Titre : L’anniversaire
Titre original : Party Of Two
Auteur original :
californiaquail Traductrice : Sganzy
Disclaimers : Pas à moi, pas de sous
Genre : House/Wilson friendship, drame
Résumé : Il était plus facile de donner aux autres des raisons de l’exclure plutôt que de se demander ce qu’il avait pu faire de travers.
N/A : Je suis tombée sur cette fic il y a quelques semaines et comme ça parlait d’anniversaire et que le mien était bientôt…me suis dit que je la posterais pour ce jour là. Donc voilà.
Ca diffère pas mal de ce que j’écris ou traduis d’habitude, mais j’avais bien aimé, donc j’espère que ça sera aussi le cas pour vous.
Tiens ça faisait longtemps que LJ et ses limitations ne m'avaient pas fait ch**r! >_<
HHHHHHHHHHHHHHHHH
Tout était prévu depuis des lustres, bien avant que Wilson ne commence à sortir avec Debbie de la compta et que House se réfère à elle comme Amber 2.
House avait acheté deux tickets pour l’événement local de Monster Truck longtemps à l’avance, pour être sûr d’avoir une place malgré la liste d’attente. Ils étaient chers et allaient avec une assurance. Mais au final, Wilson et lui auraient leurs propres véhicules à démolir. Même si Wilson n’était pas du genre à démolir des choses, il avait accepté de venir, parce que ça serait le cinquantième anniversaire du diagnosticien et qu’il était heureux que House ait décidé de marquer le coup
Ce jour là, Wilson et House déjeunent ensemble, ce qui relève de l’exploit puisque Wilson n’est jamais plus disponible pour déjeuner ces temps-ci. Ils ne l’ont pas fait depuis qu’il a commencé à sortir avec Debbie, six semaines auparavant. Il passe tout son temps libre avec elle maintenant, ce qui est facilité par le fait qu’ils travaillent dans le même bâtiment. Mais aujourd’hui, il est libre. Elle profite apparemment de sa pause déjeuner pour aller chez le coiffeur.
House se montre très conciliant, du moins en comparaison avec son comportement de la dernière fois, celui qui l’avait amené à demander la garde partagée de Wilson. Cette fois, House essaie de garder son calme, de ne pas s’en mêler, même s’il ne sait pas vraiment en quoi ce principe consiste. Ce n’est pas comme si Wilson l’avait quitté. Son bureau est juste à côté. Il est toujours disponible pour des consultations. Ils se voient toujours dans l’ascenseur et sur le parking. Et House a décidé que traîner parfois avec Chase et Kutner ne le rend pas pathétique, même s’il est assez vieux pour être leur père.
Il pique une frite à Wilson, l’air de rien, et demande s’il est prêt pour ce soir. Wilson a l’air perdu et rappelle à House qu’il aurait du se souvenir que ce soir, il va à l’opéra avec Debbie et qu’il quitte même son travail plus tôt pour aller chercher son smoking à la teinturerie.
- Ouais, est tout ce que House lui répond.
Il est convaincu que c’est une blague. Une blague pas drôle du tout, mais il met ça sur le compte de son propre humour que Wilson essaie d’imiter sans succès. Il attend quelques secondes que l’autre homme se mette à rire, mais bien entendu, ça ne se produit pas. Ils finissent de déjeuner en silence.
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
House arrive chez lui aux alentours de cinq heures et s’assied sur le canapé, se demandant s’il doit se préparer quand même. Alors qu’il regarde les tickets sur la table basse, il repense à toutes les déceptions de sa jeunesse : le lapin qu’on lui avait posé au bal de l’école, ne jamais avoir de petite amie pour la St Valentin, n’être invité à aucune des fêtes organisées par ses camarades. Enfant, il ne comprenait pas en quoi il était si repoussant. Alors, adulte, il avait décidé que sa meilleure défense serait une bonne attaque. Il était plus facile de donner aux autres des raisons de l’exclure plutôt que de se demander ce qu’il avait pu faire de travers.
Dix neuf heures arrive et repart, et il comprend que Wilson ne viendra pas. Mais il va vérifier la date sur son ordinateur, puis sur son agenda pour être sûr qu’il ne s’est pas trompé, peut-être que son anniversaire est demain en fait, ou le mois prochain. Evidemment, ce n’est pas le cas.
Il se sent stupide, crédule et stupide. Alors, il boit quelques verres. Il se sent toujours stupide alors il boit un peu plus. Se saouler n’a jamais rien résolu. Ca fait juste moins mal qu’être sobre.
Il hésite à appeler une prostituée, ou peut-être acheter quelques joints aux voisins du haut. Il réalise qu’il n’avait pas été aussi impatient qu’il l’était de cette soirée depuis bien longtemps. Il se sent seul, pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. En général, il préfère la solitude, il l’a même bien cherchée. Mais c’est un autre type de solitude. C’est comme s’il n’avait aucune connexion avec d’autres êtres vivants, d’autres humains. Récemment, les choses qui lui apportaient un peu de plaisir paraissent si vide de sens. Elles ne valent plus le coup.
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
C’est au milieu du deuxième acte de Pagliacci, quand Debbie se penche vers lui et murmure dans l’oreille de Wilson que son grand frère plein aux as donne un réception pour ses quarante ans et veut qu’ils viennent et passent le weekend dans les Hamptons que Wilson a son épiphanie. Il ne peut alors pas s’empêcher de lâcher un audible « Eh merde » qui ne semble pas plaire aux gens alentours, ni à Debbie qui ne comprend pas ce qu’il lui prend. Il s’excuse rapidement et s’engouffre dans l’allée.
Il se précipite vers le hall, espérant que son portable captera un réseau. Il finit par prendre l’ascenseur et sortir de théâtre avant de téléphoner. House ne répond pas chez lui, ni au travail, ni sur son portable. Wilson ne laisse pas de message, il ne sait pas quoi dire de toutes façons. « Salut, c’est moi. Désolé d’avoir gâché ton anniversaire » ne paraît pas vraiment adéquat.
Wilson hésite un long moment avant de décider d’aller voir la fin de l’opéra. Le mal est déjà fait et ça ne servirait à rien de gâcher la soirée d’une personne de plus. Debbie et lui restent jusqu’à la fin, puis il la raccompagne et file assumer les conséquences de ses actes.
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Il est un peu plus de onze heures quand Wilson arrive à l’appartement. La seule lumière vient de la télévision qui diffuse des pubs pour une retraite paisible en Alaska. House a l’air très saoul, encore plus qu’à l’accoutumer. Il a cette lueur que Wilson a appris à comprendre au fond du regard. Une bouteille de whisky vide et un verre sont posés sur la table basse. L’estomac de Wilson se serre parce qu’il ne sait pas si le fait que House soit saoul va aller en sa défaveur ou à son avantage.
- Je n’ai pas….
Il frotte l’arrière de sa nuque, essayant de trouver les mots justes.
- Je suis désolé.
- Ca va, réplique House sans détourner les yeux de la télévision.
Mais ça ne va. C’est même loin d’aller. Il ne sait juste pas quoi dire d’autre. Il ne veut pas en parler, ni maintenant, ni jamais. Il ne s’attendait pas à ce que Wilson vienne, pas ce soir. Il espérait que d’ici à ce que Wilson s’en souvienne, assez de temps serait passé pour que ça ne fasse plus mal. Il pourrait alors faire comme si ça n’était rien et passer l’éponge.
Pour la première fois depuis des années, House craint que certains mots ne le fassent pleurer. Il ne veut pas de témoin si ça arrive, surtout pas Wilson.
- Ca ne va pas, proteste l’autre homme.
- Ca va, répète House.
- C’est….On devrait faire quelque chose, balbutie Wilson. On a qu’à sortir….
House lève les yeux avec curiosité. Ces six dernières semaines, ils n’ont rien fait ensemble et Debbie est dix fois plus agressive et possessive que l’était Amber. Elle a même un tazer dans son sac à main. Il doute qu’elle lui laisserait Wilson pour quelques heures, encore moins une soirée entière.
- Pourquoi ?
- Pour…Je ne sais pas…Célébrer ?
- Célébrer, répète House.
Il déglutit difficilement, ses yeux le brûlent. Ses peurs étaient fondées apparemment. Excepté qu’il n’a même pas besoin de plusieurs mots. Juste un. Un mot qu’il hait depuis toujours.
- Célébrer quoi ?
- Ton anniversaire, House.
Il inspire profondément et essaie de refouler ses émotions. Ca ne marche pas. Il est trop saoul pour s’en soucier.
- C’est rien.
- Ce n’est pas rien. C’est…important.
- Apparemment, pas tant que ça.
Wilson se met sur la défensive, parce qu’il s’est déjà excusé et que même s’il sait qu’il a commis une erreur, il essaie d’arranger les choses et ça devrait être pris en considération.
- J’ai oublié, ok ? Je suis désolé…Tu avais prévu ça depuis des mois. Tu…Tu aurais du me le rappeler.
- Ouais, c’est ma faute.
- Ce n’est pas ce que j’ai dit.
- Si, ça l’est.
Wilson soupire et se laisse tomber sur le canapé.
- C’est pas comme si…, commence House.
Il sait que Wilson ne partira pas sans avoir la sensation d’avoir obtenu l’absolution, ou du moins, sans avoir rationnalisé sa culpabilité. Plus vite ça arrivera, mieux ça sera.
- Je n’ai jamais rien fait de toutes façons, pour mon anniversaire.
- Comment ça ?
- Quand j’étais enfant.
Wilson essaie de comprendre.
- Tu n’as rien fait…Tu veux dire…Tu ne recevais pas de cadeaux, ne faisais pas de fête, ni rien ?
Le rire de House est amer. Il recevait des cadeaux parfois, de ses grands-parents ou de ses tantes, la plupart du temps, c’était des pulls de la mauvaise taille ou des livres qu’il avait passé l’âge de lire. Mais l’idée que quelqu’un ait pu organiser une fête en son honneur était la chose la plus absurde qu’il ait jamais entendu. En cinquante ans, il n’avait jamais eu de fête, pas un seul anniversaire, pas même une fête pour sa remise de diplôme, ou pour son départ ou son retour de la maison. Evidemment, il était en grande partie responsable de ça, il disait à ses petites-amies ou aux rares collègues qu’il avait cotoyé qu’il préfèrerait crever plutôt que de fêter le jour de sa naissance. Ce n’est pas comme si quelqu’un avait insisté ou avait osé le faire quand même. Ils devaient même être soulagés de pouvoir s’épargner l’effort.
- Non.
Wilson ne s’y fait toujours pas.
- Jamais ?
Si House avait été sobre, il aurait choisi de se taire, de garder ça pour lui. C’est uniquement parce qu’il est saoul qu’il balbutie.
- Mon père disait…Qu’il n’y avait pas de raison de célébrer une erreur.
Ces mots semblent tomber sur Wilson comme une ancre lâchée de cent mètres de haut.
- Oh…House.
Mais, étrangement, House n’a pas l’air affecté par ses propres mots.
- Ca va, ok ? Je n’en ai pas besoin. J’ai l’habitude.
- Tu n’es pas une erreur.
- Je le suis, en fait…même si c’est probablement politiquement plus correct de dire « un bébé surprise ». Il ne voulait pas d’enfant. Ma mère…S’il était là, on en parlait pas. On ne faisait rien. Elle ne le marquait même pas sur le calendrier. Parfois, il n’était pas là et elle me faisait un gâteau. Une fois, on a été au cinéma.
- Dis moi quoi faire. Je ferais ce que tu veux.
House se penche en avant et prend son verre sur la table. Il commence à le remplir avant d’abandonner et de boire directement à la bouteille.
- Tu vas me faire un gâteau…M’acheter un poney ?
- Non…Mais il doit bien y avoir…
- Je veux que tu partes maintenant.
- Je…Pourquoi ?
- Parce que tu ne peux pas arranger les choses, parce que tu ne devrais pas avoir à le faire. Je ne suis pas « réparable ». Je ne l’ai jamais été.
Ces mots sonnent comme une fatalité qui désespère Wilson.
- Qu’est ce que tu veux, House ? Quoique tu veuilles pour ton anniversaire, je te l’achèterais. Je veux…Je veux faire ça pour toi…
- Mon anniversaire, c’était hier, explique calmement House avec un mouvement de tête vers l’horloge qui indique minuit trois. C’est fini maintenant.
- S’il te plait, dis moi ce que tu veux.
- Pourquoi ?…Pour que tu puisses rentrer chez toi en ayant l’impression d’être quelqu’un de bien ?
- House…Je me sens mal.
- Bien.
- Comment ça « bien » ?, s’emporte Wilson.
House boit une nouvelle gorgée à même la bouteille et serre les dents.
- Tu sais ce que j’ai réalisé, Wilson ? Parfois…je te déteste vraiment.
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
- Tu devrais organiser une fête, dit Debbie, la tête posée sur le ventre de Wilson.
Elle ne comprend pas où est le problème, c’est un adulte, nan ? Alors pourquoi est ce qu’il fait tout un drame d’un simple anniversaire ? Elle travaille dans le même bâtiment que House depuis dix ans. Elle ne le connaît pas vraiment. Elle ne connaît de lui que ce qu’elle a vu et ce qu’elle a entendu sur lui. D’après tout ça, il est loin d’être du genre sensible.
- Il ne voudrait pas…Il n’est pas vraiment du genre à aimer faire la fête, explique Wilson. Il déteste les gens, pour commencer.
Elle retrousse son nez.
- Alors qu’est ce que ça peut lui faire que vous n’ayez pas fêté son anniversaire ?
- Je ne sais pas, soupire Wilson.
Il ment, il le sait. House ne met pas d’entrain à grand chose, mais il était heureux de faire ça. C’était comme ce rally de Monster Truck que Wilson avait annulé pour pouvoir aller à son rendez-vous secret avec Stacy Warner. House lui avait montré les tickets il y a neuf mois, sautant presque d’excitation comme un gosse. Wilson avait alors pensé que ça pourrait leur faire du bien de faire quelque chose qu’ils aimaient tous les deux, que les choses pourraient redevenir comme avant Amber.
Puis, il a commencé à sortir avec Debbie, a été distrait et a oublié.
Ce n’est pas comme s’il l’avait fait volontairement. Il voulait y aller aussi. Il a juste oublié. Malgré le fait que c’était intentionnel, il est pourtant hanté par les mots de House, ceux de son père lui disant qu’il n’y a pas de raison de célébrer une erreur. Il ne comprend pas quel genre de personne peut dire ça à un enfant, à son enfant. Il aimerait croire que c’est faux, que c’est l’alcool qui l’a fait exagérer les propos, excepté que ça paraît logique et que ça expliquerait beaucoup de choses.
Et puis, il y a le fait que House ait dit à Wilson qu’il le déteste. Ils se sont déjà disputés, ne se sont pas parlé pendant un moment. Ils se sont déjà dit des choses horribles, récemment même. Mais jamais aucun d’eux n’avait un jour prononcer les mots « je te déteste ».
Wilson considère que c’est grave. Il ne sait pas s’il doit suivre les conseils de House et ne pas essayer d’arranger les choses, ou l’ignorer et faire de son mieux quand même. Plus important, il n’est pas sûr d’être motivé par la culpabilité ou s’il se fait vraiment du souci pour son ami.
TBC...