(no subject)

May 26, 2007 13:01

Parce que j'ai fait un concours où il y avait une image de Banana Fish, et que j'ai jamais écrit sur ce manga, et que c'est une honte, et que j'ai eu envie d'écrire un petit truc, d'un coup...

Une aube à New York

Il est cinq heures du matin.
Le jour pointe à peine derrière les rideaux tirés. Ash pourrait apercevoir les premiers rayons s'il écartait les pans de tissu, ou si leurs lits étaient face aux fenêtres. S'il n'y avait rien à protéger.
Là dehors, la rue s'éveille, les rats s'ébrouent et se dispersent au son des premiers passants. Ash ne sait pas si c'est le souvenir fantômatique de corps répugnants sur le sien ou le claquement d'un coup de feu tout proche qui l'a tiré du sommeil.
Eiji a gémi au cri étouffé d'Ash; une expression angoissée déformait son visage, comme s'il avait senti le malaise de son compagnon de chambre, comme si même endormi, il ne le laissait pas seul dans les tempêtes. Le coeur d'Ash s'est gonflé d'un mélange déchirant de tristesse et d'apaisement.
Il s'est approché du lit de son ami, a repoussé quelques mèches de cheveux noirs, et Eiji était vulnérable à vous serrer la gorge. Quelqu'un à protéger. Un dernier éclat de pureté dans l'âme d'Ash.
Il s'est penché en avant pour déposer un baiser comme un soupir sur le front du jeune homme. Eiji ne s'est pas troublé; le visage du dormeur s'est apaisé. Ash a allumé l'ordinateur.
Bientôt, quand l'aube cruelle se sera enfuie comme une voleuse, Ash laissera les rapports financiers concernant les filialles appartenant à Papa Dino. Il se glissera entre ses draps encore humides d'une sueur froide et attendra sans bouger que son ami s'éveille, s'étire, se lève pour aller préparer un petit déjeuner à peine mangeable. S'il ne sent rien de suspect, Ash se laissera aller à un sommeil léger, jusqu'à ce qu'Eiji vienne enfin le tirer du lit, lui fourrer dans le bec une tartine trop cuite.
Le plus drôle, dans toute cette situation, c'est qu'un adolescent comme lui se trouve à ressentir une culpabilité de cinquantenaire.
Les premiers rayons glacés de soleil ne doreront jamais la peau d'Eiji. Il ne pourra jamais rester ici sans avoir besoin de la protection d'une ombre bienfaisante. Sinon, il mourra.
Et pourtant, Ash ne peut le laisser partir, ne peut renoncer à cette cuisine japonaise abominable, ne peut se résigner à rester seul au milieu de ce cauchemar. Pas après avoir goûté à la présence d'Eiji.
Il se sent faible, cruel, détestable. Il s'abîme dans les colonnes de chiffres.
Il est cinq heures du matin.

fic

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