Essai - Leur fierté

Aug 23, 2011 13:11


Titre : Leur fierté
Auteur : Hinatata
Personnages/Pairing : Bill/Fleur
Nombre de mots : 1239
Rating : K+ (intolérance)
Disclaimer : Tout l'univers à cette chère JKR.
Note d'auteur : cross-posté sur 30-Baisers pour le thème n°22 : Bercer.

Louis avait pris son courage à deux mains. Il le reprenait. Encore et encore. Il n’était pas à Gryffondor, et ce courage, il était allé le chercher au plus profond de lui. Comme un trésor que l’on découvre dans son jardin, enterré là sans que personne ne l’ait encore jamais déterré car jusque là sans utilité.
Le courage de décevoir ses parents pour assumer ses choix.

Dominique était parti pour la journée, chez un ami. Ses parents se trouvaient tous les deux dans le salon, occupés à leurs tâches de la vie quotidienne, de leur vie si parfaite ; eux si amoureux, avec de si beaux et intelligents enfants. Ils en étaient si fiers.

Il posa un pied sur la première marche de l’escalier. Puis un autre. Il descendit ainsi, lentement, occultant ses pensées, tentant de ne surtout pas réfléchir à ce qu’il allait faire, dire, à ce que pourrait être leur réaction.
Pourquoi n’était-il donc pas né comme les autres ?
Il eut une pensée pour Sean ; tous deux pataugeaient, s’embourbaient dans la vase de l’intolérance, et pas forcément ensemble. Ironie.

Il arriva en bas. Il s’avança un peu, caché entre un mur et la petite cuisine. Sa mère chantonnait doucement, agitant sa baguette au-dessus de la vaisselle qui allait se laver d’elle-même dans l’évier et des restes des repas qui finissaient au garde-manger ou à la poubelle. Son père, assis sur une chaise, semblait rédiger une lettre importante. Louis savait qu’il souhaitait retrouver son travail en tant que briseur de sorts à Gringotts, ayant arrêté à la naissance de Victoire. A présent que ses enfants étaient grands, il pouvait se permettre de s’absenter de la maison et de rester de longs jours ou semaines à l’étranger. Louis savait que lui-même une fois parti de la maison ayant bercé toute son enfance, ses parents iraient s’installer en Egypte, comme ils le projetaient depuis bien longtemps.
Mais il n’était pas prêt à partir ; trop de doutes et de questions l’assaillaient pour qu’il aille de l’avant, seul face à l’adversité.

Il inspira un grand coup et entra dans le salon. Sa mère tourna la tête vers lui. Elle lui sourit. Une vague de honte le submergea. Pourquoi devait-il être un si mauvais fils ? Pourquoi ne pouvait-il pas les rendre fiers en étant quelqu’un de bien ? Il eut un sourire crispé, et alla s’asseoir à la table du salon, face à son père. Sa mère le regardait d’un air perplexe, sentant que quelque chose n’allait pas chez son enfant. Son père, sentant sûrement un changement dans l’atmosphère, releva la tête ; il avait l’air, lui aussi, de se demander ce qui pouvait bien se tramer dans la tête de son blondinet. Voyant que son fils s’abstenait de commentaires, il baissa de nouveau les yeux sur son parchemin.

Il pouvait partir. Là, maintenant, tout de suite. Ce serait tellement plus simple, de leur cacher toute la vérité et de vivre ses choix secrètement. Ou même, de ne pas les vivre. Oui, c’était peut-être là la solution.
Sur ses genoux, ses mains se crispèrent. Il avait tourné et retourné toutes ces questions, toutes ces hypothèses dans sa tête, et il en arrivait toujours à la même conclusion : pourquoi devrait-il s’empêcher de vivre s’il s’agissait là de sa nature profonde ? Qui étaient-ils, tous, pour l’en interdire, tenter de l’en dissuader, de le ramener dans « le droit chemin » ?

« Maman… Papa… »

Il les vit respectivement tourner et relever la tête, presque inquiets à présent. Sa mère cessa d’agiter sa baguette et la vaisselle retomba dans un bruit de porcelaine qui se cogne doucement au fond de l’évier.
Jamais Louis n’avait autant détesté ce regard si attentif que lui portait son père, comme toujours lorsqu’il s’attendait à quelque chose d’important. Et ça l’était.

« J’ai quelque chose à vous dire… »

Il maudissait ses inflexions tremblantes, sa voix de fillette. Il était un homme oui ou non ?
C’était là toute la question : en était-il un ?

« Je… Je suis homo. »

L’image sembla se figer. Celle de la petite famille qu’ils formaient à trois, comme brisée à jamais. Ses parents ne disaient rien. Bon sang, qu’ils parlent ! Qu’ils crient, qu’ils hurlent, tout plutôt que ce silence gêné, si humiliant… S’ils continuaient de se taire ainsi, il…
Une goutte d’eau salée coula le long de sa joue. Puis une deuxième. Bientôt, ses yeux se retrouvèrent emplis de larmes.

« Je suis désolé… » articula-t-il, ses mains agrippant ses genoux comme une bouée, « désolé de vous décevoir, je voulais pas… Mais j’y peux rien… »

Ses propos devenaient incohérents. Par-dessus ses paroles cependant, il avait entendu sa mère comme retenir son souffle, s’empêchant de sangloter. S’il ne bougea pas d’un millimètre lorsqu’elle l’entoura de ses bras protecteurs, il ne put ignorer la vague de soulagement qui déferla en lui à ce moment, et ses larmes redoublèrent, accompagnées de reniflements se voulant silencieux. Lui, dix-sept ans, un des garçons les plus adulés, les plus intelligents de Poudlard, l’un des plus admirés, se retrouvait à pleurer à chaudes larmes dans les bras de sa mère. Celle-ci avait pris place sur une chaise à côté de lui et l’avait amené sur ses genoux. Doucement, elle se balançait, d’avant en arrière ; le berçait, lui chuchotait des paroles apaisantes, comme lorsqu’elle voulait l’endormir, autrefois le soir, alors qu’il avait peur des ombres sur les murs. Lui, son fils adoré.
Qui avait cru qu’elle pourrait ne plus l’aimer.
Alors qu’elle était là, contre lui, à lui prouver tout son amour. Et son père…

Louis tourna son visage mouillé et confus vers celui qu’il avait toujours respecté. A défaut de vouloir lui ressembler, car il s’en savait incapable, il avait appris à admirer cet homme toujours bon, toujours prêt à aider, toujours apprécié.
Mais lui n’était pas attiré par les hommes.

Son père se leva de sa chaise et contourna la table. Arrivé près de son fils, il s’agenouilla, comme lorsque Louis était petit et qu’il tentait de lui faire comprendre quelque chose. Il le força à le regarder dans les yeux.

« Louis. » commença-t-il.

Il s’autorisa un instant de silence, comme pour accentuer la véracité des mots qu’il allait prononcer.

« Tu es mon fils, notre fils à tous les deux. Tes choix, ils ne regardent que toi. Peu importe ce que tu es, sembles ou penses, tu restes quelqu’un de bien. Notre fils. Homosexuel, ou pas. »

Louis ne pouvait détacher ses yeux bleus de ceux, bruns au possible, de son père. Ses mots résonnaient en lui, comme des échos irréels de ce qu’il avait toujours souhaité entendre.
Son père s’approcha, posa une main sur ses cheveux et l’embrassa sur le front, tandis que sa mère lui donnait un baiser sur la joue.

Portrait d’une famille que l’on n’avait tout simplement pas brisée ; pourtant, les cauchemars d’un enfant ne sont jamais totalement irrationnels. S’il a peur, c’est qu’il a ses raisons. A fortiori lorsque cet enfant a dix-sept ans.

**

« Mais tout de même, cette pauvre Marguerite, désespérément amoureuse de toi…
- Papa…
- Oui, je suis sûre qu’elle ne s’en remettra pas…
- Maman…
- Mon fils est un briseur de cœur !
- Je ne l’ai pourtant pas élevé ainsi !
- Maman ! Papa ! »

Et tandis que tous deux riaient en cœur, Louis sentit ses lèvres frémirent de bonheur.

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