日本

Mar 31, 2011 14:48


Je n'ai pas réussi à me motiver à écrire plus tôt ici, mais les événements de ces dernières semaines ont été un peu trop déroutants.

J'ai du mal à réaliser tout ce qui s'est passé depuis un mois, beaucoup de mal à savoir où j'en suis et quelle décision prendre.

Début mars, je devais partir pour des vacances à deux en Asie du sud-est, je me suis retrouvée à parcourir le Viêt-nam seule du nord au sud pendant deux semaines (seulement rejointe les trois derniers jours par mon amie), et au milieu de tout ça, cette énorme catastrophe au Japon et la difficulté à gérer tout ça de loin. Je me suis sentie coincée dans ce pays où je ne me sentais pas forcément très bien, à vouloir rentrer dans mon appartement à Tokyo, à vouloir voir mes amis restés au Japon, à vouloir vivre tout ça avec eux, et dans un même temps, je me sentais coupable d'imposer tant d'angoisse à ma famille qui voulait me voir rentrer en France et pour couronner le tout, j'ai eu la désagréable impression de n'être qu'une gamine inconsciente pour qui il fallait décider chaque fois que je recevais un email de mon université en France qui m'enjoignait à rentrer immédiatement sans me laisser de choix, comme si elle avait la moindre autorité sur moi et comme si je n'étais pas une personne adulte et libre de ses choix et de ses déplacements.

Au final, je ne le suis pas, libre de mes choix. Pas si l'on me reproche mes décisions, pas si l'on me culpabilise, pas si l'on me dit que je décide moi-même, mais que faire ceci ou cela serait mieux pour moi. Et c'est tellement plus facile de céder pour qu'on vous fiche la paix que de suivre ses envies et de batailler chaque jour avec la culpabilité et les reproches.

Et maintenant quoi? Je suis là, en France, sans être plus avancée qu'avant. Il FAUT que je retourne au Japon à un moment ou un autre, pour renvoyer ma tonne d'affaires en France, pour régler certains trucs administratifs, payer mes factures en souffrance, et au moins, juste au moins, dire au revoir aux gens qui ont fait parti de ma vie ces six derniers mois, remercier les gens qui m'ont aidée, ne pas avoir le sentiment de fuir le bateau qui coule sans me préoccuper des autres.

Je continue à espérer au fond de moi pouvoir retourner à Tokyo pour les quatre mois restants, pouvoir faire mon deuxième semestre là-bas normalement. Mais j'ai beau dire à mon université japonaise que je vais tout faire pour ça, je sens au fond de moi que c'est déjà fichu. Parce que la fac en France a déjà enterré le programme, en nous informant que si nous décidions de rester au Japon, ce serait à titre personnel. Parce que ma mère est au bord de l'hystérie et que pour elle, tout le monde nous ment et passer ne serait-ce qu'une semaine là-bas, c'est suicidaire. Je ne peux même pas lui en vouloir, je penserais sans doute la même chose si je n'étais pas aveuglée par l'envie de retourner là-bas, dans mon petit appartement tokyoïte, avec ma coloc chinoise crado (qui ne me manque tout de même pas, n'exagérons pas).

Alors je vais sans doute repartir en fin de semaine prochaine pour Tokyo, avec un billet aller-retour modifiable, en espérant pouvoir repousser la date de retour, mais en sachant pertinemment que ça risque de n'être qu'un aller-retour express. J'arrive à le concevoir en étant encore ici, mais une fois là-bas, où tout semblera presque normal, comment vais-je réussir à partir définitivement?

J'avais des projets pour les mois à venir, des billets de concerts, des voyages de prévus, des gens avec qui partager des choses, encore... Et je sais que je ne retournerai sans doute jamais vivre là-bas, parce que je n'en aurai plus l'occasion, parce que je n'en avais plus l'envie non plus. J'arrivais au bout de quelque chose avec le Japon et cette situation renoue le lien et m'empêche de mettre proprement un point final à un cycle de ma vie. Je sais que la tentation d'y retourner sera toujours là, parce que je n'aurai pas eu l'occasion de finir proprement ce séjour. Les choses prennent trop d'importance quand on vous les enlève brusquement.

Et tout cela reste tellement dérisoire face aux gens en deuil et face à ceux qui n'ont plus rien. Il faudrait que j'évite de l'oublier.
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