Titre : Loi de conservation de la masse
Auteur :
soleil_ambrienFandom : Everworld
Personnages : Jalil, everworld!Loki (mention de David, Christopher et April ; et de Merlin)
Rating : G
Disclaimer : Tout appartient à K.A. Applegate, au domaine public (pour la mythologie nordique) et à Lavoisier, Albert Einstein et Georges Dumézil (pour la théorie et les références).
Prompt/Résumé : ‘Jalil essaie d'expliquer un truc scientifique à Loki’, pour
flo_nelja.
Nombre de mots : ~3 200 mots
Notes : Désolée de poster si tard ! Toute erreur ou approximation est du fait de l’auteure de la fic.
Loi de conservation de la masse
La guerre était sur le point de commencer, et ce serait nous qui la mènerions.
David était toujours général, évidemment. Le rôle lui allait bien, il se sentait à l’aise pour donner des ordres, s’entraînait régulièrement à l’épée, passait beaucoup de temps debout sur les rochers en surplomb des champs de bataille, avec Athéna, qui lui prodiguait probablement des conseils militaires ou ce genre de choses.
Ça me rappelait L’Odyssée, bien sûr, mais presque tout le monde était trop occupé pour m’écouter raconter. Ou alors, peut-être, ces scènes dans Narnia, dont la petite sœur que j’avais eue dans une autre existence était si adepte, avec Peter qui discutait en compagnie d’Aslan, en contrebas du camp.
Depuis la dernière bataille, April, que l’on avait connue si douce et si pacifique, avait maintenant quelque chose de dur dans les yeux, et même dans le visage. Elle semblait toujours raidie, lèvres closes, poings serrés, jointures blanches. J’avais l’impression vague que quelque chose s’était brisé en elle, qu’elle restait ici par esprit de pénitence ou d’expiation. Quelque chose de très chrétien en fait. Une idée bien d’elle.
Personne ne mentionnait jamais le nom de sa demi-sœur, ni le petit couteau suisse qui était resté planté dans sa poitrine, à rouiller sous la pluie. Ce n’était pas seulement par pudeur, c’était aussi par une sorte de crainte mêlée de répugnance. Le pouvoir des mots était réel, ici.
Il ne fallait pas tenter le diable.
Même Christopher avait compris cela. Comme pour David, notre chef implicite, il se trouvait probablement mieux à Everworld que dans notre univers d’origine - j’avais renoncé à parler de ‘monde réel’. Ce monde aussi était réel, d’une certaine manière, en dépit de ses dragons qui volaient malgré les applications que je connaissais de la force de gravitation ; de ses magiciens dont les sortilèges utilisaient de l’énergie, et donc probablement des calories, des synapses, peut-être même des hormones et des phéromones spécifiques ; de ses Vikings qui fumaient du tabac de manière purement et simplement anachronique, mais qui ici, faisait pleinement sens.
Justement, une partie de l’armée viking nous accompagnait. Il y avait maintenant longtemps, je m’étais dit de ne pas sous-estimer ces hommes, et j’avais eu raison. Je m’étais dit cela en tant que ménestrel, presque otage et monnaie d’échange, en danger constant de mort. Eh bien, même sous nos ordres (pour ma propre part très indirects), ce sentiment persistait.
Ce n’était pas seulement qu’ils incarnaient une force brute, en travers de laquelle il valait mieux éviter de s’interposer. C’était également qu’une intelligence vive, préparée aux combats et aux situations où l’adrénaline coulait dans les veines, avait été perfectionnée chez ces gens, probablement après des siècles d’affrontements permanents.
Et ce n’était pas qu’eux. Les déités qui les accompagnaient étaient également basées sur ce modèle. Je remettais toujours à plus tard ma grande réflexion cosmogonico-théologique afin de déterminer si c’était bien les hommes qui avaient inventé et imaginé leurs dieux, puis s’ils étaient venus à la vie, ou s’ils existaient déjà de toute éternité. Les similarités entre peuples et panthéons restaient cependant indéniables. La valeur du calme stratégique d’Athéna, le fameux strategos achéen, mêlé à la fureur belliqueuse et à l’enthousiasme philosophique, par exemple. De même, les festifs dieux nordiques.
Après une longue période de relative paix, Ka Anor était désormais venu s’ajouter à l’équation, certes, et c’était un ennemi inattendu pour de tels guerriers. Probablement aussi terrifiant pour nous que pour eux, et pour les dieux eux-mêmes, évidemment. Surtout pour eux. Cela dit, nous avions bon espoir, dans la mesure où l’alliance progressait bien. Ce n’était pas toujours facile de voir d’anciens ennemis mener un tel combat ensemble, mais ils sentaient probablement au fond d’eux que c’était leur dernière chance de s’en sortir.
Loki n’échappait pas à la règle. Son aspect purement effrayant et maléfique s’était abrasé au contact des autres divinités de son panthéon, notamment Odin, avec lequel il semblait détenir de curieux liens d’amitié, érodés par une histoire sanglante. En outre, il paraissait toujours dangereux, certes, mais plus exactement de la même manière. La première fois que nous l’avions rencontré, il m’avait fait penser à un serpent venimeux ; à présent, bien que l’impression de duplicité ne disparût jamais totalement, il dégageait davantage de malice diffuse que de réelle aura maléfique. Un renard chafouin, davantage qu’un loup furieux.
Il me donnait l’impression d’un type auquel je n’aurais pas confié ma voiture, parce qu’il m’aurait joué une sale blague, comme déposer du fumier dedans et rayer la carrosserie. Mais j’aurais quand même pu aller à la bibliothèque réviser mes cours avec lui. En surveillant mes arrières, des fois qu’il déchire des pages de mes cahiers. Il n’arborait pas un air tant méchant que retors. « Ce type, je le sens mal », grognait de temps en temps Christopher. Le général David et moi, on répétait qu’il était de notre côté et qu’il n’avait absolument pas le moindre intérêt à nous poignarder dans le dos. April ne disait rien. Elle ne parlait presque plus.
Petit à petit, je me rendis également compte d’autre chose à propos de ce dieu-ci : il était curieux de tout. D’absolument tout, que ce soit la manière dont notre monde fonctionnait, ou les rouages du sien. Contrairement à d’autres domaines (et à ce que persiflait Christopher), je n’étais pas tant calé que cela en mythes nordiques. Seulement, comme lors des banquets en plein air, Odin, Thor et les autres passaient leur temps à se balancer des vannes, je finis par apprendre des trucs dingues sur lui, qui me confirmèrent cette soif de savoir.
On racontait pour se foutre de lui qu’il avait passé sept années en femme pour apprendre une certaine forme de magie, par exemple. Cette plaisanterie-là revenait souvent, si ce n’est systématiquement. Jamais démentie. Tant et si bien que je compris qu’elle était probablement vraie. En général, je n’avais pas tellement le temps d’en découvrir davantage, ni sur le type de magie en question ni sur rien d’autre, parce que les attaques fusaient aussitôt en retour, sur des choses que je maîtrisais davantage, comme Thor déguisée en mariée et tout.
Je constatai également qu’il m’observait assez souvent, lorsque je prenais des notes sur le papier (ou plutôt le papyrus) fourni par les pillages en Égypte. Quand j’essayais de comprendre pourquoi et comment telle chose fonctionnait ainsi, et pas autrement. Lors de mes discussions avec Merlin et les autres mages ou assimilés qui nous avaient rejoints, aussi. Vraiment, le concept même de magie me fascinait. Lui, j’avais l’impression que du coup, c’était plutôt la science. On est toujours plus attiré par ce qu’on ne connaît pas.
J’avais également la nette impression que maintenant, cette avidité de connaissances dont je parlais se tentait de désespoir. Dans la mesure où il se battait aussi pour survivre, pas seulement pour simplement apprendre. Ou pour embêter le monde. Enfin, cela ne l’empêchait pas pour autant d’embêter le monde aussi. Mais cela devenait relativement secondaire dans ses occupations. Il avait une petite lueur aux abois, dans ses yeux d’un vert fourbe. Ils l’avaient tous, dieux et mortels, héros et mages.
Lui me donnait en prime le sentiment d’avoir côtoyé l’enfer de près, et de n’avoir absolument aucune envie d’y retourner. Même si nous savions désormais que ce n’était pas l’enfer à proprement parler, ni au sens chrétien, ni au sens viking du terme - d’ailleurs, sa fille Hel nous avait elle aussi rejoint, au prix de forces négociations, et ça mettait tout le monde mal à l’aise. Mais quelque chose d’approchant, d’horrible et de dégoûtant. Maintenant, il avait laissé tomber le masque du grand seigneur maléfique, ressemblait davantage à un fripon de contes ou de légendes, mais également un type marqué, qui en avait vu de dures et n’avait absolument aucune envie de finir en kebab pour Hetwan. Ce qui pouvait se comprendre.
Je me défiais tout de même. On n’est jamais trop prudent, à Everworld. Et puis plein d’histoires racontées aux banquets comportaient une ou plusieurs trahisons de Loki. Là, par contre, le risque de retournage de veste était d’absolument zéro pourcent, parce que Ka Anor dévorait les tricksters comme les autres. Ça ne m’interdisait pas de me méfier, parce que moi, j’étais un mortel, même pas vraiment un soldat, ainsi qu’on me le rappelait quinze fois par jour, et que si j’ai bien appris une chose ici, c’est que les humains ne gagnent pas beaucoup à fréquenter les dieux. Bien au contraire.
C’est probablement pour toutes ces raisons que ce fut lui qui vint me parler, un soir, au coin du feu. Pas l’inverse. Certes, j’avais plein de trucs à lui demander. Mais tout de même, je tenais à ma peau, et ce mec était également connu comme le dieu de la Destruction, même s’il était censé être de notre côté.
Et donc, je somnolais vaguement près du grand feu de bois pyramidal, Christopher enroulé dans une couverture en train de ronfloter à côté de moi. C’était fini, les va-et-vient entre le monde d’où on venait et celui-là. Le Serpent Arc-en-ciel, un allié récent, nous avait appris une ou deux choses, et il nous était aussi arrivé quelques mésaventures. Enfin, surtout à Christopher et à moi, mais ça, c’était encore une autre histoire, trop longue pour être racontée ici.
En tout cas, je ne dormais pas encore vraiment. Pas tout à fait. J’eus donc une secousse hypnique lorsque Loki vint s’assoir à côté de moi. Je ne bougeai pas la tête, juste les yeux, pour qu’il soit dans mon champ de vision. Mais je le tenais à l’œil aussi sûrement qu’on fixe une guêpe lors d’un pique-nique en pleine forêt.
« Puis-je te poser une question, mortel ? »
Qu’est-ce que je vous disais. Comme s’ils avaient peur qu’on oublie pendant un quart de seconde qu’eux, ils étaient des dieux. Non mais franchement. Même s’il n’arborait plus ses allures de super méchant, caricatural de méchanceté, il n’en restait pas moins un sale connard de dieu qui se croyait supérieur à tout le monde, juste parce que de l’ichor ou je ne savais trop quoi coulait dans ses veines au lieu de sang. C’était extrêmement gonflant, à la longue. Jusqu’à Athéna, pourtant notre alliée la plus bienveillante, qui avait de ces accès de grandeur noble et déplacée, pour nous de l’Ancien Monde. C’était pour des raisons comme ça que j’esquivais autant les dieux.
En fait, jusque-là, le seul Everworldien avec lequel j’aie vraiment discuté, c’était Merlin. J’avais passé beaucoup de soirées à lui expliquer que la transmutation du plomb en or était impossible sur le plan atomique, et aussi pourquoi. Il avait semblé extrêmement déçu. Lui aussi, on sentait dès qu’on le côtoyait sa soif de savoir. Très différente de celle de Loki, en revanche. Une vraie, authentique, pas seulement pour le pouvoir. Le genre de personnes qui se demande comment les choses fonctionnent, et pourquoi. Je suis certain que dans notre monde, il aurait gâché la séance de ciné de ses potes en expliquant pourquoi tel ou tel élément constituait une incohérence logique. Je le faisais bien, moi. Enfin, je l’aurais fait si j’avais eu des potes. Ou si les personnes avec qui je traînais actuellement l’étaient devenus dans l’univers technologique d’où nous venions tous.
Ce dieu-ci, en revanche, ne s’intéressait pas au domaine de la connaissance pour les mêmes raisons. Lui, il aurait pourri le film de ses copains juste pour le plaisir de le faire. Autrement dit, il aurait cherché exprès à emmerder le monde. À la limite, le savoir qu’il acquérait ne lui servait presque qu’à cela. C’était, fondamentalement, une personne nuisible. Nettement moins, maintenant qu’elle avait compris qu’on était tous dans le même bateau. Mais tout de même.
Comme il m’avait appelé, je pris le temps de l’observer, du coin de l’œil, en essayant de ne pas en avoir trop l’air. Dans les comics de ma petite sœur, Loki avait les cheveux noirs, mais là, leurs reflets blonds-roux dansaient dans la lumière des flammes. Il avait un sale sourire, aussi. Pas au point qu’on ait envie de carrément changer de trottoir en le croisant dans la rue, comme avant, mais du style qu’on lui aurait pas demandé de surveiller ses affaires personnelles dans le train pendant la pause aux toilettes.
J’estimai que je l’avais suffisamment fait moisir pour lui montrer que même si j’étais un mortel, j’étais pas son esclave, et je hochai la tête dans un « Je vous écoute » respectueux, certes, mais pas non plus obséquieux. J’allais tout de même pas me fendre d’un ‘seigneur Loki’ ou de ce genre de conneries. Sauf que ça n’eut pas l’air de trop lui plaire. Ses yeux s’étrécirent.
« Mortel, quel élément de ma magie heurte le plus ta ‘science’ ? »
Il prononçait ce dernier terme comme il aurait dit celui d’art - ou de magie, précisément. Cela me fit réfléchir. Il avait constaté qu’il s’agissait d’un système cohérent, que les différences envers le fonctionnement de la magie existait et les opposaient, et aussi que j’en étais une espèce de spécialiste. Je ne savais pas exactement ce qu’il comptait faire de ces données, mais en l’occurrence, un peu de savoir purement théorique ne pouvait pas faire grand mal - contrairement aux terrifiantes pages du livre de physique perdu. Et puis, la question me bottait. J’avais déjà la réponse toute prête dans ma besace.
« Vos changements de taille. » Il éclata de rire.
Et pourtant. Sans hésiter, la violation de la loi de conversation de la masse, c’était le plus incroyable. Pire que la gravitation débile, les lois biologiques trépassées ou les absurdités du langage universel. Et j’avais une théorie personnelle afin d’expliquer la manière dont tout cela fonctionnait, dans le monde d’Everworld. Je tentai d’en présenter les principaux tenants et aboutissants, en ce qui concernait la masse moléculaire. J’essayai également de ne pas trop hésiter.
« Dans mon univers, on a ce scientifique, Albert Einstein… enfin c’est pas son nom qui est important. Il a trouvé une formule.
-Comme une formule magique ? Un seidr, des runes ?
-Je pense pas. C’est quoi exactement, un seidr ? »
Il prit cet air arrogant et mystérieux, que j’avais appris à reconnaître lors des banquets - et à détester.
« C’est secret. Je ne puis t’en parler.
-On va pas aller loin, alors… grognai-je d’une voix sèche. Si c’est comme ça, je ne vous expliquerai rien. »
Bon prince, il accepta alors de me révéler :
« C’est un bouillonnement, une effervescence. Ce sont les fils magiques qui relient la grande toile du monde, de manière spirituelle et authentique. »
Je hochai la tête en silence. Ce que le dieu nordique décrivait ressemblait un peu aux fondamentaux de la physique quantique : la matière est toujours en mouvement, et tout est relié. Chaque chose, chaque objet se compose des mêmes particules, fondamentales.
Je pensai qu’en fin de compte, l’ancienne magie norroise était parvenue aux mêmes conclusions que la science moderne, par des moyens extrêmement différents. L’intuition et la raison ne s’opposaient pas, mais au contraire, tombaient d’accord. Cela me donna le vertige.
Interrompant ces pensées tourbillonnantes, Loki me reposa sa question. Tenace, le bonhomme.
« Un secret pour un secret. Pourquoi est-tu si surpris que je puisse devenir immense ou minuscule ? Comment l’expliquerais-tu ? »
Je clignai des yeux, perturbé. Même Loki me prenait pour la science infuse. Cela avait quelque chose de flatteur, car cet être était loin d’incarner le parfait imbécile - très loin, même - mais cela avait également quelque chose de stressant. Je me concentrai donc, afin d’étayer mon argumentation. Cela contredisait les lois de la physique, bien entendu ; mais précisément, j’avais concocté une explication. À l’aide d’un bâton qui traînait là, je traçai dans le sol la célèbre équation E = mc², et me lançai dans une longue démonstration.
« Je présume qu’une quantité suffisante d'énergie magique suffit à augmenter la masse. À l'inverse, quand on diminue cet apport énergétique, on gagne une sorte d'énergie potentielle magique. C’est important quand vous devenez minuscule. Parce que se transformer en truc tout petit, ça demande pas tant d'énergie que cela. Mais beaucoup de précisions pour garder ses facultés mentales intactes.
-Par exemple ?
-Ben, par exemple, pas croire qu'on est vraiment une mouche jusqu'à la fin des temps. »
Il eut un demi-sourire sournois.
« Ou un morceau de charbon.
-Ou un morceau de charbon, concédai-je en sentais qu’une référence m’échappait. Dès lors, cette énergie magique non-utilisée se retrouve stockée, peut-être dans l’organisme. Et du coup, reprendre sa forme normale ne demande pas trop d'énergie. Juste l’effort de la relâcher. Je pense également que la pensée ‘Non je ne suis pas une mouche - ou un morceau de charbon’ se met dans une boucle phonologique. Autrement dit, elle est répétée non-stop par l’esprit, pour la garder en tête.
-C’est probablement vrai, acquiesça-t-il. Je reconnais bien les sensations que tu décris. Mais… »
Je l’observai hocher la tête en signe de légère dénégation, silencieux. Quelque chose ne computait pas.
« C’est de la magie, tout simplement, tu l’as dit toi-même, balaya-t-il d’un revers de pensée. C’est inexplicable. »
« Magie, mes fesses », ai-pensé avec rage, mais je ne l’ai pas dit. Comprenez-moi bien : j’avais vu de la magie, et je n’étais pas assez Saint-Thomas pour en demander des confirmations à répétition. Le problème, c’est que ce dont Loki parlait là, c’était de la science, de la bonne vieille physique terrienne. J’ai l’impression qu’à Everworld, on bondit souvent sur la solution de facilité qu’est le prétendu ‘surnaturel’, pour ne pas se fouler en expliquant mieux les choses. Ta gueule c’est magique, c’est un sorcier qui l’a fait. Ou un dieu, ou un druide. Peu importe.
Alors que le sorcier est essoufflé après avoir lancé son sortilège. La sueur perle au front du druide quand son charme est tissé. Le dieu n’accuse pas le coup directement, mais semble un peu étourdi. Maintenant, je ne peux plus dire que je ne crois pas en la magie, c’est certain. Mais je ne peux pas abandonner la science dans la nature comme ça. Pas quand je constate que la démonstration de pouvoirs, cela brûle des calories et altère la bonne connexion des synapses, et donc, le fonctionnement neuronal, puisqu’elle assomme et égare. Les deux systèmes ne s’opposent pas, ils vont de pair.
« Par définition, la nature est la somme de tout ce qui existe, définis-je patiemment. Donc, si une chose existe, c'est qu’elle fait partie de la nature. »
Je l’ai déjà dit mais Loki est un petit malin. Il a vu le doute et les failles que sous-entendaient ma phrase.
« Nierais-tu l’existence de la magie, mortel ?
-Je ne nie pas l'existence de la magie et de tout le reste. Je veux simplement dire qu’il y a forcément une explication logique. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »
Je repris mon bâton et traçai dans la terre Ag+ + Cl- → AgCl. Vu l’attention que le trickster m’accordait, j’étais bon pour une autre démonstration de physique. O.K. Le dieu du chaos me demandait de lui expliquer Lavoisier. « Bienvenue à Everworld », murmurai-je pour moi-même, en reprenant l’expression avec laquelle Loki lui-même nous avait accueillis dans ce monde irrationnel. Pas autant qu’il le semblait au prime abord, lorsqu’on ne réfléchissait pas en profondeur, certes. Mais bien barré quand même.