Titre :
Projet : OmbreSang - Lycan
Personnages : Fënryr et Avhara
Thème et contrainte : avec toi + révéler ses sentiments
Date : 20 décembre
Rating :
Fënryr avait étalé les couvertures et les fourrures entre le surplomb rocheux auquel il avait adossé le campement et le feu. Il laissa la jeune femme s’installer du côté de la roche pour pouvoir se placer entre elle et n’importe quel danger potentiel. Il ferma brièvement les yeux pour se concentrer sur la présence de Taÿro et de Tenoch, l’un à environs huit cent mètres au nord et l’autre à l’est, à peine moins loin.
- Fënryr ? appela doucement la jeune femme.
Il lui sourit et tendit le bras pour désigner l’est.
- Je cherchais Tenoch, avoua-t-il avec un petit sourire contrit.
A la lueur mourante du feu il vit la surprise s’inscrire sur son visage.
- Tu veux dire que tu sais où il se trouve ?
- C’est plus facile avec le Cœur de Meute, mais je sais toujours où sont les miens, dit-il en la rejoignant.
Le lycan s’allongea près de la jeune femme et lui ouvrit ses bras, lui laissant le choix de venir ou non se blottir contre lui. Elle s’étira, cambrant sans le vouloir son corps de manière on ne peut plus suggestive avant de venir se lover dans ses bras avec un soupir de bien-être.
- T’arrive-t-il de dormir habillé ? demanda-t-elle avec amusement en posant sa main bien à plat sur son torse.
- Pourquoi faire ? répliqua Fënryr en souriant.
- Je ne sais pas… Pour parer aux urgences je suppose…
Il rit doucement.
- J’ai des crocs et une fourrure dans ces cas-là, lui rappela-t-il gentiment. Et puis ça me donne l’occasion de profiter du plaisir de te sentir tout contre moi.
Fënryr avait à peine prononcé ces mots qu’il les regrettait déjà, craignant une fois de plus d’être allé trop loin en lui rappelant ce qu’il était. Mais la jeune femme se contenta de se blottir un peu plus étroitement contre lui en posant sa tête au creux de son épaule.
Le feu n’éclairait presque plus, leur laissant tout loisir d’admirer la beauté de la voute céleste. Le lycan laissa son regard s’y perdre tout en écoutant les battements de cœur d’Avhara. Durant le repas il avait respecté sa demande et l’avait laissé réfléchir en paix, désormais il attendait de voir si oui ou non elle allait relancer la question, mais la jeune femme ne semblait pas en avoir l’intention. Sa respiration ralentissait lentement et il la sentait s’endormir dans ses bras.
Il adorait ça, il adorait sentir de quelle manière elle se détendait désormais en sa présence, de quelle manière elle parvenait à s’en remettre à lui, et de quelle manière encore elle apprenait peu à peu à lui faire confiance. Le lycan caressa doucement les cheveux de la jeune femme avant de déposer un léger baiser sur son front.
- Quand tu dis que je suis ta Compagne… Ca ne veut pas seulement dire que nous sommes unis selon les règles humaines n’est-ce pas ? demanda-t-elle en brisant le silence alors qu’il ne s’y attendait plus.
- Effectivement, répondit-il avec une sorte de prudence.
Fënryr découvrait avec une certaine surprise que parler était finalement bien plus difficile qu’il ne l’aurait cru.
- C’est propre aux lycans ?
- Lycans, et dans une moindre mesure vampires et démons… Parfois sorciers et sorcières… Mais dans leur cas c’est moins courant…
- Pourquoi ?
- Parce qu’ils sont humains… Un humain ou une humaine peut être le compagnon ou la compagne d’un lycan, mais c’est rare… Et en revanche c’est seulement par facilité qu’on parle de compagnon ou de compagne dans le sens inverse… C’est quelque chose de profondément instinctif… Et c’est un instinct que les humains n’ont pas.
La jeune femme l’écoutait en silence mais il la sentait particulièrement attentive. Il ne savait comment lui expliquer ce lien si particulier et la manière dont les lycans étaient capables de se lier à une personne.
- Pourquoi est-ce qu’il est rare qu’une humaine soit la compagne d’un lycan ? demanda-t-elle finalement.
- Parce qu’il est rare qu’on soit capable d’aimer une humaine assez profondément pour la considérer comme notre Compagne, dit-il très doucement.
Il la sentit se figer dans ses bras et il resserra instinctivement son étreinte sur elle, mais quand la jeune femme se dégagea fermement il la laissa faire même si ce fut à regret.
Avhara se redressa pour le regarder avec attention, sa main toujours posée à plat sur son torse. La jeune femme le dévisageait comme si elle le voyait pour la première fois alors qu’il restait parfaitement immobile, étrangement terrifié à l’idée qu’elle s’écarte de lui. S’il avait encore eu un doute sur ses sentiments à son égard cette réaction les aurait balayé. La simple idée de la voir s’éloigner de lui causait au lycan une souffrance presque physique et une profonde anxiété. Il brûlait de la serrer à nouveau contre lui et de s’assurer de la garder à ses côtés, mais il savait bien que les choses ne fonctionnaient pas ainsi.
- Tu m’aimes ? souffla-t-elle d’une toute petite voix.
La gorge de Fënryr se serra et il hocha doucement la tête, incapable de prononcer le moindre mot. Il lui ouvrit son esprit, lui laissant percevoir, l’espace d’un court instant, la force de ses émotions, les sentiments sincères qu’il avait pour elle, cette terreur qui l’habitait à l’idée de la perdre, le besoin qu’il éprouvait de prendre soin d’elle et de s’assurer tout à la fois de son bonheur et de sa sécurité. Il lui laissa même voir combien ces sentiments pouvaient le rendre vulnérable et fragile avant de se couper d’elle pour ne pas prendre le risque de forcer son esprit.
- Je… balbutia-t-elle d’une voix tremblante.
Fënryr tendit la main pour lui effleurer le visage.
- S’il te plait, souffla-t-il.
Il réalisa que sa voix avait pris un ton suppliant mais il n’y accorda aucune importance.
- Laisse-moi au moins le temps de te prouver que je ne suis pas un monstre…
Le lycan craignait par-dessus tout de voir renaitre dans ses yeux la terreur et le dégout avec lesquels elle l’avait regardé lors de leur première rencontre.
- S’il te plait je….
Il se tue brusquement quand Avhara posa un doigt délicat sur ses lèvres tout en plongeant son regard dans le sien.
- Tu n’as pas à me prouver que tu n’es pas un monstre, dit-elle doucement.
La jeune femme laissa échapper un petit soupir et se rallongea, revenant se blottir tout contre lui, chassant ainsi la peur qu’il avait senti naître en lui. Il referma ses bras sur elle, incapable de se montrer raisonnable et de résister au besoin de la serrer contre lui.
- J’ai… J’ai besoin de temps pour… Ils m’ont fait trop de mal… Je…
Avhara prit une profonde inspiration et il prit soin de ne pas l’interrompre. Elle attrapa sa main et entrelaça ses doigts aux siens. Il réalisa alors qu’elle tremblait.
- Tu m’aimes, souffla-t-elle comme si elle avait du mal à y croire.
- Oui, murmura-t-il simplement.
Lentement les tremblements de la jeune femme se calmèrent jusqu’à disparaitre complétement.
- C’est étrange, dit-elle doucement.
- Quoi donc ? répliqua le lycan en comprenant qu’elle avait besoin qu’il l’encourage à aller au bout de sa pensée.
- Je ne pensais pas qu’une… réalité puisse ainsi s’imposer et paraitre si… naturelle… si… évidente.
Il bougea sa tête juste assez pour pouvoir déposer un léger baiser sur son front.
- Quelle réalité ?
- « Avec toi »…
Lui-même n’aurait pas imaginé que ces deux petits mots suffisent à faire naitre en lui un tel sentiment de bonheur.