Borderline - Drabble .3.

Dec 01, 2012 02:13


BORDERLINE

.3.

Les jours défilaient devant ses yeux, il ne les voyait plus passer. Distrait, la vie s’écoulait autour de lui sans qu’il y prêta la moindre attention. Il ne savait pas s’il était devenu un fantôme ou s’il vivait tout simplement dans un monde irréel.

JaeJoong l’avait laissé en plan, à moitié conscient dans les docks. Tandis qu’il divaguait, Kazuya s’était longtemps demandé ce qui avait pu conduire JaeJoong au même endroit ? Avait-il tué quelqu’un ? Ou reçu une mission comme dans ces films d’action ? Le lycéen avait émergé un peu plus tard, le jour déclinait, sa tête lui faisait un mal de chien, et il n’y avait pas âme qui vive dans les environs. Hormis lui.

Sa mâchoire était restée endolorie longtemps après. Personne n’avait daigné la questionner à ce sujet. L’habitude sans doute.

Les cours s’enchaînaient, Kazuya perdait peu à peu contact avec son quotidien. Son esprit voguait bien loin des équations et des données démographiques... il ne se souvenait que très peu des séances au club qu’il avait intégré. Tout son être était focalisé sur un sujet : prouver qu’il n’était pas un lâche. Il cherchait, encore et encore, s’inventant des situations qu’il pouvait provoquer et utiliser à son avantage. En vain.

Il regarda l’heure... ce moment entre deux cours où les élèves s’agglutinaient par affinité et piaillaient à l’envie. Kayuza leva le regard. A la table en face de lui, sa voisine lisait. Il se souvint qu’elle fut son amie, il y avait quelques temps. Avant que tou ne parte en vrille. Il quitta sa chaise.

“C’est bien ? s’enquit-il.”

L’adolescente le regarda s’accouder à sa table.

“Depuis quand ça t’intéresse, Kamenashi ?”

Kazuya haussa les sourcils. Trop distante. Trop polie, et réglementaire. Trop snob, comme avant qu’ils ne se connaissent mieux. Ce n’était pas comme ça, avant. Ca ne devait plus l’être depuis longtemps.

“Trouve quelqu’un d’autre à emmerder plutôt...
- Hoshi...”

L’élève ne releva pas la familiarité et se replongea dans sa lecture. Désemparé, Kazuya tenta de comprendre ce qui lui arrivait. Il attaqua.

“C’est toi qui j’ai décidé d’emmerder.
- Désolée, mais je n’ai ni le temps ni l’envie que tu m’entraînes dans une de tes stupides aventures.”

Le garçon n’eut pas le temps de répliquer, le professeur fit irruption dans la salle de cours. Les élèves reprirent en vitesse leur place, s’éparpillant comme des abeilles.

Kazuya se moqua éperdument du cours, fixant sans comprendre la nuque de son ancienne amie. Depuis quand ne le considérait-elle plus comme un ami ? Ne se souciant pas le moins du monde d’être attrapé par le professeur, il sortit son téléphone portable. Hoshiko ignora tous ses messages. Il lui faudrait l’attraper avant qu’elle ne file.

La fin du cours clôtura la journée de cours. Comme prévu l’élève s’arrangea pour sortir de la salle parmi les premiers et faussa compagnie à Kazuya. Laissant ses affaires en plan, l’adolescent se précipita hors de la classe et poursuivit la jeune fille.

“Maintenant tu vas me dire ce qui se passe ! cria-t-il en la plaquant contre le mur.”

Hoshiko ne se démonta pas malgré la violence qu’il employa. Kazuya la tenait fermement par les épaules. Elle fulminait.

“Lâche-moi, ordonna-t-elle.
- Pas avant d’avoir eu des explications, siffla Kazuya.”

L’adolescente ricana sans joie, fort, blasée et écoeurée.

“Tu te fous de moi.”

Kazuya ne répondit pas, le regard rivé sur elle, décidé à ne pas lâcher tant qu’elle ne lui aurait pas répondu. Mais Hoshiko était aussi bornée que lui. Étrangement, c’était une des raisons pour laquelle ils s’entendaient.

“Qu’est-ce que j’ai fait, insista-t-il finalement, détachant volontairement chacun de ses mots.”

Hoshiko eut un reniflement de mépris.

“Demande toi plutôt ce que tu n’as pas fait. Tu parles d’un ami...”

Destabilisé, Kazuya ne résista pas lorsqu’elle le bouscula pour se libérer. L’élève rectifia les plis de sa jupe, de cette manière si snob et bourgeoise qu’elle avait de par son éducation.

“Des amis comme ça, j’en ai pas besoin, trancha-t-elle.”

Kazuya la retint de justesse, agrippant son bras alors qu’elle se remettait en marche. Il avait besoin de savoir. Il le fallait.

“Explique moi.”

Hoshiko était toujours furieuse. Plus calme, elle aurait été moins blessante, moins virulente.

“T’as pas été là. T’as plus jamais été là ! J’avais besoin d’aide, mais t’étais trop occupé avec ta petite personne et sa petite vie merdique pour t’intéresser un peu à mon sort ! Et quand je t’ai quand même proposé mon aide, je pouvais - je te cite - me la mettre où je pense. Alors ton amitié, Kamenashi, tu te la carres aussi où je pense !”

Des larmes de rage coulaient sur ses joues. Kazuya ne l’avait jamais vue dans cet état. Toujours droite et snob... jamais de larmes, mais beaucoup de rires. Des rires qui noyaient admirablement les flots de larmes qui ne demandaient qu’à jaillir.

L’adolescente s’arracha de la prise que Kazuya avait sur son bras, tourna les talons et quitta le lycée au plus vite avant que d’autres ne découvrent qu’elle savait pleurer, et pathétiquement. Ce fut la toute dernière fois qu’elle lui adressa la parole. Et la dernière fois qu’elle lui accorda volontairement un regard.

Les jours se remirent en marche, dépourvus d’intérêt. Si JaeJoong n’était pas intervenu, Kazuya serait très probablement mort... et Hoshiko aurait célébré sa mémoire en le traitant de lâche. Il était toujours en vie, mais il avait perdu une amie. Il aurait préféré crever dans cette ruelle, tout en croyant encore qu’elle l’était toujours.

Existence de merde, songea-t-il.
~°~
13/11/2012

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