Originale : Les petits cailloux blancs

Oct 30, 2011 16:48

Les petits cailloux blancs
Prompt : You can't trade magic like fucking pokemon cards! (Tu peux pas échanger de la magie comme si c’était des cartes pokémon, bordel !) [Jesus - True Blood 412] de calliopel pour marathon_prompt spécial Halloween
Genre : magie foireuse ?
Censure : t/pg-13
4e de couv : Le tout, c’est de ne pas perdre le fil.
Date : 29 octobre 2011
Note : Ce texte fait de toute évidence partie d’un truc beaucoup plus grand. Si je savais quoi, ça aiderait beaucoup :|


« On va tous crever, répéta Deip pour la sixième fois.
- Boucle-la, siffla Myrthe. Si tu le dis une septième, on est sûr et certain de passer à la casserole. »
Deip se passa la langue sur les lèvres. Derrière eux, le chemin avait disparu dans les arbres, avalé derrière les troncs et les branches courbées tels des doigts crochus. Des guirlandes de mousse, mèches de cheveux verdâtres et sales, flottaient dans une brise invisible.
Ce n’était qu’une illusion, bien sûr, mais Deip avait beau sentir le fil rouge attaché à son index et l’autre extrémité, là-bas de l’autre côté des bois, liée à une pierre, il avait beau savoir qu’il les sortirait de la forêt sans difficulté…
Deip essuya ses lunettes nerveusement et les renfila. Devant eux, la porte de la bicoque restait obstinément fermée. Nynn avait disparu à l’intérieur depuis une vingtaine de minutes maintenant.
« Tu crois qu’il va y arriver ? » chuchota Myrthe en triturant les cordons de sa capuche.
Elle regardait vers le ciel comme si la réponse en viendrait.
« Ce qui m’inquiète surtout, c’est de savoir ce qu’il va donner en échange.
- J’aurais voulu qu’il reste attaché à ton fil. Et s’il ne trouve pas la sortie ? »
Deip observa la maison. Elle n’était pas grande, mais qui savait les labyrinthes qui se trouvaient à l’intérieur ? Qui savait ce que Nynn avait à y affronter ?
Le pire, c’était le silence. Au moins, s’il y avait eu un cri, ils se seraient précipités, ils seraient intervenus.
Myrthe glissa la main dans la sienne. Ils se serrèrent l’un contre l’autre.

-

Une demi-heure plus tard, la porte s’ouvrit en silence. Ils sursautèrent, il y eut un temps, puis la silhouette de Nynn fit son apparition. Il était intact, constata Deip sous le choc du soulagement. Pas de membres manquants, pas de… Si. Le bandeau sur ses yeux. Le bandeau blanc sur ses yeux bruns.
« Nynn ! s’exclama Myrthe. Oh, Nynn, attends, je… »
Deip la retint des deux mains.
« Non, murmura-t-il, le cœur battant. Il n’est pas encore sorti. »
Il n’avait pas dépassé le seuil. Deip vérifia rapidement que Myrthe était encore attaché au fil, le resserra par précaution.
« Ne bouge pas, intima-t-il, je vais me rapprocher. Si tu sens que le fil se tend, il faut que tu tires, ok ? »
Lèvres pincées, Myrthe hocha la tête. Il pouvait compter sur elle. Deip commença à dérouler le fil un peu plus loin. Il se rapprocha du seuil le plus possible, presque à en toucher son ami. Il le voyait, il était tout près, mais il ne le sentait pas, il n’entendait pas son souffle ni le froissement de ses vêtements.
« Nynn, je ne sais pas si tu m’entends, mais tu es juste à la porte. Si tu tends la main ou le pied, je peux te rattacher le fil et te sortir de là. Nynn, tu m’entends ? »
Nynn pencha la tête, plissa le front. Deip devait se faire violence pour ne pas lui prendre le bras, sachant qu’il risquait d’être aspiré à l’intérieur.
« Nynn, c’est Deip. Tends la main. »
Nynn se mordit la lèvre mais ne bougea pas.
« Laisse-moi essayer », dit Myrthe.
Après une seconde d’hésitation, Deip acquiesça. Il recula, la laissa passer devant en s’assurant qu’elle restait bien attachée.
« Ne le touche pas », rappela-t-il.
Théoriquement, il devrait pouvoir la retenir mais il n’avait pas envie de tester sa magie contre celle de la bicoque.
Myrthe acquiesça d’un signe de tête impatient.
« Nynn, c’est moi, c’est Myrthe. »
Nynn resta immobile.
« Tu es presque dehors, tu n’as qu’un pas à faire. On est là, Deip et moi. »
Toujours rien. Myrthe ne parut pas s’en émouvoir. Deip sentit son Intention grandir, la pression indiquant qu’elle allait se servir de sa magie.
« Nynn, Nynn, Nynn. »
À la troisième prononciation, Nynn redressa vivement la tête, leva le bras avec hésitation. Deip retint son souffle.
« Tends, tends, tends. »
La force de suggestion était tellement forte que, bien qu’elle ne soit pas dirigée contre lui, Deip commença à obéir. L’amorce de son geste se révéla salutaire, lorsque Nynn tendit le bras, sa main dépassant enfin le seuil, il était prêt. D’un geste vif, il attacha le fil au poignet de son ami, sentit l’influence de la maison tenter de les aspirer.
« Tire ! »
Myrthe s’exécuta sans hésiter. Ils tirèrent ensemble, luttèrent de toutes leurs forces ; trois fois encore Deip fit tourner le fil autour du rocher qui les attendait hors des bois, il donna tout ce qu’il avait et soudain… Nynn tomba vers eux, Myrthe le rattrapa, Deip rattrapa Myrthe, ils trébuchèrent, agrippés les uns aux autres, vacillèrent mais restèrent debout.
Pendant quelques secondes, Deip n’entendit qu’un bourdonnement dans ses oreilles. Il relâcha sa magie avec précaution, soulagea la tension du fil.
Il n’avait jamais été si près de le casser.
« Nynn, souffla Myrthe.
- Oh putain », marmonna Nynn, et Deip ne put s’empêcher de rire, un peu hystérique.
Il y eut un court silence.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Deip. Tu vas bien ? Tes yeux… ? »
Nynn se tortilla et Myrthe le lâcha à contrecœur. Il effleura son bandeau, avala sa salive.
« J’ai donné ma Vue en échange des pouvoirs d’Arès, dit-il.
- Quoi ?
- J’ai négocié comme un têtard et j’ai perdu mon sens basique aussi. Mais les Fatae ont été sympas, elles m’ont offert le bandeau. Il me permet de voir les contours. »
Le silence qui s’ensuivit avait quelque chose d’horrifié. Deip se passa une main dans les cheveux
« Nynn, tu ne peux pas… tu ne peux pas échanger tes pouvoirs comme si… ce ne sont pas des jouets.
- Et tu voulais que je fasse quoi ? À nous trois, notre magie ne vaut rien du tout. Tu sais que j’allais là-bas pour trouver une solution.
- Tu n’étais pas censé être le seul à te sacrifier, dit Myrthe, les poings sur les yeux.
- Je suis le seul à n’avoir rien perdu jusqu’ici, répliqua Nynn d’un ton obtus. Je reviendrai échanger les pouvoirs d’Arès après, je ferai attention cette fois. Mais pour le moment… »
Deip sentit une pression dans l’air, ça venait de Nynn mais ce n’était pas… ce n’était pas familier. Une épée fine apparut dans la main de son ami, il le vit resserrer les doigts autour.
« Pour le moment on a un pouvoir offensif à notre disposition. On va délivrer les autres, et on va tuer Lyke.
- Tuer Lyke… ? » répéta Myrthe, incrédule.
Pour la première fois depuis le début de ce cauchemar, Nynn laissa ses émotions percer dans sa voix.
« Il nous a trahis. Il était des nôtres et… Ils pourraient tous être morts. J’aurais dû Voir ce qu’il était vraiment, c’est la seule chose à laquelle je suis bon, mais j’ai rien Vu, complètement Aveuglé par… »
Deip détourna les yeux. Le béguin de Nynn n’avait échappé à personne. Nynn toucha à nouveau son bandeau, puis crispa les doigts.
« On y va, dit-il. On doit être sortis d’ici avant la nuit. »
Myrthe échangea un regard avec Deip. Elle voulut prendre la main de Nynn, il refusa.
« On y va », répéta-t-il.
Sans insister, Myrthe prit la tête, Nynn la suivit. Enroulant le fil derrière eux, Deip fermait la marche. Juste avant de quitter la clairière et de pénétrer les bois, il tendit l’oreille et tourna la tête vers la petite maison.
Il avait cru entendre un rire.

(fin/à suivre/whatever)

1267 mots

originale, originale - couple : gen

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