Essai - Il n'avait jamais rien dit

Apr 17, 2008 14:48

Titre : Il n'avait jamais rien dit
Auteur : Rosaleis
Personnages : Alphard Black et le reste de la famille Black
Catégorie : Essai
Rating : K
Note de l'auteur : Eh bien, voici le premier texte que je poste ici. J'ai écris cet OS il y a longtemps, alors le dénouement est un peu rapide et facile, mais je préfère le poster tel quel. Ah, et si j'arrive à poster, c'est grâce à Lady Cecilia Cornwell, alors merci !

Il n’avait jamais rien dit

Il n’avait jamais rien dit.

Aucune plainte. Aucune opposition.

C’était si facile de se taire.

Dès son plus jeune âge, il avait remarqué que le silence était la meilleure des solutions. Esquiver les coups plutôt que de les recevoir. C’était certes moins beau. Moins courageux. Mais ça avait l’avantage d’être plus sécurisant et plus tranquille.

Il était un Serpentard, après tout. Il n’avait pas la force, ou plutôt la folie des Gryffondors.

Alors il n’avait jamais rien dit.

Pourtant, nombreuses avaient été les occasions où il aurait pu intervenir. Faire ou dire quelque chose contre les idées de ses ancêtres. Contre les idées de ses parents. Mais à chaque fois, il avait trouvé une excuse pour son silence. Une excuse qui lui permettait de s’endormir la nuit sans remords de n’avoir rien dit.

Alors oui, jusqu’au début du mois de juillet 1975, il n’avait jamais rien dit.

Mais ce jour-là, ça a changé …

Ils s’étaient tous réunis dans le salon du 12, Square Grimmaurd. Celui-ci avait été spécialement aménagé et une longue table en bois se trouvait en son milieu, une dizaine de chaises siégeant autour. Les rideaux, brodés de fil d’or, avaient été tirés et la lumière entrait abondamment à travers les larges fenêtres. D’un côté de la pièce, des armoires vitrées contenaient divers objets et décorations, ayant un rapport ou l’ autre avec la Magie Noire. De l’autre côté se trouvait une immense tapisserie qui recouvrait toute la surface du mur. Elle semblait très ancienne et était légèrement décolorée. Mais le fil d’or avec lequel elle avait été brodée continuait de briller comme au premier jour. Tout en haut de la tapisserie était écrit en grosses lettres :

La Noble et Très Ancienne Maison des Black
« Toujours pur »

Alphard n’y avait pas jeté un coup d’œil, et s’était assis lentement sur une des chaises. Les huit autres personnes présentes avaient fait de même, la plupart très septique. La réunion du conseil avait été exceptionnelle et à part les anciens, aucun n’avait su pourquoi ils avaient été appelés.

S’il avait su …

Lorsque tout le monde s’était installé, Arcturus, grand-père paternel de Sirius, avait prit la parole de sa voix froide et hautaine :

« Bien. Nous nous sommes réunis ici pour parler du cas de Sirius, qui a quitté la maison familiale hier dans la matinée. Nous devons décider des mesures à prendre à son égard. »

Bien que surpris, Alphard n’avait rien laissé montrer. Avant, seuls les parents décidaient de ce genre de choses, et le reste de la famille n’avait aucun mot à dire. Le conseil n’avait eu techniquement pas lieu d’être.

Walburga avait argumenté la première. Son regard noir était passé sur chacune des personnes assises à mesure de ses mots.

« Ce … bâtard ne mérite même pas qu’on discute de lui. Dès son plus jeune âge, j’ai su qu’il attirerait le déshonneur sur notre famille. Et j’avais raison. Regardez ce qu’il est devenu. Il a atterrit à Gryffondor et est devenu ami avec des Sang-Mêlés et des Sang-de-Bourbes. J’ai honte d’avoir engendrer un fils pareil. Pour moi, la discussion est close. Sirius doit être déshérité. »

Est-ce à ce moment qu’Alphard prit vraiment conscience de l’influence de leur famille sur eux ? Il n’en était plus sûr. Mais il se souvenait très bien du long frisson qui lui avait parcourut l’échine. Les paroles de sa sœur avaient trahi toute sa haine et son dégout envers son fils, et il en avait été particulièrement choqué. Elle avait changée. Encore maintenant, il se demandait comment il n’avait pu s’en rendre compte que si tard.

Mais malgré son profond dégout face au comportement de sa sœur, il n’avait rien dit. Il avait juste serré convulsivement les poings sous la table pour retenir des propos qu’il aurait regrettés plus tard et avait regardé Melania briser le silence pesant qui s’était installé dans la pièce.

« Ma chère, pensez-vous sincèrement que ce soit la meilleure des solutions ? Je veux dire … Je sais très bien que Sirius n’a pas eu le comportement digne d’un Black, mais peut-être n’est-il pas trop tard pour y remédier. Une nouvelle éducation, par exemple, serait peut-être plus judicieux. »

Au moment où Melania s’était tu, Alphard avait su qu’elle avait fait une énorme erreur. Il connaissait sa sœur par cœur. Il l’avait connue.

La réplique cinglante de Walburga avait confirmé ses pensées.

« Insinuez-vous que j’ai mal éduqué mon fils, Melania ? »

Melania s’était empourprée sous l’accusation et avait rougi d’indignation.

« Non, bien sûr que non ! Je … »

« Car ce n’est pas le cas, » avait repris Walburga d’une voix forte, ignorant la réponse de sa belle-mère. « Et je ne vous permets certainement pas de ne serait-ce que de penser une telle chose ! »

La tension était rapidement montée et Pollux, son père, était intervenu à temps. Il avait jeté un regard d’avertissement aux deux femmes et ordonné d’une voix sèche qu’elles cessent ces gamineries. Que ce n’était certainement pas l’éducation de Sirius qui était en tort, donnant de ce fait raison à sa fille.

Celle-ci n’avait d’ailleurs rien dit, mais Alphard avait facilement deviné qu’elle éprouvait une grande satisfaction.

« … Mais, » avait continué Pollux, « compte tenu des circonstances, nous ne pouvons décider sur un coup de tête de déshériter Sirius. »

Walburga avait sursauté brusquement et avait posé un regard suspicieux sur son père, qui l’avait soutenu sans broncher. Alphard lui-même s’était interrogé des raisons des anciens.

S’il avait su …

« Compte tenu des circonstances ? » avait-elle demandé.

« Et bien, avait répondu Cygnus qui n’avait pas encore parlé jusqu’alors, tu n’es pas sans savoir que tes fils sont les derniers représentants mâles de notre famille … »

« … Et qu’ils sont les seuls, grâce à leurs futurs enfants, à pouvoir perpétuer le nom des Black, » avait terminé Orion dans un murmure de compréhension.

« Tout à fait, » avait acquiescé Arcturus. « Nous ne pouvons nous permettre de voir le nom des Black s’éteindre. »

Alphard avait saisi qu’il aurait dû commencer à s’inquiéter sur la tournure que prenait la discussion. Il avait saisi que tout ceci devenait dangereux. Que l’intérêt pour Sirius avait dû être caché par quelque chose d’autre.

Mais là encore, il n’avait rien dit.

Attendant …

« Et que devrions-nous faire ? » avait alors rétorqué Walburga. « Aller chercher Sirius et le convaincre de revenir ici ? Sottise ! »

Pour une des rares fois dans sa vie, surtout concernant ses neveux, Alphard avait été d’accord avec sa sœur. Si Sirius avait décidé de quitter la maison familiale, il y avait peu de chances pour qu’il y revienne de son plein grès. Et il n’avait même pas voulu imaginer qu’il y revienne de force.

« Que faisons-nous alors ? » avait demandé Pollux, exaspéré par le manque de coopération de sa fille.

« Si je peux me permettre, » avait répondu calmement Irma avant que Walburga n’ait parlé, « le fait que Sirius soit déshérité ne représente pas un désavantage pour le nom des Black. Je veux dire, » avait-elle expliqué devant l’air perplexe des autres, « que Sirius portera toujours le nom Black, et ses enfants également, quoiqu’il arrive. »

« C’est un traitre à son sang ! » s’était exclamée Walburga, visiblement irritée. « Et ses bâtards d’enfants le seront également. Notre nom sera sali. Est-ce ce que tu veux ? »

Irma l’avait doucement calmée en contrant son argument par Regulus, qui portait toujours fièrement son nom.

Les autres avaient approuvé d’un signe de tête et Walburga avait poussé un long soupir, demandant pourquoi ils discutaient encore de cette immonde vermine.

« Il y a un deuxième point qui explique la réunion du conseil, » avait avoué Arcturus.

« Quoi, encore ? » avait demandé Orion, qui n’avait que très peu parlé depuis le début. « Parle, Arcturus ! »

Celui-ci avait eu une légère hésitation, comme s’il avait redouté ses paroles, mais avait bien vite repris son masque froid et impassible.

S’il avait su …

« Le Seigneur des Ténèbres recrutent. Il cherche des fidèles pour agrandir ses troupes, et nous serions très bien vu par lui si nos enfants s’engageaient. Regulus est encore trop jeune, peut-être dans quelques années, mais Sirius … »

« Vous ne pensez toute de même pas … »

Alphard avait refermé précipitamment la bouche, effaré. Il n’avait pu empêcher les mots de sortir, trop scandalisé pour mesurer la portée de son acte. Un frisson d’horreur l’avait parcouru.

Ensuite, tout s’était enchaîné et s’était passé très vite. Trop vite.

« Qui a-t-il, Alphard ? » avait demandé sèchement Pollux.

Tous les regards avaient été fixés sur lui, attendant sa réponse. Qu’il nie. Qu’il approuve. Et qu’il se taise. Mais Alphard n’avait pu se taire plus longtemps. Pas alors que la vie de son neveu avait été en jeu. Il avait compris que tout ce qu’il avait construit jusque là allait voler en éclat. Tout ce en quoi il avait toujours cru. Mais l’idée de se taire, encore une fois, lui avait été insupportable. Alors il avait parlé.

Pour la première fois.

« Ce n’est pas une solution, » avait-il dit d’une voix ferme.

Il ne savait toujours pas comment il était arrivé à contrôler sa voix ce jour-là. Tous ses membres avaient commencé à trembler sous le regard scrutateur de sa famille. Certains avaient été curieux, d’autre choqués, mais tous surpris. Alphard en aurait presque rit si la situation n’avait pas été si désespérée. Eux qui avaient été si habitué à le voir muet …

« Walburga l’a dit elle-même, Sirius ne reviendra pas ici. Pas de son plein gré en tout cas. Et pensez-vous réellement que la simple idée de servir le Seigneur des Ténèbres ne lui a que simplement effleuré l’esprit ? »

Il avait essayé de gagner du temps. De trouver une excuse. Une raison. Qu’ils oublient cette idée effroyable. Qu’ils laissent enfin Sirius tranquille. Il avait vraiment essayé. Mais on ne pouvait duper les Black. Jamais.

« Alors si ce n’est pas de son plein gré, il reviendra de force, » avait rétorqué Arcturus. « Nous devons prendre appuis auprès du Seigneur des Ténèbres. »

« Vous allez l’envoyer à la mort ! » s’était écrié Alphard, incapable de se retenir plus longtemps. « Il ne tiendra pas plus de quelques semaines là-bas. »

« Alors il mourra, mais ce sera avec honneur ! » avait déclaré Walburga qui avait semblé approuver l’avis des anciens.

Alphard s’était brusquement relevé de sa chaise, tremblant de rage et de révulsion. Il avait été seul. Seul contre eux tous. Mais il n’avait pas fléchi.

« NON ! Comment pouvez-vous seulement penser une telle chose ? Ce n’est encore qu’un enfant. C’est ton enfant, Walburga ! Ton fils ! Et tout ce que tu penses, c’est de l’envoyer vers le Seigneur des Ténèbres. C’est … répugnant ! »

Walburga avait éclaté de rire, d’un rire démentiel qui avait provoqué des frissons chez Alphard. Elle était devenue folle. Complètement folle.

« Mon cher frère, » avait-elle dit lorsqu’elle s’était calmée. « Il est mon fils, comme tu le dis si bien. C’est à moi de décider de sa destinée tant qu’il n’est pas majeur, et ce n’est pas encore le cas. Alors, s’il te plait, rassois-toi et nous oublierons ce moment d’écart de ta part. »

« Non. »

Une colère froide avait fait trembler légèrement sa voix alors qu’il avait prononcé le mot qu’il n’avait jamais dit. Il avait chassé ses doutes, ses regrets et son amertume, et avait fait face une fois pour toute à sa famille.

« Vous ne toucherez plus à Sirius tant que je serai en vie. Déshéritez-le si ça vous chante, mais oubliez-le. Et si vous essayez simplement de ne serait-ce que de le convaincre de revenir, ce qui, bien sûr, ne fonctionnera pas, je dévoilerai tous vos petits secrets au Ministère. Je suis sûr qu’il se fera une joie de venir fouiller cette maison. Depuis le temps qu’il cherche un indice pour venir perquisitionner ici. »

« Tu n’oserais pas, » avait murmuré Arcturus, sidéré.

« Ne me tentez pas, » avait sifflé Alphard, tremblant de haine. « Ne l’approchez plus, c’est tout ce que je veux. »

« Tu n’as pas le droit ! » s’était exclamée Walburga en désespoir de cause.

Alphard avait fixé sa sœur dans les yeux, ignorant que ce serait la dernière fois.

« Ne me parle pas de droits, Walburga. »

Il s’était lentement redressé, puis avait tourné les talons et avait passé le bas de la porte lorsque Pollux l’avait interpelé une dernière fois.

« Alphard ! Si tu passes cette porte, tu ne fera plus partie de notre famille. »

Il ne s’était pas retourné. Tête baissée vers le sol, il avait simplement murmuré.

« Il y a longtemps que je ne fais plus partie de cette famille, père. »

Et il était sortit.

Après cette réunion, il n’avait plus jamais remis les pieds dans la maison familiale. Il n’avait d’ailleurs revu presque aucun des membres présents ce jour-là.

Mais il n’avait aucun regret.

Cela faisait un peu moins d’un an aujourd’hui. Hier, Sirius avait fêté ses dix-sept ans. Pour le monde sorcier, il était majeur. Et leur famille ne pouvait plus rien contre lui. Il était libre. Enfin …

Alphard ferma les yeux.

Il ne s’était pas toujours tu.

Et finalement, ça avait du bon de parler de temps en temps.

essai, alphard black, fic

Previous post Next post
Up