Charlie à tout prix [3/3]

Apr 21, 2007 14:33

Titre: Charlie à tout prix (3ème partie)
Auteur:
owlie_wood 
Personnages: Charlie Weasley mit OC
Catégorie: Croisade - "Charlie Weasley - Mon métier de rêve"
Rating: T

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oOo

Tuer Charlie.

Le faire souffrir. Horriblement. Qu’il regrette.

Elle voulait le tuer.

Les heures qui passaient n’avaient pas réussi à atténuer cette envie. Seule, à l’entrée d’un parc à l’abandon, perdue au fin fond de la Roumanie, Quinn était encore en train de songer à la façon dont elle s’y prendrait pour le torturer dès qu’elle le verrait.

A un mètre devant elle, sur les flancs orientaux de la chaîne des Carpates, une pancarte rouillée pendouillait tristement sur la dernière fixation qui lui restait. Entre poussières et métaux oxydés était encore faiblement visible les contours d’un animal ailé. Une immense grille cadenassée lui barrait le passage et au loin, elle devinait entre les arbres ce qui ressemblait à une cabane abandonnée.

Elle avait quitté le sol britannique depuis plusieurs heures et sa colère avait, depuis l’annonce de la nouvelle, altéré une grande partie de ses souvenirs sur cette période. Elle se rappelait vaguement avoir jeté dans un sac un pull épais, quelques rechanges et de s’être munie de son passeport et de tout l’argent liquide qu’elle possédait avant de transplaner vers le Ministère de la Magie. L’homme chargé de la permanence de nuit au Département des transports magiques au sixième étage lui avait appris qu’aucun Portoloin n’était prévu pour sa destination avant trois jours. De dépit, c’était à Heathrow et en première classe qu’elle trouva le moyen le plus rapide de quitter le pays. Cinq heures et une escale plus tard, elle posait les pieds sur le tarmac de Otopeni Intl’, l’aéroport international de Bucarest, capitale de la Roumanie, avec la ferme intention de quitter le sol de ce pays en compagnie de Charlie.

La suite était plus vague. Grâce aux indications glanées au Ministère de la Magie, elle avait pu trouver celui de Roumanie. Après avoir longtemps erré à la recherche de quelqu’un baragouinant l’anglais (comment pouvait-on encore préférer la langue de Molière à celle de Shakespeare ?), elle découvrit comment se rendre à Benivsa. Arrivée en ville, les choses réussirent à se compliquer, encore. Le sorcier censé guider les étrangers de passage en ville paraissait faire peu de cas des problèmes de Quinn, préférant les préparatifs d’un match de Quidditch à tenter de comprendre ce que la jeune sorcière lui voulait. La barrière de la langue se transforma en muraille et pour se débarrasser d’elle, il avait demandé à l’un de ses enfants de lui montrer le chemin.

Ces mésaventures n’avaient fait que renforcer la colère et la détermination de Riley. Désormais seule, elle tenta de se rappeler des mots que le petit garçon n’avait cessé de lui répéter.

- Euh… Benivsa rezervatie ale balaur, dit-elle d’une voix hésitante.

Le sinistre grincement dans lequel la grille s’ouvrit la fit sursauter. Alliant prudence et méfiance, elle franchit lentement l’entrée du parc à pas de loup et avança vers la maisonnette. Un nouveau grincement retentit en réponse aux trois coups frappés sur la porte. Elle eut à peine le temps de se retourner pour voir la grille, plus loin en contrebas, se refermer.

Un frisson lui parcourut le dos. La sensation d’être prisonnière était loin d’être sa préférée… Soudainement oppressée, elle se força à retrouver son calme et mit la main sur la poignée ronde de la porte d’entrée. Celle-ci n’était pas fermée.

La chaumière semblait depuis longtemps être abandonnée. Des ustensiles et des pots brisés, recouverts d’épaisses toiles d’araignée, traînaient sur un sol poussiéreux. Quinn s’apprêtait à sortir et à renoncer quand elle aperçut ce qui ressemblait à une poignée sur le mur du fond. Elle s’approcha et vit qu’il s’agissait d’un dragon sculpté. A peine l’avait-elle effleuré qu’un pan du mur entier coulissait pour la laisser passer. Ce qu’elle découvrit derrière la stupéfia. Alors que le parc de l’autre côté était désert et à l’abandon, un chemin dallé parfaitement délimité et bordé de petits massifs fleuris menait à un autre bâtiment en ciment. De nombreuses personnes s’affairaient tout autour, discutant, transportant de lourds sacs, toutes à l’affût et la baguette à la main. Personne ne lui prêta attention. Ce fut tout juste s’ils la regardèrent. Elle se rendit naturellement vers la bâtisse et poussant la porte en verre, se retrouva face à ce qui ressemblait à s’y méprendre à un accueil. Un homme d’une cinquantaine d’années à la moustache en guidon de vélo s’affairait derrière le comptoir. Quinn alla directement le voir.

- Excusez-moi, fit-elle doucement, je cherche Charlie Weasley.

Surpris d’être ainsi dérangé, il leva les yeux vers elle, les sourcils froncés. Il parla ensuite dans ce que Quinn supposa être du roumain.

- Evidemment, vous ne parlez pas un mot d’anglais, soupira-t-elle abattue. Charlie Weasley, vous connaissez ?

- Charlie Weasley ! répéta l’homme avec un hochement de tête.

- Oui, c’est ça, Charlie Weasley ! fit Quinn avec un sourire encourageant.

- Charlie Weasley.

- Ok, mais là, vous ne m’aidez pas vraiment ! grogna Quinn, son sourire soudainement plus crispé.

L’homme se mit à nouveau à parler en roumain, si vite que Quinn n’arrivait même plus à discerner les différentes syllabes qu’il pouvait prononcer. Prenant conscience qu’elle n’arriverait à rien comme ça, elle tenta une autre approche et sortit la photo de Charlie qu’elle avait récupéré dans son dossier.

- Charlie Weasley ! s’écria l’homme à l’instant où elle la déposa sur le comptoir !

- Oui ! Où est-il ?

- Cine ?

- Quoi ? Mais je veux juste savoir où il est ! expliqua-t-elle. Je le connais…

L’homme écarquilla les yeux et pencha la tête sur le côté. Existait-il quelque chose de plus frustrant que de ne pas réussir à se faire comprendre ? Quinn se passa une main sur le visage pour se calmer et prit une profonde inspiration.

- Moi connaître Charlie Weasley, dit-elle lentement en pointant alternativement son index sur sa poitrine et sur la photo.

Son interlocuteur l’observa un long moment avant que son regard ne s’éclaire soudainement. Il se mit à opiner du chef.

- Ok, fit-il avec un grand sourire.

Enfin, un mot qu’elle comprenait. Encouragée par ce succès, elle continua.

- Où Charlie ? demanda-t-elle en regardant autour d’elle comme si elle cherchait un objet.

Si l’homme parût la comprendre, ce ne fut pas le cas de Quinn dans la minute qui suivit. Elle avait vaguement deviné aux signes qu’il faisait qu’elle devrait aller à gauche en sortant mais ça n’allait pas plus loin. Une fois son discours terminé, elle renonça à le lui faire répéter, consciente que cela n’apporterait rien, et sortit du bâtiment, décidée à montrer la photo de Charlie à ceux qu’elle croiserait.

Quelques minutes après, guidée par les quelques directions glanées, elle arriva dans une clairière et reconnut, près d’une barrière clôturant un énorme tas de charbon, la silhouette et la chevelure tant recherchées.

Quinn ne put identifier le sentiment qui se fondit dans sa rage en le revoyant. Seule son incroyable violence la submergeait. Le jeune homme lui tournait le dos et elle mit tout en œuvre pour qu’elle ne l’entende pas arriver.

- Charlie ! fit-elle à quelques mètres de lui.

Il laissa échapper cri et sursaut lorsqu’il se retourna et recula d’un pas.

- Quinn, fit-il une main sur le cœur. Qu’est ce que vous faites ici ?

- Oh ! s’exclama-t-elle d’un ton mauvais. Parce que maintenant que tu t’es enfui, j’ai droit à du « Quinn ».

Charlie, qui se remettait doucement de sa frayeur, parût sentir la colère de la jeune femme. Il enfouit alors ses mains dans ses poches et gesticula un instant, un peu embarrassé.

- Les choses ont changé, expliqua-t-il simplement.

L’avoir comme ça, face à elle, après cette improbable et interminable journée était au dessus des ses forces. Quinn lutta contre l’envie qu’elle avait de le frapper pour céder à celle de hurler.

- Comment tu as pu t’en aller comme ça ? s’écria-t-elle. En Roumanie ? Et sans prévenir !

- Si j’en avais parlé, se défendit calmement le jeune homme pour tenter de l’apaiser, vous et vos collègues ne m’auriez jamais laissé partir. Je comptais l’annoncer, mais pas avant la semaine prochaine. La distance était censée en décourager plus d’un. Et jusque là, ça a marché !

Les yeux de Quinn se plissèrent.

- Mais c’est mal me connaître, Charlie Weasley ! fit-elle furieuse en le menaçant de l’index.

- Je sais, reconnut-il avec un sourire. Je m’attendais à vous voir débarquer.

Elle laissa échapper un sifflement dégoûté. Comment avait-il pu lui faire ça ? Et comment pouvait-il s’en amuser ?

- Je peux savoir avec qui tu as signé ? finit-elle par demander. Parce qu’on a dû te faire une offre en or pour que tu puisses accepter de venir ici ! Les Benivsa Balaur, les dragons de Benivsa… A tous les coups, c’est à cause Cosvana. Cette garce devait attendre son heure, tapie dans l’ombre. Dire que je n’ai rien vu ven…

- Je n’ai pas signé, la coupa-t-il soudainement.

Stoppée en pleine élaboration d’une vengeance qu’elle estimait toute légitime, Quinn resta silencieuse, un peu sonnée.

- Excuse-moi, tu pourrais répéter ? fit-elle une pointe d’angoisse dans la voix. Parce que je jurerais avoir entendu la chose la plus stupide au monde…

- Je n’ai pas signé, répéta-t-il avec un demi-sourire.

Les yeux de Quinn s’écarquillèrent et sa mâchoire manqua de se décrocher. Non, elle n’avait pas rêvé…

- TU N’AS PAS SIGNE ? hurla-t-elle ahurie. Mais qu’est ce que tu fais dans ce trou alors ?

Quinn regretta aussitôt son cri. Un grondement sourd y fit écho et le gros tas de charbon derrière Charlie se mit à remuer. Une tête aux nasaux fumants au bout d’un long cou ne tarda pas à apparaître. Les jambes de la jeune anglaise menacèrent de la trahir quand elle réalisa de quoi il s’agissait.

- Nom de… murmura Quinn pétrifiée. C’est un dragon ?

Lentement et sans lâcher le dragon des yeux, elle tendit la main dans la direction du jeune homme pour qu’il vienne la rejoindre.

- Charlie, appela-t-elle à voix basse, écarte-toi ! Vite !

Celui-ci éclata de rire.

- Quinn, expliqua-t-il voyant qu’elle venait de se vexer. Je vous présente Flammèche, c’est un Noir des Hébrides, un des seuls à s’être acclimaté aux montagnes roumaines. N’ayez pas peur, ajouta-t-il devant son air effrayé, il est suffisamment drogué pour qu’on puisse l’approcher.

- Tu veux dire que tu le connais ? demanda-t-elle le front plissé.

Il se fendit d’un sourire satisfait.

- Avez-vous la moindre idée de l’endroit où vous vous trouvez ?

- Dans un bled de Roumanie… à des milliers de kilomètres de l’endroit où nous aurions tous les deux dûs être ! répliqua-t-elle agacée.

- Et le panneau à l’entrée ne vous a pas intrigué ?

Quinn sentit ses joues s’empourprer. Oui, elle avait bien vu la chose ailée. Et visiblement, elle l’avait mal interprétée.

- Ben… fit-elle hésitante. C’était écrit un roumain.

Elle savait son explication plus que stupide mais le regard attendri qu’il lui lança la fit se sentir encore plus bête.

- C’est une réserve de dragons ici, répondit Charlie en tendant la main pour caresser le monstre qui se trouvait derrière lui. La plus grande au monde. Pourquoi pensez-vous que le symbole de l’équipe de Quidditch de la ville est le dragon ?

Le sol, sous les pieds de Quinn, se mit tanguer. Elle se saisit le crâne à deux mains et se frotta les tempes le temps que son vertige passe. La position accroupie lui parût la plus appropriée le temps que tout ce qui l’entoure veille bien s’arrêter de tourner.

- Hé, Quinn, ça va ? demanda Charlie inquiet en se précipitant vers elle.

Totalement interdite, elle lança un regard incrédule au jeune homme.

- Comment tu as pu me faire ça ? demanda-t-elle écœurée. Je n’y crois pas… Un an ! Ca m’a pris un an de ma vie… Mais tu es parti ! Et je me suis faite avoir par… des dragons ?

Il lui adressa un sourire compatissant.

- Vous voulez le toucher ? lui proposa-t-il gentiment.

- Non, à l’heure actuelle, je veux mourir, rétorqua-t-elle sèchement.

Son instant de compassion passé, il lui éclata de rire au nez.

- Quinn, allez ! la pressa-t-il en l’attrapant par le bras pour la faire se relever.

Il la souleva et la remit sur ses pieds. De mauvaise grâce, elle accepta de se trouver à proximité de la bête mais eut un mouvement de recul quand le dragon se mit à bouger.

- Flammèche a été blessé il y a peu, expliqua calmement Charlie. On suppose que c’est pour une lutte de territoire. Il nous a fallu deux jours pour le trouver.

Quinn lui envoya un regard noir. Elle se moquait complètement de savoir d’où ce dragon provenait.

- Tu as choisi ton rêve… Et tu as brisé le mien ! signala-t-elle froidement.

- Quinn…

- Bon, je ne peux pas non plus dire que je n’étais pas prévenue, admit-elle en levant les mains. C’est vrai ! Mais quand même Charlie…

Le faire culpabiliser semblait être le dernier espoir auquel Riley pouvait se raccrocher.

- Je suis désolé, soupira le jeune homme tristement. Sincèrement. Quinn, j’aurais voulu pouvoir vous le dire avant mais…

N’ayant que faire de ses excuses, elle ne le laissa pas continuer.

- Est-ce que tu réalises le talent que tu viens de gâcher ? Des milliers de sorciers tueraient pour pouvoir faire ce que tu fais. Et toi, tu t’en sépares, comme ça ! s’exclama-t-elle avec un claquement de doigts. Pour des dragons… Tu te rends compte que c’est la fin de ma réputation ?

Le jeune soigneur de dragon laissa échapper un pouffement amusé.

- Ecoutez Quinn, fit-il avec un sourire en coin. Si ça peut vous rassurer, c’est avec les Cats que j’aurais choisi de signer.

Quinn tourna la tête vers lui, les lèvres pincées. C’était facile pour lui de dire ça.

- Pourquoi est ce que je te croirais ?

Le soupir qu’il poussa lui prouva qu’il s’y était préparé.

- Peut-être parce que c’est vrai…

Le ton abattu de sa voix la fit légèrement frissonner. Elle se tourna vers lui et l’observa longuement, pour s’assurer de sa sincérité puis finit par pousser à son tour un long et profond soupir.

- C’est toujours ça, finit-elle par dire froidement.

Sa mauvaise foi arracha un sourire amusé à Charlie, sourire qui ne tarda pas à faner quand il aperçut celui, féroce, qui venait de naître sur le visage de la jeune femme

- Comme tu vas regretter ces paroles, Charlie ! dit-elle lentement. Tu dois certainement te douter que je ne suis pas venue pour renoncer.

Le regard qu’il lui lança était un peu effrayé. Ravie d’avoir repris le dessus, Quinn tendit la main vers le dragon.

- Alors ? Je peux le toucher ? demanda-t-elle innocemment.

Le jeune homme la dévisagea un instant et finit par lui aussi esquisser un sourire.

- Allez savoir pourquoi, ça aussi, je m’y attendais, avoua-t-il en secouant la tête.

D’un geste du menton, il l’encouragea à approcher la bête. La surprise du premier contact et son appréhension lui firent retirer vivement sa main. Enfin, ça et le « bouh » que Charlie jugea bon de crier à l’instant où elle toucha l’une des écailles. Peinant à le remettre de sa frayeur, elle passa ses nerfs sur l’épaule du garçon aux cheveux roux qui ricanait. Après s’être faite promettre qu’il ne recommencerait pas, elle retenta sa chance auprès de la bête. Chaudes, lisses tout en étant rugueuses, toucher des écailles de dragon resterait pour elle une expérience unique et incroyable.

- Dommage que ça prenne autant de place, soupira-t-elle à regret. Finalement, je me serais bien vue avec un dragon dans le salon.

Charlie fit l’effort de rire à sa plaisanterie. Le dragon, jusque là imperturbable au bruit, tourna la tête vers eux et se pencha pour les renifler.

- Je crois que ça suffit pour le moment, fit Charlie inquiet en attrapant Riley par le bras et en la faisait reculer.

- Quoi ? s’étonna-t-elle alors qu’il l’emmenait à plusieurs mètres. Je croyais qu’il était drogué.

- Mais s’il sent l’odeur d’une femelle, répondit Charlie gêné, ça ne va pas « bien » se passer.

Le regard de Quinn passa du dragon à son soigneur et pressa d’elle-même le pas. Ils redescendirent vers l’entrée de la réserve, près du bâtiment à la porte en verre.

- Alors ? finit par proposer Charlie une fois qu’ils se furent arrêtés. Cela vous dirait de visiter l’endroit ?

La recruteuse fronça légèrement les sourcils.

- Je suis coincée pour la journée en Roumanie ! avoua-t-elle. Autant mettre ce temps à profit !

Charlie sourit et l’invita alors à pénétrer dans le bâtiment avec lui.

- Quinn, dit le jeune homme en lui désignant l’homme aux moustaches en guidon de vélo. Je vous présente Vlad !

- Oui, on s’est vu tout à l’heure, répondit Quinn avec un grand sourire. Une de dernières personnes au monde à ne pas parler un mot d’anglais. C’est ça qu’on devrait écrire sur l’écriteau à l’entrée…

- Quinn ! grogna Charlie entre ses dents en tentant de préserver son sourire.

- Quoi, c’est lui qui t’as fait signer ! se défendit-elle. J’ai le droit de me venger ! Vas-y, explique le lui… ajouta-t-elle voyant que Vlad la Moustache commençait à s’impatienter.

Charlie leva les yeux au ciel et se tourna vers son patron.

- Ea e Quinn Riley, unul din prietenii mei…

- Prieten ?Mincinos, a spune pisica adevar! Ea a a ta sotie ?

Charlie parut soudainement horriblement gêné. Quinn se demanda un instant de quoi ils pouvaient parler. Elle le comprit quand elle sentit leurs regards se tourner vers elle. Entendre les gens parler de soi sans en comprendre un mot, voilà qui était des plus désagréables. Enfin, elle supposait qu’elle l’avait peut-être mérité.

- Nici un ! un simplu prieten !

- Tu a nu avea dreptate, ea e ager la minte. Si ea a fi îndrăgostit de tu!

Les joues du jeune Weasley s’empourprèrent et il ajouta quelque chose précipitamment. Son patron éclate de rire et se pencha vers lui pour lui murmurer quelque chose à l’oreille avant de lui tendre une enveloppe. Charlie jeta alors un regard furtif à la jeune femme et ses joues et ses oreilles rosirent de plus belle.

- Alors qu’est ce qu’il a dit ? le pressa-t-elle alors qu’ils sortaient.

- Rien d’important, fit-il d’un ton désinvolte.

- Charlie, qu’est ce qu’il a dit ? répéta-t-elle agacée.

- Je crois que vous ne voudriez pas le savoir… fit Charlie avec un sourire.

Il haussa les épaules et continua à avancer.

- CHARLIE !

oOo

Le tour complet de la réserve leur prit plusieurs heures. Charlie lui avait pourtant affirmé que l’habituel circuit touristique durait rarement plus d’une petite heure. Mais la visite s’était prolongée, en partie parce qu’aujourd’hui, aucun dragon ne semblait vouloir montrer le bout de ses nasaux. Ils passèrent de longs moments sous les différents abris permettant aux visiteurs d’observer les créatures en toute discrétion et en toute sécurité, à guetter le moment où une forme ailée voudrait bien apparaître.

En guide attentionné, Charlie faisait de son mieux pour combler ces instants d’attente et se laissait souvent emporter par son enthousiasme en la noyant de détails et de renseignements sur les espèces qu’ils étaient censés apercevoir. A part les quelques moments où il avait abordé les points les moins techniques (l’incartabilité de la région, les sortilèges anti-moldu, les problèmes rencontrés avec l’armée roumaine), Quinn s’était totalement perdue dans le flot d’informations sur la taille des dents, des écailles, les régimes alimentaires, les lieux de nidations et de reproductions des espèces à travers le monde, qu’il prenait plaisir à lui délivrer. Mais Charlie mettait tant de cœur lorsqu’il en parlait qu’il parvenait à l’intéresser.

Ne retenant pas grand-chose, elle se contentait donc d’approuver à ce qu’il disait, de prendre un air impressionné lorsqu’il l’attendait, de rire aux plaisanteries qu’il faisait et de se tordre le cou pour tenter de voir quelque chose dans les enclos.

S’il tentait de garder bonne figure, Charlie était profondément vexé qu’aucun des animaux n’ait voulu se montrer. C’est pour cette raison qu’il l’emmena dans la nurserie, persuadé que là-bas, il pourrait l’impressionner. Il ne le dit pas mais Quinn le devina au sourire fier qu’il arbora quand ils en approchèrent. Peut-être pensait-il que la vue de petits dragonneaux l’attendrirait et ferait fondre son petit cœur de glace. Elle se garda cependant de lui expliquer que, puisque ce n’était pas le cas des chiots, ni des petits chatons qu’elle voyait sur le calendrier que son facteur tentait de lui vendre chaque année, il y avait peu de chances que cela puisse arriver. Pourtant, face à ces petits dragons que leurs mamans avaient abandonné, face à ceux qui, adultes, pouvaient faire des prédateurs des plus vicieux, elle sentit son cœur se serrer. Probablement à cause de la façon dont Charlie en parlait. Peut-être elle aussi pourrait-elle parvenir à convaincre les gens de s’intéresser au joueur le plus imbuvable et orgueilleux que la terre ait porté. Parce que quand la passion est là, on arrive à faire voir les choses différement.

- Tu vas être heureux ici, avoua-t-elle à regret alors que terminant la boucle, ils étaient revenus près de l’enclos de Flammèche.

- Et vous ? lui demanda Charlie. Qu’est ce que vous allez faire ?

- Je sais que c’est dur à envisager pour toi, se moqua-t-elle, mais j’avais une vie avant de te connaître, Charlie Weasley !

- Je suis sérieux ! protesta-t-il.

- Moi aussi ! ricana Riley. Pour l’instant, je compte rentrer au club. Mais n’oublie pas que tant que tu n’as pas signé quelque part, je n’ai aucune raison de renoncer.

Il se passa une main sur le menton, légèrement blasé.

- Et si je vous dis que vous perdez votre temps ? souffla-t-il.

- Je te demanderais ce que tu en sais, rétorqua-t-elle malicieusement. Tu as le Quidditch dans le sang, Charlie. Tu le sais aussi bien que moi… Ce n’est qu’une question de temps. Et puis tu sais, il y a des tas de talents qui ne demandent qu’à percer. J’aurais de quoi m’occuper en t’attendant.

Il l’observa avec des yeux ronds, sans jamais ciller, avant de se mettre à en rire.

- Vous êtes folle Quinn, vous le savez ?

- Finalement, je crois que je préférais encore quand tu m’appelais Miss Riley, déclara-t-elle en lui tournant le dos et en se remettant à marcher.

Elle l’entendit soupirer et il lui emboîta le pas.

- Au fait, reprit-il une fois à son niveau et en sortant l’enveloppe d’une de ses poches, Vlad m’a donné deux places pour le match de Quidditch de cet après-midi. Benivsa Balaur contre les Grodzisk Goblins. Ça vous dirait d’y aller ?

Une moue sceptique lui contracta le visage.

- Avec toi ?

- Oui, répondit-il avec un sourire.

- Rassure moi, ce sont les vapeurs de souffre qui te font cet effet, non ? Tu n’es pas vraiment en train de m’inviter ? demanda-t-elle les sourcils froncés.

- Vous avez vous-même dit que vous étiez bloquée en Roumanie, signala Charlie en se forçant à avoir l’air détaché. Et puis, il paraît que les Balaur ont un Attrapeur qui n’est vraiment pas mauvais.

Il y avait des choses que Charlie était incapable de cacher. Quinn le connaissait depuis moins d’un an, mais c’était une chose qu’elle avait vite apprise. Il était des sujets sur lesquels il ne pouvait mentir sans que l’on ne s’en rende compte. Dans les autres cas, ses oreilles le trahissaient. Quinn ne remit cependant pas sa parole en doute. Il y avait quelque chose de touchant dans les efforts qu’il faisait pour se contrôler.

- Un Attrapeur, tu dis ? dit-elle faisant mine d’être intéressée. Ça tombe bien, j’en ai justement un qui vient de me laisser tomber…

- Oh… fit Charlie avec un sourire. Et il était bon ?

- Ça pouvait aller, reconnut Quinn avec une grimace. Malheureusement, il s’est lâchement enfui, sans même me prévenir et n’a pas su saisir la chance que je lui offrais…

- Un vrai crétin ! s’exclama le jeune homme scandalisé.

- Et ce n’est pas tout, avoua-t-elle en se penchant vers lui. En plus, c’était un voleur de bonnet !

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Règle n°10 : Ne laisse jamais le désir du club devenir tien

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Charlie avait assuré que le match serait des plus intéressants. Bien que sceptique à ce sujet, Quinn ne le contredit pas sur l’instant. Comme tout le monde s’y attendait, les Benisva Balaur s’étaient littéralement faits écraser, mais cela ne l’avait pas empêchée de s’amuser.

La tombée de la nuit s’était vite accompagnée de celles des températures. Le staff du club avait alors pris l’excellente initiative de distribuer des couvertures à tous les spectateurs. Une fois enroulée dans la sienne, et même si le morceau d’étoffe sentait le chien mouillé (d’après Charlie, elle n’était pas la seule dans ce cas là), la jeune femme put mieux apprécier la rencontre.

L’Attrapeur que le soigneur de dragon avait tenté de lui vendre était tout simplement mauvais. Quand elle lui fit part du fond de sa pensée, celui-ci haussa les épaules et esquiva la conversation en lui proposant de lui offrir de quoi manger. Quinn n’avait pas l’intention de le laisser filer mais le hurlement que poussa alors son estomac l’empêcha de refuser la proposition sans perdre toute crédibilité. Quand Charlie revint avec sandwichs, frites et boissons chaudes à la main, elle perdit tout courage pour l’interroger. Et avec toutes ces effluves de nourriture et de friture, cela n’avait plus grand intérêt.

Le match se prolongea une bonne partie de la nuit, retardant un peu plus la mise à mort de Balaurs. Ils quittèrent le stade sous les cris de victoire des supporters des Gobelins et regagnèrent la ville dans le cortège des supporters de Benivsa qui avançaient comme chaque soir de défaite d’un pas lent et la tête baissée.

Se laissant emporter par le flot de personnes, ils atterrirent dans le bar où Quinn quelques heures plus tôt avait débarqué. Ils analysèrent la rencontre autour d’une bière roumaine, d’après Charlie une des meilleures au monde, et quittèrent le pub à une heure avancée de la nuit. Le jeune homme était parvenu à arracher à la recruteuse la promesse qu’elle ne le dénoncerait pas auprès du serveur et qu’elle le laisserait boire si lui acceptait d’enfin faire l’effort de la tutoyer. Vu la situation dans laquelle ils se trouvaient, c’était une familiarité qu’ils pouvaient se permettre.

Les rues de Benivsa étaient désormais désertes. Seuls quelques supporters ivres y soulageaient encore leurs vessies. Après l’atmosphère étouffante du pub, la fraîcheur de cette nuit d’été réussit à faire frissonner Quinn.

- Pour une journée qui avait on ne pouvait plus mal commencé, je trouve que c’était une belle façon de l’achever, déclara-t-elle en se tournant vers lui, les bras croisés pour se tenir chaud. Mais là, je commence à fatiguer.

Charlie approuva d’un hochement de tête.

- Vous… Tu sais où aller ? demanda-t-il en se reprenant.

- Oh, il doit bien avoir un hôtel dans le coin, fit-elle avec un haussement d’épaule.

- Avec une chambre libre ? A cette heure ? Alors que la moitié du pays est venu voir le match de Quidditch de ce soir ?

Il acheva sa démonstration par un sonore éclat de rire.

- Je te signale que je n’avais pas l’intention à la base d’aller voir un match ! répliqua-t-elle les lèvres pincées. Donc, si je me retrouve à la rue, quelque part, c’est par ta faute.

La sentant sur le point de vraiment se vexer, il tenta de se calmer et lui fit une proposition.

- Puisque je suis coupable, fit-il lentement, tu n’as qu’à venir passer la nuit chez moi…

Quinn se figea aussitôt et sentit, avec horreur, ses jouer s’empourprer.

- Voilà donc ce que tu avais derrière la tête, dit-elle en détournant fièrement la tête pour qu’il cesse de la regarder. L’alcool vous rend pervers, Mr Weasley ! Je savais que je n’aurais pas dû vous laisser boire…

- Quinn, fit Charlie en la rattrapant puisqu’elle s’était mise à accélérer. Ne va pas t’imaginer des choses ! Je…je te laisse mon lit et je dormirai sur le canapé. La porte de ma chambre a un verrou et… et je suis même prêt à te donner ma baguette magique pour la nuit si ça peut te rassurer.

Elle fit volte-face et se tourna vers lui. La sentant en train de réfléchir à sa proposition, il soutint son regard et se fendit d’un sourire encourageant.

- Tu m’auras tout fait, soupira-t-elle désespérée.

- C’est ça ou la rue, philosopha-t-il gaiement.

C’est en rageant d’être subitement nerveuse que Quinn suivit Charlie dans le dédale des rues du centre ville. Elle se sentait épuisée et désirait simplement trouver un endroit pour se reposer. Et puis ce n’était certainement pas de passer la nuit chez Charlie Weasley qui allait l’impressionner… Ce constat, pourtant élémentaire, ne parvint pas à lui ôter de l’esprit l’idée que c’était une erreur, même consentante, qu’elle commettait.

Ils finirent par s’arrêter devant un petit immeuble. Arrivés au terme de l’ascension d’un escalier aux marches grinçantes et inégales, ils atteignirent le deuxième palier. Charlie lui indiqua le bout du couloir. Deux portes se faisaient face. Epuisée, Quinn s’adossa à l’une d’elle pendant que Charlie cherchait ses clés.

- Je n’arrive pas à croire qu’on n’accepte pas les livres Sterling dans ce pays, soupira-t-elle en repensant au verre que Charlie avait du lui payer puisque le serveur avait refusé son paiement en livres. Sincèrement, c’est dans des cas comme ça qu’on se dit que la monnaie unique ne serait, finalement, pas une mauvaise idée.

Il leva les yeux vers elle et lui sourit. Pourquoi faisait-il toujours ça ? A chaque fois qu’elle disait quelque chose, à chaque fois qu’elle l’embêtait, il souriait. Peut-être était-ce une technique de défense qu’il avait apprise dans sa fratrie. Parce que cela avait le mérite de couper l’herbe sous le pied de Quinn. Ce simple état de fait la mettait en rogne. Elle détestait se sentir déstabilisée et ne rien trouver à ajouter à chaque fois qu’il lui souriait. Comme à cet instant où il la regardait.

- Bon alors, ces clés ? grogna-t-elle pour le faire réagir.

Il grimaça et replongea à leur recherche dans ses poches. Quinn leva la tête vers le plafond et se mit à caresser distraitement du bout du doigt le petit dragon en fer forgé accroché au judas de la porte sur laquelle elle s’était appuyée.

- Tes voisins aussi aiment les dragons ? se mit-elle à ricaner. La Roumanie est vraiment un pays surprenant. Au fait, il faut que je sache: ça t’arrive souvent de ramener des filles chez toi ? Parce que je ne voudrais surtout pas qu'ils puissent s’imaginer qu…

Sa voix mourut lorsqu’elle baissa à nouveau le visage pour lui parler et qu’elle le découvrit à juste devant son nez. Surprise, elle se tassa instinctivement un peu plus contre la porte. La distance entre eux était dangereusement ridicule pour que le pire n’advienne pas.

- Quoi ? demanda-t-elle d’une voix éraillée puisqu’il ne sembla pas bouger.

Sa réponse, un simple murmure, la fit frissonner.

- Tu es devant la serrure…

Un petit « Oh » lui échappa. Bien sûr, elle l’empêchait de passer. Le nœud de sa gorge se dénoua légèrement. Des deux portes, elle avait choisi de s’appuyer sur la mauvaise. Voilà pourquoi il s’était tant approché. Elle s’efforça d’oublier l’idée que son esprit l’espace d’une seconde avait osé formuler. Vainement puisque le sentir aussi près empêcha toutes pensées cohérentes de se former.

- Charlie, fit-elle désignant le bras qu’il avait déposé sur l’encadrement à côté de sa tête, je ne peux pas me pousser.

A nouveau, il lui envoya un sourire, si faible qu’elle pensa l’avoir un instant rêvé. Elle le vit lentement s’approcher et frissonna quand elle sentit son souffle lui caresser la peau.

- Charlie ! réussit-elle à articuler.

Il stoppa son mouvement à contre cœur et se contenta de poser son front sur le sien.

- Hum ? répondit-il les yeux fermés.

- On ne peut pas faire ça, murmura-t-elle en détournant la tête pour le faire s’éloigner.

Sans se laisser abattre, il déposa ses lèvres sur sa joue.

- Pourquoi ? demanda-t-il à voix basse.

- J’ai pour règle de ne jamais avoir de relations avec mes protégés, expliqua-t-elle en mobilisant toute sa volonté pour ne pas craquer et lui faire face.

- Très beau principe, répondit Charlie en caressant d’un doigt la ligne de sa mâchoire. Seulement tu oublies que je n’ai pas signé…

- Je pourrais encore t’en convaincre, répliqua-t-elle reprenant soudainement confiance en elle et en sa mission.

A nouveau, un sourire échappa au jeune homme qui s’approcha de manière à ce que leurs lèvres en viennent à se frôler.

- Quinn, dit-il d’une voix douce, ne le prends pas mal mais si tu te donnes autant de mal que pour m’empêcher de t’embrasser, je crois que je ne crains plus grand-chose à ce sujet.

Elle voulut protester, mais ses lèvres prises, elle n’en eut pas la possibilité. La douceur du baiser la priva momentanément de ses moyens et elle découvrit, totalement interdite, la nouvelle envie qui la tenaillait. Sentir ce désir latent soudainement s’éveiller la terrifia et lui permit de pouvoir le repousser.

- Charlie, non ! On ne peut pas ! protesta-t-elle en s’arrachant à ses baisers et en plaçant ses mains sur ses épaules pour le maintenir à distance.

Il recula le visage, légèrement déçu, dans l’attente d’une explication. Ne se sentant pas la force de raisonner, Quinn se retrouva obliger d’improviser.

- Je… J’ai 25 ans !

- Et moi presque 19 !

- Justement ! s’écria-t-elle pensant avoir une idée. Justement… euh… Pense à ta mère !

- Ma mère ? répéta-t-il les sourcils froncés. Ma mère est à des milliers de kilomètres, je me moque de ce qu’elle pense.

Il se pencha à nouveau vers elle pour l’embrasser afin de le lui prouver. Quelque chose de particulièrement déplaisant à en juger par la grimace qu’il faisait le fit s’arrêter en route.

- Bien joué, soupira-t-il écœuré. Voilà que maintenant, je pense à ma mère…

- Désolée, avoua-t-elle avec un sourire triste. C’était le seul moyen de te calmer.

Il haussa alors un sourcil et retira son bras du mur pour le passer autour de sa taille. Il passa son autre main autour de ses épaules et l’attira contre lui.

- Dommage pour toi, ça ne marchera pas, lui susurra-t-il à l’oreille.

Quinn, consciente de ce qui allait se passait, resta sourdes aux délicieuses sensations qui l’assaillaient et regroupa son courage pour à nouveau le repousser.

Mais entendre Charlie lui murmurer tendrement des « Miss Riley » au creux de l’oreille réussit à réduire au silence sa conscience, sa raison et sa volonté. La force sembla soudainement la quitter et les mains qu’elle avait posées sur ses épaules glissèrent alors dans son dos. Celui-ci fut d’ailleurs surprit quand elle l’entraîna dans un voluptueux baiser.

oOo

Deux fois.

La fougue et l’empressement de la jeunesse obligèrent Charlie à s’y reprendre à deux fois. Horriblement vexé, il mit tout en œuvre pour se rattraper. Epuisée mais satisfaite, Quinn s’endormit sous ses caresses et ses baisers.

Elle ouvrit les yeux au matin, sans avoir une idée précise de l’endroit où elle se trouvait. Son regard s’égara sur les couleurs chaudes du mur qui lui faisait face et la blancheur des draps sur lesquels elle reposait. Elle songea un instant à avoir rêvé, de la plus agréable et étrange des façons. Ses sens quittèrent progressivement leur état de veille et lui permirent de prendre enfin conscience de la situation dans laquelle elle se trouvait. Roulée sur le côté, un léger creux dans le matelas lui indiquait qu’elle n’était pas la seule à s’y reposer. Une odeur familière lui chatouilla les narines, l’odeur d’une autre personne, le parfum d’un homme, mêlé à celle des dragons. Sur sa taille et son ventre, un léger poids se faisait sentir. Elle baissa les yeux et vit qu’il s’agissait d’un bras et d’une main qui étaient venus s’y déposer.

Elle sut alors qu’elle n’avait pas rêvé.

Son esprit encore embrumé se retrouva aussitôt assailli par des centaines de pensées, que hier la fatigue et l’alcool avaient pu faire taire mais qui profitaient de son réveil pour se rappeler à son bon souvenir. Quinn les repoussa une à une. Il était encore trop tôt pour y songer. Le temps d’assumer viendrait bien assez vite. Pour l’instant, elle désirait simplement profiter encore un peu de cette sensation de bien-être et de plénitude, de cette douceur propre aux matinées passées à rêvasser.

Ses yeux glissèrent le long du mur que le soleil éclairait doucement désormais pour se poser sur la petite table de nuit où entre réveil, livres et verre d’eau trônait un cadre photo. Une flopée de rouquins, cela ne pouvait être que la famille Weasley. La plus grande silhouette tenait par les épaules celle d’une femme plus petite et plus replète ainsi que celle d’une fillette à la longue chevelure flamboyante. Ces trois là lui tournaient le dos. Ce qui n’était pas le cas des autres garçons. Alors que le plus petit avait viré rouge pivoine, celui à lunettes réprimandait les Jumeaux qui ne cessaient d’envoyer de regards suggestifs et de petits signes à la jeune femme dont seul un drap cachait la nudité, avec le soutien sans grande conviction et particulièrement amusé de l’aîné.

Quinn sentit ses joues s’empourprer. Alors toute la famille les avait regardés ?

Ce constat marqua pour elle le retour définitif à la réalité. Elle l’avait fait. Elle avait réussi à enfreindre la seule règle d’éthique qu’elle avait réussi à s’imposer, celle qu’elle s’était jurée de toujours respecter. Pour Charlie Weasley ? Le garçon qu’elle n’avait pas réussi à faire signer ? Et auprès de qui, après ce qui venait de se passer, elle n’avait plus aucune crédibilité ? Elle venait de le perdre définitivement. Avec l’ambiguïté qu’elle avait cultivée, ce n’était que justice finalement.

Elle resta de longs instants à réfléchir sur ce qui allait se passer. Qu’est ce que le club ferait ? Qu’est ce que Charlie ferait ? Et elle, qu’est ce qu’elle voulait ? Ne parvenant à mettre ses idées au clair, elle décida d’attendre de savoir ce que lui en pensait avant d’aviser.

Ne supportant plus de le regard des frères Weasley et ne pouvant tendre suffisamment le bras pour atteindre le cadre de là où elle se trouvait, elle n’eut d’autre solution pour échapper au sentiment de honte qui la submergeait que de se tourner. Elle tenta de bousculer le moins possible le jeune homme collé à elle mais se retrouva aussitôt blottie contre sa poitrine musclée. Des bras se refermèrent sur autour d’elle et on lui rendit son étreinte pourtant involontaire.

- Bonjour, fit une voix grave encore ensommeillée.

- Je t’ai réveillé ? demanda-t-elle avec une grimace.

Le ventre et le torse contre lesquels elle était appuyée se mirent à tressauter, preuve que leur propriétaire s’amusait beaucoup de cette idée.

- Tu plaisantes ? finit-il par demander en glissant lentement une de ses mains dans ses cheveux. Je t’attends depuis plus d’une heure… Je commençais d’ailleurs à me demander si tu allais un jour émerger !

- J’ai le sommeil profond, répondit-elle un peu gênée. Enfin, c’est ce qu’on me dit souvent…

- En tous cas, soupira-t-il, tu as sombré à une vitesse tout à l’heure ! Dommage, ces moments-là sont parfois propices aux discussions existentielles…

Elle se dégagea doucement et leva enfin les yeux vers lui.

- Peut-être que le moment est venu pour qu’on l’ait, répondit-elle doucement.

Elle s’enroula un peu plus dans le drap et se rassit sur le matelas. Surpris, Charlie l’imita et vint s’adosser à la tête de lit.

- De quoi tu veux qu’on parle ? demanda-t-il doucement.

Quinn ramena ses genoux sous son menton. Souhaitant éviter le regard de Charlie, elle commit l’erreur de le reporter sur le petit portrait.

- De ce qu’on a fait hier.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme.

- Depuis le début ? fit-il amusé. Parce que je dois avouer que tu as fait un truc qui m’a totalement…

- Charlie ! le coupa-t-elle brutalement, totalement horrifiée par ce qu’il comptait dire et par le ton ravi sur lequel il en parlait.

- Quoi ? fit-il avec un sourire innocent avant de se reprendre devant le regard noir qu’elle lui adressait. Ok… Vas-y, je t’écoute !

Distraitement, elle entreprit de lisser les plis du drap du bout des doigts.

- Cette nuit, fit-elle ne sachant comment aborder le sujet. Ce n’était pas bien…

Le jeune homme se massa la nuque, soudainement mal à l’aise.

- Je sais que je n’ai pas assuré, avoua-t-il gêné. Mais je pensais que…

En d’autres circonstances, Riley se serait fait un plaisir de le taquiner sur ce point. Malheureusement, l’heure n’était plus à la plaisanterie.

- Non, la rassura-t-elle rapidement. Sur ce plan là, c’était bien. Tu as été très bien. Ce que je voulais dire c’est que c’était mal ce qu’on a fait.

Il secoua la tête, désabusé.

- Quinn, si c’est encore pour me parler de mon âge, tu perds ton temps. J’ai 19 ans, je sais ! Mais j’ai quand même conscience de ce que je fais.

- Non, justement ! fit-elle d’une voix grave. Hier en plus, tu avais bu.

Il laissa échapper un éclat de rire, visiblement persuadé qu’elle se moquait de lui.

- Une bière ou deux ! protesta-t-il. Je ne vois pas où est le problème !

Elle leva à nouveau les yeux vers lui. Devant son visage grave, le sourire de Charlie s’estompa peu à peu et il comprit que oui, problème il y avait.

- Hé bien, ça change tout ! répliqua-t-elle. En temps normal, tu…

- C’est vrai, la coupa-t-il sèchement. En temps normal, je n’aurais certainement pas eu le courage de le faire.

Les sourcils de Quinn se froncèrent.

- De faire quoi, Charlie ? demanda-t-elle lentement.

Il ouvrit la bouche près à répondre, puis préféra se raviser, la mâchoire et les poings serrés.

- De faire quoi ? le pressa-t-elle.

- Rien ! répondit-il écœuré. Laisse tomber !

Quinn hésita un moment à le pousser à bout pour le faire avouer mais parvint à refreiner sa curiosité. Rien de bon n’en sortirait. Elle mit à profit son mutisme soudain pour se lancer.

- C’était une erreur, dit-elle simplement. On aurait dû… Enfin, j’aurais dû… Je ne sais pas. Je ne comprends pas ce qui nous a pris. Tu es encore si jeune et moi, je… J’aurais dû penser aux conséquences. Je me sens coupable, Charlie.

Le visage du rouquin resta inexpressif et il soutint son regard sans ciller. C’était tout juste si elle ne préférait pas qu’il se mettre à hurler.

- Et maintenant ? Qu’est qu’on fait ? demanda-t-elle simplement. Tu…

- Ok, ça va, j’ai compris, s’exclama-t-il sèchement.

Il s’extirpa alors du lit et attrapa son pantalon de la veille pour l’enfiler. Quinn l’observa faire, stupéfaite.

- Charlie ? finit-elle par demander voyant qu’il se dirigeait vers la porte de la chambre.

- Je vais faire du café, répondit-il sans même se retourner. Autant qu’il soit prêt puisque tu vas bientôt t’en aller.

Il disparut dans la petite cuisine. Quinn sursauta en l’entendant passer ses nerfs sur les portes de placard qu’il claquait. Infiniment lasse et abattue, elle se passa une main sur le visage avant de la poser sur ses genoux.

Elle s’était trompée. C’était une chose qu’il ne lui arrivait jamais. En temps normal, rien de tout ça ne se serait passé. La situation aurait vite tourné à son avantage. Désormais, en plus de ce qu’elle avait envie d’exprimer, elle aurait son erreur à réparer. Son métier reposait sur cette habilité à trouver les mots. Elle en avait été incapable. Incapable d’exprimer la crainte qu’elle avait, incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Incapable de poser la question qui la taraudait… A partir de quand la nature de l’intérêt qu’elle portait à Charlie Weasley avait-elle changé ?

Elle frissonna et serra un peu plus ses genoux contre sa poitrine. L’atmosphère de la chambre douillette lui paraissait glaciale désormais. Jusque là, Charlie l’avait réchauffée. Les draps et le matelas commençaient déjà à se rafraîchir. Les yeux rivés au sol, la soudaine irruption de deux grands pieds dans son champ de vision la fit sursauter. Relevant la tête, elle découvrit Charlie face à elle, des vêtements pliés à la main.

- Tiens, c’est pour toi ! dit-il froidement en lui tendant les affaires.

- Qu’est ce que c’est ? demanda-t-elle intriguée.

- De quoi t’habillert pour pouvoir rentrer, répondit-il simplement. Tes vêtements sentent encore la friture, la fumée et le dragon, ajouta-t-il voyant qu’elle commençait à protester. Je ne pense pas que tu veuilles incommoder les autres voyageurs lors de ton retour, non ?

Si son visage n’avait pas été aussi froid et fermé, elle aurait pu jurer qu’il voulait la taquiner. Pourquoi ? Pourquoi ne le comprenait-elle plus ?

- Charlie…

Elle avait consciemment réduit sa voix au niveau sonore d’un murmure et s’était saisie de son poignet lorsqu’il avait tourné les talons. Elle le tenait à peine. Du bout du pouce et de l’index. Pourtant, il ne put s’en dégager et se retourna pour lui faire face. Elle soutint son regard bleu sans ciller et il finit par accepter tacitement la discussion en s’accroupissant au pied du matelas. Quinn hésita un instant à le relâcher mais finit par le libérer. A son grand soulagement, il ne bougea pas.

- Ce que j’essayais de te demander tout à l’heure, se força-t-elle à expliquer décidée à être la plus directe possible, c’était si selon toi ce qui se passe en Roumanie doit rester en Roumanie…

Il l’observa un moment les sourcils légèrement froncés.

- Oui, bien sûr, répondit-il simplement.

Quinn esquissa un sourire, qui se figea aussitôt. Bien entendu. Finalement, le garçon était peut-être plus raisonnable qu’elle ne l’aurait cru. Il avait fini par comprendre que ce n’était que l’erreur d’une nuit.

- L’ennui, ajouta-t-il doucement en se relevant, c’est que toi tu ne restes pas.

Ses yeux s’écarquillèrent aussitôt. Son cou craqua lorsqu’elle leva vivement la tête vers lui. Charlie ne fit pas attention au petit « aïe » de la jeune femme et se fendit d’un large sourire. Quinn le dévisagea longuement, à l’affût de la moindre réaction. Puis elle réalisa qu’elle s’était faite avoir, s’étant rendue elle-même où Charlie avait voulu l’emmener, l’ayant amené à prononcer les mots qu’il attendait. Le petit était malin, elle ne s’en était jamais assez méfiée. Un reniflement moqueur lui échappa.

- Tu es fort Charlie, je dois le reconnaître, plaisanta-t-elle pour tenter de retrouver un air dégagé.

Il haussa les épaules et vint s’asseoir à ses côtés sur le matelas.

- J’ai eu de très bons maîtres, avoua-t-il avec un sourire. Tu as perdu, Quinn, admets le maintenant…

Un grognement lui échappa.

- Je sais, marmonna-t-elle.

- Et je ne signerai probablement jamais.

- Ça aussi je le savais déjà, soupira-t-elle tristement.

Il approcha doucement sa tête, un petit sourire aux lèvres.

- Dans ce cas, je peux savoir ce qui t’as amenée à me poursuivre en Roumanie ?

Agacée, par son petit jeu, elle le repoussa d’un coup d’épaule.

- Doué comme tu es, tu dois en avoir une petite idée, rétorqua-t-elle un sourire haussé.

- Oui, mais j’aimerais tellement te l’entendre dire ! claironna-t-il ravi.

Refusant d’abord d’entrer dans son jeu, Quinn finit par céder devant son agaçante insistance.

- Bon, ok ! concéda-t-elle pour le faire taire. Je crois… Et je dis bien je crois… que j’ai fini par trop… te désirer.

Une lueur embrasa aussitôt les yeux de Charlie, rendant totalement inutile et ridicule l’air dégagé qu’il s’efforçait d’arborer.

- Tout le monde aime Charlie, déclara-t-il feignant d’être blasé et de s’inspecter les ongles.

- Et à voir comme tu te comportes depuis ce matin, je me demande si tout le monde n’a pas tort ! répliqua Quinn acerbe.

Il tenta de dissimuler son amusement en prenant l’air le plus misérable et le plus contrit possible.

- Désolé, fit-il doucement en s’approchant à nouveau d’elle. C’est juste que… je suis content. J’attendais ça depuis un moment.

Elle eut un petit rire et se tourna vers lui.

- Oh, mais ne t’inquiète pas Charlie, je l’avais deviné…

Il fronça les sourcils, surpris. Quinn tendit la main vers son visage et tira doucement sur le lobe de son oreille, arrachant une légère grimace au jeune homme.

- Forcément, ronchonna-t-il. Encore et toujours ce foutu rougissement…

Sa bouderie l’attendrit. Quinn laissa passer sa main de son oreille à sa joue et se pencha vers lui pour lui donner un baiser. Le premier en état total de sobriété. Le sourire de Charlie lui indiqua que ce détail ne lui avait pas échappé.

- Et maintenant ? soupira Riley doucement. Qu’est ce qu’on fait ?

- Hum… Je suis d’avis pour recommencer, proposa-t-il après une courte réflexion.

- Charlie ! s’indigna-t-elle réprobatrice.

Il en profita pour se laissa tomber en arrière et s’allonger sur le matelas.

- C’était juste une idée, se défendit-il. Après tout, c’était bien, hein ?

- Pour une personne qui a dû s’y prendre à deux fois, je te trouve bien fier de toi ! ricana Quinn. Tu veux peut-être une médaille pour ça ?

Il lui répondit par une grimace et tira brutalement sur son bras. Elle ne put résister à la force du jeune homme et s’écrasa à côté de lui sur le matelas.

- Disons que pour cette fois, tu feras l’affaire, soupira-t-il en l’enlaçant.

Ses protestations moururent étouffées par un langoureux baiser. Ils restèrent de longues minutes installés de la sorte, échangeant baisers, étreintes et pensées, à profiter de ces instants.

- J’étais sérieuse Charlie, reprit Quinn en train de s’amuser à entortiller les cheveux du jeune homme qui avait la tête posée sur sa poitrine. Qu’est ce qu’on va faire ?

- Il est encore tôt, répondit-il en s’étirant. On pourrait transplaner à Bucarest et visiter un peu la ville. Vlad m’a dit qu’elle était magnifique…

- Mais, tu ne travailles pas aujourd’hui ? s’étonna-t-elle. Finalement, à part le problème de la langue, il est plutôt tranquille ton boulot !

- Je peux demander à prendre ma journée, répondit simplement Charlie.

Il leva la tête dans la direction et un large sourire étira ses lèvres. Et pour lui, cela voulait tout dire. Comme il en avait l’habitude.

- Il y a un Portoloin qui fait la liaison trois fois par semaine entre Londres et Bucarest, expliqua-t-il doucement. Et le mois prochain, je serais en vacances chez mes parents. Je pourrais m’éclipser une fois la nuit tombée…

- Oh, escapades nocturnes ? fit Quinn d’un air entendu. Tu ferais le mur pour venir me voir ?

Il eut l’air soudainement embarrassé.

- Ben, l’ennui, c’est que je n’ai pas encore mon permis de transplaner, grimaça-t-il. Je l’ai raté 3 fois, donc j’ai bon espoir de l’avoir à la quatrième ! Je te proposerai bien de venir toi mais j’ai comme l’impression que ma mère te tuerait si elle découvrait ce qui se passait.

Quinn se mit à rire. Voilà ce que c’était de s’enticher d’un soigneur de dragon, potentiel dieu du sport, de tout juste 19 ans et habitant encore chez ses parents.

- Merlin, dans quel pétrin me suis-je encore mise ? s’écria-t-elle, faussement désespérée.

Charlie fronça les sourcils, légèrement vexé.

- Mais elle est très gentille en vrai, je t’assure !

- Oui… fit Quinn avec un sourire en coin. Du moment qu’on ne fait pas de cochonneries avec son fils chéri…

Charlie ouvrit la bouche pour protester mais lucide, finit par acquiescer.

- Quant à moi, reprit Riley en lui caressant doucement la nuque, je devrais pouvoir m’arranger pour faire en sorte de faire un petit détour par la Roumanie lors de mes déplacements. Après tout, qui sait vraiment ce qu’on peut trouver dans ce pays ?

L’ancien espoir du Quidditch se releva légèrement pour l’embrasser.

- Ben tu vois, finalement les choses ne sont pas si compliquées, déclara-t-il d’un air satisfait.

Il souleva le drap, dernier rempart entre lui et la jeune femme allongée à ses côtés, et se glissa dessous.

- Mmh… Charlie, attends, protesta Quinn en tentant d’échapper à ses baisers. Il …y a encore une… chose que je voudrais… savoir.

Inquiet, il recula le visage pour mieux l’observer. Quinn fit son possible pour garder son sérieux encore un instant avant de se mettre à parler.

- Tu as vraiment raté ton permis de transplaner 3 fois ? fit-elle dans un éclat de rire. Merlin, est ce qu’il y a seulement une chose que tu arrives à faire du premier coup ?

L’hilarité de la jeune femme vexa Charlie au plus au point. Ses oreilles et ses joues virèrent aussitôt carmin, ne faisant qu’aggraver les éclats de rire de la jeune femme. Il parut un instant prêt à s’éloigner. Quinn allait le retenir et s’excuser lorsqu’il se tourna vers elle, les yeux luisants d’une résolution fraîchement prise. Il se mordilla la lèvre inférieure avant de se fendre d’un petit sourire. Elle comprit qu’il avait bien l’intention de lui prouver le contraire.

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