Feb 21, 2012 22:02
H. est morte. Voilà, c'est tout simple. Trois mots.
Je ne la voyais plus depuis trois ans H., parce qu'elle avait arrêté de venir en Ille-et-Vilaine, parce qu'elle habitait loin et puis parce que c'est comme ça la vie, il y a des gens qu'on perd de vue.
Pourtant, moi je l'aimais bien H. Elle était toujours souriante, avec ses grands yeux bleus qui te fixaient, comme pour te dire qu'elle avait beau rire de tout, fallait pas trop venir la chercher non plus. Je la revois avec son pull violet décoré de petit strass. Il était moche ce pull. Mais elle avait onze ans, elle était drôle, alors son pull on s'en moquait.
Cette fille, elle avait quelque chose, c'était indéniable. On avait toujours envie de la protéger. Elle était toute fine, allergique au lactose et on avait l'impression qu'il suffisait de lui souffler dessus pour la casser. H. c'était une brindille. Alors forcément, on voulait la mettre à l'abri du vent. On n'a pas pu la protéger tout le temps visiblement.
Hier le couperet. H. est morte. Le choc. La stupeur. Les remords aussi, parce qu'il y a une semaine j'étais allé voir son facebook et je m'étais dit que je devrais vraiment la recontacter. Et puis pas le temps, pas le courage.
Aujourd'hui j'ai réapprit 30 fois sa mort. Je me concentrais sur un aspect un peu difficile du cours, j'oubliais. Et puis ensuite il me semblait me souvenir qu'il s'était passé quelque chose d'important aujourd'hui. Et ça me retombait dessus, glaciale, absurde. H. est morte.
H. est morte, ça veut aussi dire qu'H. n'est plus vivante. Et bon sang ce que ça fait mal ça. Parce qu'on s'en rend pas compte tout de suite. Elle est morte oui, c'est triste. Et puis, par hasard, au détour d'un mot innocent, on s'aperçoit qu'on ne la verra plus jamais. Qu'on n'entendra pas parle d'elle et de ce qu'elle devient parce que la mort c'est un état definitif. Qu'on parle d'elle à l'imparfait. "Elle était allergique. Depuis quand elle l'est plus ? Depuis qu'elle est morte". Bim. Je ne la verrais plus jamais H.
Et merde, j'ai quand même été amie avec elle pendant plus de cinq ans, je passais entre trois jours et trois semaines avec elle à chaque vacances, ce n'est pas normal que tout à coup ça devienne une fille que je ne pourrais plus jamais voir. C'est trop définitif.
Jeudi j'irai à son enterrement. Parce que même si ça ne change rien pour elle, B. c'est son cousin et c'est un super ami. Je dois être là pour le soutenir. Pourtant, Dieu sait à quel point je suis nul dans ce genre de situation. Je ne sais pas trouver les mots. Et puis quels mots ? Y a pas de mots.
A 19 ans, on va en boite, on commence ses études, on fait des projets avec son petit ami. On ne meurt pas.
life