*hum* Un petit peu de retard du à un probleme d'ordinateur. Mais rien n'est perdu, voici l'artiste de Juin:
Presentation (ici de son blog officiel)
Mieux qu’un vol d’hirondelles, dont on sait qu’aucune n’a jamais fait le printemps, les chansons du 2e album de Manu Da Silva nous prédisent de beaux jours à venir. Soyons clairs, après écoute, on ignore si ces beaux jours sont proches, lointains et au juste s’ils viendront un jour. On sait seulement qu’en ces temps plombés, congelés par moins 60 dans le pessimisme, il nous est plus facile de croire au chant d’un oiseau, de bon ou de mauvais augure, qu’aux chiffres de n’importe quel expert. Alors, serait-ce de se sentir orphelins de tant d’illusions, cocus de mille promesses non tenues, qui nous rendent la voix et la plume de Da Silva à ce point attachantes? Ou bien parce que la branche où viennent se poser ses chansons est finalement toujours la même : celle où bourgeonnent les amours, où s’entêtent à refleurir les espérances?
Les chansons de son premier album, Décembre en été, il les avait écrites alors qu’il sillonnait les routes de Bretagne comme représentant de commerce. Elles étaient toutes, pour ainsi dire, les fruits mûris au clair obscur d’intervalles -pauses cafés entre deux rendez-vous, nuits d’hôtel entre deux étapes- où l’on n’est ni d’ici ni de là-bas. Certaines avaient le goût, parfois le nom, de ces heures suspendues au fil de l’errance: L’indécision, La traversée, La chance. Depuis, Manu a laissé tomber la routine du VRP sans renier l’âme du vagabond. Entre Septembre 2005 et Novembre 2006, il a donné plus d’une centaine de concerts, essentiellement en France mais aussi au Canada, en Suisse, en Belgique. Armé de ses ritournelles écorchées, il a affronté les 40 000 spectateurs des Vieilles Charrues et les 5 000 du Paléo Festival. Et il a gagné haut la main. À l’arrière du Sprinter Mercedes 9 places, il a occupé les temps de trajets entre deux villes, parfois fort longs, à griffonner ses textes, à dénouer les rubans de ces petites mélodies qui lui décoraient l’intérieur de la tête comme une guirlande de préludes et d’esquisses. Puis de retour chez lui, près de Dinan, il a enregistré ses maquettes sur un mini disc à l’aide de sa vieille Seagull, une guitare canadienne dont le nom, la Mouette, évoque aussitôt les embruns du large et la migration fécondante. Car notre oiseau a ceci de commun avec nombre de volatiles: s’il fertilise beaucoup en voyage, il ne sait pondre qu’au nid. Tous les morceaux qui figuraient sur Décembre en été étaient ainsi des maquettes enregistrées chez lui, dans son salon, auxquelles Dominique Ledudal n’eut à ajouter que quelques instruments (basse, percussion, piano), avant que Renaud Letang (Katerine, Feist, Manu Chao) ne les mixe. Une méthode, presque une philosophie, qui n’appartient qu’à lui et qu’il a tenu à reconduire pour De Beaux Jours A Venir. « De toute façon: je sais pas faire autrement Il me faut un lieu de vie pour que je puisse m’exprimer, pas un espace professionnel au sens où le sont trop souvent les studios. La guitare à la fin de Tant que tu es loin, elle grince un peu. Et alors ? L’important, c’est jamais la justesse mais l’émotion. L’important, c’est pas non plus la puissance, comme je l’ai cru longtemps à l’époque où je jouais du punk et de l’industriel avec Punishment Park, mais le niveau d’interprétation.» Le plus rassurant dans le succès de Décembre en été (près de 100.000) fut de voir à quel point la musique, en échappant aux formules de production habituelles, pouvait encore trouver un public dès lors qu’une vérité s’y révèle. Une vérité que De beaux jours à venir réaffirme brillamment.
Comme certaines amitiés, les chansons de Manu sont faciles à recevoir et à partager. Elles deviennent très vite des petits pôles de chaleur autour desquels on se retrouve à plusieurs pour s’enlever l’onglée du bout des doigts, pour retrouver le sens du toucher, du touchant, qui mène à l’autre, et à soi-même. Les chansons de Manu sont populaires et pleines d’empathie. Elles ont l’intimité contagieuse ce qui n’en fait pour autant ni des instants voués à la promiscuité ni des slogans démagogiques. Tout le monde peut se retrouver dans Au Moment des Amours, dans Un après-midi à la plage, dans La fuite parce que finalement tout le monde est le produit de la même somme de fragilités, de tendresse et de doute dont ces chansons témoignent. Parce que chacun est le maillon d’une même chaîne qui s’articule librement au point d’en oublier combien ce qui le relie au suivant est inévitable, souvent pénible, mais nécessaire. Voilà pourquoi les chansons de Manu, comme dans le fado, mélangent avec un rare équilibre la pudeur et la dramaturgie. Voilà pourquoi, comme dans le blues, elles voyagent à la manière de valises dotées d’un double-fond. Beaucoup d’entre elles semblent nous parler d’amour, et elles nous parlent vraiment d’amour (L’arc en ciel). D’autres, comme L’attitude des altitudes ou Le retour du rose, avouent d’une voix presque clandestine des choses que l’on devine mieux qu’on ne les réalise, mais dont finalement le sens profond ne nous échappe jamais. « Je n’ai pas peur de chanter l’amour parce que je ne sais vivre qu’amoureux. Mais souvent, c’est au travers du prisme de l’amour, ou du couple, que je peux rendre compte des petits deuils qu’on a à faire tous les jours, avec les autres, contre les autres, sans les autres. » Exemplaire, Le retour du rose pourrait être la chanson politique du disque. Ce qu’elle est d’une certaine manière. « J’y évoque l’histoire de mon père et de l’immigration. Je ne saurais en aucun cas écrire un vrai texte politique. En revanche, dans certaines d’entre elles, on trouvera tous les retentissements de ce qui se passe aujourd’hui dans nos vies, comme dans L’averse ou dans Tout va pour le mieux ». Manu dit qu’il a réalisé tout le potentiel d’un poème et d’une chanson le jour où, encore lycéen, un prof lui fit lire des lettres d’amour écrites par des résistants à leurs fiancées pendant la seconde guerre mondiale. Dans chacune d’elles finissaient par apparaître en filigrane l’engagement farouche envers leur patrie et les valeurs qu’elle défend.
Manu dit qu’il est, à sa manière, un résistant. Il dit que bien qu’il a beau mesurer 1m 57, il ne s’est jamais senti petit. Mais qu’à 30 ans passé, il fait en sorte de préserver son insouciance. « Attention : insouciance ne signifie pas irresponsabilité. De toute manière, aujourd’hui dans notre monde, si tu n’es pas un peu insouciant, tu peux pas vivre. » Ainsi, les chansons de De beaux jours à venir sèment souvent derrière elles des notes mutines jouées sur des instruments aux résonances enfantines : ukulélé, glockenspiel, mandoline, mélodica…Une charte musicale signée comme un traité de désarmement, un pacte de non agression (mais pas de non réflexion) auquel se sont soumis des musiciens pourtant chevronnés tels que Franck M’Bouéké (batteur de Frank Monnet, Brisa Roché, Kery James), Pierre Sangra (guitariste de Thomas Fersen), Raphaël Chevalier (violon, alto), Sébastien Le Mentec et Bertrand Pennetier (basse). En fait, les chansons de Manu ressemblent un peu aux cailloux blancs du Petit Poucet. Elles nous relient secrètement, et à l’insu des autres, à cette zone enchantée qui s’appelle l’enfance tout en se taillant, volontaires et farouches, un chemin à travers la forêt des ogres où s’affrontent les adultes.
Les liens utiles le concernant:
Sa page persoLe blog de son 1er albumLe blog de son 2eme album