Torchwood/Doctor Who : Oasis [OT3verse]

Jul 17, 2007 21:27

Oasis
Genre : flangst circonvolutionné
Censure : T
Spoilers : Vagues allusions à TW 01x04 Cyberwoman, DW 03x11 Utopia
Date : 16 juillet 2007

Chronologie de l'OT3verse


Il se rendit soudain compte qu’il dormait et le choc le réveilla. Encore que dormir était un bien grand mot ; l’état de méditation que les Seigneurs du Temps appelaient sommeil n’avait rien à voir avec le repos des Humains. Toujours était-il que pendant deux heures, lui souffla le Vortex, il avait cessé d’entendre le murmure de l’univers, de sentir les étoiles mourir et naître, les mondes tourner, se former, pour ne plus rien percevoir d’autre que la chaleur tiède et le souffle des deux êtres à ses côtés, deux cœurs qui battent, deux vies.
Il n’ouvrit pas tout de suite les yeux. Depuis combien de temps ne s’était-il pas arrêté comme cela ? Il avait l’impression d’une pause dans son éternelle fuite, et le délice qu’il ressentit à cette idée n’avait d’égale que la terreur d’être rattrapé par le Temps.
Il tint bon. Il se concentra sur le battement des deux cœurs qui n’étaient pas les siens, se força à ne plus penser qu’à eux, aux cheveux qui lui chatouillaient l’épaule, aux doigts glissés dans les siens, qui le serraient, le retenaient comme une ancre, au creux du dos où leurs deux mains reposaient.
Il ouvrit les yeux, croisa le regard bleu de Jack, juste derrière la masse sombre des cheveux de Ianto, encore endormi, épuisé - pour de bonnes raisons, cette fois, et s’il fallait le fatiguer ainsi pour être certain qu’il se repose, le Docteur n’y voyait (presque plus) aucune objection.
C’étaient les doigts du Capitaine, entremêlés dans les siens, le dos de Ianto agissait comme un pont entre eux, un pont sans lequel le Docteur n’aurait jamais cédé (il le savait, Jack le savait, parce que cela n’aurait jamais dû être, il n’avait même jamais autant donné à Rose, ne se le serait jamais autorisé), mais leur jeune Compagnon avait cela de létal : il demandait tellement peu qu’on ne pouvait s’empêcher de trop lui donner, et ce n’était jamais assez.
Jack ne dit rien, ne sourit pas, il n’y avait rien chez lui de la satisfaction à laquelle le Docteur s’était attendu, qu’il avait espérée, qui aurait signifié un plaisir éphémère.
Le regard de Jack lui disait : Je ne vous laisserai pas fuir, cette fois, et le Docteur le croyait tout à fait capable de mettre sa menace à exécution (l’on parlait d’un homme qui avait traversé le Vortex accroché au Tardis, tout de même), surtout maintenant qu’il avait un renfort. L’attaque vint sans surprise, un coup de semonce :
« La moindre des choses est d’être là à son réveil.
- Pour qui me prenez-vous ? » rétorqua le Docteur.
Jack haussa les sourcils, le Docteur choisit de dignement détourner les yeux pour se concentrer sur leur Compagnon et les informations que l’intensité de leurs ébats avait dévoilées. Il s’en doutait, et ses soupçons avaient été confirmés lorsque son esprit stimulé, à la recherche de la connexion mentale qui s’ouvrait chez les Seigneurs du Temps lors d’activités sexuelles, s’était tout naturellement lié à celui de Ianto : la télé-empathie que possédait tout être humain à faible niveau s’était plus développée chez Ianto que la moyenne, ce qui expliquait sa capacité à se faire oublier et à devancer les désirs. Et peut-être à se faire manipuler, si l’histoire relatée par Jack sur le Cyberman était d’aucune indication ; encore que connaissant Ianto, le Docteur aurait plutôt tendance à mettre en grande partie cela sur sa nature même.
Ianto était animé d’une passion et d’une loyauté presque douloureuses, qui nécessitait de s’exprimer, de trouver un réceptacle. Le Docteur s’admettait soulagé qu’il puisse les partager entre Jack et lui. Il y aurait quelqu’un pour le sauver lorsqu’il le trahirait (pas volontairement, bien sûr, mais quelle que fût la volonté et la détermination du Docteur à garder, protéger ses compagnons, il finissait toujours par les perdre, trahir leurs attentes).
« Quelles que soient vos pensées, arrêtez, dit Jack.
- Je n’ai plus le droit de réfléchir, maintenant ?
- Pas si ça vous fait prendre cette expression-là. »
Jack lui serra la main plus fort, leurs doigts mêlés caressaient la peau de Ianto. Ce dernier bougea, se retourna dans son sommeil. Jack sourit enfin.
« On le réveille ? proposa-t-il d’un ton qui ne laissait aucun doute sur la manière qu’il voulait employer.
- Laissez le dormir, sermonna le Docteur, il en a besoin. »
La satisfaction enfin, sur le visage de Jack, une fierté orgueilleuse adoucie par la tendresse.
« Ah ça, je veux bien le croire… !
- Jaaaaaack… »
Ianto lâcha un soupir, ses paupières frémirent.
« Il se réveille presque, de toute façon !
- Avec tout le bruit que vous faites, aussi…
- Si c’est du bruit que vous voulez…
- Jack, la ferme », grogna Ianto, la voix endormie ; il se déplaça de nouveau et sa peau glissa sous leurs doigts.
Le Docteur les regarda, tous les deux.
Rien ne pourrait remplacer un Seigneur du Temps, la connexion unique qu’il pouvait avoir avec un membre de sa race (il y a si, si, si longtemps, et penser à la dernière personne avec qui il l’avait partagée faisait si mal), mais il devait admettre que Jack et Ianto lui permettaient parfois d’oublier le trou béant qu’était Gallifrey en lui.
Jack déposa un baiser sur l’épaule de leur Compagnon, puis dans son cou, Ianto émit un bruit entre le plaisir et l’irritation. Jack regarda le Docteur, défi et invitation à la fois.
Le Docteur soupira, caressa du pouce la main de son borné de Capitaine, puis embrassa Ianto au coin de la bouche.
Tout cela était une mauvaise idée, et cela se terminerait mal, parce que Ianto était leur béquille et malgré les efforts du Docteur pour l’en protéger, le Temps le rattraperait bien plus vite que quiconque, bien plus vite qu’il ne rattraperait Jack et le Docteur.
Le Temps leur prendrait Ianto et ils s’effondreraient.
Mais Jack avait raison. En attendant, ils pouvaient essayer d’être heureux.

(fin)

Note : Écrire ce passage en particulier a été drôlement difficile en fait, parce que la tête du Docteur est *pleine*, et il y avait des milliers de choses à dire, à développer. J’ai dû couper court parce que ça partirait encore plus dans tous les sens que ça ne l’est déjà et même si c’est potentiellement comme ça que pense le Docteur, à lire c’est le bordel. :p
Enfin, j’ai au moins réussi à faire une allusion au Master. Ahem.
J’espère que malgré le bazar informatif, c’est quand même lisible. ^^;

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