Ce qu'en disent les autres

Apr 18, 2007 10:13

Ce qu’en disent les autres

« Avoue que c’est un nom bizarre, Phyllis », fit laconiquement le jeune homme installé tout à son aise dans le fauteuil.

Roger Davies leva les yeux au ciel.

« Non, mais dis-le Roger », insista le Serdaigle tout en jouant avec une de ses mèches rousses.

Le dit Roger ouvrit la bouche, puis la referma excédé et finit par se replonger dans son livre.

« Arrête de faire comme si tu ne m’écoutais pas, gronda le rouquin en lui ôtant le bouquin des mains. Tu as déjà d’assez bonnes notes en sortilèges. Alors, ce n’est pas la peine de réviser en lisant…

- Les mille et une manières d’éviter les discussions idiotes de ses amis. Je crois que je devrais l’apprendre par cœur, le coupa d’une voix narquoise Roger.

- C’est pas idiot ! protesta son camarade. Je ne peux pas sortir avec une fille qui s’appelle Phyllis.

- Entre nous, Kenneth n’a rien à lui envier.

- Je ne vois pas ce que tu reproches à mon prénom…

- J’aime d’ailleurs particulièrement le surnom que certains te donnent : Ken », pouffa Roger.

Kenneth Green haussa les épaules et jeta le livre à son ami.

« Encore un aspect de la culture moldue que j’ignore, je suppose.

- Et oui ! soupira Roger. J’espère que Phyllis n’est pas d’origine moldue, sinon crois-moi, c’est elle qui doit se moquer de ton prénom en ce moment même. »

Kenneth prit un air outré.

« Je crois rêver, c’est ça la solidarité masculine ? »

Roger l’ignora délibérément. Mais Kenneth ne semblait pas l’entendre de cette oreille.

« Moi, j’ai été sympa avec toi. Je t’ai évité un cataclysme », murmura-t-il sur un ton secret.

Le regard inquisiteur de Roger réapparut de derrière le bouquin. Il scruta attentivement l’expression satisfaite de son ami avant de demander :

« Qu’est-ce que tu veux dire exactement par cataclysme ?

- D’accord, j’ai peut-être exagéré…

- Kenneth, qu’est-ce que tu as fait au juste ? Tu me fais peur. »

Kenneth lui envoya une grande claque dans le dos, ce qui manqua de projeter le livre loin devant si Roger ne l’avait pas maintenu fermement.

« Allons bon, tu douterais de ton vieux copain ?

- Je répondrai quand tu m’auras dit ce que tu as fait, marmonna Roger.

- Oh, je n’ai fait qu’empêcher Chang de t’approcher une ou deux fois.

- Mais je l’ai vu hier à l’entraînement, contesta Roger en fronçant les sourcils. Tu devrais arrêter les patacitrouilles, les sucreries te montent au cerveau. »

Kenneth sembla froissé. Croisant les bras, il s’enfonça davantage dans le fauteuil.

« Je parlais de te voir en privé, pas pendant des entraînements au vu de tout le monde. Mais si tu ne veux pas me croire… marmonna-t-il avec un geste exaspéré de la main.

- Attends, tu ne peux pas t’arrêter maintenant, s’insurgea Roger. Tu en as trop dit. C’est quoi le problème avec Chang ? »

Le rouquin ne répondit qu’après un instant de réflexion :

« A dire vrai, elle a un comportement suspect.

- Suspect ?

- Oui, suspect, répéta Kenneth, il jeta un œil à droite et à gauche, vérifiant que personne ne les écoutait avant de continuer : elle te jette des regards énamourés. Selon Ellen, elle aurait posé des questions sur toi : si tu étais seul en ce moment et tout le toutim, si tu vois ce que je veux dire. »

Roger envoya valser ses révisions et se cala au fond du fauteuil avec un sourire béat.

« Et alors ? Je ne vois pas où est le problème. Au contraire, Cho est très mignonne. »

Les lèvres pincées de Kenneth l’énervèrent.

« Par les ailes d’un Sombral ! Tu vas me dire quel est le problème ?

- T’es pas si malin que ça, Roger. Tu ne connais pas l’histoire de Cho Chang ?… Surtout en ce qui concerne les capitaines de Quidditch.

- Tu veux parler de Diggory et Potter ? Je ne vois toujours pas où tu veux en venir.

- Ca ne te crève pas les yeux ! s’exclama Kenneth frappé par le manque de compréhension de son ami. Toutes ses histoires finissent plus ou moins mal. Diggory, ce n’est pas la peine que je te fasse un dessin. En ce qui concerne Potter, leur histoire a été un désastre. Crois-moi, cette fille a été envoûtée et apparemment, elle s’en prend à tous les capitaines. Il paraît même qu’elle aurait dégoûté Potter des filles. »

Roger ne put réprimer davantage son hilarité.

« Tu sais que tu es vexant », gronda Kenneth.

Tentant de reprendre son souffle, Roger réussit à retrouver une position suffisamment digne.

« Non, mais tu t’es entendu avec ta malédiction des capitaines ? Je suis complètement terrorisé maintenant, se moqua allègrement Roger.

- Mais…

- Et laisse-moi te dire, continua le capitaine, que vu comme Potter reluque une des poursuiveuses de son équipe, Cho n’a pas fait trop de dégâts.

- Peut-être, mais à ta place, je me méfierai, ronchonna Kenneth. On ne sait jamais, Chang n’est pas claire, si tu veux mon avis. »

Roger eut un soupir.

« Penses-en ce que tu veux. Moi, il faut que j’y aille.

- Où ça ? demanda précipitamment le rouquin.

- Je dois voir Flitwick. Une histoire d’horaires de Quidditch, ça ne t’intéresse pas, je suppose ?

- Horaires de Quidditch ? Tu vas t’amuser, mon grand, gloussa Kenneth.

- C’est ça. Et toi, ne répands pas tes théories stupides dans toute l’école. »

Roger se leva sans prêter attention à la moue contrariée de son ami et sortit de la salle commune.

Le match entre Serdaigle et Serpentard aurait bientôt lieu. En tant que capitaine, il avait pas mal de choses à gérer : à commencer par le nombre croissant d’entraînements, d’où la visite à Flitwick pour les réservations du stade, et peut-être devrait-il lui toucher un mot de l’agressivité récente des Serpentards. Roger secoua la tête distraitement, ce n’était pas Flitwick et son autorité légendaire qui y pourraient quoi que ce soit. Le mieux était d’éviter les provocations des Serpentards jusqu’au match.

Il descendit une à une les étroites marches de la tour Ouest. Préoccupé par ses réflexions sportives, il ne fit pas attention au bruit de pas s’approchant. Sans s’y attendre, il se retrouva face à Chang.

« Roger, ça tombe bien, je voulais te voir. »

Un sourire qu’il voulut irrésistible, se plaqua immédiatement sur le visage de Davies.

« Je te manque déjà ? badina-t-il. Même après la séance d’entraînement harassante que vous avez eue ?

- Je crois qu’il vaut mieux éviter ce sujet, répondit Cho le visage songeur. Melvin a juré que si tu lui demandais encore de tester la feinte d’Irons-Fletcher, il te métamorphoserait en caniche. »

Roger éclata de rire.

« Tu plaisantes ? Il a vraiment dit ça ?

- Et bien, il avait l’air sérieux sur le coup. Mais vu ses talents en métamorphose, il est possible que tu n’aies rien à craindre, assura Cho.

- Il faut que j’y aille. Je dois voir Flitwick, informa Roger en jetant un œil à sa montre.

- Pour les rondes des préfets ?

- Non, pour les entraînements.

- Oh, je vois… En fin de compte, tu ferais mieux de faire attention à Melvin, recommanda-t-elle sans que l’on ne puisse déterminer s’il s’agissait d’une simple boutade ou d’un réel avertissement. Une métamorphose ratée, ça peut être plus embarrassant qu’une réussie.

- J’en prends note. On se revoit plus tard.

- Je peux venir avec toi ? demanda Cho.

- Si tu veux, mais…

- Alors, allons-y. »

La voyant prendre résolument la direction du deuxième étage où se trouvait le bureau de Flitwick, Roger s’empressa de la suivre. Dans sa tête, c’était quelque peu chaotique. S’il appréciait le physique de Cho Chang, il ne pouvait s’empêcher de ressasser la théorie absurde de Kenneth. Même si la façon dont il l’avait présenté, était un brin fantaisiste, le fond était peut-être vrai : derrière les jolis yeux de l’asiatique se cachait peut-être une véritable emmerdeuse. Et s’il y avait une chose que Roger refusait, c’était de s’embêter pour une fille, aussi mignonne fut-elle. De là, il ne restait plus qu’à démêler le vrai du faux. Ou bien, il pouvait toujours prendre le risque…

Lorsqu’elle se tourna vers lui et lui adressa un sourire timide, il se demanda bien de quel risque il pouvait s’agir. S’il continuait à écouter les affabulations de Kenneth, il n’irait pas loin.

« Dis-moi Roger, je me demandais… »

Cho n’eut guère le temps de finir sa phrase. Précipitamment, Roger l’entraîna dans un recoin derrière une statue et la maintint serré contre le mur. Plus que surprise, la Serdaigle lui jeta un regard lourd d’incompréhension.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Roger lui fit signe de se taire et lui montra du doigt une silhouette qui semblait être celle d’un des deux batteurs Serpentards.

« Goyle ? » chuchota-t-elle.

Le Serdaigle se rapprocha davantage et la bâillonna de la main. A vrai dire, l’idée de l’embrasser pour la faire taire, lui avait semblé en premier lieu plus intéressante, mais il y avait toujours ce petit doute. Confinés contre le mur, il pouvait sentir la chaleur de son souffle sur son cou et cela ne l’aidait pas à réfléchir.

Goyle fut beaucoup trop rapide à son goût, et lorsqu’il disparut, il dut s’éloigner de Cho sans savoir si réellement il le regrettait.

« Je peux savoir pourquoi on s’est cachés comme ça ? » demanda-t-elle sèchement.

Se tournant vers Cho, il ne put retenir un sourire en voyant ses joues rosies. Elle n’était peut-être pas si en colère que ça.

« Tu n’as peut-être pas assez subi les attaques des Serpentards ? Personnellement, j’ai eu mon compte. Il vaut mieux les éviter jusqu’au match.

- Je ne te pensais pas si…

- Raisonnable ? proposa-t-il moqueur. Je n’ai pas l’intention d’aller à l’encontre des problèmes. »

La jeune fille se détourna.

« Surtout si une demoiselle est à mes côtés », ajouta Roger dans un semblant de galanterie.

Les joues rougies de la Serdaigle suffirent à Roger. Il aimait savoir qu’il plaisait à Cho et jouer avec ses sentiments. Quant à aller plus loin, c’était une autre histoire.

Cho fit quelques pas s’éloignant de Roger. Il la rattrapa et ils avancèrent dans un silence gênant le long du couloir. Seuls les murmures des portraits les accompagnaient jusqu’à ce qu’elle ne demande d’une petite voix :

« Dis Roger…

- Je t’écoute.

- Pourquoi changes-tu sans cesse de petite amie ? murmura-t-elle.

- Pardon ?! s’écria Davies indigné qui en quelques pas, se retrouva devant l’attrapeuse.

- Enfin… ce que je veux dire… c’est que... bafouilla la Serdaigle éprouvant des difficultés à supporter le regard du jeune homme.

- Je ne vois pas absolument pas de quoi tu te mêles. Je fais ce qu’il me plaît », gronda-t-il les sourcils froncés.

Cho baissa les yeux et tripota ses mains nerveusement.

« Je ne voulais pas juger quoi que ce soit. Je voulais juste savoir si ce qu’on dit… est vrai.

- Ce qu’on dit ?! s’étonna-t-il. Et qu’est-ce qu’on dit ? »

Jetant un bref regard à droite puis à gauche, la jeune fille chercha désespérément comment elle pourrait se sortir de ce faux pas.

« Ce sont juste quelques rumeurs, rien de bien sérieux, fit-elle mine de badiner avec un sourire crispé.

- Et qu’est-ce qu’elles disent ces rumeurs au juste ? demanda d’un ton glacial Roger s’approchant de plus en plus d’elle.

- Bien, il paraîtrait… que tu aurais pris le pari de sortir avec le plus de filles possible. Idiot, non ? » ajouta-t-elle avec une grimace.

Roger se retint de rire, une idée lui avait traversé l’esprit. Ainsi, c’était ce qu’on disait de lui. Très bien. Parfait même.

La distance entre les deux corps était déjà bien amoindrie. Il posa lentement sa main sur la taille de Cho qui lui lança un regard mêlé de perplexité et d’espoir, elle ne fit pas un mouvement pour s’y soustraire. Lentement, sa main apprécia la forme de la hanche, puis elle se déplaça jusqu’au bas du dos où d’une poussée brusque, il attira Cho tout contre lui.

Décontenancée, la jeune fille s’agrippa à lui. Elle voulut parler, mais il vint clore sa bouche d’un baiser. Il s’appliqua à lui offrir une étreinte impatiente et tendre, mordillant et caressant ses lèvres.

Lorsqu’ils se séparèrent, il eut une bouffée d’orgueil en constatant le regard perdu de Cho. Il se pencha et lui susurra à l’oreille :

« Les rumeurs sont peut-être vraies. Tu ne crois pas ? »

Elle ne sut quoi répondre et scruta troublée le sourire diabolique du Serdaigle. Elle vit Roger la quitter et s’éloigner, mais au bout de quelques pas, celui-ci se retourna.

« Oh, et si ça te tente de recommencer, tu sais où me trouver, fit-il avec un clin d’œil. Il faut que je file. »

Il partit d'un bon pas vers le bureau de Flitwick. Il serait en retard, mais le jeu en valait la chandelle. Elle reviendrait, c'était tellement évident.

essai, oc, cho chang, roger davies, fic

Previous post Next post
Up