Jun 03, 2008 09:38
Titre : Soie, sang et feu
Auteur : mais qui ça peut bien être ?
Prompt n°29 : Chez Madame Guipure, elles veulent toutes les deux la même robe. Dangereux. Très dangereux.
Personnages : Madame Guipure, Alastor Maugrey, Augusta Longbottom, Alice Longbottom, Narcissa Black, Bellatrix Lestrange, Druella Black, Madame et Monsieur Zabini, Gilderoy Lockhart.
Catégorie : échange
Rating : PG
Note de l’auteur : Sont de mon invention les prénoms de Madame Guipure et de Madame et Monsieur Zabini, respectivement Pénélope, Valeria et Horatio ainsi le nom de jeune fille de la mère de Neville, à savoir Bennett. Elles ne sont plus deux mais un peu plus.
Nombre de mots : 2700
Les baguettes des sorciers-pompiers continuaient de cracher d’épais jets de mousse blanche pour éteindre l’incendie. La pauvre Pénélope Guipure regardait, les larmes aux yeux, la boutique familiale ou plus exactement les ruines fumantes de la boutique familiale. Deux pompiers plus intelligents que les autres, se détournèrent un instant des ruines pour pointer leurs baguettes vers le pugilat hurlant et crachant dans le caniveau. Une demi douzaine, peut-être plus ou peut-être moins c’était difficile de bien compter les combattantes, de sorcières se disputaient un lambeau de tissu. Leurs armes étaient diverses et variées. Baguette, ongles, dents, talons de chaussures et insultes des plus crues. Pas le genre de celles que l’on s’attend à trouver dans la bouche d’une dame de la bonne société. Quelle variété !
-Laissez passer ! Laissez passer, criait une voix dans la foule, tentant de couvrir le brouhaha ambiant.
Ecartant les badauds assemblés à coup de sortilèges bien placés, l’auror primus Alastor Maugrey arrivait d’un pas martial et conquérant sur les lieux du carnage. Il se planta devant la propriétaire qui reniflait piteusement dans un mouchoir de dentelle.
- Que s’est-il passé, ici ? lui demanda-t-il en embrassant des yeux l’étendu du massacre.
Il espérait secrètement une bonne attaque de mages noirs, du genre qui laissaient planer une tête de mort verte et lumineuse au dessus de leurs méfaits, pour bien commencer la journée.
La pauvre femme, trempée de la tête aux pieds, le visage noirci par la fumée, renifla et bafouilla.
- C’est compliqué…ça a commencé cet après-midi… enfin… non pas exactement…
- Si vous commenciez par le commencement.
Le commencement….Il en avait de bonnes, Alastor Maugrey….
Le commencement, c’était le mois dernier et elle n’avait pas crû à sa chance en recevant la lettre. Le genre de lettre que rêvent de recevoir les gens comme Pénélope. Une lettre de la très prestigieuse et très sélective maison Arachné. Les ateliers Arachné produisaient des tissus magiques d’une finesse et d’une qualité incomparables. Personne, même la très ancienne et prestigieuse maison Vermorel de Paris, fournisseur habituel du magasin Guipure pour les tissus haut de gamme, ne leur arrivait à la cheville. Madame Guipure n’avait vu des tissus de chez Arachné que trois fois dans sa vie et touché une seule fois. Elle était alors jeune cousette et elle avait aidé à réaliser la robe de noces de Callidora Black. Sa mère lui avait laissé faire les ourlets des manches, mais rien de plus. Et encore sous très haute surveillance. La sensation en touchant le tissu. Toucher une aile d’ange ou un nuage d’été. Finalement, il était impossible de définir la sensation précise. Le tissu semblait se coller à sa peau, changeant nuance pour s’adapter à sa carnation. Elle était restée quelques instants figée. Un vigoureux coup de baguette maternel sur les doigts lui avait remis les idées en place et au travail.
Les ateliers Arachné produisaient peu mais chaque décennie organisaient une grande loterie. Le gagnant recevait un rouleau de tissu. De quoi faire une seule robe. De quoi créer une merveille. De quoi remplir la caisse d’un magasin pour l’année.
En ce beau matin de mai, le rouleau tant convoité avait été livré sous emballage magiquement scellé et parfaitement discret. Seul le sceau apposé à la cire bleue, représentant une tisseuse au centre de sa toile, différenciait la merveille unique des autres livraisons. Pénélope Guipure avait, d’un coup de baguette agile, fait tourner le petit panonceau en vitrine indiquant « Magasin fermé » et s’était claquemurée dans sa réserve. Soigneusement elle avait limé ses ongles et retiré toutes ses bagues et lavé trois fois ses mains dont une fois avec un désinfectant magique. Un accident est si vite arrivé.
Avec cent mille précautions, elle avait ouvert le paquet. Se retenant de respirer, savourant le toucher du fin papier de soie bleu nuit. Les épaisseurs de papiers de soie, crissant pour laisser apparaitre… Un rêve. De la soie, la plus pure et la plus fine. Il était impossible que seuls de petits bombyx sur leurs muriers aient pu créer une telle finesse. Il y avait forcément autre chose.
Une couleur…non mille couleurs, toutes les couleurs ou aucune. Une nuance, lune reflétée dans les eaux très pures d’un lac de haute montagne, avec la brillance des étoiles ses compagnes lui faisant escorte. A la lueur des bougies, elle avait une aura surnaturelle. Elle semblait changer perpétuellement. La lumière argentine paraissait vous suivre. Une présence pour tout dire. Le tissu était vivant, attirant. Elle avait l’impression qu’une petite voix sensuelle lui chuchotait au creux de l’oreille. Un chuchotis s’infiltrant sous la peau, descendant le long de sa colonne vertébrale pour venir se nicher au creux de son ventre, faisant naitre une envie bestiale de possession.
« Touche-moi, caresse-moi, revêts-moi ! »
Un bref mais intense instant elle eut envie de garder le tissu pour elle, de s’y enrouler toute entière, là sur le sol de la réserve. Mais sa vocation première reprit le dessus. Commerçante, elle était et là elle se voyait déjà créatrice. Tout au fond de la réserve, elle alla chercher un magnifique mannequin de bois poli et luisant. Le tout premier mannequin de la maison Guipure. Vieux de plusieurs siècles. D’un bois sombre presque noir, doux au toucher. Il en avait vu passer des robes dignes d’un prince ou d’une reine. D’un coup de baguette, elle l’envoya prendre place au centre de la boutique.
Avec des gestes tendres, presqu’amoureux même, elle porta la pièce de tissu. Tel un chevalier porte sa dame très aimée après l’avoir sauvée des griffes du dragon. Comme par magie et pourtant sans un seul coup de baguette, le tissu s’enroula autour du bois poli, tombant avec grâce jusqu’au sol. Elle installa un petit cordon de sécurité fait de soie noire pour le contraste, pour tenir à distance les petites mains infantiles et poisseuses. Florian faisait des promotions pour faire goûter les nouvelles glaces de la saison. Prudence est mère de sureté.
Magnifique, c’était tout bonnement parfait et irrésistible. Les clients allaient se battre pour obtenir ce rêve tissé par les anges. La pauvre Pénélope ne savait pas à quel point elle avait raison. Elle avala un rapide en-cas sur le pouce et enfin elle retourna le panneau indiquant la réouverture de sa boutique. Bien droite derrière son comptoir, elle attendait. Le nom de la maison Arachné déteignait-il sur ceux qui se fournissaient chez elle ? Faisant de ces braves gens des prédateurs, tapis au fond de leur toile, guettant la proie qui se laisserait prendre ? En tout cas, c’était bien ce que faisait la très respectable et respectée Madame Guipure. Laissez venir à moi les petites mouches aux poches pleines de gallions…
Quinze minutes passèrent et la première proie…cliente entra, faisant tinter la petite clochette accrochée à la porte.
Pénélope la reconnut instantanément … au chapeau. Le monstrueux chapeau au vautour en gloire, ailes largement déployées, un chapeau fait pour la tête d’Augusta Longbottom. Une personnalité de premier rang. Une dame très riche. A sa suite, arrivait sa future belle-fille.
Ronde, rose, blonde et douce, la jolie Alice Bennett, dans son uniforme d’auror et ses bottes pleines de boue ou d’autre chose. Cette boue avait quand même une bien étrange couleur. Sa belle-mère avait du la cueillir à la sortie de son travail.
Bonne famille, les Bennett, mais beaucoup trop de moldus dans l’arbre généalogique pour trouver grâce aux yeux de certains. La discrétion d’Alice se mariait fort bien au tapage mené par sa belle-mère en y mettant un doux point d’orgue. Une cliente potentielle bien entendu. Le tissu transformerait le pire laideron en la plus belle et attrayante épousée de la Terre et de ses environs. Alors avec un potentiel loin d’être négligeable, la charmante Alice entrerait dans les annales de la beauté sorcière pour au moins une décennie. En bonne lectrice assidue de Sorcière Hebdo et de son carnet mondain, Pénélope savait que le mariage était pour juillet. Il était donc plus que temps de se préoccuper des atours nuptiaux.
Augusta entra dans le magasin comme une frégate en son port, sûre d’elle et impériale. Toujours droit devant. Pourtant elle pila devant la merveille, tout comme sa future belle-fille dont les yeux s’étaient mis à scintiller. La blonde avança une main timide vers la soierie.
- C’est incroyable, c’est tellement….
- Splendide ma chérie, purement splendide. Pénélope d’où vient cette merveille ? demanda Augusta s’arrachant à sa contemplation béate et en remettant son chapeau bien droit.
Son coup de frein avait envoyé le vautour basculer vers l’avant, obstruant son champ de vision.
- Une production exclusive de chez Arachné. Un tissu unique tout à fait digne d’une robe de noces, ne trouvez-vous pas chère Madame ? Minauda la vendeuse en quittant l’abri de son comptoir pour venir faire l’article.
- C’est une pure beauté. Un travail si parfait… Alice mon enfant, voilà ce qu’il te faut.
- Mais c’est beaucoup trop, je ne pourrais jamais…
Augusta l’arrêta d’un doigt agité mais ferme.
- Rien n’est trop beau pour ma future belle-fille. Mon Franck mérite la plus jolie des épousées et la mieux parée. Pénélope ma chère… nous allons faire affaire…
La sonnette tinta à nouveau, coupant la très respectable Augusta dans son amorce de marchandage. On se bousculait sur le seuil de la boutique. On se marchait même sur les pieds.
- Nous aurions dû aller à Paris ou à Vienne, se plaignait une petite voix pincée et geignarde. Enfin, Mère…
- Ca suffit Narcissa, tu commences sérieusement à me fatiguer, répondit Druella Black qui mourrait d’envie d’étrangler son insatisfaite chronique de benjamine.
- Cissy, les Black ont toujours acquis leurs robes à Londres, c’est une tradition, on ne va pas à l’encontre des traditions, tu devrais le savoir, ajouta Bellatrix, en bousculant sa soeur.
- Bella, tu ne vas pas m’en faire une goutte du mort vivant, cette tradition est ridi…
- On commence par allez chercher ses robes au diable vauvert et on finit par épouser des sang de bourbe, Cissy, lui répondit sa sœur aînée, grinçante.
- Silence vous deux, les coupa Druella qui avait pris la réflexion de son aînée comme un affront personnel et c’était bien ce que c’était.
Bellatrix n’avait pas langue dans sa poche et ne mâchait pas ses mots. Ni Dieu et un seul maître. Surement occupé à d’autres choses certainement plus importantes que de trouver une robe de noce pour cette petite dinde mondaine de Cissy. Telle était la devise de Bellatrix. Les traditions sont le socle de la réputation d’une famille, il fallait donc les préserver à tout prix. Même si cette très chère Cissy devait bouder comme une gosse morveuse de cinq ans qui n’a pas pu obtenir la poupée tant convoitée.
Penelope se retourna vers les nouvelles arrivantes qu’elle salua avec déférence. Les Black dans sa boutique, quelle magnifique journée. Tout était pour le mieux.
- Mesdames, Mademoiselle…
- Oui, bonjour à vous, je cherche…
Et là Druella ne trouva plus ses mots. C’était une première. Elle fixait le tissu. Le tissu lui parlait, lui murmurait des choses terriblement inconvenantes et excitantes. Ce tissu était fait pour…
- Je le veux, grinça une fois encore la petite voix capricieuse.
Druella fusilla du regard sa plus jeune fille. Cissy poussa sa mère d’un coup de coude vigoureux et se planta devant sa sœur ainée. Elle avait l’œil brillant et le naseau frémissant de la jeune pouliche en rut qui va se faire couvrir dans le pré voisin. Oui, avec une robe comme celle-ci, Lucius ne laisserait plus trainer son regard ni ses mains ailleurs. Il serait à elle, tout à elle. Ce n’est pas une robe qu’elle voulait d’ailleurs mais un déshabillé vaporeux. Avec de jolis sous-vêtements assortis pendant qu’on y était. Elle allait, effleurer le tissu et toucher au sublime quand une baguette s’abattit avec une violence certaine sur ses jolis ongles roses polis et fraichement manucurés.
- Pas touche, jeune écervelée, ce tissu est déjà vendu, intervint Augusta.
- Quoi ? Mais je le veux, Maaaaman… trépigna Cissy.
Druella se tourna vers Penelope, l’air mauvais, non seulement ce tissu ne pouvait être vendu mais en plus il lui était destiné de toute éternité. C’est ce que pensait aussi sa fille aînée. Son sombre Seigneur ne pourrait lui résister dans une parure aussi fantastique. Il comprendrait qu’elle était prête à se donner à lui véritablement corps et âme. Elle visualisait parfaitement les longs doigts pâles et effilés de son Lord déchirant le tissu, froissant son jupon, griffant ses bas.
Druella rêvait donc d’exécuter sa progéniture, Cissy piaillait comme un bébé dragon en plein sevrage, Augusta grondait tandis que Bellatrix était au bord de l’orgasme ; quand Alice tenta une sortie de baguette pour calmer tout ce petit monde et récupérer le tissu tant convoité dans la foulée. Elle fut, hélas pour sa robe de noces, arrêtée dans son élan par le tintement de la clochette. Maudite clochette, pensa la blonde.
- Vous suivez Horatio très cher ? Demandait une voix rauque et basse.
- Oui Bellissima, oui, trébucha le pauvre Horatio Zabini.
Avoir la vue obstruée par une pile plus qu’impressionnante de paquets n’aidait pas à voir une marche traîtresse. D’un coup de baguette agile, le richissime Horatio Zabini envoya valser la montagne d’achats dans un coin du magasin. Rien n’était trop beau ni trop couteux pour son petit sucre brun. Il se moquait bien de n’être que le numéro cinq sur la longue liste des époux de Valeria Saint Clare. Elle était si diablement belle. Son long cou gracile, ses formes pleines et son beau visage mystérieux de princesse Ashanti. Et un de ces tempéraments ! Mama mia, quelle femme ! Et cette sublime créature lui avait dit oui. Il était béni des dieux. Il était prêt à mettre sa fortune à ses très jolis pieds.
- Je veux…ce tissu, exigea Valeria. Horatio achetez-moi ce coupon de tissu tout de suite !
- Si, ma bellissima. Combien ? demanda Horatio.
Avant que Penelope ait même amorcé un semblant de début de réponse, la catastrophe se mit en branle. Augusta s’accrocha au tissu alors que Druella s’emparait également de l’étoffe. Penelope eut juste le temps d’hurler une dernière fois avant que toutes les furies de l’Apocalypse ne se déchainent. Alice sortit sa baguette et envoya Druella voler au bout du magasin. Bellatrix dans un élan, non d’amour maternel mais de concupiscence, se jeta sur la blonde et la mordit à la main pendant que sa cadette tirait comme une forcenée sur le tissu. Des gouttes de sang d’auror vinrent souiller la magnifique soierie. Valeria envoya le premier des multiples sorts d’incandescence qui enflammèrent les tissus. Cachée derrière le comptoir, recroquevillée aux côtés de ce pauvre Horatio, Penelope priait pour un miracle. Qui ne vint pas. Qui ne vint jamais. Même sous la forme du jeune Gilderoy Lockhart que le raffut avait attiré, il se retrouva assommé contre un réverbère quand la porte explosa.
Les alarmes résonnèrent et les sorciers-pompiers se matérialisèrent dans la rue. L’eau et la mousse chassèrent flammes et combattantes du magasin ravagé. Elles se roulaient toujours dans le caniveau, ayant délaissé les sorts pour les ongles, les dents et les poings quand Alastor arriva. Alice reçut une remontrance sévère. Cygnus Black déserta son logis pendant les trois jours suivants pour ne plus entendre les disputes. Rodolphus se mit à boire encore plus que d’habitude et Gilderoy fit courir partout le bruit qu’il avait sauvé Madame Druella Black d’un gigantesque incendie magique. Le magnifique tissu de chez Arachné termina sa vie noirci et déchiré tout au fond d’un égout sauf un tout petit bout qu’Alice avait gardé bien serré dans sa main gauche et qui fit un très joli petit nœud coquin que Franck Longbottom défit avec joie au soir de ses noces.
madame guipure,
augusta londubat,
alastor maugrey,
narcissa malefoy,
échange,
bellatrix black/lestrange,
gilderoy lockhart,
alice londubat,
druella black,
fic