Oct 27, 2011 23:16
J'ai la larme à l'oeil puisque je ne suis point guérie...
Pour un détail des plus bêtes, me voilà de retour dans ma mélancolie. «Jamais cela ne me sera destiné» me dis-je en songeant à des avenirs superflus dignes des contes de fées qui, finalement, se terminent tous de manière bien nébuleuse, à des anecdotes qu'une infime partie de la population auraient l'occasion d'expérimenter, à des simplicités qui me rendraient spéciale aux yeux du monde entier.
Mon incarnation en Narcisse est un cadeau empoisonné. Je suis condamnée, sans le moindre espoir, à être seul témoin de mon authenticité; condamnée à des actes de fausse modestie - qui ne sont en fait que des rabaissements de ma personne et de mon estime personnelle - dans la peur que mes propos ne soient trop dignes du personnage mythique qui s'est noyé dans son reflet, dans la peur de découvrir que tout ce que je pense et sais de moi ne soit qu'une illusion et que, me traitant comme une cinglée, on ne me croit point. Comme si ma personne n'était pas assez petite déjà.
J'éprouve un tel sentiment de solitude. Je perds espoir en la quête d'un digne prince qui vienne chercher la pauvre princesse, d'un digne prince qui puisse la trouver assez authentique, d'un digne prince qui ne choississe pas une simple courtisane devant ses yeux attristés. Je perds espoir en l'attente d'un lecteur assez curieux qui daignera saisir ce livre trop haut placé sur une étagère dont la beauté est ainsi inconnue.
Je vis dans la peur de ne pas mériter un tel bonheur et de devoir m'abaisser à quelque chose que je désire moins pour la simple raison que je ne peux obtenir plus, que l'authenticité dont je suis seul témoin demeure invisible aux yeux du monde et que, dans cette douloureuse réalité, je vale peu.
rant