[Défi Soldes/1, 2, 3 nous irons au bois] Le Tue-Loup

Aug 31, 2011 13:25

Titre : Le Tue-Loup
Auteur : soleil_ambrien
Type : fanfic
Défi : « 1,2,3, nous irons au bois »
Persos/Pairing : Severus, Remus, troisième point vue surprise (enfin, me connaissant, il est pas tellement surprenant, en fait, mais bon)
Rating : PG
Disclaimer : C’est J.K. qui a commencé avec les sous-entendus slash, pas moi !
Nombre de mots : 2 885 et des patates

Le Tue-Loup

Severus passa en coup de vent récupérer le manteau qu’il avait oublié dans la Grande Salle. Il était pressé ; pas la moindre minute à perdre. Quelqu’un d’ordinaire se serait dit qu’il valait mieux le laisser tranquille, dans ce genre de cas. Mais Remus Lupin n’était pas quelqu’un d’ordinaire, évidemment, et cet empêcheur de tourner en rond l’aborda, un léger sourire aux lèvres.

« Où vas-tu, Severus ? » lui demanda-t-il d’une voix très douce. Il avait toujours cette voix lorsqu’il s’adressait à lui. Ce n’était pas de la condescendance, du moins, cela n’y ressemblait pas. Il ne s’agissait pas non plus de compassion. Plutôt d’une sorte de gentillesse innée. Qu’est-ce que cela l’énervait !

Pour être honnête, Severus aurait dû reconnaître que le professeur de Défense contre les Forces du Mal parlait de cette manière à tout le monde. Mais Severus n’était pas souvent honnête avec lui-même. Surtout si cela concernait un Maraudeur.

« Potion Tue-Loup », gronda-t-il d’un ton peu amène. Si seulement cette décoction portait bien son nom, et pouvait vraiment le débarrasser du loup-garou ! Ce serait un vrai bonheur. Mais non, elle ne ferait que le rendre inoffensif lors de la nuit de pleine lune. Rien de bien palpitant.

« Je viens avec toi, décida l’autre professeur sur un coup de tête. Tu veux bien ? »

Comment exactement est-ce qu’il avait compris que sa phrase, volontairement laconique, signifiait en fait « J’ai besoin de renouveler mes fournitures en allant dans la Forêt Interdite, pour te refaire de la potion Tue-Loup » ? On avait beau dire, les compétences sociales de ce satané loup-garou étaient bien développées, quand même.

Il accepta d’un air bourru, et les voilà partis.

*

« Tu connais bien la Forêt, on dirait », commenta Remus d’un ton admiratif. Il venait de se prendre les pieds dans une racine pour la cinquième ou sixième fois, alors que son compagnon de marche ne s’était pas cassé la figure une seule fois.

« Évidemment », siffla Severus d’un ton glacial. Non, vraiment, il n’avait pas envie de faire la conversation. Ce n’était pas la première fois que le loup-garou l’accompagnait depuis le début de l’année, et pourtant, il était toujours aussi maladroit. C’était carrément désespérant.

« C’est vrai que toi, tu y vas tout le temps », poursuivit Lupin, qu’apparemment cela n’embêtait pas de parler tout seul. Déjà, lorsqu’ils étaient élèves ensemble, cela lui arrivait de venir lui tenir la jambe quand les autres Maraudeurs s’étaient absentés. Le genre de conversation inutile, où un seul des deux parle alors que l’autre hoche la tête en grommelant.

« Hum-hum », grommela Severus en hochant la tête.

Voilà, exactement ce genre de discussion-là.

« Moi, j’ai pas l’habitude d’y aller sous forme hum... d’y aller », se rattrapa-t-il de justesse. Severus fit mine de ne pas avoir entendu. De toute manière, y avait prescription. Ça faisait presque trente ans que le chapitre était clos.

Un instant, le maître de Potions fut proprement horrifié de découvrir qu’il n’était pas plus dérangé que ça par les entorses passées de Lupin au règlement. Normalement, il aurait dû énormément lui en vouloir (d’autant plus qu’il avait quand même failli le tuer à l’occasion) mais non. Rien du tout. À la limite, sa haine se dirigeait davantage vers Black, qui avait tout manigancé. Mais Lupin lui semblait juste victime de la mauvaise blague, autant que lui.

Quand il rentrerait, il devrait se boire un bon philtre de Paix, ou même du népenthès pour oublier ça. Pas ce qui s’était passé il y a vingt-sept ans de cela, non. Juste le trip « cueillette de champis en forêt avec un ex-pire ennemi ». Enfin, plutôt avec un ex-sidekick de pire ennemi. Ou bien… Il laissa tomber les définitions et se contenta de marcher.

Il en arriva au point où il se dit que ça pourrait être pire, quand il se souvint soudain que l’endroit où l’on trouvait le plus facilement du napel, dans la Forêt Interdite, c’était la clairière des Acromantulas. Magnifique. Il avait aussi besoin de champignons sauteurs, mais ça, on en voyait un peu partout.

« Je peux t’aider ? » l’interrogea son compagnon d’infortune lorsque l’un des champis magiques lui bondit à la figure. Non, non, comme tu le vois, je m’en sors parfaitement tout seul et je ne suis pas du tout en train de me faire attaquer par un végétal déchaîné.

« Niarghplbm », répliqua-t-il tandis que le champignon lui couvrait la bouche.

Quelle belle journée.

*

La confrontation aux araignées géantes s’avéra moins pire que prévu. À la limite, la mission furtive de cueillette d’aconit* aurait presque pu marcher, si Lupin n’avait pas encore trébuché. Réflexion faite, ce n’étaient ni les champignons bondissants, ni les araignées géantes, la cause de ses problèmes. C’était juste son collègue.

« Désolé pour tout à l’heure, lui confia-t-il une fois qu’ils avaient échappé aux sales bêtes. Je crois que j’ai fait un peu de bruit.
-Non, vraiment ? rétorqua-t-il. La prochaine fois, amène tout de suite l’orchestre, avec la grosse caisse et les cymbales, ce sera plus discret. »

Il lui sourit d’un air contrit.

« Excuse-moi, souffla-t-il. C’est quoi, la dernière chose sur ta liste ?
-De la sève de Saule Cogneur.
-Ah, c’est marrant, parce qu’il a été planté à cause de moi, nota Lupin. Et maintenant, il m’aide de nouveau lors de mes transformations, mais d’une manière différente… »

Severus s’assombrit brusquement. Il n’aimait pas se souvenir de cette période, où il tentait de découvrir ce que Potter et les autres fabriquaient une fois par mois. Et quand il avait vraiment vu tous ses soupçons confirmés, il avait failli mourir. Tu parles d’une découverte.

« En tout cas, c’est une bonne nouvelle, reprit Lupin en constant son malaise. On pourra sortir de la Forêt ! »

Severus hocha la tête. C’était une bonne chose, en effet. Et c’était aussi bien que le Maraudeur lui ait dit comment immobiliser l’arbre. En lisant la recette de la potion Tue-Loup, il avait eu un peu peur de devoir se faire tabasser une fois par mois, juste pour recueillir le précieux liquide.

Quoique, si on calculait moins bien sa trajectoire que d’habitude et qu’on ramassait un bâton qui se trouvait dans le rayon de l’arbre belliqueux, on se faisait frapper quand même.

Après mains coups et blessures (dont Lupin le soigna dans la foulée), Severus réussit tout de même à immobiliser le Saule récalcitrant, et à le saigner de manière à récupérer un flacon de sève. Voilà. Si on ajoutait à ça les éléments dont il disposait déjà, il avait maintenant tous les ingrédients pour composer un nouveau chaudron de potion.

Lupin lui était très reconnaissant de le voir réaliser tous ces efforts juste pour lui, et lui tint compagnie jusqu’aux cahots. Et évidemment, pas en silence. Mais qu’avait-il fait dans une vie antérieure pour mériter ça, bon sang ?

Arrivé au seuil de sa salle de classe, il fit mine de lui claquer la porte au nez, mais Lupin s’inscrusta.

« Oh, je peux te regarder la composer ? lui demanda-t-il, enthousiaste. Je n’arrive vraiment pas à en faire moi-même.
-Tu m’as déjà regardé faire trois fois, lui rétorqua Severus d’un ton cassant, et tu n’y comprends jamais rien.
-Oui mais peut-être que ce mois-ci, ce sera la bonne ? proposa le loup-garou. Et puis, j’aime bien te voir réaliser des potions. » Il effectua une pause. « Tu es vraiment adroit. »

Il ne répondit pas, mais toléra sa présence. Pour être honnête, ce n’était pas si désagréable. Il se dégageait de Lupin une sorte de bienveillance diffuse qu’on lui accordait très rarement. De plus, on ne le complimentait presque jamais sur ses talents. Il devait avouer que c’était agréable.

« D’accord », maugréa-t-il.

***

Leur ancien souffre-douleur revint chercher son lourd manteau d’hiver dans la Grande Salle. Remus n’avait jamais pu se pardonner de n’avoir rien fait pour le défendre, alors qu’il était préfet. Les blagues de James s’avéraient rarement drôles, et presque toujours de mauvais goût. Et pourtant, il y avait assisté sans rien dire.

Il se sentait coupable. C’était peut-être pour cela qu’à présent, il essayait d’être le plus gentil possible avec Severus. Ce dernier ne semblait pas très bien accueillir ses efforts, mais il essayait du mieux qu’il le pouvait.

« Où vas-tu, Severus ? » s’enquit-il donc. Son interlocuteur sembla agacé par sa simple présence, mais lui répondit tout de même, bien que lapidairement.

« Potion Tue-Loup. »

Ah, en effet, la pleine lune approchait. Il se sentait déjà fatigué. Il était temps pour Severus de refaire de la potion, et il avait sans doute besoin de renouveler ses stocks en allant dans la Forêt Interdite.

« Je viens avec toi, lui proposa-t-il en mettant son propre manteau élimé. Tu veux bien ? »

L’autre se contenta d’un hochement de tête vague et d’un grognement.

Je prends ça pour un oui.

Direction, la Forêt.

*

L’opération s’avéra plus délicate que prévu. Ses chaussures, en bout de course, n’étaient vraiment pas adaptées au terrain. De plus, il ne cessait pas de trébucher. À ses côtés, Severus évoluait sans encombre dans ce milieu.

« Tu connais bien la Forêt, on dirait », l’admira-t-il. C’était aussi une tentative de commencer la conversation. Le sujet n’était pas pire qu’un autre.

« Evidemment », siffla son collègue. Le ton n’était pas très amical. Il fallait s’y attendre, avec leur passé. Remus ne se découragea pas et poursuivit :

« C’est vrai que toi, tu y vas tout le temps. » Pas seulement pour la potion Tue-Loup, mais pour son métier en général. Aussi loin qu’il s’en souvienne, Severus avait toujours été le meilleur en Potions. Il était plus fort que lui - alors que Remus obtenait d’excellents résultats partout. Loin de lui en vouloir, il en avait conçu une sorte d’admiration, qui faisait rire James et soupirer Sirius. Indifférent à leur réaction, il avait souvent essayé de nouer des liens d’amitié avec Severus, ne serait-ce qu’en discutant avec lui.

Cette idée le ramena à ses souvenirs de Poudlard, et pris dans cet élan, il manqua de justesse lui avouer qu’il s’était déjà déplacé dans la Forêt Interdite sous forme animale. La gaffe. Étrangement, Severus n’eut aucune réaction. Il était pourtant trop intelligent pour que cela lui ait échappé. Bizarre.

De toute manière, son collègue se mit de à ramasser des champignons sauteurs, un peu comme pour couper court à la conversation. Cela se passait assez bien, et on voyait qu’il en avait l’habitude - jusqu’au moment où l’un d’eux lui bondit au visage.

« Je peux t’aider ? » le questionna-t-il timidement. En réponse, il n’obtint qu’une sorte de borborygme inintelligible.

Je prends ça pour un oui, en conclut-il avant de l’aider.

*

Manque de chance, ce fut de sa faute si les Acromantulas les repérèrent. Severus lui avait auparavant expliqué que la clairière des araignées géantes était l’endroit où l’on trouvait le plus de napel, et avait donc mis en place un plan pour y aller de manière discrète. Une tentative qui échoua lamentablement lorsqu’il buta sur une souche et qu’il s’étala de tout son long par terre.

Enfin, ce problème était derrière eux, maintenant. Mais il tenait tout de même à s’excuser.

« Désolé pour tout à l’heure, lui affirma-t-il, l’air contrit. Je crois que j’ai fait un peu de bruit.
-Non, vraiment ? répliqua Severus. La prochaine fois, amène tout de suite l’orchestre, avec la grosse caisse et les cymbales, ce sera plus discret. »

Penaud, Remus lui adressa un pauvre sourire.

« Excuse-moi, lui murmura-il. C’est quoi, la dernière chose sur ta liste ?
-De la sève de Saule Cogneur.
-Ah, c’est marrant, parce qu’il a été planté à cause de moi », se rappela Lupin.

À bien y réfléchir, la situation se révélait fort amusante.

« Et maintenant, il m’aide de nouveau lors de mes transformations, mais d’une manière différente… »

Il s’interrompit en constatant que Severus n’aimait pas trop qu’on lui rappelle le véritable rôle du Saule Cogneur - ce qui était compréhensible.

« En tout cas, c’est une bonne nouvelle. On pourra sortir de la Forêt ! »

Ce fut un peu galère de recueillir la sève, même en sachant l’astuce du nœud sur lequel appuyer avec un bâton, mais Severus s’en sortit tout de même assez bien. Enfin, il avait pris quelques coups dans l’opération, mais rien de grave. Par acquis de conscience, Remus le soigna. C’était tellement gentil de sa part d’effectuer cette potion !

Empli de sollicitude, il l’accompagna jusqu’aux cachots, en devisant gaiement. Severus allait le mettre à la porte, lorsqu’il lui demanda s’il pouvait rester le regarder composer le Tue-Loup. Severus lui rappela que c’était déjà la quatrième fois, mais il insista, et son collègue finit par céder.

« Et sinon… » Il s’éclaircit la gorge, mal à l’aise. « Est-ce que ça te dirait d’aller prendre un verre à Pré-Au-Lard, ce soir ? » Un petit silence suivit. « Je te dois bien ça », se justifia-t-il d’un ton peu assuré.

Severus suspendit l’opération qu’il était en train de réaliser et le fixa dans les yeux. Remus remarqua qu’on n’y discernait aucune colère. Juste de la surprise - bien que les traits de Severus soient, quant à eux, restés inexpressifs. Et aussi une autre lueur, qu’il avait du mal à identifier.

Puis, lentement, presque solennellement, son collègue hocha la tête. Il ne dit pas un mot de plus.

Je prends ça pour un oui. Bon sang, je me serai dit ça vraiment beaucoup de fois, aujourd’hui.

***

Tiens, Severus avait encore fait exprès d’oublier son manteau dans la Grande Salle. Il était sans doute certain que personne n’avait rien remarqué, mais Dumbledore n’était pas dupe. Le professeur de Potions n’avait jamais été une tête de linotte ; ce n’est pas dans son caractère d’oublier quelque chose. Si, depuis le début de l’année, il laissait systématiquement traîner des objets là où se trouvait Remus, ce n’était pas un hasard.

À la réflexion, le directeur doutait que ce soit programmé, d’ailleurs. Ce n’était pas le genre de la maison de s’attarder volontairement auprès de la personne qui lui plaisait. C’était plutôt une stratégie inconsciente de sa part. Mais elle marchait bien, c’était évident. La preuve, c’est que Remus l’accompagnait en forêt, une fois de plus.

Le temps de se concocter un petit sortilège de Désillusion, et Albus les accompagna, invisible. Il était un peu curieux de nature, et les potins l’intéressaient. En l’occurrence, il avait très envie de savoir si les anciens camarades de classe (il n’osait pas formuler mentalement une expression plus piquante) allaient surmonter leur tension sexuelle.

*

Il fut vite déçu. En forêt, la tension était tout, sauf sexuelle. À part Remus qui racontait des trucs, histoire de meubler, et Severus qui l’ignorait, y avait pas de quoi alerter la revue AloHOMOra. Il suivit tout de même la conversation. Autant ne pas être venu pour rien.

Au détour d’un lapsus, il épingla d’ailleurs le petit père Remus. Ha ha ha, apparemment, plus jeune, il avait couru le guilledou sous forme lupine dans la Forêt. Bah, ce n’était pas comme si Albus avait aucun doute, de toute manière. Il n’était pas né de la dernière pluie ! Ni même de l’avant-dernière.

Par contre, il dut retenir un fou rire lorsqu’un champignon sauteur bondit à la figure de Severus. Inutile de se faire repérer bêtement. Du coup, il ne regrettait pas d’être venu. Entre Remus, qui ne savait pas trop comment en débarrasser son collègue, et les gargouillis dudit collègue, la situation était hautement comique. Il décida de l’archiver dans son dossier personnel de choses ridicules, à égalité avec la fois où Minerva s’était faite draguer par Miss Teigne, en dépit de son sexe. Eh oui, les chats (ou du moins, Miss Teigne) étaient bisexuels.

Il pouffa aussi dans son coin quand Remus se prit une gamelle et qu’il alerta les Acromantulas. De son côté, comme il était invisible, il n’avait pas de souci à se faire. En revanche, les deux larrons n’avaient pas pensé à se jeter un tel sort, et se firent un bon petit sprint.

Ensuite, Severus se prit deux ou trois mandales en allant chercher de la sève de Saule Cogneur, et Dumbledore pensa une fois de plus qu’il y avait quelque chose de louche dans cette obstination à composer une potion qui aurait pour but le bien-être de Remus. Il était certain que quelque chose de pas très net se cachait derrière les motivations du professeur de Potions. Si Severus haïssait vraiment autant Remus qu’il le disait, il ne consacrerait pas autant de temps au confort de ce dernier, n’est-ce pas ? Albus décida de lui en toucher deux mots à l’occasion, pour lui ouvrir les yeux. En évitant de mentionner qu’il l’avait espionné, évidemment.

Sans surprise, Remus l’accompagna jusqu’à sa salle de classe. En revanche, d’une manière plus étonnante, il l’invita à dîner. Et Severus accepta. Par Merlin, un rencard !

De plus en plus intéressé par la situation, Dumbledore revint à son bureau (il avait quand même des trucs à faire, mine de rien) mais se promit de revenir observer les deux maladroits plus tard. Ça risquait d’être épique.

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*Oui, l’aconit et le napel constituent une seule et même plante, aussi nommée tue-loup… Révisez vos cours, un peu !

soldes, défi, ss/remus, fanfic

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