Artiste :
drakysTitre de l'oeuvre : Petite étude des impacts de la transmission de nouvelles sur la santé mentale
Fandom : Café Kichijouji
Rating : PG
Genre : Humour, très très vague Maki/Tarou
Nombre de mots : 3085 mots
Disclaimer : Negishi Kyoko, Miyamoto Yuki, Shinshokan
Une commande de :
little_meenoo, sur le prompt : Maki/Tarou - "Tu ne pouvais pas le faire toi même ?!"
Il n'existait qu'une seule façon de régler une problématique pareille. D'un même geste, Maki et Tarou étendirent le poing et entonnèrent Jan ! Ken ! Pon ! Maki ouvrit la main, Tarou garda son poing serré. Un sourire terrible étira les lèvres du blond et il lança les bras en l'air.
"J'ai gagné~! J'ai gagné, j'ai gagné ! J'ai ga- Aïe !"
Il se frotta le crâne où Tarou venait de le frapper avec le manche de son balai.
"N'en fais pas toute une affaire. Imbécile", ajouta-t-il, pour faire bonne mesure. "Je vais lui dire.
- Tu ne vas pas lui dire, tu dois lui dire !", le sourire de Maki menaçait de lui couper la tête en deux - ce que Tarou aurait bien aimé voir, à condition que la coupure soit propre, histoire de ne pas mettre du sang partout.
"N'en fais pas un drame, ce n'est pas si catastrophique", Tarou serra les dents.
"Oh ?", le sourire de Maki réussit à s'agrandir un peu plus. "J'espère que Minagawa sera du même avis que toi."
***
Un peu plus tôt...
Minagawa considérait un bout de mur avec une expression que, si Tokumi devait absolument la décrire, le pauvre garçon aurait dit : vague. Ce qui, franchement, qualifiait Minagawa les trois quarts du temps. Il se faisait un point d'honneur de ne jamais avoir d'expression précise, ce qui rendait généralement les autres dingues parce que le chef cuisinier pouvait tout aussi bien être sur le point de les tuer que sur le point de leur offrir un morceau d'un délicieux gâteau éponge imbibé de café noir et d'une touche de rhum brun.
"J'ai besoin...", la voix de Minagawa fit sursauter Tokumi (déjà prompt à se laisser aller à ses nerfs) et une fois qu'elle eut capté son attention, elle ne dit plus rien.
"Vous avez besoin...?", répéta Tokumi, plein d'espoir que la suite viendrait un jour, si possible bientôt.
Minagawa tourna vers lui un regard... vague, oui, encore, et soupira.
"J'ai besoin d'amandes effilées", avoua-t-il, navré que la déclaration manque de dramatique.
J'ai besoin de langues de tritons aurait eu un bien meilleur effet, mais aurait été faux : Minagawa avait renouvelé ses langues de tritons la semaine précédente.
"Oh", fit Tokumi. "Vous voulez que je sorte en acheter ?
- Hmm...", Minagawa considéra ses options.
Envoyer Tokumi réduirait les accidents de travail au Café et épargnerait le niveau de stress déjà à un sommet dangereux de Tarou. D'un autre côté, envoyer Tokumi retirerait à Jun son souffre-douleur et à Minagawa, une source constamment renouvelable d'amusement. Minagawa laissa un petit sourire flotter à la surface de ses lèvres.
"Envoie-moi Tarou, plutôt."
Tokumi s'éclipsa de la cuisine avec un empressement louable.
"Tu voulais me voir ?", demanda Tarou en entrant dans la cuisine.
En un coup d'œil, il repéra une tache ou une poussière - imaginaire, parce que Minagawa gardait déjà la cuisine plus propre que propre (ce qui était mieux comme ça, parce que certaines personnes plus fragiles avaient tendance à tourner de l'œil quand elle se retrouvaient en présence de ses ingrédients... spéciaux) - et s'approcha pour la frotter. Minagawa le regarda faire, jamais ennuyé de constater que Tarou était toujours dominé par ses pulsions de propreté abusive.
"Je n'ai plus d'amandes effilées", lui dit-il éventuellement, quand Tarou passa à une autre tache imaginaire.
"Je vais envoyer Tokumi", répondit Tarou, ne levant même pas les yeux de son travail.
"Non", rétorqua Minagawa.
Il se damna mentalement en réalisant qu'il avait oublié d'ajouter à sa voix la dimension mystérieuse, un poil flippante qu'il y mettait d'habitude. Il avait dû se lever du pied gauche, ça le rendait toujours un peu normal des journées comme ça. Tarou se retourna aussitôt, suspicieux.
"Non ?
- Non... Il...", le chef cuisinier inséra une longue pause, lourde et orageuse (Tarou leva les yeux au plancher, curieux de savoir d'où venait les éclairs et le bruit de tonnerre), le temps de penser à une raison valable. "Il risque de perdre l'argent en cours de route ou alors de perdre mes amandes au retour, s'il ne se perd pas tout simplement lui-même. Ce garçon est distrait si facilement, dès que j'agite un couteau dans sa direction, il échappe des tasses partout. Qui dit qu'il ne grignotera pas les amandes en revenant avec, pensant que c'est sa collation ?
- Ah, tu as raison", réalisa Tarou. "Quoique, je ne crois pas que Tokumi se risquerait à grignoter quelque chose que tu as demandé."
Il se mordit la langue avant d'ajouter que personne n'était assez suicidaire pour s'y risquer. Il se demanda pendant une fraction de seconde s'il ne devait pas rappeler Minagawa à l'ordre, concernant l'agitation de couteaux en direction des autres employés. Il n'en fit rien : il préférait encore que Minagawa agite des couteaux plutôt que la faux qu'il avait apporté au dernier Halloween. Surtout qu'au fond de lui-même, Tarou pensa qu'il préférait encore que Minagawa agite des couteaux vers les autres plutôt que vers lui.
"Je vais y aller. Tu as besoin d'autre chose ?"
Minagawa fit au moins l'effort d'avoir l'air d'y réfléchir. Oh, il allait certainement trouver autre chose qui manquait (il trouvait toujours quelque chose qui manquait, surtout parce qu'il avait fait bien attention de s'assurer que ça manquait), mais aussi bien attendre que Tarou revienne.
"...Non, c'est tout."
Tarou hocha la tête et sortit de la cuisine ; Minagawa sourit. S'il ne se trompait pas dans ses calculs, sa découverte des amandes effilées manquantes concordaient parfaitement avec l'inventaire à renouveler du papier de toilette, des produits nettoyants, des balais (généralement cassés sur la tête de Maki), du papier pour les menus, des craies de couleur pour les tableaux noirs à l'extérieur et d'un tas d'autres petites choses qui faisaient au total une longue longue liste d'items à acheter. Dans moins de trente secondes, Jun allait-
"Ah, monsieur Minagawa, vous êtes là !", s'exclama Jun avec un sourire angélique en entrant, comme s'il ne s'était pas du tout attendu à trouver Minagawa dans la cuisine. "J'envoie monsieur Maki faire les courses, y'a-t-il quoi que ce soit de très lourd ou de très difficile à trouver dont vous auriez besoin rapidement ? Une batterie de cuisine peut-être ou un réfrigérateur ?"
Le chef cuisinier haussa un fin sourcil, considérant l'offre de Jun. Plusieurs points y étaient intéressants et il les nota mentalement pour considération future : même si Maki était son aîné, Jun le contrôlait. Probablement via une menace quelconque vis-à-vis le téléphone portable à la longue liste de contacts féminins du blond. Aussi, Jun avait sous son sourire d'ange une évidente tendance à la cruauté envers autrui.
"J'envoie déjà Tarou chercher des amandes effilées dont j'ai besoin...", murmura lentement Minagawa.
Il y eut un silence plein de sous-entendus, de suppositions jetées entre un sourire de plus en plus angélique et un regard de moins en moins vague.
"Peut-être que...", commença Minagawa, pensif.
"Mais quelle bonne idée, monsieur Minagawa !", sourit Jun. "Nous pourrions les envoyer ensemble ! C'est plus pratique d'être deux, pour porter les paquets", ajouta-t-il avec une note de sagesse.
Minagawa hocha la tête et attendit que Jun soit sorti de la cuisine pour frissonner. Le garçon était impitoyable : il ferait dorénavant bien attention de ne pas tourner le dos à Jun, au cas où. Un couteau dans le dos était si vite arrivé et il y avait des limites à ce que la magie noire pouvait faire pour le protéger.
***
Plus tard, mais pas assez plus tard pour être de retour à la suite de l'introduction...
"Tu devais vraiment te changer ?", grinça Tarou entre ses dents serrées.
Maki lissa ses cheveux et lui sourit ; Tarou eut envie de vomir, frappé comme ça de plein fouet par le... le Makiisme de Maki. Ce qui le faisait rager, surtout, et il n'allait jamais, jamais, jamais l'admettre, c'était que Maki avait probablement eu raison de se changer. Comme ça, au moins, il ne salirait pas son uniforme ! Il salirait plutôt ce jeans ridicule, trop serré et ce t-shirt qui avait dû être conçu exclusivement pour mettre ses yeux en valeur (c'était en tout cas ce que Maki disait) et il ne salirait pas son uniforme.
Tarou s'arrêta. Oh, non.
"On doit retourner au Café !", cria-t-il presque.
Maki lui lança un regard surpris.
"Pourquoi ? Tu as oublié de prendre de l'argent ?
- Je dois me changer !", faillit hurler Tarou.
Cette fois, Maki lui lança un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de son état mental.
"Mais-
- Je dois me changer, ce n'est pas compliqué à comprendre !", s'énerva Tarou (d'une voix suraiguë). "Je ne veux pas salir mon uniforme !
- Qu'est-ce que ça peut bien faire si tu le salis ? Tu n'en as pas dix-huit de rechange, de toute façon ?", fit remarquer Maki et ils continuèrent.
Il céda trois pas plus tard, quand Tarou faillit tourner de l'œil, bave au coin des lèvres, en marmonnant Il ne doit pas être saaaaaaaale après avoir poussé un petit rire hystérique. Maki savait qu'il n'était pas l'ampoule la plus brillante qui soit, mais il était quand même tout à fait capable de réaliser que s'il ne s'assurait pas temporairement du bien-être de Tarou, il devrait 1) faire les courses sans aide et 2) porter tous les paquets !
"D'accord, d'accord ! On retourne au Café, ne t'énerve pas !", annonça Maki. "Ne t'évanouis pas, je vais être obligé de te porter !"
Tarou retrouva aussitôt une vitalité étonnante et ils firent le trajet inverse en un temps record. Salir son uniforme était une chose, mais si Maki le touchait, il allait crouler, non, mourir sous toutes les bactéries que trimbalaient le blond ! Ce ne serait alors pas des deux lavages et d'une aseptisation complète (sa procédure habituelle pour nettoyer ses vêtements) que son uniforme aurait besoin, mais plutôt d'être brûlé pour éviter une plus grande prolifération des germes.
"Déjà de retour ?", s'étonna Tokumi.
Jun, plus observateur, remarqua l'absence flagrante de paquets.
"Faux départ ?", fit-il plutôt remarquer.
"...Une petite urgence naturelle", sourit Maki ; Tarou lui lança un regard que noir décrivait mal, c'était plutôt la concentration en un seul regard de tout ce qui pouvait exister dans l'univers en matière de noirceur, de ténèbres et d'endroits vraiment mal éclairées.
***
Presque juste après le début de cette histoire...
Tarou prit une grande inspiration ; Minagawa le dévisagea, attendant qu'il parle le premier. Après tout, c'était Tarou qui venait de faire irruption dans sa cuisine. Il lui paraissait nerveux, si le fait que sa main droite était agitée par un spasme était une indication valide de son état mental. Quoique, c'était peut-être dû au fait que Minagawa tenait dans ses mains une spatule. Bien sûr, si n'importe qui d'autre que Minagawa avait tenu une spatule, la réaction aurait été différente. Le chef cuisinier avait fait, il n'y avait pas si longtemps que ça, la démonstration de sa maîtrise du maniement de la spatule. Depuis, les autres étaient nerveux, quand il en avait une à la main.
"...Oui ?", demanda Minagawa, pour aider la progression de la conversation (qui en était encore au point navrant de la non-conversation).
"Je-", Tarou s'arrêta, le temps de s'éclaircir la gorge. "Comment vas-tu aujourd'hui ?", demanda-t-il avec un sourire forcé.
"Je vais...", Minagawa prit le temps d'y penser : il avait nourri Sukekiyo et l'avait cajolé, il n'avait rien fait exploser (mais ça viendrait), son menu était prêt pour les trois prochains jours et il avait déjà vérifié qu'il avait tous les ingrédients sous la main pour le lendemain. "...bien", décida-t-il.
"Excellent !", s'exclama Tarou avec un sourire tellement faux que le chef cuisinier fut tenté de lui envoyé Jun pour quelques leçons sur la façon optimale d'arranger les muscles de son visage afin de produire le sourire parfait.
Il se contint. C'était possible que Jun n'aime pas être catapulté au rang de spécialiste des sourires.
"Seulement...", murmura Minagawa, reculant du demi-pas nécessaire pour se retrouver dans une région de la cuisine qui jetait des ombres terrifiantes sur son visage. "Je n'ai pas encore mes amandes effilées...
- Ah...", fit Tarou en reculant vers la porte. "Ah non ? Quelle surprise, j'étais sûr, laisse-moi vérifier que !", et il prit la fuite.
Minagawa sourit, amusé en écoutant les pas rapides de Tarou qui s'éloignaient. Il fut intercepté par Maki.
"Alors ? Tu lui as dit ?
- Non !", siffla Tarou, évitant d'ajouter Je n'ai pas été capable.
"Tu veux que je le fasse ?", offrit généreusement, trop généreusement le blond, ce qui mit aussitôt Tarou sur ses gardes.
"...Tu ferais ça ?
- Ça dépend il te reste combien de jours de congé. Si tu me les transfères-"
Il ne continua pas, sonné par un solide coup de plateau rond.
***
Un peu après presque juste après le début de cette histoire...
Tarou prit une grande inspiration avant de pousser la porte des cuisines. Il eut à peine le temps de voir un flash rouge violent, de sentir une chaleur insupportable et une odeur délicieuse lui chatouilla les narines, se glissa plus loin dans son nez, alla griller son cerveau. Une odeur sublime, si divine qu'elle en devenait diabolique. Un odeur de chocolat, de liqueur, d'une note discrète de vanille avec un soupçon de miel. Une odeur composée de bonheur, de désir, d'excitation, de ce petit frisson délicieux qui court le long de la colonne vertébrale avant les grandes sensations.
Il battit prestement en retraite, incapable de faire face à une attaque pareille. Il recula tellement vite qu'il faillit foncer droit dans Maki, mais se jeta de côté par instinct (ayant perçu dans l'air la saleté des atomes qui entouraient le blond) et resta debout, immobile, tremblant.
"Ça va ?", demanda Maki, surpris de le voir si chambranlant.
Sans y penser, il tendit une main vers l'épaule de Tarou. Un coup sec de balai (sorti tout droit d'une dimension de poche que Tarou gardait sous la main) sur le poignet le découragea de serrer l'épaule de l'autre homme.
"Non, ça ne va pas ! Minagawa prépare des...", il avala de travers et il continua tout bas : "Il prépare des gâteaux T."
Ils ne disaient jamais le nom au complet qui apparaissait seulement sur les menus et encore, les garçon du Café évitait soigneusement de le lire, au cas d'être pris d'une soudaine faiblesse dans les genoux. Les gâteaux Tentation étaient si populaires qu'ils avaient dû créer un système de liste d'attente pour satisfaire leurs clients (mais surtout pour éviter les émeutes). Minagawa n'en préparait qu'une fois par mois, avouant lui-même qu'il pouvait à peine supporter les effets de la recette.
Maki agrandit les yeux d'horreur.
"Et tu... tu es entré ? Pendant qu'il...?"
Tarou hocha lentement la tête, encore troublé. Ils observèrent une minute de silence, repensant à monsieur Mitaka qui avait commis la même erreur. Ils avaient dû contacter les urgences pour qu'il soit transporté à l'hôpital : le cœur de leur pauvre patron avait failli céder après l'impact de l'odeur sur son odorat. Bien sûr, c'était l'effet que le gâteau Tentation avait sur tout le monde, mais tout le monde ne leur payait pas de salaire, ce qui plaçait monsieur Mitaka beaucoup plus haut que les autres dans leur estime.
"...Alors j'imagine que tu ne lui as rien dit ?", voulut savoir Maki.
Un autre coup de balai répondit à sa question stupide.
***
Pas trop longtemps après ça...
Tarou prit une grande inspiration.
"Minagawa, j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer", dit-il franchement, d'une voix qu'il espérait ferme.
Le chef cuisinier continua de battre la pâte qu'il préparait sans ralentir. Tarou se demanda s'il ne préparait pas quelque chose de dangereux, qu'il pourrait sans avertir jeter vers lui pour le faire fondre. Minagawa avait déjà concocté un gâteau au beurre d'acide sulfurique et crème de cacao, accomplissement culinaire peut-être, mais quand monsieur Mitaka lui avait demandé ...Pourquoi ? (avec une expression vide comme il considérait le trou dans le comptoir), le chef cuisinier s'était contenté de répondre Pourquoi pas ? Après une pause, il avait amendé sa réponse d'un J'ai peut-être ambitionné sur le beurre d'acide sulfurique... sur un ton qui trahissait peut-être une toute petite pointe de regret. Quant à savoir si c'était du regret pour avoir fait fondre le comptoir ou pour avoir raté son gâteau, les paris étaient encore ouverts.
"...Oui ?", demanda Minagawa, sans lui accorder le moindre regard.
Tarou continua de fixer la pâte, fasciné. Peut-être que c'était une matière combustible ou une substance toxique ? La couleur lui paraissait normale, d'un beige normal, un beige tellement normal qu'il pouvait difficilement l'être, mais comment savoir avec Minagawa ? Il pouvait aussi bien préparer des éclairs au chocolat qu'une potion quelconque qui vous donnait envie de vous dévorer les doigts d'orteil (ce qui avait été drôle, oui, bien que profiter du fait que Tokumi mangeait ou buvait tout ce qui était laissé trop longtemps sans surveillance était d'une facilité déconcertante).
"Oui ?", répéta Minagawa avec un peu plus d'insistance et Tarou cligna des yeux, le sort brisé.
"Je- En fait, c'est que- C'est-à-dire Maki et moi-
- Vous deux ensemble", commenta Minagawa, sur un ton qui se voulait de la plus pure innocence, avec une touche de Non monsieur l'agent, ce n'est pas moi qui fait des sous-entendus vraiment énormes.
"Oui, nous-", Tarou fronça les sourcils et sentit comme un début de nausée le menacer. "Pas nous deux ensemble, définitivement pas nous deux ensemble !"
Il remarqua le sourire amusé de Minagawa et crut l'entendre murmurer ...C'est trop facile. Il fronça les sourcils.
"Il n'y avait plus d'amandes effilées", laissa tomber Tarou. "Ils devraient en recevoir demain matin.
- Oh", fit Minagawa.
"Oh ?", répéta Tarou, abasourdi.
Il jeta un regard au plafond, soudain inquiet qu'il lui tombe dessus sans avertir. Le plafond restant convenablement au-dessus de la tête, il relaxa... mais pas longtemps : avec Minagawa, la vengeance allait peut-être venir plus tard, d'une façon plus subtile, plus perfide. Tarou nota mentalement qu'apporter sa propre nourriture ne serait peut-être plus une mesure suffisante pour empêcher poisons ou philtres étranges de se glisser dans ses repas. Il accepta d'emblée d'ajouter des précautions supplémentaires à sa protection personnelle, comme de poser des scellés sur ses bentos et de bien vérifier, quatorze ou quinze fois à peine, que rien ne portait la marque discrète d'un trou d'aiguille.
"Ce n'est pas grave, j'ai retrouvé un sac encore plein en fouillant.
- Tu as- J'ai- Avec Maki ? Pour rien ? Tu aurais pu m'éviter de faire des courses avec Maki !?", fulmina Tarou.
"...J'ai trouvé les amandes après votre départ. Environ dix secondes après votre départ. Oh... j'aurais dû te rattraper pour t'éviter la corvée, n'est-ce pas ?", réalisa-t-il avec un retard soigneusement calculé.
(21 avril 2010)