May 28, 2008 14:33
Titre: Mais personne ne le fera taire?!
Thème du chapitre: Mon ami, mon frère
Personnages: Zacharias Smith, Neville Londubat, Susan Bones
Genre: Humour
Rating: G
1248 mots
Il faisait très chaud ce jour-là. Zacharias, assoiffé, se serait bien servi une Bièreaubeurre fraîche, mais il ne pouvait pas descendre en bras de chemise. Londubat, d’ordinaire doux comme un agneau, était en ce moment précis capable des pires excès. Sans rire, lorsque Zacharias avait gracieusement donné son avis sur les cravates mauves à pois, Neville s’était immédiatement braqué et lui avait sèchement indiqué que le motif des cravates était non négociable.
Croyez en Zacharias, lorsque Neville, la bonne pâte par excellence, vous court-circuitait ainsi, il était dans votre intérêt de lâcher l’affaire. Oui, même vos remarques innocentes sur les mocassins vernis, vous pouvez les ravaler. Vous n’êtes pas un sans-cœur et vous voyez bien que votre pote, avec qui vous avez fait la guerre, vous êtes saoulé un soir de déprime et un matin de victoire, est plus à cran que le jour où vous avez été attaqués par une horde de Détraqueurs du côté de Manchester.
La mort dans l’âme, Zacharias se résigna au port de souliers vernis qui emprisonnaient ses orteils et fit un rapide état des lieux :
Pantalon sans faux plis : tombe avec élégance sur ces damnés mocassins.
Chemise crème : enfilée.
Gilet à brandebourgs : grincement de dents, mais mis tout de même car Neville a menacé de me remplacer par Potter. Il ne manquerait plus que ça !
Mais la cravate résistait à toutes les torsions qu’il lui infligeait.
Une boucle, je l’enfile par ici et la ressors par là ?
Sa patience s’amenuisait, son nœud n’était toujours pas fait et Neville l’attendait, paniquant à chaque seconde qui s’écoulait. Pour couronner le tout, c’était à lui qu’incombait la responsabilité de calmer les nerfs de Neville, en lui susurrant à l’oreille des paroles réconfortantes et en lui nouant sa cravate.
Facile à dire quand on n’arrivait pas à nouer la sienne. Certes, du temps de Poudlard, Zacharias portait l’uniforme et la cravate qui allait avec, mais ce n’était qu’un lointain souvenir, et puis…
Ernie MacMillan l’aidait.
-Besoin d’aide ? glissa une voix amusée.
Susan Bones, ancienne camarade de classe et demoiselle d’honneur, s’avança d’un pas décidé et en deux temps trois mouvements, Zacharias fut proprement sanglé et muselé- pardon, cravaté.
Il ne s’attendait pas à ce geste, se souvenant qu’ils n’avaient pas été en bons termes à Poudlard (quelque chose à voir avec une pique, lancée contre le professeur Lockhart et ses benêtes d’admiratrices, dans la salle commune des Poufsouffles. Susan ne l’avait pas très bien pris), et que Susan le trouvait « plus verbeux qu’Ernie ». Il voulut la remercier, mais elle l’envoya auprès de Neville :
-Le futur marié te cherche.
A ces mots, Zacharias bondit hors de la pièce.
Vingt minutes et plusieurs paroles d’encouragement plus tard (« Londubat, plus tu passes de temps enfermé dans cette pièce, plus ta dulcinée, elle, a le temps de réfléchir ! »), Zacharias assistait à l’échange de vœux entre les mariés.
Suffocant, il porta la main à sa gorge. A nouveau, il blâma le couple d’avoir choisi le mois de juillet pour célébrer leur union. Décembre était un mois comme un autre, tout aussi propice à la fusion de deux âmes sororales.
Quel drôle de couple tout de même, songea-t-il. Neville Londubat et Morag MacDougal.
La mariée avait un sale caractère doublé d’une fâcheuse habitude de n’en faire qu’à sa tête.
Franchement, vous pensiez que les cravates mauves à pois, la passementerie reproduite à l’identique sur les tenues du garçon et de la demoiselle d’honneur, et surtout, le jabot en dentelle du marié, étaient une idée de Neville ?
Objectivement, cette union était désastreuse et vouée à l’échec. Neville était trop jeune pour prendre un tel engagement. Morag le mènerait par le bout du nez (elle le faisait déjà) , il hériterait d’un beau-frère loup-garou (quoique Zacharias avait rencontré la Mère-Grand de Neville, et à côté de cette femme de fer, Jeremy MacDougal pourrait lui sembler une nette amélioration).
Neville était un type bien. Généralement, les types bien détestaient, rabrouaient ou fuyaient l’homme qui en disait trop. Mais Neville le supportait et l’acceptait sans chercher à le changer, pendant que Zacharias se retenait de renifler dédaigneusement quand Neville se laissait aller à évoquer les propriétés fascinantes de la Branchiflore ou de toute autre plante visqueuse qui excitait son imagination.
Neville avait pris un sort à la place de Zacharias (un Mangemort en goguette s’était plu à semer la panique à Londres deux jours avant la fin de la guerre).
Zacharias avait dîné chez les Londubat et s’était montré poli envers Madame Augusta.
Neville avait vanté les mérites du nénuphar boréal dans les cas de dépression jusqu’à ce que Zacharias se fasse avoir à l’usure. La potion lui permit de dormir dix heures d’affilée pour la première fois depuis le début de la guerre.
Zacharias avait fait le siège du Ministère après que Neville se soit vu refuser le poste d’assistant botaniste au Département de contrôle des Plantes Vénéneuses et avait menacé Cornelius Fudge de révéler que le candidat accepté, Rufus Wrentworth, était 1- son neveu et 2-, incapable de discerner une Amaranthe forestière d’un Mimbulus Mimbletonia. Le lendemain, un Neville heureusement surpris apprit à Zacharias le mystérieux revirement du Chef du département.
Neville avait confié à Zacharias qu’il était tombé amoureux et qu’elle lui souriait toujours.
Zacharias avait tempêté auprès de Neville quand son enquête sur la corruption ministérielle fut écartée par le Daily Prophet.
Neville avait avoué à Zacharias qu’il avait demandé à Morag de l’épouser et qu’il souhaitait que Zacharias fût son témoin.
Zacharias avait lâché un « Quoi ? » retentissant. Et avait fini par accepter.
Accepter l’honneur que lui faisait Neville.
Accepter la cravate ridicule, les ampoules causées par les chaussures inconfortables et le gilet Grand Siècle.
Accepter qu’en dépit de ses réservations, Morag rendait son ami heureux, et que c’était cela qui comptait, finalement.
« …qu’il le dise maintenant ou se taise à jamais », acheva l’officiant, tirant Zacharias de sa rêverie.
Horrifié, il s’aperçut que sa bouche s’ouvrait par réflexe. Il tenta désespérément de rattraper les mots qui se bousculaient sur ses lèvres…
…dont aucun son ne sortit, sa cravate étant resserrée autour d’un endroit stratégique (le larynx).
Il croisa les yeux pétillants de Susan Bones qui n’avait pas perdu une miette de son affolement.
Il comprit : sa sollicitude inattendue, la sensation persistante d’étouffement qui n’était pas seulement due à la chaleur…
Elle avait tout prévu.
Neville et Morag furent déclarés mari et femme. Si Zacharias ne s’écria pas « Bravo » à l’instar de l’assemblée, il n’en applaudit pas moins avec vigueur.
C’était Neville. Son ami, son frère. Qui souriait béatement à la cantonade.
Zacharias fut presque tenté de remercier Susan de l’avoir réduit au silence.
Sa bonne résolution partit en fumée dix minutes plus tard. Allant se rafraîchir dans la salle de bains et desserrer devant la glace sa cravate désormais inutile, Zacharias n’apprécia pas, mais alors pas du tout, de voir qu’il virait au bleu par manque d’oxygène.
Cette criminelle ! Elle allait l’entendre. Son sang chaud, bouilli par la chaleur, ne fit qu’un tour, et sa voix retrouvée porta loin, très loin :
« BONES ! » ouïrent les invités- dont l’intéressée- depuis la tente de réception dressée dans le jardin.
Neville s’autorisa un petit sourire. Il aimait Zacharias comme un frère, mais il connaissait ses logorrhées verbales intempestives et aujourd’hui, il n’avait vraiment pas besoin d’un témoin partageant son scepticisme avec l’assistance.
En plus, Morag n’aurait pas apprécié.
Il espérait juste que Susan ne vendrait pas la mèche
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