Artiste =
lilou_blackTitre de l'œuvre = Amour courtois
Rating = G
Genre = Fluff
Nombre de mots = 1206
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piwi_chanCommentaire = x-posté sur
me_li_me_lo L’odeur la surprit dès qu’elle poussa la porte de sa chambre. Pour elle qui ne portait pas de parfum et qui était incapable d’entretenir un simple bouquet de fleurs, cette fragrance était inhabituelle. Etant d’un naturel inquiet, elle prit peur un moment, s’attendant presque à trouver un cadavre sur son lit ou un monstre dans son armoire. Elle finit néanmoins par secouer la tête. Si les créatures les plus terrifiantes avaient une odeur de fleurs, cela se saurait… Elle posa la bougie qu’elle tenait à la main sur la table de nuit et regarda autour d’elle.
Sur le guéridon près de la fenêtre se tenait un ravissant vase rempli de feuillages et de petites fleurs roses et jaunes. Miranda s’approcha avec circonspection. En verre transparent et à moitié rempli d’eau claire, le récipient était de belle facture. Elle identifia la plante comme étant du chèvrefeuille, dont les corolles délicates embaumaient l’atmosphère de sa chambre. Le bouquet était si joli que l’Exorciste resta un moment interdite. Qui avait bien pu mettre ses fleurs dans sa chambre ? Pour quelle raison ? Elle s’était certes intégrée tant bien que mal dans les rangs de la Congrégation mais elle était loin d’être aussi appréciée que la jolie Lenalee, le pétulant Lavi ou le sympathique Allen. De plus, Noël était loin et à ce qu’elle sache, personne ne connaissait sa date d’anniversaire qui d’ailleurs n’arriverait pas avant plusieurs semaines…
Alors pourquoi ?
Les fleurs étaient inoffensives, elle le savait. Ce n’était ni un piège ni une plaisanterie de mauvais goût, juste un cadeau.
En observant le bouquet de plus près, elle vit une petite carte attachée par du fil noir à une des branches. Miranda y chercha le nom de l’expéditeur du chèvrefeuille mais n’y vit que quelques chiffres et lettres, comme un code étrange qu’elle ne parvint pas à déchiffrer. Cette association de caractères lui disait bien quelque chose mais elle n’aurait su affirmer de quoi il s’agissait.
Perplexe, elle se coucha en se promettant de montrer la carte à Lenalee le lendemain matin.
oOØOo
« C’est la cote d’un livre de la bibliothèque. »
Le ton de la détentrice des Bottes noires était sans appel : elle savait de quoi elle parlait.
« Tu en es sûre ?
- Evidemment. J’y ai passé beaucoup trop de temps à chercher des documents pour mon frère pour ne pas reconnaître ce que c’est du premier coup d’œil…
- Et de quel livre s’agit-il ?
- Je n’en sais rien… »
Miranda remercia son amie et se dit que, compte tenu de l’endroit étrange où elle avait trouvé la carte - dans un bouquet de fleurs offert par un inconnu -, elle ferait bien de chercher elle-même.
Aucune mission ne lui étant confiée pour le moment, elle se rendit à la bibliothèque juste après le petit déjeuner. En chemin, elle percuta sans faire attention Kanda Yuu, l’épéiste japonais au caractère de cochon. Miranda se répandit en excuses. Elle ne voulait pas subir les foudres du kendôka qui était aussi connu pour ses crises de fureur que pour sa haine notoire envers Allen Walker. La réaction de Kanda la surprit cependant. Loin d’être en colère, il lui adressa une ombre de sourire :
« Faites attention où vous allez, Miranda, dit-il.
- Je suis désolée, Kanda-san, répétait la jeune femme en rougissant tout ce qu’elle savait. »
Elle avait appris à affronter ses peurs et à gérer ses défauts mais cet individu avait tendance à lui faire perdre tous ses moyens. Il était beau et froid comme une statue de glace et la gardienne de l’horloge éprouvait pour lui un faible coupable dont personne ne savait rien tellement elle en avait honte. Sa mission au sein de la Congrégation étant ce qu’elle était, les doux sentiments étaient du plus superflu.
Elle fila jusqu’à la bibliothèque en essayant de calmer ses rougissements intempestifs et les battements précipités de son cœur. Elle salua rapidement le responsable et se glissa entre les rayonnages de livres comme pour s’y cacher. Le calme de l’endroit la saisit alors. Jamais elle n’aurait pensé que se trouver ici, au milieu d’ouvrages plus ou moins anciens et compliqués, serait aussi apaisant. Le silence, la beauté de la pièce dont la hauteur de plafond et les hautes étagères en bois brut l’impressionnaient, tout avait un aspect qui, loin d’être écrasant, respirait la tranquillité et le travail. Elle se promena un moment entre les rayons en respirant l’odeur de poussière qui imprégnait l’air. Elle n’était plus si pressée de trouver son livre. Du moins, l’eût-elle été, elle se serait renseignée auprès du responsable ou aurait consulté les gros registres dans lesquels tous les ouvrages étaient consignés.
Elle trouva par hasard ce qu’elle cherchait. Elle était presque perdue au fond de la salle de travail, là où se trouvaient des ouvrages de littérature et de poésie visiblement dédiés aux loisirs des résidents du quartier général. Le livre dont la référence figurait sur la petite carte trouvée dans le chèvrefeuille était un recueil de poèmes consacrés… aux fleurs. Sans comprendre, Miranda tourna les pages et… y trouva coincée une branche séchée de la même plante qu’on avait disposée dans sa chambre. Elle lut ce qu’elle avait sous les yeux. Il s’agissait d’un poème médiéval écrit par une Française et qui traitait de l’amour de Tristan et Yseult. Une note en bas de page expliquait que le chèvrefeuille rose et jaune symbolisaient les liens d’amour.
Miranda n’osa croire à ce qu’elle lisait. Le mystérieux expéditeur des fleurs était donc amoureux d’elle ? À son sens, c’était surréaliste. Elle reposa le livre et quitta la bibliothèque, en proie à la plus grande circonspection.
oOØOo
Le soir venu, quand elle regagna sa chambre, elle ne s’attendait pas à trouver un nouveau bouquet de fleurs, le jumeau exact de celui qu’elle avait reçu la veille, dans un vase similaire. Sans plus réfléchir, elle chercha une trace de la personne qui les lui avait offertes et ne trouva qu’une autre carte… ou figurait un extrait du poème qu’elle avait lu le matin même. En guise de signature figurait une fleur de lotus stylisée.
Son souffle se bloqua dans sa gorge.
Allen lui avait dit que Yuu Kanda avait une fleur de lotus tatouée à la place du cœur. Se pourrait-il que…
Miranda se coucha en se promettant d’en avoir le cœur net.
oOØOo
Son plan, en y repensant, lui semblait totalement idiot. Il se moquerait probablement d’elle, peut-être même y trouverait-il la référence aux romans sentimentaux qu’elle dévorait en secret mais c’était la seule idée qui lui était venue à l’esprit. En se rendant au réfectoire pour le petit-déjeuner, elle serrait dans la poche de sa robe une branche de chèvrefeuille qu’elle avait prélevée sur un de ses bouquets. Il lui suffirait de croiser Kanda et…
« Miranda, vous avez perdu quelque chose. »
Il tenait la branche entre ses doigts et la regardait sans la moindre moquerie dans les yeux.
« Vous êtes aussi intelligente que ce que je pensais, ma chère. »
Venant de lui, c’était un immense compliment. Elle rougit. Il lui rendit les fleurs en lui effleurant les doigts et il murmura, de sorte qu’elle fût la seule à l’entendre…
« Venez me voir quand vous le souhaitez. »
Fin.