Jan 27, 2013 01:28
Tiens, j'ai choisi celle qui était à genoux. Mais dans l'image entière, face à celle qui est debout et qui attend de recevoir, elle a l'air d'être celle qui détient le pouvoir.
Des roses blanches dans mes mains.
Dans la réalité je suis presque toujours en noir. Dans mes rêves je suis presque toujours en blanc. Le blanc du deuil et de la pureté, le blanc des esprits, le coton, les nuages et la mer de lait au-dessus de laquelle flotte le chant sirénien des morts ; le noir, c'est la vie incessamment rongée par la mort, le combat, la douleur et ce qui est physique - les coups. Comme dans ces vieux jeux de plate-forme où le côté gauche de l'écran se rapprochait et où il fallait absolument continuer de courir vers la fin de la partie.
Une inversion, en quelques sortes : le noir est la vie parce que la vie est la mort, le blanc est la mort parce que la mort est la vie. La vie mène sûrement à la mort, la mort intervient sûrement pendant la vie.
Je ne suis même plus sûre de tout comprendre.
Mmh... C'est le moment flottant après la crise. C'est arrivé très vite, cette fois-ci, j'ai presque pas vu la crise m'arriver dessus. TANT MIEUX. Je me suis toujours demandé ce qui provoquait ce sentiment étrange qui venait après, qui n'est ni de la joie ni de la douleur, et qui fait un peu peur - parce qu'on sait qu'en regardant en-dehors... Peut-être un mécanisme de défense pour éloigner le plus dur ? Comme une plaie vivante entourée de gaze et de coton. Je ne ressens plus que de la douceur. Pas une douceur rassurante, je n'ai pas l'impression d'aller bien, c'est juste une mise à l'écart. Une mise à l'écart nécessaire, parce que dehors je meurs.
L'anxiété est partie - ne plus penser, seulement rêver : faire souffrir et mourir un avatar, encore et encore, en faire vivre un autre, loin, dans une bulle de bonheur ridiculement idéalisée et inaccessible. Ne plus chercher d'espoir : s'il n'y en avait plus, c'est qu'il n'y en a toujours pas, inutile de se faire du mal en retournant vérifier. Il reviendra. Sadisme ultime.
J'écoute beaucoup de musique, elle panse mes plaies. J'ai rarement fait ça. Seulement dans ces moments flottants, maintenant que j'y pense... (marcher dehors avec de grands yeux, aimer les fleurs et poser la musique sur chaque pan de nature). Depuis toute petite, la musique ne m'a servi qu'à entretenir ma nostalgie et à raviver les images de ces souvenirs qui ne sont pas à moi, éventuellement construire des décors, se coller aux paysages sous mes yeux... Mais actuellement, j'ai l'impression que les mélodies et les rythmes viennent poser de doux bandages sur les endroits douloureux et fragiles dans mon esprit. C'est très étrange. J'ai l'impression d'être obligée d'écouter ces musiques pour guérir.
Tout est très doux.
J'ai envie de... prier ? Communier ?
Hier soir j'ai revu des yeux. Un œil gauche, en fait, face à moi, sur ma main, sur les murs, dans les airs ; à chaque fois en un style différent, mais toujours égyptianisant. Il s'est effacé lorsque j'ai entendu la voix de la pluie : la pluie tombait mais ce n'était plus le bruit de la pluie ; c'étaient des gouttes de sang qui m'interpellaient en hurlant et en gémissant, pleuvant depuis une bouche pleine de dents.
Mais prier sans soumission. Et je ne sais pas qui je souhaite prier. Ni avec qui je souhaite communier.
C'est peut-être les anges qui me manquent. Tiens, je n'ai jamais su s'il n'y en avait qu'un ou s'ils étaient plusieurs. Et la dame qui me rattrapait avant que je me fasse mal, quand j'étais plus jeune, était-ce elle ? Et la déesse-chienne morte éventrée devant moi, d'où venait-elle, et l'ai-je finalement tuée en la reniant ?
Est-ce qu'ils sont encore là ? Sur les angles de la vie, je ne les vois plus, je ne les sens plus. Comme s'ils n'avaient jamais existé. Mais dans le coton et le demi-sommeil...
De douces notes s'égrennent. Une petite cascade d'eau musicale qui se répand sur moi. Les voix et les sons communient. Tout est doux dans cette convalescence. Ne surtout pas regarder dehors.
mental