Une chanson douce-euh
Genre : bedtime story bis
Personages/couple : Sam, Dean
Censure : K+
Spoiler : Aucun, dude
Date : Jeudi 3 juillet 2008, l’était temps de le mettre en ligne
Disclaimer : *vide sa salière*
Note : Vous entrez dans une zone vide des trois dernières saisons. Fluff winchesterien à son plus corrosif. Absence absolue et totale de toute créature plumeuse et cornue ainsi que de Destin!11!! Dramatique!!11!!.
Lorsque Sam ouvrit le coffre de l’Impala et manqua se faire transpercer le pied par une épée héroïque déchue du côté obscur suite à une sombre histoire de poème épique chanté faux (Sam se sentait horriblement coupable, Dean en rigolait encore), son frère admit enfin que sa voiture ne s’ouvrait pas sur une poche dimensionnelle infinie et qu’ils devraient se débarrasser de tous les objets plus ou moins maudits qu’ils avaient accumulés, sous peine de ne plus jamais pouvoir atteindre le double fond où se trouvaient leurs armes. Autrement dit, il fallait retourner à Buffalo et déposer le tout dans le container de leur père.
« Je vais en profiter pour améliorer le système de sécurité, décréta Dean. Le prochain mec qu’essaiera de nous dévaliser…
- Ne va pas le tuer non plus », intervint Sam.
Le sourire de Dean fut presque dédaigneux.
« Le tuer ? Je vais lui faire souhaiter d’avoir crevé, ouais ! »
Une fois sur place, Dean partit ouvrir le container et y dégager un peu de place pendant que Sam vidait le coffre d’une main prudente, de peur d’agiter le mauvais objet et déclencher une énième apocalypse. La quantité d’artéfacts entassés en révélait assez sur leur vie ces derniers temps.
« Hé, on aurait peut-être dû laisser des trucs à Bobby, lança-t-il à son frère dont il entendait les pas derrière lui. Peut-être qu’il saurait si on peut en uti… »
Il s’interrompit, son attention détournée par un bout de tissu à carreaux rouges et blanc étrangement familier. Curieux et un peu incrédule, il tira dessus pour le dégager, révélant une sorte de poupée de chiffon informe. La tête n’était qu’une grosse boule rembourrée par de grains durs, un ruban rouge noué solidement les retenait et donnait au reste du torchon une vague forme de robe. Deux boutons argentés lui servaient d’yeux, et tout en bas, on avait maladroitement cousu un ourlet. Tout le long, une série d’étoiles, que pour la première fois Sam identifiait comme des pentacles protecteurs, étaient dessinés au feutre noir indélébile.
« Monsieur Calinou ! » s’exclama-t-il, stupéfait.
Il se retourna vers Dean et brandit sa découverte.
« Dean, c’est Monsieur Calinou ! »
Dean perdit contenance une fraction de seconde. Sam ne s’en serait pas rendu compte, mais dans son effarement il dévisageait son frère et l’éclair d’embarras dans ses yeux ne put lui échapper.
« Dean ?
- Tu te souviens de ce truc ? fit ce dernier d’un ton dégagé, moqueur.
- C’est Monsieur Calinou, répéta Sam. Dean, c’est toi qui me l’as donné ! »
Il y eut comme un « clic » dans sa tête, il regarda son vieux doudou d’un œil d’adulte, le côté très artisanal lui paraissait désormais évident.
« C’est toi qui l’avais fait ? » hallucina-t-il à voix haute.
Il fixa de nouveau son frère. Ce dernier, la tête presque rentrée dans les épaules, les mains dans les poches, pinçait les lèvres, sur la défensive.
« T’étais un sale mioche qui pleurait tout le temps, déjà à l’époque ! Et tu fourrais n’importe quoi dans ta bouche !
- C’est toi qui m’as fait Monsieur Calinou…
- J’arrive toujours pas à croire que tu l’as appelé comme ça, marmonna Dean.
- … et tu l’as gardé ! s’exclama Sam, large sourire aux lèvres.
- Oh ta gueule. »
L’air très affairé, Dean s’empara d’un totem à tête de chacal.
« Le coffre va pas se ranger tout seul ! » cingla-t-il.
Sam, sans perdre son sourire, déposa soigneusement le doudou sur le siège arrière de la voiture, attrapa à son tour une série de parchemins indestructibles recouverts de mauvais sorts et rejoignit son frère à grandes enjambées.
« Je me souviens pas d’un moment où j’avais pas Monsieur Calinou, fit-il. T’avais quel âge quand tu me l’as fait ? »
Dean lui jeta un coup d’œil irrité.
« J’en sais rien, moi ! Tu le bouffais tout le temps, ce torchon, j’ai juste, enfin, c’était pour que les bonnes femmes de la maternelle nous foutent la paix, ç’aurait été bizarre que tu te ramènes à l’école avec un truc pour laver la vaisselle…
- Tu l’as cousu et tout », s’émerveilla Sam.
En même temps, Dean avait toujours réparé ses vêtements déchirés : lui bidouiller un doudou était parfaitement dans ses capacités. Sam ne se souvenait plus vraiment du jour où il avait cessé de vouloir dormir avec Monsieur Calinou, mais il s’était demandé une fois, vaguement, ce qui lui était advenu. Avec un pincement au cœur nostalgique, il l’avait imaginé oublié quelque part dans un motel, ou bien jeté dans une poubelle. Et toutes ces années, Dean l’avait conservé précieusement. Pris d’une bouffée de tendresse pour son frère, Sam sentit son sourire s’agrandir encore.
« Pas de quoi en faire tout un plat, marmonna Dean avant d’ajouter : T’as l’air complètement cinglé. »
Sam lui lança une bourrade affectueuse, évita de justesse une tape sur la tête en représailles.
« Chieur.
- Ducon. »
(fin)
825 mots