[Fic] - Sherlock (BBC) - L'étrange affaire des tâches ménagères

Feb 17, 2011 08:11

Artiste : drakys
Titre de l'œuvre : L'étrange affaire des tâches ménagères
Fandom : Sherlock (BBC)
Rating : PG-13
Genre de l'œuvre : Humour, Gen (...mais on peut sans grande difficulté imaginer des trucs louches entre John et Sherlock)
Nombre de mots : 3500-ish
Une commande de : little_meenoo (en jumelant les prompts ­John qui tente désespérément de faire une répartition équitable des tâches ménagères et Une interdiction de faire des expériences douteuses dans la cuisine. Avec pour thème quelque chose dans ce genre là : "Ce n'était pas une expérience, je préparais le dîner.")
Bêta et bonnes idées : supaidachan


John n'avait pas encore terminé de tracer la seconde ligne sur le tableau blanc qu'il venait tout fraîchement d'installer au mur que Sherlock demanda :

"...Vous comptez encore vous attaquer à cet insoluble problème des tâches ménagères ?"

La pointe du feutre noir resta un instant suspendue en l'air. Sherlock, aux dernières nouvelles, était assis de travers sur le fauteuil à l'autre bout de la pièce, feuilletait un journal pioché d'une pile sur la table basse et exprimait pour les activités de son colocataire le plus complet manque d'intérêt. Rien d'inhabituel.

"Qu'est-ce qui vous fait dire que-?", il n'eut pas le temps de terminer sa phrase : Sherlock se lançait déjà dans son explication.

"C'est évident. Vous prévoyez tracer sept lignes verticales, une séparation du tableau en huit. Lignes qui sont décentrées, plutôt vers la droite que la gauche. La première colonne, plus large, est donc pour la description des tâches, évidemment. Les autres colonnes pour y distribuer les sept jours de la semaine. Considérant la taille de votre écriture par rapport à la taille actuelle des colonnes, vous devrez écrire Lun, Mar, Mer, Jeu, Ven, Sam et Dim. Dans les cellules créées, vous indiquerez J pour John et S pour Sherlock, espérant ainsi, je crois, me forcer à, entre autres, achetez du lait et, ou...? Non, définitivement et, à nettoyer la cuisine. Je suis déçu, John.

- Déçu ?

- Oui, Dim est le jour du Seigneur, c'est un jour dédié au repos.

- Vous n'êtes pas religieux", John haussa un sourcil.

"Je veux bien l'être pour ne pas me faire harceler au moins une journée par semaine."

Sherlock tourna une page du journal, y fixa le regard et se détourna de quelques degrés, indiquant ainsi que la conversation était terminée. Ce qui sous-entendait aussi qu'il ne voulait plus entendre parler des tâches ménagères.

Sauf peut-être pour qu'on l'informe qu'il n'aurait pas à s'en occuper.

"Si vous m'aviez laisser parler...", John ignora tout ce qui dans l'attitude de Sherlock voulait dire qu'il devait être laissé à sa lecture. "Je voulais demander qu'est-ce qui vous fait dire que la gestion des tâches ménagères est un problème insoluble."

Avec un soupir, Sherlock leva les yeux au-dessus de son journal et dévisagea John.

"Oh. C'est encore plus simple : je suis plus borné que vous. Vous savez bien que je ne respecterai pas ce tableau, parce que contrairement à vous, peu m'importe l'état de cet appartement."

John pinça les lèvres et se retourna, rebouchant le feutre.

"Vous n'avez pas envie, de temps en temps, de vivre dans un endroit ordonné ?

- Ordonné ? Tout est parfaitement en ordre, John. Dans un ordre peu conventionnel, soit, mais je connais l'emplacement de tout ce qui m'intéresse.

- Alors peut-être que vous êtes en mesure de me dire où est le couteau de cuisine que j'ai acheté la semaine dernière ?"

Sherlock se replongea dans son journal, avec, John les remarqua très bien, des signes très évidents de culpabilité.

"...Avant que je réponde, dites-moi : teniez-vous beaucoup à ce couteau ?"

***

John retira ses bottes en considérant les marques de boue qui s'éloignaient de l'entrée pour s'arrêter devant le fauteuil où Sherlock était affalé la tête rejetée en arrière et les mains jointes, en pleine observation du plafond.

"Une affaire compliquée ?", demanda-t-il en récupérant les sacs d'épicerie.

"...Quoi ? Non. Non, pas vraiment. Encore cinq minutes et je devrais avoir trouver la solution.

- Parfait, ça vous laissera un peu de temps pour nettoyer le tapis pendant que je me prépare quelque chose à manger..."

Sherlock fit passer son regard clair du plafond à John, avec une expression confuse.

"Nettoyer le tapis ?"

John pointa ; Sherlock vit les traces de pas, considéra ses souliers, le bas de son pantalon, les tâches de boue. Il se pencha pour enlever ses souliers, se releva pour défaire sa ceinture.

"Vous pourriez faire un effort, ce n'est pas compliqué d'enlever ses souliers !

- J'ai des choses plus importantes à penser !", répliqua Sherlock en cherchant autour de lui. "...Je croyais que j'avais un pantalon propre qui traînait quelque part par ici ?

- Je l'ai rangé.

- Rangé ! Il était parfaitement rangé ici !

- Dans le salon ?

- C'était mon pantalon d'urgence ! Pour... vous savez... les urgences !"

John roula des yeux et ignora Sherlock qui s'éloigna en grommelant, à la recherche d'un pantalon propre. Il secoua la tête et après avoir dégagé un coin du comptoir de la cuisine, y déposa ses sacs d'épicerie.

"N'ouvrez surtout pas le réfrigérateur, la moindre différence de température ruinera mon expérience !", l'avertit Sherlock.

"...Est-ce que j'ai envie de demander pourquoi ?

- Oh, j'ai préparé des échantillons d'urine, c'est pour-

- Je range notre épicerie là-dedans !", s'indigna aussitôt John, avec la conviction profonde de ne pas vouloir entendre l'explication de l'autre homme.

"Je le sais bien. Ainsi, je me suis personnellement assuré que les fioles étaient parfaitement scellées et placées dans un sac stérile.

- Sherlock !"

Sherlock revint, l'air exaspéré.

"Vous ne faites que vous plaindre ! Pourquoi est-ce que vous ne faites que vous plaindre ?"
John fronça les sourcils ; Sherlock continua malgré tout :

"Vraiment, arrêtez de vous plaindre ! Qui se soucie d'une poignée de carottes et d'un filet de saumon oublié dans un coin quand la résolution d'une enquête repose sur le résultat de mon expérience !? Ne soyez pas si égoïste !"

John croisa les bras ; Sherlock considéra enfin, et avec un peu plus de soin, l'expression de l'autre homme.

"...Je vous avais promis quelque chose, n'est-ce pas ? Oui, à voir votre visage, je vous avais définitivement promis quelque chose. Quelque chose dont je devrais me souvenir, mais qui ne devait pas être très important, puisque je ne m'en souviens pas du tout.

- Vous m'aviez promis de ne plus faire d'expérience dans la cuisine", lui rappela John.

"C'est une toute petite expérience", se défendit Sherlock.

"C'est une expérience. Dans la cuisine.

- J'aurai terminé dans une heure ! C'est votre faute, vous êtes revenu plus tôt que prévu !"

John se raidit.

"...C'est ma faute ?"

Sherlock réalisa son erreur trop tard.

"D'accord, d'accord, ne faites pas cette tête ! C'est ma faute. J'aurais dû tenir ma promesse, je suis désolé d'avoir en tête des priorités nettement plus importantes. Voilà. Vous êtes satisfait ?

- Non, il y a de l'urine dans le réfrigérateur.

- Sous scellé", lui rappela Sherlock.

"Quel soulagement."

Sherlock soupira.

"Comment puis-je me racheter ?", demanda-t-il.

"Vous pourriez nettoyer le tapis... et s'il vous reste un peu de temps", ajouta John avec un demi-sourire en désignant les jambes de Sherlock, "peut-être que vous pourriez passer un pantalon."

***

John, en entrant, huma l'air.

Pas d'horrible odeur de cramé, ni aucun autre fumet aussi chimique que sinistre. Il se risqua à enlever son manteau et à passer dans la cuisine. John cligna des yeux. Se pinça l'avant-bras pour être certain qu'il ne rêvait pas.

Le bout de comptoir qui leur tenait lieu de table de cuisine était dégagé, enfin, presque dégagé. Disons qu'entre une pile de livres et un assortiment de fioles, bocaux et autres appareillages du parfait petit chimiste, les couverts étaient placés, les ustensiles les encadraient et Sherlock avait réussi, par un miracle à élucider, à trouver deux coupes propres.

Le bouquet de fleurs faisait un peu exagéré, mais John décida de ne pas commenter.

"Vous avez-

- Ah !", s'exclama Sherlock en le remarquant enfin. "Qu'en pensez-vous ? Vous êtes satisfait ? Véritable repas, servi à une heure qui, à vous écouter, est tout à fait décente. Spaghetti sauce à la viande, pain à l'ail et une bouteille de-", il examina l'étiquette sur la bouteille, "d'un shiraz quelconque.

- Ça m'étonne que vous ne soyez pas expert en vins.

- Oh, mais je pourrais vous dire en le reniflant qu'il n'est pas empoisonné et s'il l'était, je serais en mesure d'identifier le poison utilisé et une variété d'antidotes possibles ou à défaut, vous annoncer le temps qui vous reste à vivre. Pour ce qui est de la bouteille, je peux tout à fait vous informer de ses utilités en tant qu'arme de fortune ou objet sexuel."

John grimaça.

"Sans façon, je me contenterai d'une de ses fonctions moins intéressantes. Boire le vin qu'il y a dedans me conviendra tout à fait.

- Je vous sers ?", demanda Sherlock, avec une amabilité suspicieuse.

"Euh, oui. Oui, pourquoi pas ?", mais plutôt que de s'asseoir, John marcha jusqu'à la poubelle.

"Qu'est-ce que vous faites ?", lui demanda Sherlock, tentant de toute évidence de le distraire de la poubelle. "Dépêchez-vous et mangez, ça va refroidir.

"Donnez-moi une seconde, je veux confirmer un doute...", répondit John en soulevant le couvercle.

Il fixa les cartons vides empilés dans la poubelle.

"...Je constate que vous avez fait livrer.

- C'est une possibilité", admit Sherlock, restant évasif.

"Je dirais que c'est plus qu'une possibilité", John lui lança un regard semi-amusé. "À moins que ces cartons soient apparus là par magie.

- Ne soyez pas bête, la magie n'existe-", Sherlock remarqua l'expression de John et concéda : "Oui, j'ai fait livrer."

John s'installa devant son assiette et la fixa pendant un moment.

"...Vous ne mangez pas ?"

Plutôt que de lui répondre, John prit sa fourchette et poussa le spaghetti pour examiner les motifs de l'assiette dans laquelle le repas était servi. Il replaça le spaghetti, déposa sa fourchette et coudes sur la table, joignit les mains sous son menton.

"Sherlock...?

- Oui, John ?

- Nos assiettes sont dans l'évier et encore sales à ce que je peux voir.

- Je ne trouvais pas le savon à vaisselle", se défendit Sherlock.

"C'est vrai qu'il est difficile à trouver, étant placé en évidence à côté de l'évier, avec les autres essentiels comme l'éponge et la brosse à récurer. Si vous voulez, je peux les attacher à votre portable, vous aurez plus de chance pour le trouver la prochaine fois ?"

Sherlock roula des yeux, changea de tactique :

"Je n'ai pas eu le temps de la laver, j'étais... J'étais occupé.

- Vraiment ?

- Bon d'accord, je n'avais pas du tout envie de la laver, voilà ! Il y avait des crétins qui avaient laissé des commentaires entièrement dénués de pertinence sur le forum de mon site, j'ai dû répondre à certains des plus imbéciles pour empêcher le niveau intellectuel de tomber sous les limites du raisonnable. ...Vous devez être satisfait par cette admission. Puis-je maintenant présumer que vous allez manger et me remercier de l'étendue de mes efforts ?"

John sourit.

"Pas tout de suite, il me reste une question."

Sherlock leva les yeux au plafond et poussa un soupir irrité, ce que John décida d'interpréter comme une invitation à continuer :

"Puisqu'il ne s'agit pas de nos assiettes, à qui les avez-vous prises ?

- Est-ce vraiment important ?"

John haussa un sourcil.

"Considérant que je vais devoir les laver et les remettre à leur propriétaire légitime, je crois que je suis en droit de savoir.

- Et bien... si vous devez absolument savoir, elles sont à madame Hudson."

Apparemment satisfait, John reprit sa fourchette et commença à manger. Entre deux bouchées, il finit par demander :

"...Dites-moi, est-ce que madame Hudson est au courant que vous vous êtes approprié ses couverts et ses fleurs ?

- Qu'est-ce qui vous fait dire que ce sont ses fleurs ?", répliqua aussitôt Sherlock, en évitant de répondre. "J'ai peut-être acheté ces fleurs pour vous. C'est le genre d'attention ridicule qu'apprécient les gens, en général."

John avala une gorgée de vin, reposa sa coupe et fixa Sherlock.

"Vous avez quelque chose à vous faire pardonner ?

- ...Quoi ?

- Vous savez, c'est toujours une surprise de réaliser que vous pouvez identifier la provenance d'une infime trace des cendres d'un cigare après deux secondes d'examen, mais que vous êtes incapable de saisir les subtilités des relations interpersonnelles de la vie courante. En général, un achat de fleurs cache quelque chose.

- Et bien, je n'ai rien à cacher !

- Encore heureux, les fleurs tendent aussi à demander pardon après un incartade amoureuse."

Sherlock le dévisagea, fronça les sourcils et commença, avec une note de doute dans la voix :

"Nous ne sommes pas-

- C'était une blague", l'interrompit John, avant de soulever du bout des doigts la carte encore attachée au bouquet : "Mais vous feriez mieux de rapporter le bouquet à madame Hudson, parce que les détails notés dans la carte sont assez graphiques et je n'étais pas si curieux que ça de savoir ce qu'on peut faire sans son dentier."

Sherlock fit la moue et finit par lui assurer qu'il irait reporter les fleurs où ils les avaient trouvées. John continua à manger en silence, jusqu'à ce que, n'y tenant plus, il demanda :

"Vous ne mangez rien ?

- Je n'ai pas faim.

- Je trouve ça flippant que vous passiez le repas à me regarder manger. Je dis ça au cas où, peut-être, ça vous donnerait envie d'arrêter.

- Oh, mais on apprend des tas de choses sur une personne en la regardant manger !"

John ferma les yeux une seconde, compta mentalement jusqu'à dix et grinça :

"C'est pile ce que je trouve flippant.

- Ça ne peut pas être si dérangeant. Je suis convaincu que votre niveau d'inconfort serait bien supérieur si je vous disais à quoi je pensais en vous regardant manger."

John le dévisagea ; Sherlock lui retourna son regard avec aplomb.

"...C'est une blague ?", demanda finalement John, en espérant que c'était le cas.

"Qu'est-ce que vous en pensez ?", sourit Sherlock.

"Je crois que je préfère rester dans l'ignorance sur ce point", avec un soupir, John reposa encore une fois sa fourchette. "Encore une chose...

- Oh non, pas encore une autre ! Qu'il y a-t-il, cette fois ? Votre spaghetti est froid ? Le vin est trop chaud ? Le pain n'est plus assez croustillant ? Si vous aviez consommé votre repas dans une délai raisonnable, pendant que leur chaleur interne était à leur niveau le plus approprié, plutôt que de discuter de choses sans importance, vous ne seriez pas en train de vous plaindre.

- Je n'allais pas me plaindre", lui assura John.

"Non ?", Sherlock parut sincèrement surpris. "Quoi alors ?

- Je veux simplement que quelque chose soit très clair entre nous. Seulement parce que vous avez pensé à me commander quelque chose à manger, ça ne veut pas dire que vous n'avez pas à nettoyer la salle de bain.

- Rhâ !"

***

John, en entrant, huma l'air. Ou plutôt, essaya. Ce qui attira son attention en premier fut plutôt un Arghhh ! suivit d'un bruit d'impact et d'un Pschhhhht- qui n'annonçait rien de bon. Il courut à la cuisine et s'arrêta aussitôt, considérant la scène.

Sherlock était assis au bord du comptoir avec les mitaines de four encore aux mains, les pieds surélevés et fixait la tache fumante (et possiblement vivante, considérant la faible plainte qu'elle émettait) qui s'étalait encore par terre sous la casserole renversée. Il releva la tête pour considérer John.

"N'approchez pas. Je ne suis pas certain de la stabilité de ce... de cette substance."

John, dans l'ordre, soupira, secoua la tête et s'appuya contre le cadre de porte en croisant les bras.

"Vous m'aviez promis, pour la je ne sais trop combientième fois, de ne plus faire d'expériences dans la cuisine."

Sherlock dévisagea John ; John, pour ne pas être en reste, le dévisagea en retour. Sherlock finit par s'éclaircir la gorge.

"...En fait, voyez-vous, ce n'est pas ça du tout.

- Ah non ?

- Ce n'était pas... Ahem. Ce n'était pas une expérience, je préparais le dîner. Enfin, j'imagine que d'un point de vue plus objectif, la vérité est plus près de j'essayais de préparer le dîner. Ce qui, je crois, vient de se solder par un échec assez frustrant."
John baissa les yeux et considéra la tache.

"Le dîner ?

- Je vous assure que plus tôt aujourd'hui, cette masse d'une couleur inhabituelle, définitivement informe, voire même gluante, a eu des prétentions de devenir un ragoût tout à fait correct", insista Sherlock. "J'ai encore le ticket d'épicerie des ingrédients, s'il le faut, je peux prouver ce que j'avance.

- Un... ragoût ?"

Sherlock haussa un sourcil et baissa les yeux, parut considérer les mitaines de four qu'il avait encore aux mains et les enleva.

"Vous ne me croyez pas ?

- Ce n'est pas que...", John referma la bouche et le choc le força à poser de nouveau la question : "Un ragoût ?"

Sherlock hocha la tête ; John éclata de rire.

"Quoi ? Quoi !?

- C'est seulement... C'est que... Comment avez-vous fait pour que ça devienne vert !?"

Avec un froncement de sourcils décontenancé, Sherlock finit par avouer :

"Je n'en ai vraiment aucune idée. Je croyais que cuisiner serait beaucoup plus facile. Le résultat me force à une certaine perplexité quant à ma maîtrise supposée de certaines évidences chimiques.

- Vous avez suivi quoi, comme recette ?

- Quelle recette ?", répliqua Sherlock, confus. "Il faut une recette pour faire du ragoût ?

- Dans votre cas, je dirais que oui.

- Je croyais qu'il s'agissait de jeter un tas de trucs dans un genre de bouillon et d'attendre que ça cuise."

John se passa une main sur le visage, surtout pour cacher son sourire. Il prit un chiffon, se pencha pour redresser la casserole et entreprit de nettoyer le plus gros du désastre. Sherlock, pour une fois, l'aida sans trop rechigner.

"Regardez où votre mauvaise volonté me mène... À quatre pattes à gratter une substance odieuse dans le seul but de garder votre cuisine propre. Je suis certain que je pourrai être en train d'accomplir je ne sais quelle tâche d'une importance plus grande.

- C'est une substance odieuse parce que vous ne savez pas cuisiner. ...Et si vous aviez vraiment eu quelque chose de plus important à faire, vous ne vous seriez jamais assez ennuyé pour essayer de cuisiner.

- Hmpf", grommela Sherlock en frottant avec acharnement le plancher. "Comment vous arrivez à vous débarrasser de ce genre de taches !?

- Avec de l'eau savonneuse... et de la patience", ajouta John avec un demi-sourire.

"Merveilleux, le nettoyage nécessite une qualité que je n'ai pas pour les idioties domestiques."

Sherlock continua de frotter le plancher qui, après un bon moment, retrouva à peu près ses couleurs et sa texture d'origine. Après avoir réorganisé le reste de la vaisselle sale, John souleva la casserole et la déposa dans l'évier. Il l'examina de plus près, se risquant à tapoter une croûte mousseuse du doigt.

"Ça ne ressemble même pas un tout petit peu à un...

- C'est un ragoût ! En tout cas, c'est ce que ce devait être", s'entêta Sherlock.

"...Vous ne cuisinez vraiment jamais ?", demanda John.

"Je mange à peine, ça me paraissait une perte de temps de figurer comment accomplir quelque chose de plus complexe que de faire bouillir de l'eau pour le thé."

John éclata de rire.

"Quoi ? Quoi !? Qu'est-ce qu'il y a !?", Sherlock le dévisagea.

"C'est... Pff-t", John essaya de se calmer.

Il soupira, s'assit sur ses talons et considéra l'autre homme.

"Vous êtes... Enfin, je ne veux pas paraître étrange ou rien, Dieu sait que madame Hudson et les trois quarts de vos connaissances n'ont pas besoin de plus de matériel pour s'imaginer des choses, mais vous êtes vraiment remarquable, en général. Vous êtes certainement la personne la plus intelligente que je connaisse-

- Oh, merci-

- Mais", s'empressa de l'interrompre John, "vous êtes aussi vraiment nul pour vous acquitter des tâches les plus simples."

Après une pause assez longue, Sherlock risqua :

"...Et vous voulez que je vous remercie de votre abnégation et autres bons sentiments louables, tout ce qui fait que vous n'avez pas encore quitté cet appartement en hurlant ?

- Non.

- ...Que j'admette mon ignorance quant à la façon mystérieuse dont mes besoins essentiels étaient pourvus avant votre arrivée ?

- Non."

Après une pause encore plus longue, Sherlock demanda :

"Ce que vous essayez d'impliquer, sous couvert d'un compliment à mon endroit... Non, plutôt par l'énonciation d'une simple vérité concernant mes compétences... C'est que malgré l'état désastreux de la cuisine et la preuve maintes fois faites de mon incompétence générale en matière de tâches ménagères, vous continuerez quand même à me harceler pour des histoires de cartons de lait à acheter et de toilette à laver ? Dans l'espoir, futile, je vous avertis, qu'un jour, je m'en acquitte avec toute la diligence et l'excellence attendues ?"

John sourit.

"Vous êtes vraiment trop fort."

(17 février 2011)

2011, artiste : drakys, fandom : sherlock (bbc), fanfic, rating : pg-13, gen

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