[Hors Défi - Dorcas Meadows/Rabastan Lestrange] - La Valse à Trois Temps

Dec 25, 2011 18:56


Titre : La Valse à Trois Temps
Auteur : neo_mirage
Personnages : Dorcas Meadows/Rabastan Lestrange, Alice Londubat
Rating : PG-13
Mots : ~ 2 000
Disclaimer : Tout à JKR


La Valse à Trois Temps

« Tu sais que c’est une mauvaise idée pas vrai ? » fit Alice en se levant brusquement du canapé de la Salle Commune dans lequel elle était assise.

Dorcas dissimula un sursaut coupable et se stoppa au bas des escaliers pour faire face à son amie.

« Je n’en sais rien en vérité. Qu’est-ce qui serait une mauvaise idée selon toi ? »

« Oh, tu sais très bien de quoi je veux parler, » répliqua Alice en heurtant son regard plein de défi avec aplomb. « Tu vas retrouver Lestrange. »

Dorcas eut un demi-sourire. « Comme si tu ne passais pas tes soirées avec Londubat. »

« Franck n’est pas un sale Serpentard visqueux qui… »

« Oh, c’est un Serpentard, et après ? Tu as peur des chats noirs Alice ? Tu as peur des sorcières ? Que j’aille brûler en Enfer ? ‘Attention Dorcas, ne sors pas avec un Serpentard, qui sait, peut-être qu’il te sortira des reptiles par les trous de nez.’»

Alice se mordit la lèvre. « N’importe quoi. Lestrange est… »

« Rabastan. C’est Rabastan, pas Lestrange. »

Alice eut un sourire triomphant. « Tu vois, tu ne supportes pas son nom de famille ! Comment ça se fait hein ? »

« C’est le monde qui ne supporte pas son nom de famille, » répondit Dorcas en serrant les poings, amère. « Tu verras, quand je m’appellerai Madame Lestrange, tu verras s’ils y trouveront quelque chose à redire. »

« Madame Lestrange ? Quoi, quand tu auras Bellatrix pour belle-sœur ? Rodolphus et elle sont déjà mariés non ? Qu’est-ce que tu feras, pendant les repas de famille ? Tu te cacheras sous la table en espérant qu’ils ne regardent pas de trop près ton arbre généalogique ? »

Dorcas secoua la tête. « On s’en fiche. On s’aime et c’est tout ce qui compte. »

Le regard d’Alice s’adoucit. « C’est juste une amourette Dorcas. Et si seulement tu laissais une chance à Egard tu… »

« Je m’en fiche d’Edgard ! Tu sais Alice, je suis ravie que Franck et toi, vous soyez tous les deux si parfaits l’un pour l’autre, les Gryffondors, les futurs Aurors, Miss Exemplaire et son Préfet-en-Chef. Vraiment, tant mieux ! Mais, et si l’amour de ta vie n’a pas de cravate rouge et or hein ? Si sa mère est complètement tarée et si son frère l’oblige à… Qu’est-ce que tu ferais, si Franck était un futur Mange… »

« Je ne te permets pas de les comparer ! Tu sais ce que Rosier et ton précieux Rabastan ont fait à Hestia l’autre jour ? Elle est en première année bon sang ! Est-ce qu’il t’en a parlé de ça, ‘l’amour de ta vie’ ? Ou est-ce que vous étiez trop occupé à admirer son nouveau tatouage ? »

Il y eut un instant de silence glacial avant que Dorcas ne baisse la tête pour se mettre à chuchoter pour elle-même.

« Je m’en fiche, je m’en fiche, je m’en fiche complètement, » répétait-elle, et sa voix tremblait comme si elle était sur le point de pleurer alors qu’elle ne pleurait jamais, et Alice secouait lentement la tête, les lèvres si pincées qu’elles en étaient devenues blanches.

« Dorcas ce n’est pas… » tenta finalement Alice, et Dorcas releva brusquement la tête, les yeux brillants mais déterminés.

« Tu n’as toujours pas saisi hein ? J’emmènerai mes enfants à Azkaban tous les dimanches s’il le faut ! Et en fin de compte, peut-être que Franck n’est pas l’amour de ta vie, parce que tu comprendrais sinon, tu saurais que rien d’autre ne compte et que même cette foutue guerre est dérisoire, que tous les gens auxquels il va faire du mal, que tous les gens qu’il tuera, je lui ai déjà pardonné ! Je lui pardonnerai n’importe quoi ! »

Alice la dévisagea avec horreur. Dorcas lui rendit son regard, les épaules bien droites et la mâchoire contractée, avant de faire volte-face et de quitter la Salle Commune à grands pas, claquant le portrait derrière elle.

Alice dormit sur le canapé cette nuit-là. Dorcas ne revint pas.

***

« Toi, dans l’Ordre du Phoenix ? » répéta Rabastan avec incrédulité et peut-être un soupçon de moquerie.

Dorcas haussa les épaules et s’approcha de la fenêtre pour souffler la fumée de sa cigarette à l’extérieur. L’hiver était rude à Londres, du côté sorcier comme du côté moldu, et elle vivait dans une chambre sous les combles, le seul truc qu’elle pouvait se payer avec son salaire de vendeuse à la Ménagerie Magique. Tu n’aimes même pas les animaux, avait dit Marlene et puis aussi Tu pourrais faire tellement mieux.

« Dumbledore est venu me voir l’autre jour. Je dois dire qu’il a touché une corde sensible. Et puis, ce serait mieux que de passer mes journées ici à…»

T’attendre. Elle se tut.

« Dumbledore est venu ? » fit Rabastan d’une voix étrange. « Tu dois être sacrément douée. Il paraît qu’il ne se déplace que pour les cas exceptionnels. »

Quand elle se retourna, Rabastan la fixait d’un air calculateur depuis le matelas où il était assis. La Marque des Ténèbres ondulait doucement sur son bras nu, à la lueur de l’ampoule.

« C’est vrai que ton maître à toi se déplace pour tout le monde. »

« Le Seigneur des Ténèbres nous fait cet honneur, » approuva Rabastan en baissant légèrement la tête, et cela sonnait comme une prière.

Dorcas tira une longue bouffée de sa cigarette et l’observa sans rien dire. L’amour qu’elle avait craché sur Alice si longtemps auparavant s’était flétri comme un fruit malade, mais il était toujours là, il la mangeait de l’intérieur, comme des asticots dans ses entrailles.

Rabastan et elle, ils étaient pourris d’amour.

Son propre reflet ne prenait même plus la peine de lui dire qu’elle couchait avec un meurtrier, alors ses grandes promesses, ses grands sentiments, à qui pouvait-elle les crier ? Tout le monde s’en foutait, finalement, il n’y avait rien à pardonner, ce n’était pas cette bataille sans répit contre sa propre conscience qu’elle s’était figurée devoir jouer pour toujours. Sa conscience s’était tirée. Elle aurait préféré, pensa-t-elle ironiquement, que des reptiles lui sortent par les trous de nez.

« Tu sais qu’on ne pourra sans doute plus se voir, » continua-t-elle. « Je crois que j’en mourrai. »

« Mais nous sommes déjà un peu morts, » répondit Rabastan, et Dorcas hocha la tête. C’était vrai. Deux carcasses ambulantes, les amoureux devant l’éternel. Alice en aurait sans doute rit si elle n’avait craint de s’étouffer dans sa bravoure.

« Peut-être que j’emmènerai nos enfants à Azkaban, finalement, » dit-elle.

« Ou peut-être que je les emmènerai au cimetière, » dit-il, et elle rit. Peut-être.

Quand il fut parti, elle se surprit à penser que Rabastan était bien l’amour de sa vie. Dans sa vie, l’amour était simplement destiné à ne pas être joli. Elle se demanda si avec Edgard… Mais, Edgard était mort maintenant alors. Et pour de bon lui, pas qu’un peu, pas d’amour.

D’un coup, elle eut envie que Rabastan revienne, et qu’ils les fassent, ces putains de gamins. Probablement que rien ne pousserai là-dedans, se dit-elle en baissant les yeux sur son ventre. Ou bien, les asticots mangeraient tout.

***

« Tu ressembles à un Inferi, » lui dit Kingsley, et Dorcas hocha la tête en se frottant les yeux, des yeux si lourds qu’ils paraissaient vouloir tomber de ses orbites.

Elle avait perdu l’habitude de dormir. Perdu l’habitude. De quoi remettre en question tout un tas de ses fonctions basiques.

« Je dirais plutôt qu’elle ressemble à un spectre, » fit Fabian, et Marlene acquiesça. Mais… oh, non, ça ne pouvait pas être Marlene, ce devait être Emeline, parce que Marlene était morte maintenant.

Et Dorcas massacrait des Mangemorts. En fait, c’était elle qui en massacrait le plus. Comme un Inferi oui, ou comme un spectre, et même Alice -c’était Alice Londubat désormais - la regardait avec admiration et respect, comme si elle avait fait un énorme sacrifice, comme si elle avait renoncé à Rabastan pour massacrer des Mangemorts.

Elle n’allait jamais renoncer à Rabastan. Une semaine après qu’ils se soient quittés, elle aurait déjà pu faire exploser le quartier général de l’Ordre pour croiser son regard. Et ses entrailles n’avaient jamais été aussi pourries.

Après la révolte et après l’amertume ne venait pas l’oubli mais simplement le manque. Tout son corps pulsait sous sa peau, chacune de ses cellules hurlaient à la mort, et elle savait que le seul remède était finalement le plus grand des poisons.

« C’est l’heure, » annonça Gideon et puis, « Tu es sûre que tu peux faire ça toute seule ? »

Dorcas secoua la tête et haussa les épaules. Ils n’étaient jamais sûrs de rien ici, ils avançaient comme des automates, marche ou crève et si tu ne reviens pas, peut-être qu’on te pleurera.

Gideon la pleurerait sûrement, lui. Il l’avait embrassée une fois et elle s’était dit ‘Pourvu qu’il n’attrape pas la pourriture’ juste avant de le repousser, parce que dans sa tête la voix de Rabastan disait ‘Infidèle Dorcas, vraiment ?’. Non, vraiment pas.

Elle les salua tous d’un signe de main, Kingsley, Emeline, Gideon et Fabian, et ne prit pas la peine de dire au revoir.

Quand elle transplana il faisait nuit noire et l’informateur n’était pas là. Il lui fallut une demi-seconde pour se dire que ce n’était pas bon du tout, et déjà les Mangemorts apparaissaient.

Il y en avait une dizaine, peut-être plus. Tout ça pour moi ? pensa-t-elle, et elle hurla « Rabastan ! »

L’un des Mangemorts les plus proches enleva son masque et soudain c’était lui, qui lui souriait dans l’obscurité.

« On dirait que ce sera le cimetière, mon amour. »

« On dirait oui. Finalement, nous n’aurons même pas eu d’enfant. »

Elle avait cette impression étrange de réciter un texte écrit pour une autre qu’elle, et pourtant tout collait, tout collait parfaitement. La scène finale.

« J’irai seul alors. » Il se retourna vers les autres Mangemorts et l’un d’eux hocha la tête.

« C’est toi qui me tuera ? » demanda Dorcas, et elle espérait que oui.

« J’en serai bien incapable, » répondit-il, et il rit. « Notre Seigneur veut te tuer en personne. »

Dorcas rit à son tour. Elle aurait sans doute dû se défendre, en blesser le plus possible, lancer des sorts à toute vitesse pendant qu’elle le pouvait encore, puisqu’ils ne pouvaient la tuer d’eux-mêmes.

Voldemort apparut et elle échangea un regard avec Rabastan, un regard qui parlait de révolte, d’amertume et de manque, d’enfants morts avant d’être nés et de leurs deux cœurs qui pourrissaient encore, du sien qui ne pourrirait bientôt plus.

Un dernier regard d’amour.

Elle aurait pu entrer dans la légende. Elle préférait aller brûler en Enfer, et finalement, Alice avait eu tort. C’était une excellente idée.

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