Auteur :
DQRC Traductrice : Moi
Spoilers : -
Rating : T
Genre(s) : Angst/Romance
Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à DQRC. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.
- Chapitre 5: Berceuses -
-PoV Bella-
Mon entretien avec Edward après le cours m'avait prouvé de nombreuses choses; la plus importante étant que j'étais incapable d'être en sa présence sans perdre complètement la tête. C'était clairement évident qu'à cause de mon manque embarrassant de self-contrôle, il ne serait pas sage d'avoir le moindre contact avec lui. J'avais donc pris la seule décision logique qui me restait pour garder mon travail, ma santé mentale et mon intégrité; je devais rester aussi loin que possible d'Edward.
Et c'est ainsi que commença la première de nombreuses semaines d'esquives. Alors qu'avant je mettais rarement les pieds dans la salles des professeurs, préférant passer mes pauses dehors, ça devint mon refuge, le seul endroit où j'étais sûre de ne pas voir Edward. Lorsque j'étais forcée de quitter mon sanctuaire pour donner mes cours, je prenais des routes imprévisibles dans l'école, passant par les couloirs où je ne pensais pas qu'Edward irait. Je m'étais même procuré une copie de l'emploi du temps d'Edward, le téléchargeant discrètement depuis le système interne de l'école, pour pouvoir planifier mes déplacements en fonction de sa position sur le campus.
Si j'étais bien décidée à éviter Edward, ce n'était cependant rien comparé à son désir apparent de me parler seul à seul. Malgré tous mes déplacements soigneusement planifiés, il avait essayé de me coincer plusieurs fois après les cours. A chaque fois, j'avais réussis à m'enfuir - en me précipitant généralement dans la salle des profs ou en m'entourant de monde, rendant ainsi toute conversation réelle impossible - mais c'était de plus en plus difficile pour moi de lui échapper.
J'étais même prudente à la maison. Je ne savais pas si la détermination d'Edward à me contacter le pousserait à essayer de me parler hors de l'école, mais je prenais des précautions supplémentaires tout de même. Je m'assurai que mes fenêtres étaient constamment fermées et verrouillée et je sortais rarement de la maison sauf en cas de nécessité absolue, comme pour acheter de la nourriture. Je passais beaucoup de temps assise dans mon salon, à regarder par la fenêtre, me dissimulant à chaque fois que j'apercevais l'éclat d'une voiture argentée tournant au coin de ma rue. La plupart du temps, c'était de simples hommes d'affaire se rendant au travail, mais parfois je croyais avoir vu le flash d'une voiture de sport brillante passer, incroyablement vite dans ma rue.
Et puis il y avait les coups de fils. La première fois où c'était arrivé, il était vingt-deux heures trente, après une journée ensoleillée où je n'avais pas vu Edward. J'étais dans la douche quand le téléphone avait sonné et le temps que j'en sorte, manquant de tomber et de me fracasser le crâne contre le lavabo, l'appel avait été transféré sur le répondeur. Au début, j'avais cru que la machine était cassée, le signal rouge clignotait, indiquant un message, mais je n'entendais aucune voix. En écoutant plus attentivement, cependant, je réalisai que je pouvais entendre un grésillement indiquant que quelqu'un était en ligne. La machine continua à enregistrer pendant cinq minutes avant que l'appel soit finalement coupé. J'essayai de me convaincre de ne pas sauter aux conclusions et décidai que ça avait peut-être été un faux contact...jusqu'à ce que ça se reproduise encore et encore; chaque nuit, à la même heure, le téléphone sonnait et sonnait, avant que le répondeur ne se mette enfin en route. La personne qui m'appelait ne parlait jamais et ne laissait jamais aucun message, elle attendait juste en silence.
Bien sûr, je n'avais pas vraiment de moyen de savoir que c'était Edward. Ça pourrait être n'importe qui et, si j'avais été n'importe qui d'autre, j'aurais été légèrement inquiète de recevoir ce genre de messages silencieux. Après tout, pour ce que j'en savais, c'était peut-être un cambrioleur qui essayait de découvrir si l'appartement était vide. Et pourtant, je n'avais pas peur. Ça me réconfortait même légèrement de me dire qu'Edward m'appelait chaque nuit; si je me concentrai assez fort, je pouvais même arriver à me convaincre qu'il m'appelait pour des raisons autres que de rompre à nouveau avec moi.
Mon pouvoir d'illusion n'était cependant pas assez puissant pour arriver à me convaincre de parler avec Edward, et je ne décrochai pas une seule fois. J'avais pris l'habitude de toujours laisser mon téléphone basculer sur le répondeur avant de décrocher, ce qui rendait Jacob complètement dingue. Depuis le retour d'Edward, il avait prit l'habitude de m'appeler trois ou quatre fois par jours. Il essayait de me convaincre du contraire, mais il était évident qu'il appelait pour s'assurer que je n'avais pas repris une relation passionnée avec Edward Cullen. Et en effet, après les quelques premiers jours, il arrêta même de trouver des excuses pour ses coups de fil incessants et il commença à me demander directement si j'avais parlé à Edward.
Environ deux semaines et demi après le début des cours, un lundi soir, au bout de la trente-huitième fois, je perdis finalement mon calme. "Jacob Black, je te jure que si tu me poses cette question UNE FOIS DE PLUS, je vais revenir à Forks et t'enfoncer ce téléphone-"
"Je suis désolé, je suis désolé!" me répondit hâtivement Jacob. "Bon sang, femme, je veille juste sur toi!"
"Je n'ai pas besoin que tu veilles sur moi!" grognai-je, en mettant un coup de pied dans le mur avec colère avant de le regretter en sentant une vague de douleur remonter dans ma jambe. "J'ai vingt...quatre...ans," haletai-je en grimaçant de douleur, "et je n'ai pas besoin d'être surveillée, et encore moins par un chiot qui habite à des milliers de kilomètres!"
Il resta silencieux et je me sentis immédiatement coupable. "Désolée Jake," marmonnai-je, "j'ai été trop dure, mais pour une fois, je veux juste que tu me laisses livrer mon propre combat. On parle juste d'Edward-"
"-Ouais, un vampire assoiffé de sang, qui t'a abandonné, te brisant le coeur et ruinant ta vie-"
"-et qui n'a jamais été dangereux pour moi," complétai-je, en choisissant d'oublier notre première rencontre en cours de Biologie. Jacob renifla; il n'était clairement pas d'accord avec moi. "S'il te plaît, Jacob," soupirai-je, "ma vie est bien assez stressante sans que j'ai à me disputer avec toi chaque jour. Fais-moi juste confiance quand je te dis que je reste loin d'Edward, okay?"
Il grommela encore un peu mais accepta finalement de 'réduire les coups de fil, Embry dit que je suis obsédé,' avant de raccrocher. Je poussai un soupir d'épuisement et me massai les tempes en me dirigeant vers ma chambre. Avant que je n'ai fait plus de trois pas, cependant, le téléphone sonna à nouveau. Je jurai à voix haute avant de me jeter sur le combiné.
"SÉRIEUSEMENT, Jacob, je ne plaisantais pas au sujet des coups de fils! QU'EST-CE QUE TU VEUX MAIN-" Je me figeai en plein mot. Mes yeux venaient de se poser sur la montre qui clignotait sur le répondeur- 22:30.
Oh non.
Une sensation d'horreur absolue m'étreignit comme une poigne de glace autour de ma gorge lorsque j'entendis une voix de velours étonnée parler.
"Bella?"
Sans réfléchir, je raccrochai le téléphone sur son socle avec assez de force pour le faire tomber par terre, arrachant pratiquement la prise du téléphone. Tremblant de tout mon corps, je me penchai pour reposer le téléphone à sa place avant de faire quelques pas en arrière, sans jamais quitter le téléphone des yeux. Ben au moins, maintenant tu sais que c'est pas un cambrioleur, me dit une voix dans ma tête. J'étais légèrement choquée par ma propre réaction; mon corps avait agi comme par réflexe. Alors que j'observai le téléphone, il recommença à sonner. Je reculai lentement, ne m'arrêtant que lorsque ma fuite fut coupée par le sofa, sur lequel je me laissai tomber avec soulagement. Après ce qui me sembla être une éternité, la sonnerie arrêta et la lumière rouge indiquant un nouveau MESSAGE clignota. J'attendis, le souffle court, sans savoir s'il allait parler ou juste continuer à respirer. Je tendis l'oreille, à l'affut du moindre bruit.
Puis je l'entendis. Résonnant très doucement, presque comme en fond sonore, j'entendis un morceau de piano familier... J'haletai et tombai à genoux, pétrifiée par le choc, alors que je regardai mon petit répondeur noir. Des notes d'une mélodie que je n'avais pas entendu depuis des années résonnèrent depuis la machine et soudainement, je fus transportée à travers les kilomètres et les années, jusqu'à une journée brumeuse et un magnifique garçon au piano...
La musique ralentit et se transforma en mélodie plus douce. A ma grande surprise, je reconnus, derrière la profusion de notes, le thème de la berceuse qu'il m'avait chanté.
"C'est toi qui a inspiré celui-ci," chuchota-t-il. La composition devint infiniment tendre.
Je sentis un sanglot secouer ma poitrine alors que les larmes que je n'avais pas remarqué commençaient à couler sur mes joues. Ma berceuse, il joue ma berceuse. Je n'arrivais pas à y croire; c'était comme si je m'étais égarée dans un rêve. Les notes s'échappaient de la machine et tournoyaient dans la pièce, me déchirant le coeur et apaisant simultanément ma douleur. Je n'avais pas entendu ma berceuse depuis que j'avais écouté le CD qu'il m'avait fait pour mon anniversaire, quelques heures à peine avant qu'il ne me quitte pour toujours. Et pourtant, j'étais là, assise sur le sol froid de mon appartement alors que la musique emplissait chaque coin de la pièce autrement silencieuse. Soudainement, je mourrai d'envie d'entendre à nouveau la voix d'Edward, de lui parler et de lui dire à quel point je l'aimais. Avec hésitation, je me penchai vers le téléphone mais juste alors que mes doigts effleuraient le combiné, la mélodie toucha à sa fin, me sortant de ma transe. Je restai immobile, osant à peine respirer, attendant qu'il dise quelque chose, quoi que ce soit, qui pourrait expliquer ses actions. Il y eut une longue pause avant que le répondeur ne se coupe enfin.
Je restai ensuite assise là, dans le silence assourdissant. Edward a joué ma berceuse. Qu'est-ce que ça voulait dire? Pourquoi, de toutes les chansons au monde, avait-il joué ma berceuse? Est-ce que ça voudrait dire...mais non, je ne me laissai même pas penser ces mots. Je ne pouvais pas le supporter, pas après la façon dont il s'était arraché à mes bras deux semaines plus tôt. Je ne comptais pas pour lui, ça c'était certain. Mais alors pourquoi essayait-il autant de me faire penser le contraire? Pourquoi rendait-il cela aussi difficile? Peut-être qu'Edward ne savait pas ce que la berceuse signifiait pour moi; peut-être que pour lui c'était juste une chanson parmi les milliers qu'il avait composé. Ça devait être la seule explication; aucune autre raison n'avait de sens. Mon esprit était empli de questions alors que je me déshabillai pour aller me coucher, lorsque je m'endormis finalement, mon sommeil fut emplis de rêves hantés par la musique et des lueurs de topaze.
Mardi matin, le soleil brillait haut dans le ciel, ce qui apaisa mes nerfs, qui étaient tendus suites aux évènements de la nuit précédente. J'allai à l'école avec plus de confiance que d'habitude; j'avais de grands espoirs de voir le soleil briller jusque dans l'après-midi en éliminant donc la possibilité d'une rencontre gênante avec Edward. A la quatrième heure de cours, cependant, il devint clair que ce mardi n'était pas destiné à être mon jour de chance lorsque le soleil fut remplacé par les nuages gris annonçant un orage.
Fantastique, songeai-je avec irritation alors que je traversais le campus pour donner mon cours aux Premières, utilisant un dossier pour m'abriter de la pluie. Il était clair que je ne pourrais pas éviter Edward aujourd'hui, et, effectivement, j'entrai dans la salle pour le trouver lui, et la plupart des autres étudiants, déjà présents. J'ignorai la douleur inévitable que me provoquait la vision d'Edward, et comme ça m'était devenu horriblement familier au cours des dernières semaines, je ne lui prêtai plus aucune attention alors que je mettais la classe au travail.
Aujourd'hui, ils devaient écrire un essai sur le personnage de 'Lady Catherine De Bourgh' et son importance dans le roman - une tâche qui, étant donné la quantité de préparation qu'ils avaient eu, aurait dû être simple. Cependant, à en juger par leurs expressions paniquées et leurs coups d'oeil, la plupart des élèves ne partageaient pas mon point de vue. J'étais sûre qu'Edward serait une exception, mais je ne me permis pas le luxe de regarder son visage pour m'en assurer.
Au lieu de ça, je m'éclaircis la gorge pour faire taire les bavardages anxieux et attirer l'attention de la classe sur moi. "Très bien, tout le monde, calmez-vous. Vous avez une heure au bout de laquelle je ramasserai vos copies pour les noter, donc faîtes de votre mieux et en silence s'il vous plaît. Il y a des copies sur mon bureau si vous en avez besoin." La pièce s'activa lorsque les stylos furent décapuchonnés, les bloc notes sortis et les livres feuilletés. Puis elle redevint silencieuse, excepté pour le grattement des plumes sur le papier et les toussements occasionnels.
Je m'installai sur ma chaise et me préparai à corriger et noter des devoirs maison. Puis, du coin de l'oeil, je vis quelqu'un bouger. Je relevai la tête pour voir Edward se mettre debout et glisser sa chaise sous son bureau avant de se diriger vers moi, aussi silencieusement qu'un chat. Je me raidis, le stylo en plein air, le fantôme d'une note 'B' flottant sous ma plume. Je pris une profonde inspiration et détournai les yeux d'Edward, recommençant à écrire d'une main tremblante. Peut-être qu'il vient juste chercher une copie blanche, songeai-je avec espoir, en ignorant le bloc-note fermé qui traînait sur son bureau. Je continuai à surveiller la copie, sans vraiment en voir les mots alors que j'attendais qu'il se passe quelque chose.
Je pouvais sentir les yeux d'Edward sur moi alors qu'il se positionnait face à moi, tournant le dos au reste de la classe, et se penchait vers moi en faisant semblant de prendre une copie sur mon bureau. En fait, sa main effleura la mienne et je la retirai hâtivement, ressentant cette décharge électrique familière que je ressentais à chaque fois qu'il me touchait. Je dus retenir mes mains alors qu'elles tentaient de le toucher, presque comme attirées par un aimant. Avec de gros efforts, je repoussai ma chaise dans une faible tentative de créer un peu de distance entre nous. Je n'avais nulle part où aller maintenant, j'étais bel et bien piégée. Mon seul espoir résidait dans la vingtaine d'étudiants travaillant silencieusement dans la pièce. Edward ne serait sûrement pas assez fou pour faire une scène devant autant de témoins, si?
Je me sentis soudainement extrêmement mal à l'aise. "Que fais-tu?" sifflai-je en priant silencieusement pour qu'aucun étudiant ne relève la tête de leurs copies.
"Il faut que je te parles," me répondit Edward, dans un ronronnement si bas qu'il était presque inaudible. Je le regardai, incrédule. N'avait-il jamais entendu l'expression 'en temps et en heures'? Apparemment non.
"Pas maintenant, Edward," chuchotai-je précipitamment, sans réussir à dissimuler la panique dans ma voix. Si je n'étais pas plus prudente, je commencerais bientôt à hyperventiler.
Il me regarda avec colère. "Quand alors? Tu m'ignores en cours, tu ne répond pas à mes coups de fil, et tu t'enfuis à chaque fois que je t'approche. Quand suis-je censé te parler?"
Je le regardais sans rien dire; je n'arrivais pas à croire qu'on avait cette conversation. On avait déjà parlé, et regardez où ça nous avait mené. Il m'avait fui, pas le contraire.
"On a rien d'autre à se dire," réussis-je finalement à m'étrangler. Je lui avais déjà dit que je n'essayerais pas de le séduire, que pourrait-il bien vouloir de plus?
"Si, Bella, si seulement tu voulais bien m'écouter!" Sa voix se fit plus forte sur la fin de la phrase et je vis quelques élèves relever la tête. Cette situation difficile était sur le point de devenir horrible; je devais reprendre le contrôle.
"Va t'asseoir, Edward," lui dis-je, en essayant de garder la voix d'un professeur s'adressant à un élève.
"Non," dit-il, d'une voix tout aussi calme, les yeux fixés sur moi. Ils étaient plus sombre que d'habitude - caramel au lieu de miel; il n'avait clairement pas chassé autant qu'il aurait dû.
"J'ai dit, va t'asseoir," ordonnai-je à travers mes dents serrées et je sentis mes poings se serrer.
Edward me regarda droit dans les yeux, et répondit lentement, étirant chaque lettre, "N-O-N." Je sentis mes joues s'enflammer sous l'effet du choc et de l'embarras. J'étais extrêmement consciente du fait que notre conversation était devenue progressivement plus forte, et maintenant, plus de la moitié de la classe nous écoutait. Le peu de pouvoir que j'avais eu sur lui me glissait désormais entre les doigts.
"Mr Cullen, si vous n'allez pas vous asseoir maintenant-" commençai-je, en dernier recours.
Edward rigola et ce son me choqua; ce n'était pas le son riche et séducteur que j'avais appris à aimer. Ce rire était froid et amer et me fit frissonner. "Que vas-tu faire?" me demanda-t-il, ce rire sans joie résonnant dans sa voix, "me coller?" Des rires et des halètements résonnèrent dans la salle lorsque les autres élèves réalisèrent ce qu'il avait dit. Plus personne ne faisait semblant de travailler maintenant, il était tous bien trop intéressé par le drame qui se déroulait sous leurs yeux.
Alors que mes yeux voyageaient des visages amusés de mes étudiants à celui, fermé, d'Edward, je sentis quelque chose changer en moi et une nouvelle émotion m'emplit le coeur. Pour la première fois depuis le retour d'Edward, j'étais enragée. Ce n'était pas juste de la colère; non, j'étais plus qu'en colère, j'étais folle de rage. Comment osait-il venir dans ma classe et défier mon autorité comme ça? Quel droit avait-il de réapparaître dans ma vie, si ce n'était que pour détruire toute parcelle de bonheur que j'avais réussis à trouver? Comme si ce n'était pas assez d'agoniser chaque jour en le voyant tout en sachant qu'il ne m'aimait pas, il essayait de me compliquer encore plus les choses en tentant de me faire renvoyer. Juste quand j'avais cru être sortie des ténèbres, juste quand je commençai à me remettre de l'abandon d'Edward, il avait dû revenir et rendre les choses cent fois pire. Je fulminai; je ne le laisserais pas s'en tirer aussi facilement. Je levai le menton et le regardai droit dans les yeux, mes propres yeux brillant de furie.
"Va-t'en, s'il te plaît," dis-je doucement.
"Quoi?" me demanda Edward, bien qu'on savait tous les deux qu'il m'avait clairement entendu.
"S'il te plaît, va-t'en, maintenant."
Edward leva les yeux au ciel et baissa la voix pour que le reste de la classe ne l'entende pas, "Voyons Bella, ne sois pas si-"
Je l'interrompis à voix haute. "Vous n'avez pas le droit d'ignorer mon autorité, Mr Cullen; ce n'est pas à vous de décider comment je gère ma classe et je ne vous laisserais pas vous moquer de mes cours. Maintenant, je suggère que vous quittiez ma salle de classe et que vous vous rendiez dans le bureau de Mr Delaney avant que je ne fasse venir quelqu'un pour vous faire partir de force." Un silence abasourdi suivi mes mots alors que la classe nous observait, choquée par mes mots; je ne m'étais jamais autant énervé avec un étudiant auparavant. Je baissai à nouveau la voix pour que seul Edward puisse m'entendre. "Je ne sais pas à quoi tu joues, mais garde ça en tête - moi, je ne joue pas. Je-" Je sentis mon souffle se couper alors que mes mots se perdaient dans ma gorge. J'envisageai de les ravaler et décidai finalement d'aller jusqu'au bout. Qu'avais-je à perdre? Je plongeai mon regard dans ses yeux choqués. "Je ne serais pas une de tes 'distractions', Edward." Il me fixa pendant un instant impossiblement long avant de se tourner lentement pour quitter la pièce sans même prendre la peine de récupérer ses affaires. Je ne fus pas surprise de le voir partir (après tout, quel autre choix avait-il?) mais une sensation de perte m'envahit tout de même lorsque je le vis disparaître dans le couloir. Je me tournai à nouveau vers ma classe d'élèves silencieux qui me regardaient tous, partagés entre l'excitation et la méfiance alors qu'ils attendaient de voir à qui je m'en prendrais ensuite. Je les déçus cependant en me rasseyant et en approchant mon travail de moi, avant de ne relever la tête que pour leur indiquer le temps qu'il leur restait. "Il vous reste quarante-cinq minutes pour finir vos dissert'."
Je savais que la façon dont j'avais géré la situation avec Edward ferait du bruit, surtout que je l'avais même envoyé voir Patrick, mais je n'aurais pas pu anticiper le niveau de curiosité que ça générerait chez les étudiants. Mes collègues éprouvaient de la sympathie pour moi, enfin, ceux qui avaient entendu parler de l'accident - ils avaient tous eu à gérer un étudiant trop sûr de lui au moins une fois dans leur carrière - mais ils avaient tendance à trouver le fait que j'avais viré Edward Cullen de mon cours très peu intéressant. Pour les étudiants, d'un autre côté, c'était une toute autre histoire. Ils semblaient tous fascinés par le fait que j'avais renvoyé Edward Cullen, qui avait les meilleurs notes de toute l'école et un look de mannequin, de mon cours et c'était devenu un sujet de conversation régulier dans les couloirs de l'école. J'avais l'impression d'être poursuivie par leurs murmures à chaque fois que je quittai le havre de paix qu'était devenu la salle des profs et c'était incroyablement stressant.
"-Ouais, Mlle Swan et Edward Cullen, c'est c'que j'ai entendu-"
"-ils se DÉTESTENT-"
"-T'aurais dû voir ça, Kate, je te jure que j'ai cru qu'elle allait le TUER-"
Peut-être que j'étais juste paranoïaque - après tout, des profs punissaient leurs élèves chaque jour et personne ne bronchait - mais il semblait y avoir un intérêt tout particulier à ma soi-disant haine d'Edward. Peut-être que c'était dû au fait qu'il était nouveau (et, en ce qui concernait les étudiantes, son apparence plus que séduisante) ou peut-être que c'était dû au fait que j'étais connu pour fuir les conflit, mais pendant plusieurs jours, il me sembla vraiment que la seule chose dont parlait les étudiants, c'était notre querelle. Heureusement pour moi, le beau temps devais durer jusqu'au week end, avant d'être remplacé par une tempête et Edward ne se présenta pas en classe au cours des quelques jours suivants, ce qui allégea considérablement les tensions. Mais vendredi, cependant, j'avais des choses plus importantes auxquelles penser.
Au lycée de Sycamore Grove, il était habituel que les professeurs aient une réunion avec les parents des nouveaux élèves après quelques semaines de cours. Pour ce semestre-çi, les réunions étaient tenues le troisième vendredi de janvier, une décision qui n'avait pas plus à l'équipe professorale. Personnellement, ça ne me dérangeait pas vraiment de perdre mon vendredi soir - ce n'était pas comme si j'avais une vie sociale - mais je n'avais toujours pas hâte de passer trois heures à discuter avec des parents dans les couloirs de l'école. Les soirées de réunion étaient généralement quelque chose que je redoutais; mon manque de confiance en moi, qui ne me posait aucun problème en classe, tournait à mon désavantage quand je m'adressais aux parents de mes élèves. C'était donc avec une nervosité grandissante que j'attrapai ma liste d'élèves et de parents dans le bureau de la réception à dix-huit heures.
Alors que je me dirigeai vers le hall où les réunions étaient tenues, mes yeux parcoururent la liste de questions standards qu'on devait poser aux parents. C'était des questions plutôt générales; je ne serais pas un professeur d'Anglais ce soir, je serais une représentante de l'école. En-dessous des instructions se trouvaient les noms des nouveaux élèves avec qui je parlerais. Il y avait environ huit noms sur cette listes, un mélange des quatre années. Je lus les noms sans y faire plus attention que ça, essayant de retrouver les visages à associer aux noms. Lorsque j'arrivais au huitième nom, cependant, je m'étranglai presque. Oh, dites-moi que c'est une blague. Mais non, c'était là, imprimé à l'encre noire.
EDWARD CULLEN
C'était soit une coïncidence extrêmement malchanceuse, ou quelqu'un, ayant entendu parler de mon incident avec Edward plus tôt dans la semaine, me jouait une très mauvaise plaisanterie. D'une manière ou d'une autre, j'étais désemparée. Pourquoi le monde semblait-il conspirer pour me forcer à voir Edward régulièrement?
Pendant un instant, j'envisageais tout simplement de ne pas me présenter à la réunion, mais je savais que ce n'était pas une option faisable. Après ce qui s'était passé en classe avec Edward mardi, j'étais bien décidée à ne pas attirer l'attention sur moi ou sur notre relation controversée. Louper volontairement un rendez-vous avec ses parents se classerait définitivement dans cette catégorie.
Cela étant dit, je n'étais même sûre que Carlisle et Esme viendraient. Ce n'était pas comme si on avait besoin de discuter des progrès d'Edward; il avait été au lycée un nombre incalculable de fois et il avait d'excellentes notes. J'étais certaine qu'il ne voudrait pas me voir, pas après mardi, donc je doutais vraiment de voir la famille Cullen. Je m'installai à ma place dans le hall, où j'étais en compagnie de douze autres professeurs, faisant tous la même chose. La soirée se déroula horriblement lentement, partagés par mes coups d'oeil entre la porte et la montre. L'heure de mon rendez-vous avec les Cullen arriva finalement sans qu'ils ne se montrent. Je m'assis sur le rebord de mon bureau, et fis semblant de siroter une tasse de café, mais en fait, j'observai toute la pièce à la recherche du moindre signe d'Edward ou de ses parents. Puis, alors que mes yeux se posaient sur la porte pour ce qui me sembla être la centième fois, je les vis.
Ils avaient exactement la même apparence que six ans plus tôt. Toujours aussi beaux, toujours aussi impossiblement jeunes; je réalisai avec surprise que j'avais désormais un an de plus que Carlisle quand il avait était transformé. Ils se tenaient dans l'entrée avec hésitation, incertains d'où ils devaient aller. La main de Carlisle effleura légèrement le bas du dos d'Esme et il lui murmura quelque chose à l'oreille qui lui fit hocher la tête alors qu'elle parcourait la pièce du regard, étudiant les petits groupes de profs et de parents répartis. Puis ses yeux se posèrent sur moi. Pendant un moment, on se contenta de se regarder, puis un lent sourire chaleureux apparut sur son visage, éclairant ainsi ses yeux doux. Je ne pris pas consciemment la décision d'aller vers elle, ou même de commencer à bouger, mais en quelques secondes, j'avais traversé la pièce à grandes enjambées pour me jeter dans ses bras. Ils s'enroulèrent fermement autour de moi dans une étreinte qui exsudait l'affection alors que je pressai ma joue contre son épaule pour inspirer son délicieux parfum. Je me sentais en sécurité et heureuse pour la première fois depuis des années; c'était comme de rentrer à la maison. "Oh mon enfant," chuchota-t-elle en me caressant doucement les cheveux, "comme tu m'as manqué."
"Vous m'avez manqué aussi," répondis-je doucement en faisant un pas en arrière, m'arrachant à ses bras, avant de sourire, "vous deux." Je relevai la tête vers Carlisle pour le voir rayonner et me faire un sourire qui le rendit plus séduisant que jamais; je pensais même avoir entendus quelques assistantes soupirer.
"Bonsoir Bella," murmura-t-il en me serrant délicatement la main, "c'est bon de te revoir."
"Et vous aussi," leur dis-je en leur faisant un large sourire. C'était la vérité; la famille d'Edward m'avait manqué presque autant que lui. Carlisle et Esme étaient pratiquement des parents pour moi, bien que plus jeunes et plus beaux que ce à quoi les conventions s'attendaient. Alors que mes yeux voyageaient entre leurs visages, je vis une troisième silhouette émerger de là où elle était restée en retrait. Edward. Je ne fus pas surprise de le voir, la soirée était pour les parents et les étudiants après tout, mais ce moment fut tout de même gênant. Je m'éclaircis la gorge et me forçai à sauver les apparences pour n'importe quel humain qui pourrait être entrain de nous regarder. "Bonsoir, Edward," dis-je formellement en hochant légèrement la tête avant de reporter mon attention sur Carlisle et Esme. Ils nous regardaient avec la même expression d'inquiétude méfiante sur le visage - quelque chose que j'étais bien décidée à faire disparaître. "Alors," dis-je d'une voix faussement enjouée, "je suppose qu'on ferait mieux de s'y remettre."
Carlisle jeta un rapide coup d'oeil à Esme avant d'intervenir rapidement à voix basse, "Ce n'est pas nécessaire, Bella, tu n'as pas à faire quoi que ce soit si-"
Je secouai fermement la tête. "Si ça l'est, Carlisle, c'est mon travail; par ici s'il vous plaît." Je pointai mon bureau du doigt avant de m'y rendre rapidement avant que quiconque puisse ajouter quoi que ce soit. Je m'assis et regardai Carlisle échanger un regard avec Esme avant de s'asseoir lentement en face de moi. Edward les suivait de près. Il n'avait toujours rien dit à part un simple 'bonsoir', mais je savais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il s'y mette. Et effectivement, il ouvrit sa bouche à l'instant même où je commençai à parler.
"Bel-"
"Alors," dis-je d'une voix forte, en l'interrompant avant même que ses lèvres n'aient eu le temps de former mon prénom, "Je suis ici avec vous ce soir pour discuter des progrès d'Edward, ici, à Sycamore Grove." Je lançai un regard innocent à Carlisle et Esme et ignorai complètement Edward. "Avant de commencer, est-ce que l'un d'entre vous a le moindre problème que vous aimeriez soulever?" Esme ne répondit pas mais me regarda avec une expression douloureuse sur le visage alors que Carlisle secouai la tête, un minuscule sourire essayant de masquer l'inquiétude qui faisait froncer ses sourcils.
"Non, nous n'avons aucun problèmes avec ses cours; sa professeur d'Anglais est excellente."
Un bref sourire apparut sur mon visage en entendant sa blague, avant que je ne redevienne sérieuse et enchaîne sèchement tout en ignorant les protestations d'Edward.
"Ça devient complètement ridic-"
"Donc," dis-je d'une voix forte, "Je suppose qu'Edward n'a eu aucun problème à s'intégrer académiquement parlant? Je vois qu'il était un excellent élève à San Francisco."
Le sourire de Carlisle avait disparu maintenant et il fronçait les sourcils," Non, tout va bien," dit-il lentement en jetant un coup d'oeil en coin à Edward, qui était agité par la frustration maintenant.
"Bon sang, Bella!" grogna Edward, d'un ton menaçant, "Arrête de parler de moi comme si je n'étais pas là, je-"
"En ce qui concerne ses notes, elles sont remarquables," continuai-je comme si je n'entendais pas les mots d'Edward, "On s'attend généralement à une légère baisse de niveau chez nos nouveaux étudiants, le temps qu'ils se familiarisent à leur nouvel environnement, mais votre fils s'avère être une exception notable à la règle; il a reçu les notes les plus élevées dans chacune de ses classes. Aimeriez-vous voir quelques-unes de ses notes?" Esme se contenta de secouer la tête avec une expression désespérée sur le visage. Ça me fit mal de la faire souffrir, mais même ça ne put pas me convaincre de regarder Edward qui avait recommencé à gronder à mon attention.
"As-tu fini maintenant? Es-tu prête à te comporter à nouveau comme une adulte?"
"On a eu quelques problèmes avec l'attitude d'Edward-," continuai, en haussant le ton à chaque mot dans une tentative de l'ignorer.
"Pourquoi ne m'écoutes-tu même pas?" Edward haussa la voix comme moi jusqu'à ce qu'on soit presque entrain de se crier dessus.
"-mais il a vu Mr Delaney pour ça, et j'espère qu'on pourra régler ce problème sans trop de difficulté. En attendant-"
"Tu es absolument pathétique, Bella, est-ce que tu t'en rends compte?"
"-J'espère qu'il s'impliquera dans l'une de nos nombreuses activités extra-scolaire que notre programme a à offrir-"
"POUR L'AMOUR DU CIEL!" explosa Edward en repoussant violemment sa chaise avant de s'approcher de moi, aussi vite que l'éclair, jusqu'à ce que son visage soit face au mien. Ses yeux étaient absolument terrifiant, d'un noir d'encre brûlant de rage passionnée. "Est-ce que tu t'entends? C'est quoi ton FOUTU PROBLÈME?" Je restai assise, figée par le choc, et mon esprit enregistra à peine les murmures surpris qui avaient emplis la pièce alors que je regardai Edward avec inquiétude.
"Edward." Ma peur s'apaisa lorsqu'une voix résonna dans la bulle qui s'était créée autour d'Edward et moi. C'était Carlisle, et il semblait essayer de se contrôler en s'adressant à son fils adoptif. "Je ne tolérerais pas que tu parles à Mlle Swan sur ce ton, s'il te plaît, va te calmer dehors."
Edward lui lança un regard noir chargé d'incrédulité. "Est-ce que c'est une blague, Carlisle? Est-ce que tu as entendu la façon dont elle me par-" Il s'interrompit en remarquant que tout le monde le regardait avec choc. Une compréhension hésitante apparut sur son visage et il se redressa à contre-coeur. "Oui, père," dit-il sèchement avant de tourner sur ses talons pour quitter la pièce. Avant de partir, ses yeux croisèrent les miens une dernière fois et je ne réussis pas à lire les émotions qui y brillaient. Il y avait de la colère et de la rancune, ça j'en étais sûre, mais il y avait quelque chose d'autre, quelque chose qui était plus dur à interpréter. Était-ce du regret? Avant que je puisse le confirmer, il se précipita hors de la pièce, laissant un silence assourdissant dans son sillage. Au bout de quelques secondes, cependant, le niveau sonore commença à augmenter alors que les témoins de notre petit drame commençaient à cancaner sans aucune retenue.
Je réalisai soudainement que mon corps tremblait comme si j'avais été frappée et je levai mes mains tremblantes jusqu'à mon visage avant de prendre une lente et profonde inspiration. Je pouvais sentir les yeux d'Esme et de Carlisle sur moi et je me sentis malade en pensant à la pitié qu'ils éprouvaient probablement pour moi; je ne la méritai pas. J'avais provoqué cette réaction; je l'avais volontairement cherché, en provoquant Edward jusqu'à ce qu'il craque. Il avait raison, j'aurais dû avoir honte de moi, même quand j'avais dix-sept j'évitai déjà les disputes en public.
"J'espère que tu pourras pardonner mon fils," les mots doux de Carlisle me sortir de mon désespoir, "il ne réalise pas toujours la portée de ses actes." La tristesse dans sa voix résonna autour de nous et je sus qu'il ne parlait pas seulement du comportement qu'Edward avait eu au cours de cette soirée. Je me forçai à relever la tête vers les parents que j'avais presque eu une fois. Je voulais leur dire tellement de choses, mais je n'arrivais pas à trouver les bons mots.
"Je-je suis désolée, Carlisle," chuchotai-je. Ma gorge était serrée alors que j'admettais ma culpabilité et je sentis des larmes me brûler les yeux.
Il secoua la tête. "Non, c'est moi qui devrait m'excuser; nous n'aurions jamais dû partir. J'aurais dû intervenir dès le départ. Peut-être que si je l'avais fait, rien de tout cela ne serait arrivé." Je ne voyais pas quelle différence ça aurait fait; Edward aurait fini par s'ennuyer avec moi, peu importe ce que Carlisle aurait pu faire, mais je ne voulais plus en parler; c'était trop douloureux.
Carlisle soupira et se leva pour partir. Il baissa les yeux vers Esme mais elle ne fit pas mine de se lever, elle se contenta de poser la main sur son bras avant de dire doucement, "Je te rejoindrais dans une seconde, va trouver Edward; il aura probablement besoin d'aide pour se calmer. Je veux parler à Bella." Carlisle hocha la tête et tapota tendrement sa main avant de quitter la pièce dans un concert de soupirs.
Je reportai mon attention sur Esme avec méfiance. Bien que je l'aimais et que je respectai ses opinions, je ne voulais pas parler d'Edward, surtout après le désastre de ce soir. Elle m'étudia avec une inquiétude toute maternelle bien présent sur son visage parfait. "Est-ce que tu vas vraiment bien?" Ma première réaction fut de mentir parce que j'étais bien consciente qu'Edward pourrait lire tout ce que je dirais dans ses pensées. Esme sembla comprendre mon hésitation à dire la vérité et elle grimaça.
"Ecoute, je te promets que je ne laisserais pas Edward entendre ce que tu vas me dire. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour bloquer mes pensées, et même si je dois réciter la théorie de la relativité d'Einstein dans ma tête, je le ferais." Même dans mon état plus qu'instable, un faible sourire apparut sur mon visage en voyant sa férocité; elle était comme une lionne qui protégeait un de ses petits. Ça me fit fondre le coeur de voir qu'elle était aussi protectrice envers moi, même si son obligation de l'être avait disparu.
Je décidai que je lui devais bien la vérité- ou, en tout cas, une partie de la vérité. "Non," dis-je tristement, "Je ne vais pas vraiment bien. Comment pourrais-je aller bien?"
Esme plissa les yeux lorsque je confirmai ses soupçons. "Je le savais; j'ai bien vu comment tu as réagi, même si bien sûr il," sa voix s'emplit de colère, "est actuellement bien trop têtu pour le voir. Je lui l'ai dit de nombreuses fois; on l'a tous supplié de ne pas quitter Forks, mais est-ce qu'il nous a écouté?" Elle s'interrompit et inspira profondément, faisant rebondir ses boucles caramel sur ses épaules. Je la regardai avec confusion pendant une seconde avant de réaliser qu'elle avait mal interprété mes mots.
"Non, attendez," dis-je hâtivement, "quand j'ai dit que je n'allais pas bien, je voulais juste dire à cause de la dispute avec Edward. C'est tout." Ce n'était que des mensonges, bien sûr, mais elle n'avait pas à le savoir, ça. Je ne pouvais pas les laisser croire que j'étais encore amoureuse d'Edward, même si elle avait promis de garder mes mots secret. C'était bien trop risqué de parler de mes sentiments à qui que ce soit, et encore plus à quelqu'un ayant un esprit aussi vulnérable aux invasions qu'Esme.
Esme me regarda avec surprise. "C'est...tout?" me demanda-t-elle alors qu'une anxiété désespérée réapparaissait sur son visage.
"Oui," dis-je d'une voix ferme, espérant plus que tout qu'elle ne verrait pas à travers mes mensonges. Je me sentis mal en voyant son expression de déception grandissante et je détournai le regard avant de changer rapidement de sujet. "Ecoutez, je, euh, j'ai encore d'autres parents à voir ce soir donc j'ai bien peur de..." Je laissai ma voix s'éteindre tout en ignorant la culpabilité que je ressentais alors que je priais pour qu'elle comprenne le message et qu'elle s'en aille. Heureusement pour moi, ce n'était pas vraiment un mensonge; il y avait une petite file de parents qui attendaient à une distance polie de mon bureau.
"Oh! Bien sûr, je suis désolée Mlle Swan," me dit Esme en prenant sa voix la plus grâcieuse lorsqu'elle vit les autres parents. "Je...J'espère vous revoir bientôt," me dit-elle calmement en se tournant à nouveau vers moi. Je laissai mes yeux croiser les siens pendant un instant avant de les détourner à nouveau, honteuse. Elle attendit une seconde de plus avant de faire volte-face et de partir; je ne pus qu'apercevoir l'expression insatisfaite de son visage. Je baissai les yeux vers mes papiers, mal à l'aise, et ne pris même pas la peine de relever la tête lorsque mon élève suivant et ses parents vinrent s'asseoir devant moi. Alors que je reposai à nouveau les questions standards concernant les progrès de l'étudiant, la seule chose qui résonnait dans mon esprit était une autre question.
Qu'est-ce que je viens de faire?
Prochain chapitre : Peur