[ART] et [FIC] - Café Kichijouji de - Petites (més)aventures au café Kichijouji (1/5)

Feb 08, 2009 23:08

Artiste : little_meenoo
Titre de l'oeuvre : Petites (més)aventures au café Kichijouji (1/5)
Fandom : Café Kichijouji de
Rating : PG
Genre : Gen
Nombre de mots : 1305 mots
Outils : Aquarelle
Une commande de : drakys
Commentaires : Le premier épisode est sur Tarou. ^^




Tarou ou la maîtrise de soi

La matinée était déjà bien avancée au café Kichijouji, et, chose assez rare pour être mentionnée, se déroulait sans heurts. Un autre détail, plus marquant encore, sortait totalement de la petite routine des employés du café. Un détail assez perturbant pour que personne n’ait jusque là osé l’évoquer à haute voix.

Les membres du personnel se lançaient de temps à autre des regards lourds de signification, mais ça s’arrêtait là. Finalement, n’y tenant plus, Maki se décida à briser cet infernal cercle du silence.

«Raah ! Mais où est-ce qu’il est passé Tarou ?»

La journée avait en effet démarré officiellement depuis un peu plus d’une heure, sans qu’on ait pu noter la moindre trace du responsable dans les locaux du café (et chacun des membres avait bien pris soin d’effectuer une petite fouille de son côté pour en être bien certain, Minagawa étant même allé jusqu’à fouiller les moindres recoins de tous les placards et tiroirs. Sans succès.)

Trois regards horrifiés s’étaient dirigés vers le serveur. Cet inconscient qui avait osé énoncer la terrible vérité.

«S’il arrive en retard sans excuse valable...»

Les yeux de Maki brillaient d’une lueur folle. Celle de la vengeance qu’il allait enfin pourvoir assouvir. Tarou allait payer pour toutes les fois où il lui avait brutalement fait remarquer le plus infime de ses retards.

«Il a peut-être été enlevé par des esprits...» laissa sentencieusement tomber Minagawa.

De sa bouche, ça n’avait même pas l’air d’une plaisanterie.

Quand Tokumi ajouta : «Ou par des extra-terrestres !», là en revanche, il sembla aussitôt vouloir atteindre des sommets de bêtise.

«Quoi qu’il en soit, il paiera !» ricana Maki.

«Le voilà justement qui arrive.» fit remarquer Jun.

En effet, la porte s’ouvrait. Le serveur se précipita aussitôt, prêt à asséner à son habituel bourreau un « Tu es en retaaaaard!» assaisonné de quelques coups bien placés. Il s’arrêta cependant net en apercevant Tarou.

Le qualificatif décrivant le mieux le jeune homme à ce moment là, en restant modéré, était sans aucun doute celui de “zombie” .

«Iiiiirk !» couina le serveur en reculant immédiatement de quelques kilomètres.

«Ta... Tarou ? Qu’est-ce qu’il vous arrive ?» osa questionner Jun.

La créature qui se tenait sur le pas de la porte leva les yeux vers lui. Des yeux éteints.

«Plus de détergeeeents...» lâcha-t-il d’une voix d’outre-tombe qui les fit tous frissonner (sauf bien entendu Minagawa qui souriait de toute sa noirceur, apparemment ravi à l’idée de pouvoir éventuellement ajouter un nouveau membre à son étrange secte).

Tokumi avança une chaise.

«A... Asseyez-vous.»

Tarou tituba difficilement jusqu’à l’objet et s’y laissa tomber. Une sombre aura semblait le suivre. Minagawa la contemplait avec une affection mal dissimulée.

«Raconte nous ce qui ne va pas, Tarou» lui susurra-t-il.

Le jeune homme inspira, expira, essaya de se recomposer une expression un peu plus humaine avant d’articuler :

«Ce matin... Je fais toujours un grand ménage, le matin. Avant de partir. Mais ce matin. Au moment de passer le dixième produit... Il n’y en avait plus...!»

La voix de Tarou se brisa. Il était sur le point de retomber dans son état de léthargie. Il fallait absolument le sortir de là.

Heureusement, tel un sauveur, Maki intervint.

«Ah, c’est parce que je suis venu t’en emprunter, hier. Mon évier dégageait une drôle d’odeur, j’ai pensé que...»

Le serveur ne finit jamais sa phrase. En moins d’une seconde, il se retrouva dans un état plus proche de la mort que de la vie. Tokumi songea à allumer un cierge pour lui avant de réaliser que ça nuirait à ses économies. Tarou, de son côté, semblait se sentir un peu mieux. Chassant le serveur de sa mémoire, il reprit son monologue.

«Un de mes précieux produits ménagers avait mystérieusement disparu. J’ai dû partir en acheter... Mais il était trop tôt... Toutes... Toutes les boutiques étaient fermées.»

Minagawa lui tapota amicalement sur l’épaule.

«Allons, allons.»

Jun songeait à lui proposer de cogner un peu plus sur Maki pour se calmer les nerfs. C’était selon lui la meilleure des solutions. Le chef cuisinier, lui, avait une autre idée.

«Je sais ce qu’on va faire.»

Tarou leva vers lui des yeux où l’espoir combattait le doute.

«On va entamer une cure de désintoxication.»

«Quoi ?!»

«Tous ces produits nettoyants, ce n’est pas bon pour la santé...»

«Mais... mais si !» s’insurgea Tarou.

«Oh que non.» s’empressa de protester Maki, miraculeusement ressuscité, du ton de celui qui en connaissait long sur la question.

«Maki est d’accord...»

«Maki est un crétin.» fit remarquer Tarou.

«En effet. Mais la majorité pense que tu as tort. Donc tu as tort.»

Jun et Tokumi choisirent, fort intelligemment, de ne pas se mêler du vote. Minagawa ne se souciait apparemment pas de leurs avis et il ne servait à rien d’ajouter de l’huile sur le feu. Les regards affolés de Tarou n’y changeraient rien. Il fallait être fou - ou tout au moins suicidaire - pour oser contrarier le chef cuisinier.

«Puisque tout le monde est d’accord...»

«Qui est d’accord ?!» s’énerva Tarou.

«Tt tt...» le rabroua Minagawa en triturant une poupée vaudou. «Puisque tout le monde est d’accord, on va commencer le traitement.»

Le cuisinier se retrouva brusquement revêtu d’une belle blouse blanche. Tarou frissonna en songeant qu’il ressemblait ainsi bien plus à un savant fou qu’à un quelconque médecin.

«Jun. Pourriez vous vous assurez que le patient ne bouge pas ?» demanda Minagawa, totalement plongé dans son rôle.

«À vos ordres.»

«Juuuun...» gronda Tarou alors que le jeune garçon lui attrapait les poignets et les lui maintenait fermement dans le dos.

«Je n’ai pas le choix. S’il vous plaît, ne me punissez pas pour ça.» lui demanda-t-il en lui faisant des yeux auxquels on ne pouvait pas résister (le cas échéant, la force contenue dans ses maigres bras vous empêchait de toute façon de tenter quoi que ce soit que vous auriez pu regretter par la suite).

«A présent, phase deux. Maki, Tokumi, salissez autant que vous voulez.»

«A vos ordres !» s’exclama le serveur avec beaucoup, beaucoup trop d’enthousiasme.

«Je... Je ne peux pas faire ça...» chouina Tokumi, empli de bonne conscience professionnelle, avant de heurter malencontreusement une pile d’assiette qui alla aussitôt s’écraser par terre en un millier de petits éclats.

«Eh bien, tu vois que tu peux.»

Le visage de Tarou se décomposa. Il ferma les yeux pour ne pas voir la scène. Les rouvrit de peur de ne rater une trop gosse partie du massacre. Les ferma à nouveau tant tout ça lui était insupportable. Enfin, il poussa un long gémissement déchirant juste avant de s’évanouir.

«Hum... Je pense que ça suffira.» décida Minagawa.

«Déjà ?» ronchonna Maki.

«J’oubliais...» ajouta le chef cuisinier. «Tout cela sera bien entendu retenu sur vos salaires.»

On entendit un bruit sourd, suivit d’un son de vaisselle brisée. Tokumi venait à son tour de quitter le monde des vivants.

Tarou reprenait de son côté tant bien que mal ses esprits, souhaitant que tout n’ait été qu’un terrible cauchemar (le pire de tous après celui dans lequel Maki déclarait venir s’installer chez lui pour toujours avec ses cafards). Quand il se rendit compte que ce n’était pas le cas, ses mains se mirent à trembler.
Jun, le retenant toujours, l’observait, inquiet.

«Minagawa. Il bave.» fit-il remarquer.

«Oh ? Je crois que tu ferais mieux de le relâcher maintenant.»

Aussitôt libre, le maniaque des détergents ne perdit pas une seconde couru, comme si toute sa vie en dépendait, jusqu’à ses réserves les plus proches. Il se lança aussitôt dans le ménage le plus effréné et le plus titanesque qu’il eut jamais été donné de voir. Un ménage proche d’un cataclysme.

Une semaine durant, le café resta fermé. Une pancarte “grand nettoyage” se balançait moqueusement à la poignée de la porte.

fanart, artiste : little_meenoo, fanfic, fandom : café kichijouji de, rating : pg, gen

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