défier ses supérieurs toute la Meute est concernée !

Des murmures d’assentiments parcoururent le groupe alors qu’ils se rapprochaient d’elle. Cyann les défia du regard.

- Crois-tu vraiment que Lucrèce appréciera de savoir que tu as brutalisé sa fille ? demanda-t-elle d’un ton méprisant.
- Il n’aura pas besoin de le savoir.

La jeune femme ricana.

- Parce que tu crois vraiment que ton Alpha ignorera une telle chose ?
- C’est aussi le tien ! cracha l’un de acolytes de son cousin d’une voix rendue hargneuse par sa nervosité.

Elle réalisa alors que sa formulation les avait bien plus troublés qu’elle ne l’aurait cru et elle décida de se servir de tous les outils à sa disposition. Malgré les paroles mentales qu’elle avait perçues elle n’espérait aucune aide extérieure, elle refusait d’attendre après ce qui serait peut-être une déconvenue.

- Non, affirma-t-elle d’une voix souverainement calme. Lucrèce est votre Alpha, pas le mien.

Vénézio fronça les sourcils.

- Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que Lucrèce est ton Alpha puisqu’il est ton père ! s’insurgea-t-il.

Cyann laissa un sourire carnassier naître sur ses lèvres et elle senti un poids quitter ses épaules. La Meute de ses parents ne serait jamais la sienne, elle en était désormais certaine. Il lui avait fallut du temps pour en prendre conscience, mais elle ne se reconnaissait pas dans cette Meute, cela ne faisait plus aucun doute. Sa Meute était profondément différente, ses membres ne se chassaient pas entre eux de la sorte parce que l’Alpha ne l’aurait jamais toléré et les membres les plus faibles étaient protégés et non martyrisés par les autres. Dans « sa » Meute personne de sain d’esprit n’envisageait de mener une action punitive comme celle qu’elle était en train de vivre, et si d’aventure quelqu’un envisageait une telle chose il aurait de la chance s’il survivait à la fureur de l’Alpha et de son Cœur de Meute…

- Il est mon père, je suis ravie de l’avoir rencontré, et maintenant j’ai la ferme intention de rentrer chez moi, répliqua-t-elle froidement.

Dans les rangs adverses le malaise s’accentua.

- Cesse de proférer des bêtises ! Tu ne peux avoir d’autres Meute que celle de ton père ! C’est la Loi !

Cyann frissonna, saisie d’un doute soudain. Et s’il avait raison ? et si la Loi était bel et bien de leur côté ? Et si elle était obligée de rester dans la Meute de Lucrèce ? Un souvenir lui revint en mémoire, chassant ses craintes et les remplaçant par une certitude très simple.

- Mon Alpha se fout bien des lois, murmura-t-elle d’une voix doucereuse. En revanche il n’apprécie guère que l’on s’en prenne aux siens !

« Argument des plus pertinent… » murmura la voix mentale d’un ton empreint de satisfaction.

Cyann sursauta, ce n’était plus la même voix, deux personnes parvenaient donc à passer outre ses défenses mentales pour l’atteindre et l’idée était rien moins qu’effrayante.

- Elle délire ! grommela Vénézio avec fureur.

Il fit un pas vers elle et Cyann distingua un mouvement derrière le groupe.

« Navré d’avoir tant tardé Petite Sœur… Il y avait des guetteurs… » ajouta la voix mentale.

La vampire se figea, elle n’avait qu’une seule sœur et lui aurait arraché la gorge avec plaisir, ses parents lui avaient assuré ne jamais avoir eu de fils, et pourtant elle sentait que l’homme à qui appartenait cette voix mentale la considérait effectivement comme sa sœur, elle pouvait même sentir la fureur qu’’il éprouvait à l’encontre de Vénézio et de sa bande.

Morganna sortie de l’ombre à ce moment-là, vêtue d’une robe de soie argentée la vampire semblait tout droit sortie d’une soirée mondaine. Dans cette rue crasseuse elle détonnait complétement.

- Je crois vous avoir déjà fait part de mon dégoût concernant votre manière de traiter la gente féminine Vénézio, dit-elle en approchant calmement du groupe. Ce manque de courtoisie mérite à mon sens une cuisante leçon…
- Et c’est vous qui allez-vous en charger ? ricana avec mépris celui qui avait affirmé que Lucrèce était également l’Alpha de Cyann.

La vampire le toisa avec dédain.

- Petit chiot… Tu jappes mais tu ne sais pas mordre… Non, je ne vais pas m’en charger, d’abord parce que je refuse de me salir les mains, et ensuite parce que mes frères seraient déçus si je les privais de leurs proies…

Deux autres vampires surgirent de l’ombre, à eux trois ils semblaient interdire toute retraite au groupe. Les deux hommes étaient vêtus plus sobrement de chemises et de jeans mais leur démarche étaient celles de prédateurs nés et ils ne faisaient aucun doute qu’ils étaient amplement capables de mettre quelques lycans au pas. Quant à leur nature à tous les trois, elle ne faisait pas le moindre doute puisque leurs yeux rougeoyaient d’une lueur sanglante dans la pénombre.

- Les vampires n’ont pas à se mêler des affaires des lycans ! cracha Vénézio. Vous n’avez rien à faire sur le territoire de la Meute de Rome !

L’un des deux mâles ricana.

- Je t’avais dit qu’ils étaient trop jeune pour te reconnaitre, dit-il d’une voix légèrement trainante et chargée de mépris.
- Tu avais raison mon frère, répondit-elle avec douceur.

Cyann s’était figée en l’entendant, reconnaissant la voix qui s’était adressé mentalement à elle. Le second vampire secoua lentement la tête.

- Foutez le camp, cela épargnera à tous une détestable perte de temps, gronda-t-il sourdement.

La jeune femme l’identifia comme le propriétaire de la première voix mentale.

- Je ne crois pas que mon cousin ait assez de bon sens pour vous obéir, dit-elle calmement.

Puisque ce trio de parfaits inconnus avait visiblement décidé de lui venir en aide Cyann semblait bien décidé à saisir l’opportunité.

- Force est effectivement de le constater… commenta le premier vampire.

Vénézio gronda sourdement.

- J’exige de connaitre vos noms et la raison de votre présence sur le territoire de notre Meute !
- Tu n’as rien à exiger de nous et… commença le premier vampire.
- Jalän je t’en prie, un peu plus de courtoisie ne peut nuire à personne, l’interrompit la vampire. Vénézio, je vous présente Jalän et Kerryn puisque vous êtes visiblement trop jeune pour reconnaitre mes frères. Et je vous suggère dès à présent de cesser de cesser de les agacer, ils n’ont que peu de patience pour les imbéciles de votre espèce…

Elle se tourna gracieusement vers Cyann.

- Vous n’avez rien n’est-ce pas ?
- Non, je n’ai rien, répliqua la jeune femme avec autant d’assurance qu’elle le pu.
- Parfait, je m’en serais voulu s’il en était allé autrement… dit-elle aimablement.

La vampire reporta son attention sur les lycans.

- Je vous suggère de rentrer faire part à Lucrèce de notre présence, Lui saura comprendre ce que signifie le fait que quelqu’un se soucie assez de Cyann pour nous engager, dit-elle d’une voix plus froide.
- Pour vous… engager ? répéta Vénézio avec perplexité.

Le dénommé Jalän siffla de rage en l’entendant.

- Mon Ange, nous perdons du temps… dit-il d’une voix doucereuse.

Morganna hocha la tête.

« PARTEZ ! »

L’ordre mental frappa les lycans de plein fouet, s’imposant dans leurs esprits, s’accompagnant d’un insidieux sentiment de peur. Avec stupeur Cyann les vit prendre la fuite sans demander leurs restes, tout simplement incapable de réfléchir. La jeune femme observa tout cela avec détachement, elle avait bien sûr entendu l’ordre, mais ce dernier ne s’adressait pas à elle, et de fait, était tout simplement sans effet sur sa personne. Quand le dernier lycan eut quitté la ruelle elle se tourna vers les trois vampires.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec perplexité.

La vampire soutint son regard avec une expression pensive.

- Mon vrai nom est Morrigan… Morganna n’en n’est qu’un dérivé, commença-t-elle.

Cyann apprécia l’honnêteté de la réponse mais garda les silence en attendant la suite. Les deux hommes se rapprochèrent et elle pu les détailler à loisir. Instinctivement elle devina que es trois vampires étaient vieux, très vieux… La puissance de Jalän lui rappellait celle de Tenoch, de Tyr ou de Fënryr alors que si elle avait du emmetre une hypothèse elle aurait dit que Kerryn et Morrigan avaient plutôt l’âge de Taÿro et Kenal.

- Vérité, murmura la vampire. Jalän est bien plus ancien que moi, et Kerryn est en vérité un peu plus vieux que Taÿro, qui est lui-même un peu plus vieux que Kenal…

Cyann blêmie.

- Vous entendez toute mes pensées ?

Jalän secoua la tête et désigna MOrrigan d’un geste du menton.

- Pas nous deux, seulement notre sœur, c’est son don tout autant que sa malédiction…
- Vérité, soupira la vampire comme si le mot lui échappait contre sa volonté.
- Quelle est la raison de votre présence ?

C’était là une question simple qui lui permettait de retrouver une certaine contenance à défaut de se sentir parfaitement sûre d’elle. Jalän eut un sourire approbateur.

- Judicieuse question Petite Sœur… La raison donnée à Vénézio n’est pas celle qui explique en vérité notre présence, mais je te suggère de ne pas la démentir…
- Nous sommes des mercenaires, dit calmement Kerryn. Nous sommes… Connus pour ce fait.
- Et pour notre puissance, précisa Morrigan. Ainsi que pour nos conditions de contrat quelque peu excessives…

Le plus vieux vampire haussa les épaules.

- Nous pouvons nous permettre d’être difficiles, après tout nous n’avons nullement besoin de ces contrats pour vivre.
- Quelles sont ces conditions ? demanda Cyann pour gagner du temps.

Ce fut au tour de Kerryn de lui offrir un sourire approbateur.

- Nous refusons les missions qui pourraient aller à l’encontre de notre vision de l’honneur, expliqua calmement Morrigan. Et nos tarifs sont prohibitifs, mais jamais nous n’avons échoué ou rompu un contrat…

La lycan les regarda tour à tour en réfléchissant. Ainsi ils avaient voulu faire croire à Lucrèce qu’ils avaient été engagés par Fënryr pour veiller sur elle. Son père connaissait-il si mal Fënryr pour croire à ce mensonge ? Ou elle-même manquait-elle d’informations au point qu’une chose importante lui échappe encore ?

- Fënryr ne vous a pas envoyé, affirma-t-elle d’une voix calme.
- Non, évidemment, dit doucement Jalän.

Kerryn ricana.

- Fënryr ne sais pas demander de…
- Mon frère, je te prie de ne pas poursuivre plus avant, l’interrompit Morrigan. Tu en veux à Fënryr pour des broutilles dépourvues d’importance qu’il serait grand temps d’oublier. Fënryr sait demander de l’aide en cas de nécessité, simplement ce n’est pas à nous qu’il la demandera.

Cyann les regarda tour à tour en silence avant de soupirer.

- Pourquoi êtes-vous ici ? Fënryr est le seul à se soucier assez de mi pour envoyer des gens me protéger, mais il aurait envoyé les siens…

Morrigan et Kerryn semblaient ennuyés et pas tout à fait à leurs aises, Jalän, lui, montrait beaucoup plus d’assurance et son sourire comportait une note d’amusement.

- C’est Tenoch qui nous a mis sur ta piste, dit-il calmement. Nous avons des intérêts communs…
- Qui sont ?

Tenoch lui avait toujours parru être le plus effrayant des lycans de Fënryr, mais, paradoxalement, il était sans doute celui en qui elle avait le plus confiance en dehors de l’Alpha. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu’elle ait envie de s’attarder en sa présence… Mais Tenoch, elle en était certaine, ne lui ferait jamais le moindre mal.

- Ta sécurité et le besoin de dissimuler ta nature, répliqua sereinement le vampire. Petite Sœur…
- Je n’ai pas de frère et j’entends bien égorger ma sœur un jour prochain, répliqua froidement Cyann en l’entendant prononcer à nouveau ces mots.

Elle avait dit cela à la fois parce qu’elle avait réellement l’intention de tuer Taëna quand l’occasion s’en présenterait, mais également pour dissimuler le choc qu’elle ressentait à l’idée que de parfaits inconnus soient au courant de sa nature. Jalän hocha la tête, visiblement inconscient de son trouble inttérieur.

- Sans doute oui… Du moins du point de vue lycan de la question… dit-il doucement.

Ces mos tirèrent un froncement de sourcils à la jeune femme.

- C’est-à-dire ? demanda-t-elle d’une voix méfiante.

Ce fut Morrigan qui reprit la parole pour lui répondre.

- Tu vois les choses en tant que lycan. Mais ce n’est plus uniquement ce que tu es…

Cyann ne pu s’empêcher de blêmir, s’il y avait bien une chose sur laquelle Fënryr avait été très clair, c’était bien la nécessité de garder le secret concernant sa double-nature, et elle avait la certitude que ce n’était pas Tenoch qui avait révélé son secret. Pourtant il était clair que les trois vampires étaient au courant…

- Nous sommes trop vieux pour ne pas prendre conscience de ce genre de chose, dit calmement la vampire en faisant sans nul doute référence à sa nature.

Se sentant prise au piège par la situation Cyann la défia du regard, comme toujours dans ces cas-là son caractère rebelle reprenait le dessus, ce qui lui avait souvent valu d’aggraver sa situation, mais rien n’avait pu lui faire perdre cette détestable habitude. Cette réaction ne sembla pas poser de problème à Morrigan qui se contenta de sourire.

- Chez les vampires il existe une deuxième forme de lien de parentés… Elle est liée à la personne qui nous a transformé en vampire… Dans le cas présent il n’est donc pas faux, de ce point de vue du moins, de te considérer comme notre petite sœur puisque c’est ce que tu es…

Cyann recula d’un pas, puis d’un autre en se sentant gagné par la terreur. Jalän inclina la tête sur le côté en la regardant pensivement mais ce fut Kerryn qui parla.

- Hum… Je crois que nous aurions dû commencer par te dire que nous avons tous les trois été victime d’Etienne… dit-il avec douceur. Jalän a été le premier à s’affranchir de son autorité, il y a très longtemps. Par la suite quand j’ai été transformé il m’a aidé à briser le lien qui me soumettait à lui, et nous avons fait de même avec Morrigan.
- Le lien qui vous soumettait à lui ?
- Un vampire est soumis à son créateur d’une manière profonde et insidieuse.

L’idée d’être soumise à l’autorité du monstre qui l’avait violée et changée en vampire lui donna un haut le cœur, comme s’il n’était pas suffisant pour elle d’avoir déjà tant de problèmes…

- Tu ne lui est plus soumise, tu as bu un sang plus puissant que le sien, fit remarquer Morrigan.
- Comment… Comment pouvez-vous en être certaine ? balbutia Cyann.

Le choc lui avait fait perdre son assurance. Elle ne se considérait effectivement pas comme une vampire, mais plutôt comme une lycan qui avait un sérieux problème. Et elle n’avait pas imaginé se découvrir ainsi une famille, ou encore moins voir sa nature si facilement découverte.

- Parce que je le sens en toi, une puissance que tu portes mais qui ne t’appartient pas. A cause d’elle il est d’ailleurs très difficile de t’atteindre.

Elle eut un petit sourire.

- La puissance du sang de lycan… Ce n’est pas tout à fait pour rien que le Haut-Conseil a interdit cette pratique… dit-elle avec amusement.

Jalän eut un sourire carnassier.

- Il fera beau voir que quelqu’un se dresse contre cette petite louve… Fënryr offre rarement son sang…

Cette remarque réchauffa inexplicablement le cœur de la jeune femme. Elle aimait que l’on reconnaisse ainsi qu’elle était liée d’une manière ou d’une autre à l’Alpha. Kerryn grogna quelque chose de désobligeant au sujet des loups et Jalän se mit à rire.

- Tu râles simplement parce que Tenoch est venu s’incruster chez nous pour le réveillon de Noël, dit-il d’un ton affectueux.

Morrigan sourit.

- Tenoch ne t’a pas trahit, dit-elle à Cyann. Mais il nous a suggéré une direction dans laquelle chercher. Ce n’est pas toi que nous pensions trouver…
- Qui cherchiez-vous ?
- Toi et une autre femme. Toi parce que nous sentions que tu existais et que par principe nous voulions te soustraire à l’autorité d’Etienne. Et une Sorcière qui descend de la dernière Compagne d’Etienne. Ce fou pense retrouver cette dernière et il a déjà séquestré et maltraité une autre femme, il y a longtemps, en agissant ainsi.

La lycan fronça les sourcils et les regarda tour à tour.

- Et que comptez-vous faire d’elle ? demanda-t-elle avec une certaine méfiance.
- Ce que nous avons fait avec ses ancêtres, tenter de la mettre à l’abris…

Elle se rappelait avec précision de la femme qui avait été emprisonné chez Greÿ. Les mâles n’’avaient pas le droit de la toucher alors c’était sur elle qu’ils passaient leur frustration. Pendant un temps elle avait hait cette femme à cause de cela, avant de réaliser qu’elle aussi souffrait. Greÿ l’avait Changée contre son gré… Et, se souvint Cyann, quelques jours après ça avait été son tour…

Après un bref instant d’hésitation elle en fit la remarque à voix haute. Morrigan hocha tristement la tête.

- Oui… Tenoch nous a donné cette information… C’est pour ça qu’’au départ nous t’avons prise pour elle… Et puis je t’ai approchée et j’ai compris que nous avions fait fausse route, dit-elle en souriant.

Cyann hésita, se mordillant la lèvre inférieure en les regardant tour à tour.

- Et maintenant ? demanda-t-elle finalement.
- Maintenant tu sais ce qu’il en est, dit gentiment Kerryn. Ca n’implique pas forcément de changements…
- En fait si, le contredit Jalän avec gravité. Ca implique que même si la Meute que tu considères comme la tienne est loin d’ici tu ne seras plus seule. Et ça implique que tu puisses compter sur nous.

Kerryn eut un petit sourire contrit.

- Effectivement… C’était… pour moi trop évident pour avoir besoin de le signaler.
- Pour toi peut-être, mais je ne pense pas que ce soit si évident pour elle, répliqua Morrigan.
- Comment doit-on t’appeler ? demanda Kerryn d’une voix pleine de curiosité.

Cette question surpris Cyann, après tout elle était à peu près sûre qu’ils connaissaient son nom.

- C’est une courtoisie chez les lycans et les vampires d’un certain âge, expliqua Jalän devant son expression perplexe. Prends l’exemple de Morrigan, la plupart du temps elle se faitt appeler Morganna. Lee emploie également un nom qui n’est pas le sien…
- Je vois…souffla-t-elle. C’est Cyann, tout simplement.

Elle les vit hocher tout trois la tête.

- Nous allons rester en ville, décréta Jalän. Les décades à venir promettent d’être intéressantes, et tu pourras facilement nous trouver si tu as besoin de nous.

La jeune femme hésita, elle était encore mal à l’aise avec Kerryn et Morrigan, mais instinctivement elle avait envie de se fier à Jalän et de lui faire confiance.

- Comment ?

Il tira un téléphone portable de sa poche et le lui lança.

- Je m’en rachèterait un, dit-il sans hésiter.

Morrigan fronça brièvement les sourcils en le voyant faire mais ne protesta pas.

- Si tu veux nous pourrions t’apprendre à te défendre, offrit-elle avec un sourire rassurant.
- Je…

Une offre si concrète prit Cyann au dépourvu. Après les évènements de ce soir elle avait cruellement conscience de sa vulnérabilité et l’idée d’apprendre faisait naitre en elle l’espoir d’être un jour enfin capable de ne plus dépendre des autres.

- Oui, j’aimerais assez, souffla-t-elle.
- Dans ce cas appelle-nous, déclara Jalän en prenant les deux autres de vitesse.

Elle devina aux expressions de Kerryn et de Morrigan que leur frère venait de leur couper l’’herbe sous le pieds et Cyann lui en fut reconnaissante. Elle avait besoin de temps pour prendre un peu de recul et comprendre cette nouvelle situation et elle avait le sentiment que Jalän comprenait cela.

« Nous avons tout notre temps pour apprendre à nous connaitre Petite Sœur… » lui souffla mentalement Jalän en confirmant son hypothèse.

- Tu ne nous verras pas forcément, mais nous ne te laisserons pas seule en ville, dit doucement Morrigan. Vénézio n’aura pas l’occasion de recommencer.

Cyann ne protesta pas, elle ne voulait pas discuter de ce point et puisqu’elle n’avait de toute manière aucun moyen de les empêcher d’agir à leur guise elle préférait attendre de voir si cette protection lui poserait un problème avant de protester.

Ils lui souhaitèrent une bonne nuit avant de s’éclipser dans la ruelle obscure et de la laisser seule avec ses pensées ainsi qu’elle l’avait souhaité. Dans sa main le téléphone lui rappelait quu’elle avait désormais un moyen de joindre Fënryr.

ombresang, original, calendrier de l'avent

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