Feb 15, 2008 19:13
Titre : Le vieil homme et la mort
Auteur : Lady Cecilia Cornwell
Personnage : Cygnus Black, sa femme, ses filles
Catégorie : Croisade "Cygnus Black, ma dernière volonté"
Rating : K
Disclaimer : tous les personnages appartiennent à J.K.Rowling ; le titre fait référence au roman d'Ernest Hemingway "Le vieil homme et la mer"
Note de l’auteur : 1004 mots, j'ai craqué !
Voilà, c'est le dernier thème de ma première croisade, snif ! Mais je ne compte pas m'arrêter là ... ^_^
Merci à tous ceux qui m'ont lu !
Bonne lecture et à bientôt !
L’après-midi avait été particulièrement ensoleillé pour un mois de mars ; les rayons du soleil avaient joué à travers les vitres poussiéreuses et taché le parquet de flaques mordorées. A présent, le jour déclinait lentement ; déjà les premières lueurs rosées du crépuscule teintaient l’azur du ciel.
Enfoncé dans son fauteuil près de la cheminée, Cygnus Black profitait du calme apaisant de cette douce lumière. D’une main veinée de bleu mais ferme encore malgré les années et les épreuves, il remonta sur sa poitrine le plaid élimé qui ne le quittait plus.
Il se faisait vieux maintenant.
Devant ce constat, il poussa un long soupir et se replongea dans ses pensées.
Dans l’immobilité mortifère du grand salon décrépi, seul le craquement des branches dans l’âtre où brulait un feu nourri animait le silence de plomb du soir tombant.
« Cygnus ... »
Son nom fut prononcé si doucement qu’il crut avoir rêvé.
Un mouvement vague et un froufroutement le tirèrent de son assoupissement et il releva lentement la tête.
« Druella ... »
En entendant son nom, son épouse lui offrit un sourire éblouissant.
Elle était toujours aussi belle, songea-t-il avec émotion. Et il l’aimait comme au premier jour.
Il allait lui demander ce qu’elle faisait là, quand une voix nette le coupa dans son élan, laissant son souffle mourir sur ses lèvres sans un bruit.
« Bonsoir papa. »
Bellatrix. Il sourit. Rien qu’à entendre sa voix, il pouvait imaginer le visage de son aînée. Un visage que des années d’emprisonnement avaient dû ravager.
Bellatrix s’était approchée sans bruit et se tenait désormais bien droite devant son père. Il eut mal en regardant son visage autrefois si gracieux. Une vague de tristesse, de compassion, de culpabilité aussi, l’assaillit. Il avait tant rêvé d’un héritier qu’il avait inculqué à son aînée bien plus qu’il n’était nécessaire pour une jeune fille. Des préceptes moraux _ la valeur du sang, la fierté d’un nom, l’honneur d’une dynastie_ que dans sa peur de le décevoir et sa volonté de le satisfaire elle avait porté à leur paroxysme. Et pour lesquels elle avait payé le prix fort.
« Bonsoir ma chérie. Je suis content de te voir. Ça fait si longtemps ... »
Elle hocha la tête et eut un sourire indulgent.
« Nous aussi nous sommes contentes de te voir. »
La voix cristalline de Narcissa. La blonde Narcissa ; si faible et si fragile. Un peu comme sa mère, disparue trop tôt.
Sa petite dernière, sa petite fille, sa petite princesse. Mariée avec Malfoy Junior. Il s’y était bien pris, le bougre ! Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait certainement refusé cette union. Mais il y avait eu Narcissa et Druella. Et il n’avait jamais su contrarier ses petites femmes.
Ses quatre femmes.
Au sujet desquelles Druella faisait parfois semblant de s’offusquer, s’indignant de n’être pas la seule et unique femme de sa vie. Il lui répondait alors qu’il n’y en avait que deux : elle et toutes les autres. Et ces espiègleries se poursuivaient souvent par de tendres moments d’intimité, qui, quand il y songeait, auraient pu contribuer à agrandir considérablement sa descendance, si seulement Druella n’avait pas été de santé aussi fragile ...
Il avait passionnément aimé sa femme.
Quant à ses trois filles, elles étaient sans l’ombre d’un doute la plus belle chose qu’il lui soit jamais arrivé.
Bellatrix, Andromeda, Narcissa.
Elle seule lui avait donné un petit-enfant, un petit-fils. Le garçon qu’il avait toujours désiré peut-être, mais qui en fin de compte n’était pas le sien.
« Narcissa ... Lucius et Draco vont bien ? »
Elle acquiesça en silence.
« Tant mieux, tant mieux ... »
Et comme il laissa mourir sa phrase, elle ajouta dans un murmure :
« Andy est là aussi. »
Une ombre se détacha
Il posa ses yeux sombres sur sa cadette. Si semblable à son aînée, et en même temps si différente, songea-t-il. Il s’absorba de longues minutes dans ses pensées. Les souvenirs remontaient par vagues successives, comme le flux et le reflux de la marée ; bons et mauvais. Si nombreux qu’il en était grisé. Enfin, de sa voix grave et posée :
« Tu es heureuse au moins ? »
Tout était dit. Andromeda resta quelques secondes interloquée, avant de répondre avec ferveur :
« Oui. Très. »
Il hocha la tête, visiblement satisfait.
Il n’avait peut-être pas tout raté alors ...
« C’est l’heure, il faut y aller ...
- Déjà ? Comme le temps passe vite ! ... Quelle belle journée ça a été ... Je ne veux qu’une seule chose : que demain soit encore plus beau. Au revoir mes chéries ! »
Et déjà le froufroutement des robes s’étiolait quand la voix de Bellatrix s’éleva, nette et pourtant assourdie : « A bientôt papa. »
Il sourit.
Papa. Deux syllabes si peu conventionnelles dans l’étiquette rigide de la maison Black qu’elles avaient le goût délicieux des choses interdites.
Quand il rouvrit les yeux, il crut d’abord qu’il avait rêvé, que son esprit harassé s’était laissé allé à la mélancolie du souvenir ; puis il aperçut son épouse.
Elle était encore là. Toujours là.
Près de lui. Pour lui. Avec lui.
Pour le meilleur et pour le pire. Jusqu’à ce que la mort les sépare.
Oui c’était là sa dernière volonté : que demain soit encore plus beau ...
Il tendit la main et, avec une infinie tendresse, elle la frôla de la sienne.
« Je t’aime. »
Elle sourit.
Puis, d’un geste lent et majestueux, presqu’éthéré, elle se leva et avança jusque sur le seuil
« Cygnus, tu me rejoins ?
- Oui, je monte tout de suite. »
Le lendemain matin, alors que la journée s’annonçait radieuse, l’elfe de maison trouvait son maître avachi dans le large fauteuil élimé dans lequel il aimait tant s’asseoir, face à la cheminée au-dessus de laquelle était accroché un immense tableau de la famille Black au complet. Un sourire détendu et serein flottait sur ses lèvres desséchées.
Il était mort.
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