[FIC] Merlin - Prince et princesse

May 13, 2010 17:31

Artiste : little_meenoo
Titre de l'oeuvre : Prince et Princesse
Fandom : Merlin
Rating : PG
Genre : Humour
Nombre de mots : ~4000
Disclaimer : BBC
Une commande de : modocanis


Merlin avait encore du mal à réaliser ce qui venait de se produire.

Ce matin-là, Arthur était sorti s’échauffer en vue du grand tournoi devant se dérouler l’après-midi même. Il se servait, comme à son habitude, de son serviteur comme punching-ball, lorsqu’un homme surgit de nulle part l’avait soudain attaqué.

Tentant de voler au secours de son prince, Merlin avait discrètement lancé un sort contre l’assaillant. Mais, trébuchant au beau milieu de la formule, il s’embrouilla complètement dans la prononciation des derniers mots. L’incantation avait rebondit contre un seau qui avait eu la mauvaise idée de traîner dans les parages avant d’atteindre Arthur de plein fouet.

Sur le coup, celui-ci ne paru se rendre compte de rien, parvenant même à assommer son adversaire qui le dévisageait, hébété. Il s’était ensuite mis à pousser de grands cris en découvrant qu’il avait été transformé en fille. En fille !

Merlin trouvait sa réaction légèrement disproportionnée, mais se garda bien de le lui faire savoir. Après tout, le résultat aurait pu être bien pire...

Sans tenir compte du fait que sa carrure était soudain bien moins imposante, Arthur s’était fait un devoir de secouer son assaillant comme un prunier, l’étourdissant de menaces. Il dut cependant se rendre à l’évidence : l’homme n’avait pas la moindre idée de ce qui venait de se passer. Il l’avait tout simplement attaqué dans l’espoir de lui voler sa bourse. Son regard éberlué et la façon dont il ne cessait de répéter : “Vous êtes une fille. Vous êtes une fille.” - ce qui n’avait pas d’autre effet que d’énerver chaque fois un peu plus Arthur - suffisaient à le prouver.

Merlin s’assura que le brigand serait escorté en prison, avant de s’évertuer à reconduire Arthur jusqu’à sa chambre aussi discrètement que possible. Ce ne fut pas une chose aisée étant donné qu’il (elle ?) s’obstinait à s’écrier régulièrement, d’une voix aux accents étrangement aigus : «Ce n’est pas possible !», attirant immanquablement l’attention des passants qui leur jetaient des regards inquiets.

Ils y parvinrent néanmoins. Arthur se précipita aussitôt devant son miroir, s’examinant sous toutes les coutures. Merlin le regarda faire, songeant qu’il devrait sans doute se repentir pour ce qui venait d’arriver à son prince par sa faute et s’inquiéter d’éventuelles représailles si la vérité venait à être découverte. Mais il ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement. Ce n’était pas la première fois qu’il métamorphosait un être vivant (il avait déjà réussi à obtenir des rats d’une jolie couleur verte en tentant de les changer en grenouille) et il savait que l’effet de ces sorts ne durait jamais bien longtemps. Il n’y avait pas de raison que ce soit différent dans ce cas-là et il n’était donc pas nécessaire de s’inquiéter outre mesure.

Et puis, il avait rarement l’occasion d’observer Arthur dans une position aussi inconfortable. D’ordinaire, c’était plutôt lui, la victime des mauvaises blagues. Pour une fois que les rôles étaient inversés, il comptait bien en profiter.

Arthur ne quittait pas son reflet des yeux. Son visage était beaucoup plus fin, ses cheveux avaient atteint une longueur catastrophique et sa poitrine était maintenant doté d’atroces rondeurs. Il blêmit. Il fallait bien se rendre à l’évidence, il n’était plus un prince, mais une princesse .

«Ce n’est pas possible !» s’exclama-t-il encore une fois, avant de se tourner vers Merlin. «Il faut trouver une solution. Au plus vite. Je ne peux pas rester dans cet état !»

«C’est vrai que ça ne va pas être pratique pour le tournoi.» lui fit remarquer le jeune homme.

«Le tournoi !»

Ce détail était complètement sorti de la tête d’Arthur. Son serviteur qui, en revanche, avait passé tant d’heures à lustrer sa plus belle armure, trouvait dommage que tout ce travail soit perdu...

«Vous allez avoir du mal à vous battre... en tant que fille...»

«Je ne vois pas en quoi être une fille m’empêcherait de me battre !» s’offusqua Arthur.

Merlin pouffa.

«Si Morgana vous entendait...»

Les longs cils d’Arthur n'ôtèrent rien à la noirceur du regard qu’il lui retourna.

«Je n’ai pas le choix. Je dois me présenter à ce tournoi. Tout le monde va se demander où je suis passé. Certains risquent même de s’imaginer que je suis un lâche !»

«Vous préférez que tout le monde sache que vous être une princesse ?»

«Oh, tais-toi, Merlin !»

Arthur se passa rageusement une main dans les cheveux, s’empêtra dans leurs longues boucles, poussa un juron.

«Vous pourriez prétendre être malade.» proposa Merlin.

«Pour que Gaius vienne prendre de mes nouvelles ? “Oh, je ne sais pas trop ce que j’ai. J’ai l’impression d’avoir une drôle voix et j’ai une soudaine envie de faire de la broderie...” »

Son serviteur écarquilla les yeux.

«Vous avez envie de faire de la broderie ?»

«Non, Merlin. Non. »

Merlin haussa les épaules. Il ne pouvait pas savoir. Après tout, le sort avait peut-être certains effets secondaires inattendus... Il s’évertua à trouver une solution tandis qu’Arthur continuait à se contempler avec horreur.

«Vous auriez pu avoir été attaqué par une ignoble créature pendant votre entraînement ce matin et être parti à sa poursuite ? Pour la sécurité du royaume.»

Après tout, ce n’était pas si loin de la réalité... La mine patibulaire du type de ce matin aurait facilement pu être qualifiée de “monstrueuse”.

«Est-ce que j’ai l’air assez stupide pour partir seul à la poursuite d’une ignoble créature ?»

Merlin dut se mordre la langue pour ne pas laisser échapper le fond de sa pensée. Arthur secoua la tête en soupirant.

«Je suppose que ça fera l’affaire...»

Merlin fut bien entendu chargé de faire la commission. Expliquer la situation à Uther ne fut pas une mince affaire.

Le jeune sorcier dut attendre que le roi retrouve son calme après qu’il lui eut appris que son fils ne participerait pas au tournoi (les mots “honte” et “déshonneur” revinrent plusieurs fois dans le discours du souverain). Quand il pu enfin lui expliquer que ce malheureux changement de programme était dû au fait qu’Arthur, pour le bien du royaume, avait dû se lancer à la poursuite d’un terrible monstre (assez dangereux pour menacer la population, mais pas au point de mettre la vie du prince en danger), Uther lui jeta un regard dubitatif. Il sembla néanmoins se contenter de cette explication.

Il demanda seulement à Merlin, une pointe de mépris dans la voix, pourquoi il n’avait pas cru bon d’accompagner son fils dans cette périlleuse aventure.

«Parce que le prince m’a demandé de venir vous éclairer sur les causes de son absence, sire.» rétorqua Merlin, s’inclinant de façon un peu raide avant de quitter la pièce.

Il décida de faire un petit détour avant d’aller rejoindre Arthur. Il avait pensé à quelque chose qui pourrait lui être utile. Et cette idée le faisait beaucoup trop sourire pour être tout à fait honnête.

Comme il fallait s’y attendre, Arthur regarda avec suspicion ce que son serviteur lui avait si gentiment rapporté.

«Où est-ce que tu es allé chercher ça ?»

«Dans la chambre de Morgana...»

Merlin s’attendait à des remontrances pour avoir oser fouiller dans la chambre d’une fille - d’une princesse qui plus est - mais la réaction d’Arthur fut tout autre.

«Morgana ne porte pas de rose. Ni de... de...»

«Froufrous ? Justement !» répliqua Merlin avec un large sourire. «Il y a peu de chances qu’elle s’aperçoive de la disparition de cette robe.»

Arthur le foudroya du regard.

«Et je peux savoir ce que tu comptes faire avec ?»

Merlin se dandina d’un pied sur l’autre, cachant mal son amusement. Il n’y avait sans doute aucun moyen de présenter son idée à Arthur sous un jour favorable.

«Euh... Je pensais que vous pourriez la porter... Vous savez... Pour passer inaperçu...»

«Passer inaperçu ? Dans une robe rose ?!» s’étrangla Arthur.

«Vous êtes une fille...» lui rappela Merlin.

«Argh !»

Les instants suivants furent interminables. Merlin dut développer des trésors de patience pour amener Arthur à prêter ne serait-ce qu’une oreille à son argumentation au lieu de jurer et de lui demander de se taire dès qu’il tentait d’ouvrir la bouche. Il fut encore plus dur de faire admettre à ce crétin borné qu’il avait raison, qu’une fille passerait bien plus facilement inaperçue en robe qu’en tenue princière. Et il fut quasiment impossible de lui faire enfiler ladite robe.

Merlin dut venir à son secours pour l’aider à mettre son corset. Il avait la très désagréable impression que ses mains ne cessaient de s’égarer là où il ne fallait pas et il était passé par toutes les teintes de rouge possible lors de l’exercice. Habiller un prince était bien plus facile que vêtir une princesse, dut-il convenir.

Et coiffer une demoiselle était, si possible, encore pire.

La version féminine d’Arthur faisait preuve d’une sensibilité exacerbée et s’assurait de le faire savoir à son serviteur en gesticulant et en jurant aussi souvent qu’il le pouvait. Des nœuds cruels semblaient prendre un malin plaisir à se former un peu partout, et dès que Merlin avait le malheur de tirer un peu trop fort dessus, Arthur mettait cela sur le compte de sa maladresse.

Enfin, ils parvinrent à un résultat convenable.

Arthur se détailla dans le miroir et fut horrifié de constater que sa première pensée fut que ça ne lui allait pas si mal que ça.

«Et maintenant ?» demanda-t-il rapidement à Merlin, refusant de s’appesantir plus longtemps sur la question. «Tournoi ou pas, je ne peux pas rester dans cet état.»

«On peut peut-être trouver un remède dans un des vieux grimoires de Gaius...?»

Merlin en doutait, mais il ne pouvait pas se contenter de dire à Arthur que tout ce qu’ils avaient à faire, c’était attendre que les effets de l’enchantement se dissipent d’eux-mêmes.

«Au cas où tu n’aurais pas remarqué, Merlin, je ne suis pas malade , on m’a jeté un sort !»

Son serviteur haussa les épaules.

«Ça ne coûte rien d’essayer... Et puis de toute façon, il ne vaut mieux pas rester ici. N’importe qui pourrait entrer et vous découvrir dans cet état.»

Arthur scruta son reflet d’un œil acéré.

«Ou imaginer que je suis en charmante compagnie.»

«Oh, euh, merci...» bafouilla Merlin.

«Je parlais de moi.»

«Oh ! Bien sûr.»

Arthur soupira. Son serviteur était décidément un bien sombre crétin.

«Et bien, qu’est-ce que tu attends ? En route !»

Devoir à nouveau traverser la cour du château fut une rude épreuve pour Arthur. Il s’attendait à tout moment à ce que tout le monde se retourne et le pointe du doigt en riant à gorge déployée. Mais fort heureusement personne ne semblait s’intéresser à lui.

Quelque part, ça lui paraissait tout aussi étrange : le moindre de ses déplacements princiers avait d’ordinaire tendance à monopoliser toute l’attention des passants.

***

La petite maison de Gaius était habitée d’un désordre indescriptible. Ce n’était pas la première fois qu’Arthur y mettait les pieds - il avait même déjà fouillé la pièce de fond en comble - mais ne comptant pas s’y éterniser, il n’avait jamais réellement prêté attention à l’ordre et à la propreté des lieux. Cette fois-ci, ça lui sauta aux yeux.

«Pouah ! Merlin ! Mais tu ne fais jamais le ménage ?»

«Je suis bien trop occupé avec vos appartements...» marmonna le jeune homme.

Arthur ne releva pas la remarque. Sans attendre la moindre invitation, il s’affala sur la première chaise qui se présentait. Fronçant les sourcils, il dut se relever pour arranger les plis (inconfortables) de sa robe.

Merlin masqua son sourire en se lançant à la recherche des grimoires touchant de près ou de loin aux ensorcellements. Mine de rien, ça en faisait pas mal. La pile ne cessait de s’agrandir sous les yeux horrifiés d’Arthur. Ils allaient en avoir pour des heures !

Merlin soupira et s’attela à la tâche, relevant méthodiquement tout ce qui s’approchait du sujet. Arthur, de son côté, faisait tout juste l’effort de tourner distraitement les pages de son livre du bout de ses longs doigts fins pour donner l’impression de participer un minimum aux recherches. A croire que son sort ne le dérangeait finalement pas tant que ça... Merlin se demanda pourquoi il faisait tant d’efforts.

D’après ses lectures, il n’existait qu’une seule et unique solution au problème. Et ça n’allait pas plaire à Arthur...

Merlin referma le grimoire qu’il consultait d’un coup sec, faisant voleter un nuage de poussière qui vint lui piquer les yeux. La version féminine du prince lui envoya en pleine figure la boulette de papier qu’elle triturait depuis une bonne demi-heure.

«Alors ?»

«Et bien, il semblerait que quand une princesse soit ensorcelée, la seule solution pour la délivrer soit...»

Merlin marqua une pause, hésita. Ça allait forcément lui retomber dessus. Arthur l’incita à continuer d’un geste impatient.

«Oui ?»

«Le baiser d’un prince...» articula-t-il très vite.

«Merlin, je suis le prince.»

«Plus en ce moment...»

Sa remarque lui valu une œillade meurtrière.

«Parce que tu as un autre prince sous la main peut-être ?»

«Non.»

«Alors continue à chercher.»

Merlin souffla. Il savait que c’était totalement inutile. Mais il était tout aussi conscient qu’Arthur refuserait d’en rester là. Il ne lui restait plus qu’à espérer que le prince, déjà bien excédé par les recherches, finisse par se lasser.

Il n’eut pas à attendre bien longtemps. Arthur abandonna son livre pour faire le tour de la pièce, détaillant avec attention tous les étranges objets et appareils qui la peuplaient. Merlin constata avec soulagement que son prince était tout de même bien moins maladroit que lui : à sa place, il se serait déjà débrouillé pour casser un nombre assez incroyable d’ustensiles, et ce sans avoir à porter tous ces froufrous qui semblaient prendre un malin plaisir à s’accrocher partout.

Arthur revint finalement s’installer en face de lui, lui demandant si Gaius ne risquait pas de revenir. Merlin lui assura que non. Avec le tournoi, le vieux médecin devait rester sur place pour s’occuper d’éventuels blessés.

Le tournoi. Les yeux d’Arthur brillèrent de frustration. A ce moment même, il aurait pu se trouver à l’extérieur, en plein combat, a briller par sa technique et sa dextérité. Au lieu de quoi, il se retrouvait à respirer l’odeur poussiéreuse de vieux livres, le tout dans un corps tout à fait inconvenant.

En tendant l’oreille, ils pouvaient entendre des clameurs leur parvenir de l’extérieur. Ils durent néanmoins attendre la fin de l’après-midi pour obtenir plus de nouvelles.

D’après les rumeurs qui courraient, un chevalier inconnu - qui avait apparemment refusé de se découvrir devant le roi (rendez-vous compte !) - avait remporté l’épreuve avec brio. Arthur rongeait son frein. Ah, si seulement il avait pu participer ! Il lui aurait rabattu de caquet, à ce blanc-bec. Cela ne faisait aucun doute.

On frappa à la porte, mettant fin à ses tergiversations. Merlin se dépêcha de pousser Arthur dans sa chambre, sans tenir compte de ses protestations, avant d’aller ouvrir. Il resta bêtement planté sur le pas de la porte, la bouche grande ouverte.

«Lancelot !»

Mis à part ses cheveux qui avaient repoussés depuis la dernière fois qu’il l’avait vu et encadraient à présent fort joliment son visage, le jeune homme n’avait pas changé. Un immense sourire éclaira le visage de Merlin alors qu’il l’entraînait dans une chaleureuse accolade.

«Shhh !»

Bien que souriant lui aussi, Lancelot jeta un regard nerveux à droite et à gauche avant d’entrer rapidement.

«Gaius n’est pas ici, n’est-ce pas ? Il m’a semblé l’apercevoir sur les lieux du tournoi.»

«Non, mais...»

Merlin ne put jamais finir sa phrase, la porte de sa chambre s’ouvrant à toute volée. Arthur n’avait pas perdu une miette de la scène.

«Qu’est-ce que vous faites ici ?» s’exclama-t-il, oscillant entre la surprise, le plaisir et l’indignation.

«Pardonnez-moi !» s’excusa aussitôt Lancelot avant de se tourner vers Merlin. «Je ne savais pas que tu étais en aussi bonne compagnie.»

S’avançant vers Arthur, il se saisit de sa main et y posa respectueusement les lèvres.

«Sire Lancelot, ma dame. Enchanté de faire votre connaissance. Et veuillez excuser mon intrusion. J’espère que je ne vous ai pas effrayé.»

Arthur retira vivement ses doigts. Il maudit le rouge qu’il sentait lui monter aux joues. Merlin était franchement hilare.

Le prince tenta de reprendre contenance.

«Bien sûr que non.»

«Dis moi, Lancelot,» intervint Merlin. «Ce chevalier dont tout le monde parle, celui qui a remporté le tournoi, c’est toi n’est-ce pas ?»

Lancelot sourit avec modestie.

«Et bien, le prince était absent...»

«Ne croyez pas qu’il vous aurait laissé l’emporter aussi facilement.»

Le chevalier remarqua avec amusement que la jeune fille le toisait avec hauteur.

«Oh, je n’en doute pas. J’aurais vraiment aimé l’affronter à nouveau...»

«Ce n’est que partie remise.»

Lancelot dévisagea cette étrange demoiselle avec curiosité.

«Se serait-on déjà rencontrés ? Votre visage me semble familier...»

Arthur tressaillit.

«Non. Certainement pas.»

Merlin jugea plus sage d’intervenir. Après tout, Lancelot était au courant de l’existence de ses pouvoirs. Et il n’était pas bête, il risquait de faire le rapprochement. Ensuite, une gaffe était si vite arrivée...

Il posa ses mains sur les épaules d’Arthur.

«Je te présente ma cousine... euh... Aurore !»

Arthur se tourna vers lui et articula silencieusement le mot “Aurore” avec incrédulité. Le regard de Lancelot passait de l’un à l’autre, perplexe.

«Alors, vous n’êtes pas... Je veux dire, vous n’êtes pas...» bafouilla-t-il en les désignants successivement du doigt avant de s’embrouiller en faisant de drôles de mouvements croisés avec ses mains.

Arthur blêmit lorsqu’il comprit où il voulait en voulait en venir. Merlin, de son côté, opta pour une jolie teinte pivoine.

«Non ! Non, pas du tout !» s’exclamèrent-ils de concert.

«Excusez-moi, ma question était déplacée...»

Un silence embarrassé s’installa dans la pièce. Lancelot se lança dans la contemplation de ses bottes.

«Hm... Et bien... Je crois que je vais vous laisser à présent. C’était un plaisir de te revoir Merlin. Ma dame...»

«Tu ne restes pas ?»

La déception pouvait se lire sur le visage de Merlin.

«Je crains que le roi ne m’apprécie guère...»

«C’est fort regrettable...» murmura Arthur.

Lancelot lui jeta un regard surpris. Le prince se détourna.

A contrecœur, Merlin raccompagna son ami jusqu’à la porte.

«Tu es sûr que tu ne veux vraiment pas rester ? Juste pour prendre le thé ? Manger un morceau ?»

«Je regrette, Merlin. Si on me découvrait, ça créerait beaucoup trop de problèmes. Autant à toi qu’à moi...»

Avant de disparaître pour de bon, Lancelot se pencha néanmoins vers lui, et chuchotant à son oreille, guère plus qu’un murmure, lui demanda s’il pourrait saluer Guinevere de sa part. Merlin jeta un coup d’oeil nerveux en direction d’Arthur, qui, fort heureusement, semblait ne rien avoir entendu. Il acquiesça.

Une fois la porte refermée, Merlin et Arthur se dévisagèrent dans un silence embarrassé. Le prince ne demanda pas à son serviteur s’il lui arrivait souvent d’héberger des traîtres. Le cœur n’y était pas, et de toute façon, la plaisanterie n’avait rien de drôle.

Remarquant qu’il avait les yeux perdu dans le vague, Merlin esquissa un drôle de petit sourire.

«Quoi ?» demanda Arthur, sur la défensive.

«Il vous plaît.»

Le prince manqua de s’étouffer.

«Mais pas du tout !» s’exclama-t-il, un tout petit peu trop vite. «Il ferait un bon chevalier, certes mais ce n’est pas...»

Le sourire de Merlin s’agrandit, une étincelle de malice brillant au fond de ses yeux. Voyant qu’il s’enfonçait, Arthur tenta de reprendre contenance.

«Pour ta gouverne, Merlin, je suis un garçon.»

«Pas en ce moment...»

«Ça ne change rien !»

«Si vous le dites...»

Le prince manqua de l’étrangler.

Pour sa survie, Merlin choisit d’arrêter là les provocations. Même si Arthur n’était en ce moment pas en pleine possession de ses moyens, il ne faisait aucun doute qu’il trouverait le moyen de se venger plus tard.

Le jeune sorcier se replongea donc studieusement (bien qu’à contrecœur) dans la lecture des épais volumes de la bibliothèque de Gaius.

Assez rapidement, le prince commença à bailler, à chaque fois avec un peu plus d’insistance, cherchant manifestement à attirer l’attention. Merlin finit par lever les yeux vers lui.

«Vous voulez aller vous coucher ?»

«Je ne sais pas si je survivrait encore longtemps à tant d’ennui.» rétorqua Arthur en repoussant derrière son oreille une mèche de cheveux qui venait lui chatouiller la joue.

Merlin ne se fit pas prier. Il lui céda le lit sans trop rechigner. Il savait qu’il était de toute façon inutile de tenter de négocier avec ce crétin au sang royal, mais il préférait imaginer qu’il ne l’avait fait que parce qu’il était incorrect de laisser dormir une jeune fille à même le sol.

Étrangement, malgré sa nouvelle apparence, les ronflements d’Arthur n’avaient eux toujours rien en commun avec ceux d’une frêle jeune fille.

Merlin passa la nuit à rêver qu’il coiffait des kilomètres et des kilomètres de cheveux. L’expérience n’était des plus agréables. A son réveil, il pouvait encore sentir des crampes dans le bout de ses doigts. Il grimaça en faisant fonctionner les articulations de sa main.

Un froissement de draps se fit entendre dans le lit voisin.

«Gnnnm... Merlin ?»

La voix sonnait bien plus grave que la veille. Était-ce dû au sommeil, ou bien...?

Le sorcier se leva précipitamment. Pas de doute, les cheveux d’Arthur avaient repris leur taille normale. Sa carrure aussi d’ailleurs. Le prince avait l’air parfaitement ridicule dans sa robe. Merlin pouffa.

Arthur fronça les sourcils. Il jeta un coup d’oeil à sa tenue pour tenter de comprendre ce qui amusait tant son serviteur, comptant bien le lui faire payer. Mais au lieu de ça, il se mit à son tour à sourire comme un forcené.

«Guéri ! Je suis guéri !» s’exclama-t-il en bondissant hors du lit. «Ah, ce que c’est bon de retrouver son état normal !»

Il s’amusait à faire jouer les muscles de ses bras lorsque la tête de Gaius, qui avait dû rentrer au cours de la nuit, apparu dans l’encadrement de la porte.

«Qu’est-ce que c’est que ce raffut ?»

Le vieil homme se figea, les yeux ronds comme des soucoupes. Les efforts qu’ils déploya pour ne pas éclater de rire donnèrent lieu à des grimaces mémorables.

«Je vous demande pardon, votre Majesté .» réussit-il à articuler avant de refermer la porte en vitesse.

Arthur rougit jusqu’aux oreilles et lança un regard furieux à Merlin, comme si tout était de sa faute.

La question de la tenue fut rapidement réglée (Merlin dut partir à la recherche d’une chemise et d’un pantalon en quatrième vitesse, Arthur refusant catégoriquement d’emprunter l’un des siens) et le prince pu enfin regagner le château avec toute sa dignité.

Il ne fut pas une mince affaire d’expliquer à son père sa disparition de la veille. Uther voulut une description précise de la créature qui avait eut l’aplomb de détourner son fils de ses devoirs (au final, elle ressembla assez à un gros hérisson cornu et puant).

Une fois son récit terminé, il le félicita de son courage, mais pas sans lui avoir fait remarquer que son absence de la veille avait permis à un illustre inconnu de remporter le tournoi.

Lorsqu’Arthur put enfin rejoindre sa chambre, il y trouva Merlin qui s’appliquait à replier avec soin la robe de Morgana. Le prince l’observa avec intensité.

«Je me demande quand même qui a bien pu me jeter ce sort...»

Merlin haussa les épaules.

«Peut-être que c’était un accident. Peut-être que ce n’était pas vraiment vous qui étiez visé.»

«Ne crois pas t’en tirer comme ça, Merlin.»

Le jeune homme tressaillit.

«Tu pensais peut-être que je n’avais rien remarqué...»

Une lueur inquiète s’alluma au fond des yeux de son serviteur. Il poursuivit, impitoyable.

«Mais je me suis bien rendu compte que tu avais bien profité de la situation pour t’amuser à mes dépends.»

Merlin soupira de soulagement. Ça, ça n’allait pas du tout. Ce n’était absolument pas ce qu’Arthur avait prévu. Il fronça les sourcils.

«Tu es donc de corvée de nettoyage des écuries. Puis tu t’occupera de faire briller toute mes armures, sans oublier mes boucliers, ni les boutons de mes chemises. Puis...»

La liste était encore longue. Arthur n’était jamais à cours d’idées dans ce domaine là. Il put observer avec plaisir la mâchoire de Merlin s’affaisser au fur et à mesure de son énumération. Ça, c’était beaucoup plus près de la réaction qu’il attendait.

Il se demanda même si, pour l’occasion, il ne devrait pas lui faire porter un costume de servante...

artiste : little_meenoo, 2010, fanfic, fandom : merlin, rating : pg

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