Artiste :
andersandrewTitre de l'oeuvre : Le chemin du rêve conduit à ce que le coeur désire
Fandom : Durarara!! (anime)
Rating : PG-13
Genres : psychédélique, shounen ai, gén
Nombre de mots : 2049
Une commande de :
flo_neljaCommentaires : Il s'agit d'une adaptation très libre de l'univers d'Alice au pays des merveilles. Il y a quelques petites références à d'autres histoires, je te laisse les trouver. J'espère que les corrélations entre les univers restent un minimum cohérentes et que ça t'intéressera.
Bonne lecture.
Les rues d’Ikebukuro étaient désertes. Tom et Shizuo marchaient donc au milieu de la route.
« Qu’est-ce que tu cherches, au juste ?, interrogea l’usurier.
- Le lapin noir, répondit laconiquement le blond aux lunettes de soleil.
- Tu ne veux pas plutôt dire le lapin blanc ?
Le ciel tonna au dessus de leurs têtes.
- Non, déclara Shizuo en retirant la cigarette d’entre ses lèvres. J’ai dis le lapin noir.
Il baissa la tête, le cœur serré par une hargne intense qui grimpait en lui depuis ses pieds jusqu’aux tréfonds de ses entrailles. Il n’avait plus que ce sentiment en tête, tentant vainement de l’endiguer en respirant profondément.
- Lapin noir, lapin noir, lapin noir, lapinnoirlapinnoirlapinnoir…
Une odeur d’ozone se répandit dans l’air, le faisant grincer des dents.
La clope fumante entre ses doigts échoua sur le trottoir, cassée en deux. Heiwajima l’écrasa sous la semelle de sa chaussure, mais cela ne le soulagea que très brièvement.
La pluie se mit à tomber.
- Je ne peux pas t’accompagner dans ce rêve où tu veux t’aventurer, fit Tom en s’arrêtant.
L’ancien barman continua son chemin sans se retourner, levant la main pour le remercier d’un geste.
- J’espère que tu trouveras ce que tu cherches !, cria son ami avant de partir s’abriter de la pluie.
Le visage mouillé comme par des larmes, Shizuo retira ses lunettes de soleil aux verres violets et pénétra dans la sombre forêt, à l’entrée d’une ruelle étroite.
Des gouttes commencèrent à martelet la fenêtre. Izaya se détourna de son ordinateur pour regarder d’un air rêveur.
- Il est en colère.
- Qui ça ?, demanda Namie, occupée à tricoter un bonnet en laine, l’air de s’en ficher comme de l’an quarante.
L’informateur posa la main à plat sur la vitre fraîche et frissonna à cause du froid et de la vibration diffuse de l’averse tambourinant sur le verre.
- Dieu.
La jeune femme secoua la tête, incrédule face à son mensonge.
- Je crois que je vais sortir, lança le jeune homme.
- Avec qui ?
- J’ai un rendez-vous et je suis en retard, dit Orihara en contemplant l’horizon encombré de lourds nuages grisâtres de mauvais augure, comme s’il pouvait lui indiquer l’heure.
- Pour aller où ?
Le brun enfilait déjà son manteau; il se sentait excité comme un gosse qui sait que ses parents vont l’emmener au cirque.
Namie se leva.
- N’oubliez pas de mettre votre bonnet, marmonna-t-elle en lui enfonçant son ouvrage sur le crâne.
- Merci maman, s’exclama Izaya sans savoir s’il était ironique ou non.
Ses pas le menèrent rapidement dans une artère animée du quartier d’Ikebukuro; il ignorait comment il était arrivé là depuis Shibuya et s’en moquait.
La foule était bruyante, couvrant le tonnerre. Elle l’enveloppait comme une couverture en fourrure, chaude et douce, réconfortante.
Il croisa une poubelle et y jeta le bonnet.
- Tu n’es pas ma sœur, crût-il bon de préciser avant de continuer son chemin.
- Ah, Izaya ! Tu veux du sushi ? Il est bon. Je te ferais une réduc’!
Un sourire glissa sur les lèvres de l’interpellé, comme la pluie sur son visage - furtivement.
Il approcha la silhouette géante de Simon qui s’abritait sous un parapluie violet avec des oreilles de chat et un sourire dessiné dessus.
- Le sushi est bon. Tu veux du sushi ?
Le brun hocha la tête; il avait réfléchi, et même s’il était en retard, il avait bien le temps de manger un bout.
Il pénétra dans le restaurant en respirant l’odeur de l’orage avec délectation.
La cime des arbres de la forêt protégeait le chemin de la pluie, lui évitant d’être trempé; mais en contrepartie, la lumière du soleil ne passait pas entre les branches. Il se guidait donc à la lueur de son portable qui faisait briller les briques jaunes de la petite route qu’il suivait.
- Où est-ce qu’il est, ce satané lapin noir ?, gronda Heiwajima.
Il renifla, le nez emplit de ce parfum désagréable.
- Hmmmm, ça sent délicieusement bon !, clama Izaya en se frottant les mains, se pourléchant littéralement les babines, admirant l’assortiment de sushis où étaient inscrits les mots « mangez-moi » .
- C’est rare de te voir d’aussi bonne humeur. Quelqu’un est mort ?, demanda le serveur en plongeant son regard bleu et franc dans celui de l’informateur aux milles combines.
Ce dernier se redressa vivement, tendu comme la corde d’un arc par l’émoi.
- Shizu-chan est mort ???
Simon secoua la tête.
- Non. Je te le dis, il vit là. C’est son habitat naturel, alors ne vient pas trop l’embêter sur son territoire.
- On croirait entendre parler une bête, ou un documentaire animalier, commenta Izaya en coinçant un sushi entre ses baguettes.
- Shizuo n’est pas bête, répondit gravement le noir en russe.
L’informateur fit une pause, étonné. Il engouffra la nourriture dans sa bouche, mâcha, et avala.
- Tu le défends ?, répliqua-t-il en russe également.
- Personne ne te défendra, rétorqua doucement Simon en se redressant.
Il quitta la pièce, laissant Orihara totalement seul. Comme toujours.
Quelqu’un l’attendait sur la route de briques jaunes.
- T’es qui toi ?, grogna Shizuo, de mauvaise humeur, serrant les poings.
L’étrange personnage tout de blanc vêtu releva la tête. Il enleva son chapeau haut de forme, dévoilant un visage aimable avec des lunettes. Le blond reconnut Shinra.
- Tu viens boire un thé ?, l’invita ce dernier en lui prenant le poignet pour l’entraîner hors de la route.
Ils traversèrent la forêt, qui était devenue une véritable jungle où il était difficile de circuler.
- Pourquoi on n’est pas resté sur la route ?
- Le chemin le plus facile n’est pas celui qui te permettra d’atteindre ton but, s’exclama joyeusement le chirurgien binoclard.
Il y avait très peu de lumière, mais le médecin se déplaçait avec une aisance féline, enjambant les racines, écartant les lianes. Son costume scintillait faiblement dans l’obscurité.
A bout de souffle et de nerf, l’ancien barman rugit :
- ET QUEL EST MON BUT ??
Shinra se retourna, l’expression de son visage étant indéchiffrable à cause des ténèbres environnantes.
- Le chat noir, bien sûr !
Alors qu’il venait à peine de poser un pied hors du restaurant, Izaya entendit un hennissement sinistre, ou le grincement strident de pneus sur l’asphalte.
Celty apparût et freina, arrêtant sa moto près du jeune homme.
Celui-ci sourit.
- Quel bon vent t’amène, Celty Sturluson, fille de toutes choses ? Au fait, félicitation pour tes fiançailles !
De la fumée noire ondoya autour de la Dullahan, signe qu’elle était embarrassée.
Cela encouragea Izaya à la taquiner davantage.
- Vas-tu te marier en robe blanche ? Difficile de porter un voile quand on n’a pas de tête, non ? Et pour le « vous pouvez embrasser la mariée » ?
Il ricana de sa malveillance; elle se raidit.
- Je devine que tu ne voudras pas m’emmener à mon rendez-vous, même si je suis très en retard.
Elle lui fit signe de monter à l’arrière de son engin, bien qu’il discerna son dégoût à cette idée. Il ne se fit pas prier et enroula ses bras autour de sa taille.
- Conduis-moi.
Shizuo s’affala dans un siège molletonné, le visage couvert d’égratignures, et l’uniforme déchiré par endroits.
- Pourquoi on ne pouvait pas juste éviter de passer à travers un buisson de ronces ?
- C’était un bosquet de roses, corrigea Shinra en portant l’une des fleurs, d‘un blanc éclatant, accrochée à son veston, jusqu’à son nez.
Puis, comme pris d’une inspiration, il souleva le couvercle d’une petite marmite posée sur la longue table à laquelle ils étaient assis, et y plongea la fleur.
Le sang qui bouillonnait à l’intérieur teinta rapidement les pétales d’un rouge sirupeux.
Il referma le récipient et sourit. Le blond haussa un sourcil sans lâcher un mot, blasé.
L’autre se justifia, l’air ennuyé :
- Elle déteste les roses blanches.
- Qui ? Celty ?
- Où ça ??, s’écria Shinra en se levant, regardant autour de lui.
L’homme le plus fort d’Ikebukuro secoua la tête avec agacement.
- Elle n’est pas là.
- Mais si !, le détrompa le médecin clandestin.
Un rugissement de moteur, et la moto de Celty surgit des fourrés en volant au dessus de la table.
- Ma reine !, s’exclama le jeune Kishitani. Mon ange, ma chérie, ma Celty d’amou…
Le pneu avant s’écrasa dans son visage tandis que la moto atterrissait.
Soudain, le sang de Shizuo ne fit qu’un tour. Il rejeta son siège en arrière, planté sur ses deux pieds, les muscles tendus.
- Ça PUE !
Izaya descendit vivement de derrière Celty, le couteau à la main, sourire aiguisé et éclairs dans les yeux.
- Shizu-chan.
La tête baissée, le blond ne répondit pas pendant plusieurs secondes. Ses poings se serrèrent.
- I.
- Pardon ?, lança le chat noir en mettant sa main en pavillon devant son oreille, restant néanmoins à distance.
- ZA.
Orihara haussa les épaules, les oreilles en pointes sur son crâne remuant.
- Articules.
- YAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!, hurla l’ancien barman en lui balançant la table.
- Ooooooh, s’émerveilla Shinra qui se dégageait de dessous la lourde moto.
L’informateur esquiva avec une agilité toute féline et s’enfuit dans les bois en riant. Shizuo le suivit en courrant sans la moindre hésitation.
- Quel organe !, se moqua le brun en traversant la forêt à toute allure, le pied très sûr au milieu des branches, des fougères et des racines.
Shizuo, lui, était ralenti par les obstacles dans lesquels il cognait, mais sa motivation suffisait à le faire continuer.
Au fil de leur course, ils croisèrent des créatures étranges. Un lapin albinos vêtu d’un veston les regarda passer d’un air hagard, puis un champs de fleurs chuchota sur leur passage - ou bien était-ce le vent ? - tandis qu’ils le traversaient; ils jetèrent à peine un regard à cet énorme champignon sur lequel était affalée une chenille ventrue s’adonnant avec délice au fumage de l’opium, et ils ignorèrent carrément une petite fille en chaperon rouge portant un panier avec une galette et un petit pot de beurre à l’intérieur qui voulait demander son chemin.
Enfin, ils atteignirent la rue, et Shizuo fût percuté par un camion.
Le chauffeur s’arrêta, paniqué.
- Je ne l’ai pas vu arriver ! Je vous le jure ! Il a déboulé comme un lapin de son terrier…
Izaya sortit son portefeuille avec nonchalance.
- Allons allons, il est plus coriace qu’il n’en a l’air, ne vous inquiétez pas…
Il offrit quelques billets au conducteur et s’accroupit près du blond inconscient, afin de constater les dégâts. Il saignait de jolie manière, mais pas suffisamment à son goût. Il s’agenouilla et glissa ses mains sur son cou avec la tentation de serrer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il se sentait libre de le faire, en toute impunité. Mais il ne le fit pas.
Shizuo ouvrit les yeux et l’attrapa par le poignet.
- Je t’ai enfin attrapé, maudit greffier !
Les oreilles de chat sur la tête d’Izaya frémirent tandis que son sourire s’élargissait, dément.
- Ça ne change rien. Même si tu m’attrapes je te fuirais encore.
Il se pencha. Leurs lèvres claquèrent, leur menton se cognèrent l’un contre l’autre, leurs dents s’entrechoquèrent violemment.
- Tu es vraiment une bête, Shizu-chan, constata le brun en se redressant, essuyant du revers de sa manche un filet de sang coulant de sa bouche égratignée.
- Je te tuerais !, déclara Heiwajima avec conviction.
- Peut-être…de l’autre côté du miroir, se moqua sa némésis en se redressant.
…
La sonnerie du réveil était stridente. D’un geste malencontreux du poing, avant même d’avoir pu se retenir, Shizuo écrasa l’appareil si fort qu’il fendit sa table de chevet.
- Fais chier, murmura-t-il à lui-même en s’asseyant.
Il se passa la main sur les yeux et se rendit compte que quelque chose était posé sur son ventre.
- Un livre ?
Il n’essaya pas de déchiffrer le titre. Il savait déjà de quoi il s’agissait…et il devinait aisément qui l’avait déposé là.
- I…
L’informateur sortit de l’immeuble en sifflotant, lorsqu’il entendit un hurlement de bête :
- ZAYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!
Cela ne fit que le mettre de meilleure humeur encore.