Titre : une bière, deux bières, trois bières...
Fandom : le fils du cerf (orginale)
Prompt : café (lieu)
Medium : fic, 769 mots
Rating : G
Résumé : Olive et Ludo passent le temps au Chamois, un mercredi après-midi.
Faute d'autres participants pour pouvoir faire une belote, Ludovic et Olive jouaient à la bataille. Une vraie bataille, en somme, où chaque affrontement de carte voyait le perdant se venger par un coup de pied, un lancé de capsule de bière ou, une fois les munitions épuisées de ce côté-là, par le lancer des billes d'argiles venant du bac de plante derrière Olive.
Olive avait commencé et Ludovic avait soigneusement récolté les billes lancées par son camarade pour se constituer sa propre réserve de munitions. Et des munitions, il en avait ; il avait récupéré trois as et tous les rois, Olive n'avait plus la moindre chance. Et se vengeait à qui mieux mieux.
« Et voilà ! On applaudit le vainqueur ! » fanfaronna Ludovic en ramassant les dernières cartes.
Olive lui titilla le tibia du pied et Ludovic recula ses jambes avec précaution ; Olive portait les chaussures avec lesquels il aidait son grand-père à la ferme, de bonnes grosses godasses de sécurité aux bouts ferrés. Pour sa part, Ludovic n'avait qu'une pauvre paire de tennis aux pieds. Elles ne faisaient pas le poids.
« On fait la revanche ?
Et comment ! répliqua Olive avec un sourire carnassier. Je vais te rétamer ! »
Ludovic lui laissa les cartes pour qu'il mélange et redistribue le jeu, profitant d'avoir les mains libres pour boire une gorgée à sa bouteille de bière. Tout du moins, pour essayer : la dite bouteille était vide. Il la lorgna d'un air malheureux avant de se retourner pour appeler Julien :
« Juju ! Tu nous ravitailles steuplé ?
- Encore ? Vous êtes des trous ma parole ! » s'exclama le propriétaire du Chamois de derrière son comptoir.
Deux habitués installés de l'autre côté du café ricanèrent au-dessus de leur bol de cacahouètes.
« Vous n'avez qu'à boire votre coca, Jacques ne m'a avancé que pour une bière, et vous en avez déjà sifflé deux chacun !
- S'il te plait ! piaula Ludovic.
- S'il te plait ! » couina Olive en écho.
Julien renifla en fixant les deux garçons qui lui faisaient les yeux doux, ayant au passage l'air plus que ridicules.
« Venez les chercher », fit-il finalement en posant deux bières sur le comptoir, une blonde et une brune.
Olive s'élança de derrière sa table et fut au comptoir en trois grandes enjambées. Ce gamin avait toujours été grand pour son âge, mais vu sa taille à quatorze ans, Julien se demanda si Olive passerait toujours la porte du Chamois sans avoir besoin de se baisser d'ici quelques années. Olive attrapa les bières et un décapsuleur et retourna tout souriant à sa place avec son butin.
Ludovic avait repris les cartes et les redistribuait, tandis qu'Olive décapsula les deux bouteilles, rajoutant deux capsules aux munitions. La partie reprit, entrecoupée de lancé de capsules et de billes, d'exclamations et de rires. Les gamins n'étaient plus très nets, songea Julien avec une pointe de remord, et se jura que c'était la dernière bière qu'il leur laissait, tout en les rajoutant sur l'ardoise de Jacques.
Le regard de Julien fut attiré vers l'extérieur lorsqu'il aperçut Annette Duschène traverser la place devant l'église et se diriger vers le Chamois.
« Vingt-deux les mômes, Mamie en vue ! » lança-t-il.
Olive et Ludovic lâchèrent leurs cartes et s'empressèrent de dissimuler les preuves, c'est-à-dire les bouteilles. Lorsque la grand-mère d'Olive passa la porte du bistrot, les deux garçons jouaient sagement à la bataille en buvant leur coca - Julien se savait quitte pour aller récupérer les bouteilles dans les plantes vertes derrière Olive.
« Vous êtes encore là ? demanda Annette après avoir salué Julien.
- On n'a pas fini notre coca, argumenta Olive en lui montrant le verre quasi-plein.
- ça m'étonnerait que ce soit votre premier, et papy n'a pas payé que vous vidiez les réserves de Julien. Finissez rapidement celui-là et rentrez, j'ai croisé ta mère, Ludovic, elle t'attend d'ici dix minutes à la maison.
- Ouh la, marmonna Ludovic en s'empressant de boire une rasade de coca.
- Dépêche-toi Olive, rajouta Annette en fixant son petit-fils. Papy t'attends pour aller réparer la clôture du champ des génisses.
- Ah ouais, j'avais oublié ! »
Les deux garçons terminèrent leur coca, rendirent les cartes et le décapsuleur à Julien et s'en furent, non sans bruits. En voilà deux qui allaient passer une bonne fin d'après-midi, avec leurs deux bières et demi dans l'estomac, songea Julien en espérant que ni Annette Duschène, ni Marie Puichard, la mère de Ludovic, ne se rendent compte de quoi que ce soit.