Calendrier de l'avent : 6 décembre
Titre :Absence de sentiments
Projet : Nouveau Monde
Personnages : Raj’Nordh et Yrshalh, mention d’Alnel
Thème et contrainte : Savon + quelqu’un doit avouer ses sentiments
Date :6 décembre
Rating : R, mention de violences.
Note : Le texte se déroule durant la deuxième partie de « Nouveau Monde » sur le navire en partance vers Nouveau Monde. Yrshalh, enfermé sans procès à la suite d’un scandale s’est porté volontaire pour la colonisation, une fois loin du port Raj’Nordh a exigé qu’il soit libéré de ses chaînes.
- Tiens, dit simplement Raj'Nordh en tendant le savon à Yrshalh.
Ce dernier eut un sourire étrange en l'attrapant et sourit largement.
- J'en rêve depuis des mois... soupira-t-il.
- Ca et de l'eau chaude je suppose ? ricana Raj'Nordh.
L'ancien chirurgien hocha la tête en délaçant sa tunique sans la moindre hésitation.
- Je dirais même que tu peux brûler ces horreurs pour peu que tu ais quelque chose à me prêter à la place...
- J'ai quelque chose, mais tu n'y toucheras pas tant que tu seras infesté de puces ! Pourquoi crois-tu que je ne t'ai pas directement amené dans ma cabine ?!
Le rire d'Yrshalh lui réchauffa le cœur, l'idée de partager son exil avec lui rendait les choses un peu moins difficiles. Il se concentra brièvement et l'eau de la bassine se mit à fumer.
- J'avais presque oublié combien il peut être avantageux d'avoir un ami pyroman ! commenta le jeune homme en se débarrassant du reste de ses vêtements.
- Tu n'as toujours aucune notion de pudeur, commenta Raj'Nordh pour garder une certaine contenance.
Il venait de découvrir le dos d'Yrshalh et son cœur avait brièvement cessé de battre en découvrant les lacérations rougeâtres qui le lacéraient. Certaines marques avaient cicatrisé alors que d'autres étaient encore suintantes et boursouflées.Les marques de fouets n'étaient pas les seuls stigmates de ce qu'il avait du endurer en prison, et Raj'Nordh soupçonnait que ce serait pire encore quand Yrshalh serait venu à bout de la couche de crasse qui lui noircissait la peau.
- Quand on apprend la médecine on se rend vite compte que cette notion est tout à fait dépourvue d’intérêt, répliqua l'ancien chirurgien. Et quand on passe des mois dans les cachots de Thelos... Et bien on fini par oublier que cette notion existe...
Son ton s'était fait amer et il grimaça un sourire sans joie à l'adresse de son ami avant d'empoigner le gant de crins pour le mouiller et le frotter avec du savon jusqu'à faire mousser ce dernier.
- Veux-tu que je te laisse ? demanda Raj'Nordh.
Son compagnon d'infortune ferma les yeux et prit une profonde inspiration.
- Non, autant que tu saches, souffla-t-il. Je ne pense pas être capable d'en parler plus tard sinon, et j'ai vu assez de cas similaires au mien pour savoir que je ne m'en sortirais pas si je me mure maintenant dans le silence.
Raj'Nordh ne comprenait que trop bien ce que voulait dire son interlocuteur et cette réalité avait quelque chose d'amer. Les blessures apparentes étaient sans doute les moins graves, mais chacune d'entre elles lui rappelait qu'il avait échoué à protéger un homme qu'il considérait comme l'un de ses rares amis, et cette idée le rendait malade. Deux ponts au-dessus d'eux Sorn'Raj' rugit furieusement et le son en fut clairement audible malgré les épaisseurs de bois qui le séparaient d'eux.
- Parfois je me dis que j'aurais du tenter ma chance avec un dragon quand tu me l'as suggéré, dit soudain Yrshalh.
- Un dragon ne protège pas de tout, répliqua Raj'Nordh d'une voix amère en songeant à son père et à la condamnation de ce dernier.
- Non, bien sûr, souffla le jeune homme. Mais tu ne peux pas nier que les choses soient tout de même différentes...
Le guerrier posa les yeux sur les marques de coups de fouet et soupira, non, évidement, il ne pouvait pas le nier, personne n'aurait osé lui faire subir ce genre de traitement, pas si cela impliquait de prendre le risque de voir Sorn'Raj' se déchainer.
- Et ce que le roi ne peut me faire subir, il l'inflige aux rares personnes à qui je tiens, gronda-t-il sourdement.
- Je ne pense pas que tu sois l'unique responsable de cette situation, répliqua calmement Yrshalh.
Le gant de crins savonneux frotta une blessure moins bien cicatrisée que les autres et le guérisseur étouffa un gémissement de douleur qui fit tressaillir Raj'Nordh. Il se garda pourtant bien de faire la moindre remarque à voix haute, se contentant de serrer les poings et de rester silencieux devant ce désolant spectacle. Yrshalh frottait sa peau sans la moindre hésitation, trempant régulièrement le gant dans l'eau avant de remettre systématiquement du savon dessus. Heureusement ils ne manquaient pas d'eau propre, songea Raj'Nordh en voyant la teinte que prenait celle contenue dans la bassine.
- Si l'eau n'était pas si froide je crois que je me laverais directement dans l'océan, grommela Yrshalh. De toute manière l'eau de mer fait du bien aux plaies et aux contusions.
De son côtés le guerrier ne pu s'empêcher de grimacer à l'idée de la douleur que causerait le sel sur autant de plaies encore à vif et il doutait de l'intérêt réel d'un tel traitement.
- Tu aurais du demander à Alnel de t'aider au lieu de t'arracher la peau avec ce gant, fit-il remarquer.
- Laisse cet imbécile en dehors de ça, soupira Yrshalh. Il n'aurait jamais du venir...
Sur ce point Raj'Nordh ne pouvait que partager l'avis de son interlocuteur. quand Alnel s'était posé avec Ter'Al'Arn' sur le pont du Passeur de Monde il avait maudit le Messager pour sa décision, mais il n'était pas certain de comprendre la réaction d'Yrshalh. Il inclina la tête sur le côté en observant son ami.
- Tu veux en parler ? demanda-t-il finalement.
L'ancien chirurgien tourna la tête vers lui avec une expression ironique.
- Des sévices ou de ma mauvaise humeur ? répliqua-t-il d'une voix railleuse.
- A ta guise, répliqua Raj'Nordh sans se démonter.
Cette réaction eut l'avantage de faire retomber une partie de la rage de son interlocuteur.
- Il n'aurait pas du venir, soupira-t-il.
Il plongea à nouveau le gant dans l'eau et Raj'Nordh le regarda faire avec une certaine impatience.
- Il est...
- Ah non ! le coupa Yrshalh avec impatience. Ne commences pas à me dire qu'il est amoureux ! Il se sent coupable, c'est différent !
Raj'Nordh soupira et secoua doucement la tête, il ne fit aucune remarque concernant le fait que l'ancien chirurgien se montrait sans doute trop dur avec le Messager, après tout ce dernier devait effectivement se sentir profondément coupable. Il regardait d'un œil absent son ami se contorsionner pour essayer de se laver le dos et par la même occasion tirer inutilement ses ses blessures tout juste refermées.
- Oh bon sang ! Donne-moi ça ! cracha-t-il en arrachant le gant des mains d'Yrshalh.
Ce dernier tressaillit et se figea alors que le guerrier reposait le gant à côté de la bassine d'un geste sec.
- Donne-moi le savon, tu me rends malade à t'acharner de la sorte !
Il attrapa au passage un morceau de tissus propre et s'arrêta net avant de le tremper dans l'eau. Le guerrier se saisit de la bassine d'eau crasseuse et alla la vider dans l'un des trous d'évacuation avant de la re-remplir et de plonger littéralement une boule de feu à l'intérieur pour la faire chauffer plus rapidement. Il avait noté mentalement de quelle manière Yrshalh s'était crispé quand il l'avait approché, une réaction qui ne lui disait rien de bon. Il trempa finalement le tissus dans l'eau et attrapa le savon avec des gestes décidés et puisqu'Yrshalh avait visiblement décidé d'affronter la situation, il ne servait à rien de prendre des précautions qui finalement ne feraient qu'aggraver la situation.
- Pourquoi est-ce que tu l'as laissé venir ? demanda finalement Yrshalh.
Raj'Nordh ricana.
- Je lui avais dit de ne pas le faire... Mais figures-toi qu'il n'en n'a pas fait grand cas de mes remarques... Et puisqu'il n'est plus sous mes ordres...
Il secoua doucement la tête.
- Merveilleux, gronda sourdement Yrshalh.
Le guerrier resta quelques instant silencieux avant de faire signe à Yrshalh de se tourner pour qu'il puisse s'occuper de son dos. A la manière dont l'autre blêmit avant de s’exécuter les doutes de Raj'Nordh se changèrent en certitudes, son ami avait enduré bien pire que des coups de fouets dans les prisons royale. Ce qui pouvait également expliquer son désir de rester aussi loin que possible d'Alnel pour le moment. Il examina les plaies de plus près, grimaçant devant leur état.
- C'est infecté, annonça-t-il sombrement.
- Je m'en doutais... Contente toi de nettoyer, il faudra s'occuper des plaies ensuite, mais je ne suis pas encore capable de laisser quelqu'un m'approcher avec une lame, dit-il avec une franchise déconcertante.
- A ta guise... dit-il calmement en attrapant le savon.
Le guerrier se mit en devoir de nettoyer le mélange de sang, de crasse et de pue séché qui lui maculait les épaules et le dos. Il faisait mousser abondamment le savon sur le tissus avant de frotter précautionneusement la peau avec et de rincer régulièrement le tout à grande eau malgré les tressaillements de douleur d'Yrshalh. Quand ce dernier commença à trembler alors que la température du réduit où ils se trouvaient était relativement chaude Raj'Nordh nota mentalement que s'il revenait à Sanaÿlh un jour il lui faudrait s'assurer de régler le compte des gardes mêlés à cette affaire.
- Dis-moi une chose, dit-il soudain en brisant le silence.
- Laquelle ? répondit Yrshalh sur la défensive.
Raj'Nordh ricana.
- Sur le front tu m'as assez souvent piqué mes conquêtes pour que je sache que tu es attiré par les femmes...
Yrshalh se figea brièvement avant de laisser échapper un rire qui parru étrange à Raj'Nordh jusqu'à ce qu'il comprenne que c'était parce que l'ancien chirurgien riait vraiment malgré une évidente amertume.
- Un témoignage qui aurait pu être utile à mon procès, si procès il y avait eut bien sûr, commenta doucement Yrshalh. Je n'allais tout de même pas séduire les maîtresses du Prince...
- Je suis sérieux Yrshalh, dit gravement le guerrier en rinçant une nouvelle traînée de savon.
- Moi aussi Raj'... répliqua son ami. Tout le problème est bien là. Ca ne les intéressait pas de connaitre la vérité, le Maître de Vol souhaitait seulement s'assurer que personne ne parlerait publiquement des préférences de son fils...
Il s'écarta et attrapa un drap pour s'enrouler dedans avant d'aller s'adosser à la paroi opposée.
- Il voulait protéger son fils, et le roi voulait te faire du mal... Tu es assez intelligent pour comprendre qu'ils aient saisit l'occasion.
- Mais pas assez pour comprendre pourquoi tu n'as pas l'air de m'en vouloir.
Yrshalh haussa les épaules.
- Toi et Alnel n'en n'êtes pas plus responsables que moi, dit-il doucement. Vous n'y pouviez rien, et tu n'avais aucun moyen de me sortir de cette cellule, pas alors que la moindre intervention aurait pu suffire à te faire accuser de traitrise.
- Il y a des choses plus importantes non ? gronda sourdement Raj'Nordh.
Son interlocuteur hocha la tête.
- Oui, des choses assez importantes pour que tu restes ici alors que jamais une seule fois laissé Athelän s'exposer au danger sans l'accompagner... répliqua calmement l'ancien chirurgien.
Ce fut au tour de Raj'Nordh de se taire, pour se donner une certaine contenance il essora et rinça le chiffon qu'il avait dans les mains.
- Tu as des sentiments pour lui ? se décida-t-il finalement à demander.
- Non, soupira Yrshalh. Non, je n'en n'ai aucun, mais lui pense en avoir pour moi, et à cause de cela il vient de ruiner son avenir...
Projet : Nouveau Monde
Personnages : Raj’Nordh et Yrshalh, mention d’Alnel
Thème et contrainte : Savon + quelqu’un doit avouer ses sentiments
Date :6 décembre
Rating : R, mention de violences.
Note : Le texte se déroule durant la deuxième partie de « Nouveau Monde » sur le navire en partance vers Nouveau Monde. Yrshalh, enfermé sans procès à la suite d’un scandale s’est porté volontaire pour la colonisation, une fois loin du port Raj’Nordh a exigé qu’il soit libéré de ses chaînes.
- Tiens, dit simplement Raj'Nordh en tendant le savon à Yrshalh.
Ce dernier eut un sourire étrange en l'attrapant et sourit largement.
- J'en rêve depuis des mois... soupira-t-il.
- Ca et de l'eau chaude je suppose ? ricana Raj'Nordh.
L'ancien chirurgien hocha la tête en délaçant sa tunique sans la moindre hésitation.
- Je dirais même que tu peux brûler ces horreurs pour peu que tu ais quelque chose à me prêter à la place...
- J'ai quelque chose, mais tu n'y toucheras pas tant que tu seras infesté de puces ! Pourquoi crois-tu que je ne t'ai pas directement amené dans ma cabine ?!
Le rire d'Yrshalh lui réchauffa le cœur, l'idée de partager son exil avec lui rendait les choses un peu moins difficiles. Il se concentra brièvement et l'eau de la bassine se mit à fumer.
- J'avais presque oublié combien il peut être avantageux d'avoir un ami pyroman ! commenta le jeune homme en se débarrassant du reste de ses vêtements.
- Tu n'as toujours aucune notion de pudeur, commenta Raj'Nordh pour garder une certaine contenance.
Il venait de découvrir le dos d'Yrshalh et son cœur avait brièvement cessé de battre en découvrant les lacérations rougeâtres qui le lacéraient. Certaines marques avaient cicatrisé alors que d'autres étaient encore suintantes et boursouflées.Les marques de fouets n'étaient pas les seuls stigmates de ce qu'il avait du endurer en prison, et Raj'Nordh soupçonnait que ce serait pire encore quand Yrshalh serait venu à bout de la couche de crasse qui lui noircissait la peau.
- Quand on apprend la médecine on se rend vite compte que cette notion est tout à fait dépourvue d’intérêt, répliqua l'ancien chirurgien. Et quand on passe des mois dans les cachots de Thelos... Et bien on fini par oublier que cette notion existe...
Son ton s'était fait amer et il grimaça un sourire sans joie à l'adresse de son ami avant d'empoigner le gant de crins pour le mouiller et le frotter avec du savon jusqu'à faire mousser ce dernier.
- Veux-tu que je te laisse ? demanda Raj'Nordh.
Son compagnon d'infortune ferma les yeux et prit une profonde inspiration.
- Non, autant que tu saches, souffla-t-il. Je ne pense pas être capable d'en parler plus tard sinon, et j'ai vu assez de cas similaires au mien pour savoir que je ne m'en sortirais pas si je me mure maintenant dans le silence.
Raj'Nordh ne comprenait que trop bien ce que voulait dire son interlocuteur et cette réalité avait quelque chose d'amer. Les blessures apparentes étaient sans doute les moins graves, mais chacune d'entre elles lui rappelait qu'il avait échoué à protéger un homme qu'il considérait comme l'un de ses rares amis, et cette idée le rendait malade. Deux ponts au-dessus d'eux Sorn'Raj' rugit furieusement et le son en fut clairement audible malgré les épaisseurs de bois qui le séparaient d'eux.
- Parfois je me dis que j'aurais du tenter ma chance avec un dragon quand tu me l'as suggéré, dit soudain Yrshalh.
- Un dragon ne protège pas de tout, répliqua Raj'Nordh d'une voix amère en songeant à son père et à la condamnation de ce dernier.
- Non, bien sûr, souffla le jeune homme. Mais tu ne peux pas nier que les choses soient tout de même différentes...
Le guerrier posa les yeux sur les marques de coups de fouet et soupira, non, évidement, il ne pouvait pas le nier, personne n'aurait osé lui faire subir ce genre de traitement, pas si cela impliquait de prendre le risque de voir Sorn'Raj' se déchainer.
- Et ce que le roi ne peut me faire subir, il l'inflige aux rares personnes à qui je tiens, gronda-t-il sourdement.
- Je ne pense pas que tu sois l'unique responsable de cette situation, répliqua calmement Yrshalh.
Le gant de crins savonneux frotta une blessure moins bien cicatrisée que les autres et le guérisseur étouffa un gémissement de douleur qui fit tressaillir Raj'Nordh. Il se garda pourtant bien de faire la moindre remarque à voix haute, se contentant de serrer les poings et de rester silencieux devant ce désolant spectacle. Yrshalh frottait sa peau sans la moindre hésitation, trempant régulièrement le gant dans l'eau avant de remettre systématiquement du savon dessus. Heureusement ils ne manquaient pas d'eau propre, songea Raj'Nordh en voyant la teinte que prenait celle contenue dans la bassine.
- Si l'eau n'était pas si froide je crois que je me laverais directement dans l'océan, grommela Yrshalh. De toute manière l'eau de mer fait du bien aux plaies et aux contusions.
De son côtés le guerrier ne pu s'empêcher de grimacer à l'idée de la douleur que causerait le sel sur autant de plaies encore à vif et il doutait de l'intérêt réel d'un tel traitement.
- Tu aurais du demander à Alnel de t'aider au lieu de t'arracher la peau avec ce gant, fit-il remarquer.
- Laisse cet imbécile en dehors de ça, soupira Yrshalh. Il n'aurait jamais du venir...
Sur ce point Raj'Nordh ne pouvait que partager l'avis de son interlocuteur. quand Alnel s'était posé avec Ter'Al'Arn' sur le pont du Passeur de Monde il avait maudit le Messager pour sa décision, mais il n'était pas certain de comprendre la réaction d'Yrshalh. Il inclina la tête sur le côté en observant son ami.
- Tu veux en parler ? demanda-t-il finalement.
L'ancien chirurgien tourna la tête vers lui avec une expression ironique.
- Des sévices ou de ma mauvaise humeur ? répliqua-t-il d'une voix railleuse.
- A ta guise, répliqua Raj'Nordh sans se démonter.
Cette réaction eut l'avantage de faire retomber une partie de la rage de son interlocuteur.
- Il n'aurait pas du venir, soupira-t-il.
Il plongea à nouveau le gant dans l'eau et Raj'Nordh le regarda faire avec une certaine impatience.
- Il est...
- Ah non ! le coupa Yrshalh avec impatience. Ne commences pas à me dire qu'il est amoureux ! Il se sent coupable, c'est différent !
Raj'Nordh soupira et secoua doucement la tête, il ne fit aucune remarque concernant le fait que l'ancien chirurgien se montrait sans doute trop dur avec le Messager, après tout ce dernier devait effectivement se sentir profondément coupable. Il regardait d'un œil absent son ami se contorsionner pour essayer de se laver le dos et par la même occasion tirer inutilement ses ses blessures tout juste refermées.
- Oh bon sang ! Donne-moi ça ! cracha-t-il en arrachant le gant des mains d'Yrshalh.
Ce dernier tressaillit et se figea alors que le guerrier reposait le gant à côté de la bassine d'un geste sec.
- Donne-moi le savon, tu me rends malade à t'acharner de la sorte !
Il attrapa au passage un morceau de tissus propre et s'arrêta net avant de le tremper dans l'eau. Le guerrier se saisit de la bassine d'eau crasseuse et alla la vider dans l'un des trous d'évacuation avant de la re-remplir et de plonger littéralement une boule de feu à l'intérieur pour la faire chauffer plus rapidement. Il avait noté mentalement de quelle manière Yrshalh s'était crispé quand il l'avait approché, une réaction qui ne lui disait rien de bon. Il trempa finalement le tissus dans l'eau et attrapa le savon avec des gestes décidés et puisqu'Yrshalh avait visiblement décidé d'affronter la situation, il ne servait à rien de prendre des précautions qui finalement ne feraient qu'aggraver la situation.
- Pourquoi est-ce que tu l'as laissé venir ? demanda finalement Yrshalh.
Raj'Nordh ricana.
- Je lui avais dit de ne pas le faire... Mais figures-toi qu'il n'en n'a pas fait grand cas de mes remarques... Et puisqu'il n'est plus sous mes ordres...
Il secoua doucement la tête.
- Merveilleux, gronda sourdement Yrshalh.
Le guerrier resta quelques instant silencieux avant de faire signe à Yrshalh de se tourner pour qu'il puisse s'occuper de son dos. A la manière dont l'autre blêmit avant de s’exécuter les doutes de Raj'Nordh se changèrent en certitudes, son ami avait enduré bien pire que des coups de fouets dans les prisons royale. Ce qui pouvait également expliquer son désir de rester aussi loin que possible d'Alnel pour le moment. Il examina les plaies de plus près, grimaçant devant leur état.
- C'est infecté, annonça-t-il sombrement.
- Je m'en doutais... Contente toi de nettoyer, il faudra s'occuper des plaies ensuite, mais je ne suis pas encore capable de laisser quelqu'un m'approcher avec une lame, dit-il avec une franchise déconcertante.
- A ta guise... dit-il calmement en attrapant le savon.
Le guerrier se mit en devoir de nettoyer le mélange de sang, de crasse et de pue séché qui lui maculait les épaules et le dos. Il faisait mousser abondamment le savon sur le tissus avant de frotter précautionneusement la peau avec et de rincer régulièrement le tout à grande eau malgré les tressaillements de douleur d'Yrshalh. Quand ce dernier commença à trembler alors que la température du réduit où ils se trouvaient était relativement chaude Raj'Nordh nota mentalement que s'il revenait à Sanaÿlh un jour il lui faudrait s'assurer de régler le compte des gardes mêlés à cette affaire.
- Dis-moi une chose, dit-il soudain en brisant le silence.
- Laquelle ? répondit Yrshalh sur la défensive.
Raj'Nordh ricana.
- Sur le front tu m'as assez souvent piqué mes conquêtes pour que je sache que tu es attiré par les femmes...
Yrshalh se figea brièvement avant de laisser échapper un rire qui parru étrange à Raj'Nordh jusqu'à ce qu'il comprenne que c'était parce que l'ancien chirurgien riait vraiment malgré une évidente amertume.
- Un témoignage qui aurait pu être utile à mon procès, si procès il y avait eut bien sûr, commenta doucement Yrshalh. Je n'allais tout de même pas séduire les maîtresses du Prince...
- Je suis sérieux Yrshalh, dit gravement le guerrier en rinçant une nouvelle traînée de savon.
- Moi aussi Raj'... répliqua son ami. Tout le problème est bien là. Ca ne les intéressait pas de connaitre la vérité, le Maître de Vol souhaitait seulement s'assurer que personne ne parlerait publiquement des préférences de son fils...
Il s'écarta et attrapa un drap pour s'enrouler dedans avant d'aller s'adosser à la paroi opposée.
- Il voulait protéger son fils, et le roi voulait te faire du mal... Tu es assez intelligent pour comprendre qu'ils aient saisit l'occasion.
- Mais pas assez pour comprendre pourquoi tu n'as pas l'air de m'en vouloir.
Yrshalh haussa les épaules.
- Toi et Alnel n'en n'êtes pas plus responsables que moi, dit-il doucement. Vous n'y pouviez rien, et tu n'avais aucun moyen de me sortir de cette cellule, pas alors que la moindre intervention aurait pu suffire à te faire accuser de traitrise.
- Il y a des choses plus importantes non ? gronda sourdement Raj'Nordh.
Son interlocuteur hocha la tête.
- Oui, des choses assez importantes pour que tu restes ici alors que jamais une seule fois laissé Athelän s'exposer au danger sans l'accompagner... répliqua calmement l'ancien chirurgien.
Ce fut au tour de Raj'Nordh de se taire, pour se donner une certaine contenance il essora et rinça le chiffon qu'il avait dans les mains.
- Tu as des sentiments pour lui ? se décida-t-il finalement à demander.
- Non, soupira Yrshalh. Non, je n'en n'ai aucun, mais lui pense en avoir pour moi, et à cause de cela il vient de ruiner son avenir...