How I met your godfather [2/2]

Mar 03, 2008 18:13

Titre: How I met your godfather
Auteur:
owlie_wood
Personnages: Percy Weasley, Olivier Dubois
Catégorie: Essai
Rating: K+

Précédemment

oOo

- Percy Weasley ! s’écria une voix que je mis un certain temps à reconnaître. Ce n’est pas possible, tu t’es forcément perdu !

La séparation ne fut malheureusement que très brève puisque trois semaines après, le hasard fit que je tombai sur lui dans un champ au beau milieu du plus étrange terrain de camping qui ait jamais existé. Hasard n’est peut-être pas le terme à employer. Sur qui d’autre que lui pouvais-je tomber le jour de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch ayant lieu en Angleterre ?

Me tournant avec crainte et lenteur, je me trouvai face à Olivier Dubois, aussi couvert de trèfles qu’un malade de boutons lors d’une dragoncelle.

- Dubois, salut ! fis-je un peu surpris. Comment ça… Waow, tu es pour l’Irlande ?

Il secoua la tête, atterré.

- Et selon tout le monde, soupira-t-il pour lui-même, c’est lui le plus brillant de ma promotion…

- Te connaissant, je te croyais plutôt fervent supporter de Krum, ai-je répliqué les sourcils froncés (je n’avais pas pu rêver, il me semblait bien qu’un jour, Flitwick l’avait mis à la porte pour qu’il cesse de déblatérer à son sujet). Mais puisque ce garçon est un Dieu, je pense qu’il te pardonnera cet écart.

Mon sarcasme, que cette fois il avait parfaitement saisi, ne sembla pas l’enchanter.

- C’est un gamin, signala-t-il d’une voix traînante. Je peux en faire autant…

- Oh, vraiment ? ai-je répondu, entrant dans son jeu.

- Et pas qu’un peu… Attends, tu n’es pas au courant ? J’ai été engagé, mon vieux ! Un contrat de professionnel avec le club de Flaquemare !

Même avec toute la mauvaise foi dont j’étais capable, je ne pus m’empêcher d’être un tout petit peu impressionné.

- Tu vas jouer à Flaquemare cette saison ?

- Parfaitement ! s’exclama-t-il le menton dressé. Et toi ? Quels sont tes plans ?

- Oh, moi ? fis-je d’une voix badine. Je travaille au Ministère. A la Coopération Internationale. Un gros dossier dont je ne peux malheureusement pas parler. Secret, désolé !

Sceptique, il fronça les sourcils.

- D’ailleurs, ai-je ajouté, je ne suis là que pour le travail.

Il se laissa aller à un franc sourire.

- Tu es un Weasley ! expliqua-t-il amusé. Tu ne peux être là que pour le Quidditch !

Cette réduction, une fois encore, de ma personne à mon simple nom me fit grincer des dents.

- Désolé de te décevoir, ai-je rétorqué les lèvres pincées. Mais il y a des choses plus importantes que le sport dans la vie !

C’est à cet instant, évidement, qu’un immense chapeau vert s’abattit sur ma tête et qu’on me plaça une pinte de bière dans les mains.

- Et voilà, Perce ! Exactement ce que tu m’avais demandé.

Relevant le chapeau qui m’avait été enfoncé jusqu’au nez, je découvris mon frère Charlie, planté devant moi, tout sourire, ignorant totalement ce qu’il venait de briser. Je rassurai cependant rapidement ma fierté en voie d’être blessée en découvrant la tête que faisait Olivier.

Suivant mon regard, Charlie ne tarda pas à le découvrir à son tour.

- Mais c’est le petit Olivier ! Enfin, « petit »… Qu’est-ce que tu as changé en quelques années !

Il n’en fallu pas plus à Dubois pour sortir de sa torpeur, se mettre à rougir, à sourire bêtement et marmonner des choses incompréhensibles.

- Percy m’a dit que tu avais superbement pris la relève, fit mon frère, totalement insensible à ce qui se passait.

Sans le savoir, Charlie venait de commettre une erreur monumentale en prononçant les mots qui le décoincerait. Et Dubois parti sur le Quidditch, le jour de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch pouvait tenir des heures. Autant commencer ma bière avant qu’elle ne tiédisse.

- Ça me fait vraiment plaisir de te revoir, Olivier ! Irlande à ce que je vois ? Bon choix ! Même si Krum, à ce qu’il paraît, vaut le détour…

- Oh, fis-je innocemment. Olivier m’expliquait justement qu’il pouvait en faire tout autant.

- Vraiment ?

- Tout à fait ! ai-je repris, constatant avec délice qu’il semblait, devant son mentor, se liquéfier. Il a signé un contrat pro chez Flaquemare !

- Waow… Mes félicitations !

Passant d’un pied sur l’autre, Dubois gesticula un instant, mal à l’aise.

- Oui, enfin… Je ne suis que dans l’équipe de réserve…

- Vraiment ? fis-je un sourcil haussé.

- Dans tous les cas, ça se fête ! s’écria Charlie de bonne humeur. Tu te joins à nous pour boire un verre ?

Comment aurait-il pu refuser ? Alors qu’il s’apprêtait à rapidement emboîter le pas de mon frère, je le retins par le bras.

- Equipe de réserve, hein ?

- Oh, la ferme, grogna-t-il. Et ne te moque pas, c’est de bonne guerre. Figure toi que j’ai vu tes frères avant toi…Wistily !

Je sentis aussitôt mes joues s’embraser. Alors, il s’était moqué de moi ?

- Tu n’imagines pas le nombre d’accidents que l’on pourrait éviter avec une réglementation sur les fonds de chaudrons !

Dubois leva alors les yeux au ciel et à l’aide de ses mains, imita le mouvement des plateaux d’une balance.

- Hum… Joueur professionnel, fond de chaudron. Désolé Percy. Mais je crois que je gagne quand même !

Qu’il ricane, je savais exactement où frapper.

- C’est ça, fais le fier ! Tu n’en menais pas large face à mon frère tout à l’heure.

- J’ai été surpris ! se défendit-il vexé.

- Tu parles, on aurait dit une jeune donzelle énamourée.

Sur le point de répliquer, il fit le choix de se raviser, se contentant de m’adresser un regard mauvais avant de ricaner.

- Tu dis ça uniquement parce que je gagne quand même…

Après ça, je n’ai pas eu le courage d’aller boire un verre avec lui et mes frères. On s’est malgré tout retrouvé quelques heures plus tard, durant la nuit, après avoir tenté de délivrer une famille moldue et essayé d’intercepter quelques Mangemorts.

Et finalement, ce verre, on a finit par le prendre juste après. On s’est alors dit au revoir et souhaité bonne chance….

Aucun de nous ne pensait que nous vivrions la même expérience presque trois ans après.

oOo

Les rares fois où il venait au siège de la Ligue situé au Ministère (ne me demandez pas pourquoi, je ne le comprends toujours pas), en général pour renouveler son contrat (éternellement dans l’équipe de réserve), Olivier passait me voir. Et reconnut tant bien que mal qu’en tant qu’assistant personnel du Ministre, c’était moi qui gagnais désormais. Je ne voyais pas bien pourquoi il continuait à passer (mon triomphe social écrasant aurait dû suffire à le vexer). Finalement, cela a fini par m’arranger. Il fut ainsi l’une des premières et des rares personnes à qui je pus me confier. Au départ, ça n’était pas prémédité. Mais puisqu’il s’entêtait à me demander des nouvelles de mon frère aîné… J’ai avoué ce que j’avais fait, que j’avais coupé tous liens avec les Weasley.

- Pourquoi t’as fait ça ? finit-il par demander une fois mon récit terminé, du haut de mon bureau sur lequel il s’était installé.

Je ne comptais plus le nombre de fois où je m’étais posé cette question. Pas plus que le nombre de fois où je n’avais pu m’apporter de réelles réponses. Ce n’était pas clair, même pour moi. Je l’avais fait et n’avais pour l’instant pas de regret, voilà tout.

- Tu ne peux pas comprendre, ai-je soupiré.

Un ricanement lui échappa et il sauta sur ses pieds, faisant au passage tomber un certain nombre de dossiers de mon plan de travail.

- Non, tu ne peux pas m’expliquer et me convaincre… C’est totalement différent.

Je gardai alors la tête baissée. Autant parce que je n’avais rien à répliquer que pour éviter de croiser son regard triomphant.

- Au moins c’est clair, claironna-t-il en prenant le chemin de la porte. Je suis le plus intelligent des deux désormais… Ça fait peur, pas vrai ?

Dubois avait un humour moisi mais au moins, il ne me jugeait pas, je le savais. Je crois même qu’il s’en moquait. Il se contentait de me faire savoir qu’il était le plus socialement accompli, que les choses lui réussissaient. Il s’était trouvé une petite amie, la mienne m’avait quitté. Il gagnait beaucoup d’argent. Moi, mon poste était de plus en plus branlant.

Peut-être était-ce sa manière à lui de me faire réaliser que j’avais eu tort et que je pouvais tout réparer.

Ou alors, il s’amusait simplement à me narguer.

C’est plus rare, mais j’arrive aussi à surestimer ses capacités !

oOo

Quoi qu’il en soit, je n’ai eu besoin de personne pour comprendre que je m’étais fourvoyé.

Principalement parce que Voldemort était revenu, comme on nous l’avait annoncé mais comme personne ou presque ne l’avait cru. Même avec toute ma mauvaise foi, j’avais dû mal à nier le fait qu’il soit effectivement venu dans le Ministère.

Mais plutôt que de reconnaître mon erreur, j’ai fait le choix de rester et de combattre là où j’étais. C’était sûrement de la fierté. Assurément mal placée… Il aurait été tellement logique que je fasse marche arrière, que je présente mes excuses. Avec Fudge parti, je n’avais plus de légitimité. Et je savais pertinemment que lorsque l’on faisait appel à moi, c’était pour m’utiliser. Parce que j’étais un Weasley. Si c’était pour servir notre cause, j’étais prêt à payer pour ma bêtise. C’est ce que j’ai fait. Avec les intérêts…

Le temps a passé. Dumbledore est mort et les choses au Ministère ont-elles aussi changé. Mes pas ont finalement recroisé ceux d’Olivier, en plein mois de juillet, après le mariage de mon frère aîné. Etrangement, contrairement à ses habitudes quand il passait au Ministère, il n’est pas venu me voir. Au regard de l’ambiance qu’il y régnait, je comprenais qu’il ne souhaite pas s’attarder. Le hasard fit que je tombais sur lui dans un ascenseur déserté.

- Tiens, fis-je sincèrement étonné. Dubois, qu’est-ce que tu fous là ?

- Percy, vieux ! répondit-il avec un sourire las. Content de te voir toujours en vie !

Si sa remarque me fit légèrement tiquer, je n’y fis pas attention. Ce fut la manière dont il me dévisagea qui m’interpella. Son regard paraissait tellement suspect.

- Qu’est-ce qui t’arrive ? ai-je demandé, les sourcils froncés.

- Oh, rien… soupira-t-il en tentant d’avoir l’air dégagé. Rien… J’étais de passage, au siège de la Ligue.

Il était méfiant. C’était naturel à l’époque à laquelle nous vivions. Mais avoir droit à cette attitude de sa part me fit sincèrement mal au cœur.

- Oh… Ok ! marmonnai-je en plongeant dans les papiers que je transportais.

- Et toi ? demanda-t-il d’une voix traînante. Toujours assistant du Ministre ?

Un rire aigre m’échappa. S’il me soupçonnait de collaborer, autant aller droit au but.

- Non, c’est fini ce temps là, déclarai-je froidement. Je suis un employé lambda du Ministère. Pas reconnu et mal payé… Enfin, tu sais ce que c’est. Fait pas bon être un Weasley en ce moment… Autant dire que tu gagnes toujours, n’est-ce pas ?

Après un bref regard, je rompis le contact visuel. Puisqu’il garda le silence, je pensai naturellement que notre conversation était terminée. Nous étions arrivés au rez-de-chaussée. Contre toute attente, il ne descendit pas et une fois les portes à nouveau fermées, se tourna vers moi.

- On prend un verre ?

Cinq minutes après, je plaquais mon travail le temps d’un après-midi pour transplaner à Brighton avec lui. Je crois que j’avais envie de parler. Loin des oreilles indiscrètes et du climat de suspicion constante de mon Département, je pus enfin me confier. Bien sûr, rien ne me disait qu’Olivier était de mon côté, du bon du moins. Mais je le connaissais… et savais pertinemment qu’en cas de problèmes, je n’aurais aucun mal à lui mettre une belle raclée.

- Pourquoi tu restes dans ce cas ? me demanda-t-il une fois mon récit terminé et une deuxième pinte commandée.

- Si le Ministère est infiltré… et crois-moi, il l’est ! C’est de l’intérieur désormais qu’il faut combattre. Même si j’avoue que dernièrement, j’ai plutôt du mal à identifier et me trouver des alliés.

Penseur, il hocha longuement la tête, plongé dans sa chope avant de finalement esquisser un sourire.

- Là, je peux peut-être faire quelque chose pour toi !

oOo

C’est ainsi que par l’intermédiaire de Dubois, je fis la connaissance d’Abelforth Dumbledore, le frère de feu le directeur de Poudlard, qui, comme moi, ne portait pas son frère dans son cœur. Je découvris alors que c’était là que la résistance s’organisait. Les enfants de l’école de sorcellerie avait pu trouver un allié. Les anciens, un point d’entrée, un endroit où prendre des informations. Enfin, je trouvais un rôle à jouer. Les oreilles que j’avais laissées traîner durant tant d’années allaient finalement me servir à quelque chose. D’utile cette fois…

- Comment tu es entré là-dedans ? ai-je demandé un jour à Dubois après une des nos réunions devenues hebdomadaires.

- Oh, c’est plutôt simple en fait, expliqua-t-il les sourcils légèrement froncés. Tu te rappelles quand on s’est revus au Ministère ? J’allais au siège de la Ligue. Mais pas pour un contrat à renouveler. Il y a deux mois de ça, un de mes coéquipiers a été renvoyé. Pour un prétexte idiot. Il aurait vendu des informations à une autre équipe. C’est totalement faux. Et même si c’était vrai, ça ne méritait qu’une mise à pied. Il a protesté, comme nous tous, et il a été arrêté. Aujourd’hui, on ne sait pas trop où il est. Et s’il ne fait pas bon être un Weasley dernièrement, il vaut mieux aussi éviter d’ébruiter le degré de non-pureté de ton sang…

- Le coup classique, ai-je soupiré.

- Sauf qu’on ne fait pas ça à un joueur de Quidditch, répliqua Olivier, les mâchoires serrées. Même durant le Blitz, on a continué à jouer. La guerre n’a pas de prise sur le sport. Elle ne doit pas en avoir… Alors, je me suis révolté et je tente chaque semaine d’en savoir un peu plus.

Ce pauvre Dubois, voyant que ses efforts et toutes ses actions ne menaient à rien, s’était tourné vers la seule personne qu’il pensait capable d’agir. Le professeur MacGonagall.

Ce ne fut certainement pas le plus gros fou rire de ma vie mais je dois reconnaître qu’en ces temps de crise, jamais il ne fut aussi apprécié. Je n’avais plus ri depuis ce qui me semblait être une éternité. Je dus cependant m’excuser pour qu’Olivier n’accepte de reprendre son récit.

MacGonagall, désolée, avait dit qu’elle ne pouvait rien faire pour lui. Mais l’avait malgré tout redirigé vers les personnes qu’elle considérait les plus aptes à le renseigner. Mes frères. Fred et George. Dubois avait atterri au Chemin de Traverse puis à Pré-au-lard dans l’espoir de les voir. Dans une taverne mal famée où le gérant s’était moqué de lui, la dernière personne au monde à ignorer que rien ne sortait de Poudlard désormais. Loin de se laisser impressionner, Olivier avait tenu tête au vieil homme (et accessoirement avait failli se faire arrêter par les Mangemorts) et avait ainsi rencontré la personne qui nous sauverait tous…

Je me suis tout de suite trouvé beaucoup de ressemblances avec Abelforth. Parler avec lui m’a redonné de l’espoir. Parce que le monde qu’il décrivait, les solutions qu’il apportait, le pragmatisme dont il faisait preuve, c’était aussi en ça que je croyais. Je n’étais pas idéaliste. Ni opportuniste. Je lui ressemblais.

Ma vie, qui était plutôt morne et sombre, a, malgré le drame que nous vivions tous, repris quelques couleurs. Des anciens de Poudlard passaient par là. Des joueurs de Quidditch principalement (il ne fallait pas non plus attendre de la diversité des relations d’école d’Olivier). Les nouvelles étaient rarement bonnes mais Dubois parvenait à mettre malgré lui un peu de bonne humeur dans tout ça. Car en ces temps de crises, une seule et unique chose l’intéressait. Qu’Abelforth puisse détester Flaquemare, le club dans lequel il jouait.

- C’est une question d’objectivité, avait-il déclaré quand, une fois sa joute avec le dernier Dumbledore terminée (et il l’avait évidemment perdue), j’avais tenté de le faire sortir de sa bouderie. On ne peut pas détester Flaquemare !

- Oh, avais-je fait d’un air inspiré. Cela n’aurait pas un rapport avec ta… théorie des vers ?

- Hein ? Mais de quoi tu par… Oh, non, avait-il souri. Rien à voir. On peut détester le Quidditch, ce n’est pas compréhensible, c’est en dehors de toute logique. Mais ça reste dans le domaine du possible. Flaquemare ? Non ! C’est un club de légende, le premier du pays ! On ne peut que le reconnaître ! C’est un grand club… C’est comme… la petite souris et le Père Noël ! Est-ce que tu as déjà vu quelqu’un les détester ? Non, parce qu’on ne peut pas ! Ben, Flaquemare, c’est pareil ! C’est signe d’une névrose, si tu veux mon avis…

J’aimais bien ce garçon, mais parfois, il me faisait honte.

- Abelforth a peut-être une bonne raison ! ai-je ensuite tenté.

- Comme ?

- Hum… Son frère !

- Ce n’est pas une bonne raison, ricana Dubois acide. C’est stupide ! Tu te priverais des meilleures choses de ta vie à cause d’un membre de ta famille ?

C’était mesquin. Finalement, non, je ne l’aimais pas.

- Oui, mais toi, tu es bête Percy, fit-il avec un sourire. Je te l’ai déjà dit ! C’est moi le cerveau, ici.

Je fis l’effort de ne pas relever, me contentant de colporter une fois de plus les rumeurs courant sur le patron de La Tête de Sanglier. Ce n’était pas très beau mais il s’agissait là du seul moyen pour Abelforth et moi-même d’avoir la paix. Seul un amour suspect des chèvres pouvait justifier aux yeux de Dubois l’injustifiable.

oOo

Le jour que j’avais attendu et craint finit par arriver. L’affrontement aurait lieu à Poudlard. Là où apparemment, tout avait commencé.

Je n’y étais pas. Un de mes rares amis, une connaissance fiable du Ministère, était tombé deux jours auparavant. Les causes nous restèrent mystérieuses. Le prétexte avancé était lui fallacieux. J’étais à la veillée funèbre quand Olivier m’a appelé.

Me répandant en excuse, j’ai demandé à utiliser la cheminée du foyer.

- Dubois, ai-je grogné. Ce n’est vraiment pas le moment !

- Devine un peu où je suis Percy ?

Le ton plus que joyeux de sa voix parvint jusqu’aux personnes présentes, également là pour veiller le mort. Tentant d’avaler mon amertume, j’adressai un énième regard désolé à la maîtresse de maison. Ça, il allait me le payer.

- Aucune idée ! ai-je soupiré. Ballycastle ?

Aux dernières nouvelles, il avait un match à y jouer.

- A Poudlard !!

Un ricanement moqueur m’échappa. Il était définitivement à Ballycastle et devait déjà être bien imbibé.

- C’est ça ! Je te crois…

- Je te jure que c’est vrai ! protesta-t-il avant d’élargir encore un peu son sourire. Et devine pourquoi j’y suis ?

- Je n’arrive pas à croire qu’après toutes ses années, MacGonagall arrive encore à te supporter, ai-je signalé, consterné.

- Tu fais fausse-route, mon vieux. Mais c’est parce que je t’ai posé la mauvaise question. Devine plutôt avec qui j’y suis…

Mon cerveau sembla tourner un instant à vide. Dubois respecta ça et ce fut seulement un reniflement sonore venant de la pièce à côté qui me fit sortir de mes pensées.

- C’est… vrai ? ai-je demandé le cœur désormais dans la gorge.

- Ouais, mon grand ! L’heure H est enfin arrivée. Et comme d’habitude, tu vas réussir à tout rater !

Je n’ai jamais eu aussi honte que lorsque j’ai quitté cette veillée funèbre en urgences. Par la suite, je suis retourné voir la famille et me suis excusé. Evidemment, ils m’ont pardonné et m’ont dit que j’avais bien fait. Il n’empêche, je continue souvent à y repenser.

Transplanant directement dans la taverne de Pré-au-Lard, je pus prendre le passage menant à Poudlard.

Dubois était un bel enfoiré… Il aurait pu me prévenir de qui était là. Mais quelque part, il a bien fait de s’abstenir. J’aurais pu, en le sachant, hésiter…

Ma famille entière.

Après toutes ces années.

Et personne ne semblait comprendre ce que je faisais ici (chose que j’ai appréciée).

Il m’a fallu quelques secondes, mais je l’ai finalement fait. Je me suis excusé. Bien sûr, c’était loin de ce que j’avais prévu de faire. Et c’était pathétique à souhait (voir Olivier ricaner ôta tous les doutes que j’aurais pu entretenir à ce sujet). Mais il fallait le faire pour pouvoir serrer contre mon cœur ma mère.

J’eus évidemment droit à de nombreuses remarques de la part de mon ancien camarade, certaines d’entre elles ne manquèrent d’ailleurs pas de me vexer. Nous allions certainement mourir ce soir-là mais lui trouvait la force de plaisanter. Je le fis cependant taire en lui rappelant qu’il n’avait guère fait mieux niveau pathos le jour où Gryffondor avait emporté la Coupe de Quidditch. C’était un fait qu’il ne pouvait pas nier.

Par son soudain silence, je crus un instant qu’il s’était vexé.

- Je suppose que ce n’est pas le moment de passer par la salle des Trophées, n’est-ce pas ? fit-il avec un sourire embarrassé.

oOo

Je garde pour moi les évènements de cette soirée. Nombreux sont ceux qui depuis la racontent mieux que moi. Et puis, j’ai fait certaines choses qui ne mériteraient pas d’être rappelées. J’ai tué. Sans réelle réussite. Sauf le Ministre. Quand j’y repense, c’était plutôt ironique. Mais je l’ai fait. Et c’est une chose que je ne regrette pas.

Je préfère encore qu’on parle de ceux qui ne sont plus là. Et le plus important pour moi…

Mon frère Fred, que j’avais passé tant d’années à détester.

Il reposait, dans la Grande Salle, souriant comme toujours, entouré de tous ceux qui l’avaient aimé. Et ils étaient nombreux.

J’entendis plus que je ne vis Olivier s’asseoir sur la table sur laquelle je m’étais laissé tomber.

- Hé ? Ça va aller ? demanda-t-il faiblement.

- Je… je n’ai rien, ai-je répondu dans un balbutiement.

Il s’accorda le temps de la réflexion, pesant les mots qu’il s’apprêtait à prononcer.

- Tu ne vas pas avec eux ?

Dans un reniflement, je relevai la tête et observer le cercle des Weasley en deuil, une dizaine de mètres plus loin.

- Je crois que je vais leur laisser un peu de temps, ai-je murmuré, les yeux brûlants. J’ai été absent longtemps et… Aujourd’hui, on doit être triste alors… mon retour attendra encore un peu.

Ma voix mourut alors dans un sanglot, m’empêchant de continuer. Une main amicale se posa sur mon épaule.

- Putain, souffla Dubois atterré. Ce que tu peux être con quand tu veux…

Reniflant, j’essuyai quelques larmes de ma manche. Il avait tellement raison.

- Il est mort sous mes yeux, ai-je soupiré. Presque dans mes bras.

- Il n’était pas seul, c’est une bonne chose, je crois.

- Comment on va faire désormais ? Je veux dire sans lui… Comment ma mère…

Ma gorge se serra. Je dus lutter pour ne pas perdre le contrôle de ma voix.

- Et George ?

Nos regards, plus qu’embué pour ce qui était du mien, se tournèrent vers mon frère à l’oreille découpée. Durant un moment, aucun de nous ne put parler. Pour ma part, j’étais trop occupé à pleurer.

- Tu sais, finit par dire doucement Olivier. Fred restera l’un des meilleurs batteurs que je n’ai jamais rencontré.

Tout d’abord profondément choqué, je finis par sentir les coins de ma bouche lentement se relever. C’était sa manière à lui de s’exprimer. Finalement, je trouvai dans ses mots le courage de me lever et de faire une dernière recommandation avant d’aller à mon tour me recueillir.

- Attends un peu et ne dis rien quand tu présenteras tes condoléances à mes parents, ok ?

oOo

C’était difficile à croire sur l’instant mais nous avons fini par tous nous reconstruire. Le vide laissé par Fred restera à jamais béant mais chacun a appris à accepter sa disparition. Même George qui m’inquiétait tant.

J’ai fini par retourner au Ministère, chaleureusement félicité par mes collègues pour la disparition de Thicknesse, le plus mauvais Ministre de la Magie.

Tout fut rebâti, la famille s’est agrandi, dans tous les sens et toutes les manières.

Moi-même, je finis par rencontrer quelqu’un. Quelqu’un d’important qui m’amena à prendre une décision tout aussi importante.

Et comme à chaque moment clé de ma vie, mon chemin croisa encore celui de mon ami Olivier.

- Allez, on a qu’à dire qu’on le fait tout les deux.

Je n’attendais pas tant de lui quand je lui fis part de mon envie de m’engager.

- Oh, fis-je surpris. Tu veux dire que toi aussi, tu vas…

Un sourire fendit alors son visage.

- Tu épouses la tienne, et moi, je quitte la mienne.

Même après toutes ces années, il parvient toujours à trouver une manière de me choquer. Mon air consterné le fit éclater de rire.

- Oh, ça va ! soupira-t-il. Ça se voit que tu ne vis pas avec depuis quatre mois !

Au final, c’est ce que nous fîmes. Lui quitta la sienne et j’épousai la mienne.

Ma famille longtemps perdue fut à l’honneur lors de mon mariage mais je gardai malgré tout une place spéciale pour cet invité, l’ami qui en fut un sans vraiment l’être, sans vraiment le dire ou s’en vanter. Celui que j’avais découvert après plus de sept années.

oOo

- Et c’est comme ça qu’Olivier est devenu ton parrain…

En partie parce qu’il n’avait pas pu être mon témoin. Mais ça, évidemment, je ne pouvais pas l’avouer.

Mon regard se porta sur ma petite Molly, assise au pied du fauteuil dans lequel je m’étais installé. Mon épouse berçait doucement Lucy, en face de moi, près de la cheminée. Le temps que je termine mon récit, la nuit était tombée. La neige continuait à s’amonceler à l’extérieur. Cela m’avait pris des années, mais j’avais fini par obtenir ce dont je rêvais.

- Mais pourquoi est-ce qu’il ne vient plus ? demanda d’une petite voix mon aînée.

Un petit « Oh » m’échappa. Pris par mes souvenirs et ma nostalgie, j’avais oublié ce qui avait motivé cette histoire. Et quelque part, j’avais espéré que ma fille en ferait autant. La vérité ne me gênait pas. J’étais seulement le seul à la comprendre.

- Pour une raison idiote, s’écria mon épouse. Ton parrain est un peu idiot !

- Audrey ! me suis-je écrié.

La mère de mes enfants m’adressa un sourire forcé. Elle n’avait jamais porté dans son cœur Olivier. Plus que les autres, je savais que du temps était nécessaire pour l’apprécier.

Mais quand, en plus, elle avait appris ce qui le chiffonnait.

- J’ai fait quelque chose ? demanda ma fille tristement.

- Molly, ma chérie, l’ai-je rassuré en la prenant sur mes genoux. Tu n’as rien fait. Et Olivier t’adore… Disons simplement qu’il… il… boude.

- Comme un bébé ? fit Molly amusée.

A vrai dire, il n’y avait pas meilleure comparaison.

- Mais pourquoi ?

Voilà, on y était… Ma fille de 4 ans à peine ne pouvait découvrir quelle était la nature véritable de l’Olivier qu’elle vénérait.

- A cause de ta sœur… ai-je avoué.

- De Lucy ?

J’hochai la tête en guise d’acquiescement, navré. Il était difficile, même impossible d’expliquer à une enfant, que son parrain adoré boudait parce que sa mère avait refusé d’appeler la petite dernière… Olive, Olivia ou même Olivier.

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