La découverte de ces trois derniers mois : La Délégation Norvégienne, par Hugo Boris.
C'est bon, c'est même très très bon. Je connaissais pas l'auteur, je n'avais pas entendu parler du bouquin, merci m'man d'avoir fait la passe.
Je vous livre le quatrième de couverture : " Est-ce l'alcool en carafon, le cuir brun, le mobilier vieux chêne, le feu qui crépite dans la cheminée ? Ce climat anglais où l'on s'assassine en grignotant des scones et en buvant du thé ? Il lui semble que chaque chose est bien à sa place, que chaque personne autour de cette table est un peu trop racée pour être honnête. S'appelle-t-on Ethel Brakefield dans la vie ? Ou Ernst von Sydow ? Ou même Lucas Cranach ? " Un relais de chasse absent de tous les guides spécialisés. Cinq hommes, deux femmes, qui viennent des quatre coins de l'Europe et ne se connaissent pas. Sept chasseurs pris par la neige, qui doivent se défendre du froid, de la faim, de la paranoïa qui les guette. Prisonniers ? D'une île à la rigueur, mais d'une forêt ? Ils le sont pourtant, serrés par les arbres, piégés par la neige. L'un d'eux commence à douter : et s'ils n'étaient pas victimes du hasard, de la malchance ? Au fil des pages, René Derain acquiert la conviction qu'il est condamné, qu'il va mourir. Non pas de froid, de fatigue, de gangrène ; il sera assassiné. Il sent, dans son dos, le souffle d'une intelligence. Il sait qu'ils sont devenus de vulgaires pantins. Et que le piège ne demande qu'à se refermer. Un style vif et moderne, des personnages énigmatiques et ambivalents, La Délégation norvégienne est un roman fantastique au climat lourd et oppressant. Une mise en abyme vertigineuse !
Constat immédiat dès les premières lignes, c'est excellemment bien écrit. Un style ultra simple, des phrases courtes, c'est direct, limpide, et ça fait mouche à chaque fois. Et ce n'est pas au détriment de l'ambiance ni d'une certaine poésie, au contraire. Au fil des pages on est pris dans une immersion triviale et implacable au sein d'une nature sauvage et désolée. Une lecture pleine d'évidence que comme je l'ai rarement rencontrée.
Et puis il y a l'histoire. Un seul mot me vient à l'esprit : subtile. C'est un glissement à peine perceptible, en dehors peut-être du signal d'alarme tiré tout au début, que j'avais trouvé sur le coup un poil trop net. Mais le style aidant, même ce petit détail n'est pas rébarbatif, on l'oublie rapidement, et si on s'en souvient plus tard c'est pour ce dire que ce signal n'était tout compte fait pas si net que ça. Et lentement, presque sans s'en rendre compte, on découvre peu à peu le thème qui se cache derrière cette histoire des prisonniers du froid. A noter que les dernières pages du livres sont scellées pour empêcher le premier lecteur qui empoigne le bouquin d'aller les feuilleter en avant de sa lecture. Entre autre raison...
Finalement, le seul bémol que je trouverais à ce livre, c'est le défaut de sa réussite. Sa subtilité au final manque de la petite étincelle, de la petite claque inopinée qui rendrait l'histoire vraiment parfaite. Le lecteur n'a pas de révélation subite, jusqu'à la fin il ne connait qu'une prise de conscience qui s'impose peu à peu de plus en plus clairement. Ce n'est toutefois pas un réel regret, tant cette conscience n'est définitivement atteinte qu'à la toute fin du bouquin.
Quoi qu'il en soit, allez-y, c'est vraiment du très bon.