Titre : Trouver la force
Personnages : Eileen Prince, Severus Rogue, Albus Dumbledore
Disclaimer : Tout appartient à JKR
Défi : Et si
Rating : PG
Note d’auteur : Je voulais faire quelque chose de plus long et plus élaboré, mais à la dernière minute j’ai dû recommencer mon texte. Ce n’est pas du grand art, mais c’est tout ce que j’ai eu le temps de vous pondre ! Désolée… en espérant que vous aimerez quand même ! La fic longue sur Eileen, ce sera pour une autre fois !
Prompt : Et si Eileen Prince avait quitté son mari pour élever son fils dans le monde magique ?
TROUVER LA FORCE
Tenant la main de mon fils bien serré dans la mienne, je franchis la barrière 9 ¾ pour me retrouver sur le quai où attend le Poudlard Express.
Je souris en entendant l’exclamation émerveillée de Severus. Je n’arrive pas à le croire. Je n’arrive pas à croire que nous en sommes déjà là : mon petit homme s’en va à Poudlard ! Du haut de ses 11 ans, il va étudier la magie, mais surtout, il va apprendre l’autonomie, la confiance, l’amitié. Tout ce qui fait que la vie est merveilleuse, qu’elle vaut la peine d’être vécue.
-Maman ?
Une voix angoissée et excitée en même temps. Je baisse le regard vers mon fils qui a levé ses yeux si expressifs vers moi.
-Oui mon chéri ?
-Tu crois que… tu crois que je vais me faire des amis là-bas ?
Je lui fais un sourire rassurant.
-Mais bien sûr mon amour. Tout le monde t’aime, tu le sais bien !
Severus fait un petit sourire, encore incertain, mais je sais qu’il va rapidement retrouver sa confiance. Il est ainsi par nature : méfiant, insécure, introverti…
Je crois que cela ait dû aux quatre premières années de sa vie. Les années pendant lesquelles nous vivions avec son père. Les années pendant lesquelles chaque jour amenait son lot de souffrance et de violence.
Et moi, je ne faisais rien. J’aurais pu facilement sortir ma baguette et lui lancer un sort, il n’aurait pas pu se défendre… mais je le laissais me hurler dessus. Je le laissais me frapper encore et encore.
Je l’aimais.
Ou plutôt, je croyais que je l’aimais. Je me disais qu’il allait changer, qu’il ne voulait pas me faire de mal, que c’était à moi de ne pas le mettre en colère, d’être une meilleure épouse, une meilleure mère.
Et ça a continué ainsi jusqu’au jour où il a levé la main sur le centre de mon univers, la seule personne qui compte réellement pour moi : mon fils. Tobias a frappé son propre fils, alors âgé d’à peine 4 ans… et le plus horrible, c’est que je n’ai rien fait. Je l’ai regardé levé la main sur Severus sans lever le petit doigt pour protéger mon enfant, la chair de ma chair.
Et Severus a reçu le coup sans pleurer, sans émettre le moindre son… et je crois que c’était cela le plus horrible. Il a relevé la tête, a fixé son père dans les yeux, puis il lui a tourné le dos et il est parti se réfugier dans sa chambre.
J’ai compris alors que je devais faire quelque chose si je ne voulais pas que la vie de mon fils soit gâchée à tout jamais. Si je ne voulais pas qu’il devienne une réplique de son père ou même… une réplique de ce que j’étais à l’époque : dépendante et soumise.
Sans savoir où je trouvais le courage, je ne croyais pas en posséder, je me suis levée en plein milieu de la nuit pour prendre la fuite avec mon garçon. Je savais que Tobias ne se réveillerait pas : j’avais glissé une goutte de potion sans rêve que j’avais concocté dans son whisky. Alors je me suis enfuie, avec pour seul bien ma baguette et les affaires de mon fils que j’avais emballé à la va-vite.
Je n’avais pas d’argent, pas de famille, nulle part où aller. En transplanant, je me suis rendue à Pré-au-lard, un endroit que j’aimais particulièrement pendant mon enfance. Un endroit qui me paraissait chaleureux et rassurant. Nous avons dormi dans la rue quelques nuits, errant le jour entre les différentes boutiques du village, fouillant les poubelles pour trouver de quoi se nourrir. Chaque jour, je me demandais si j’avais fait le bon choix. Chaque jour, la tentation de retourner auprès de mon mari était de plus en plus forte.
Je pensais : il peut encore changer. C’est le père de mon enfant. Il doit être mort d’inquiétude. Severus aurait au moins un toit sur la tête et de la nourriture à profusion.
Toutes les excuses étaient bonnes pour retourner auprès de Tobias, dans une vie qui représentait pour moi la stabilité. Je savais ce qui m’y attendait et même si cela n’avait rien du roman à l’eau de rose, c’était sécurisant. Alors que ma nouvelle vie n’était faite que d’inconnu, de changement, d’attente.
J’étais sur le point de craquer, de retourner dans cette parodie de vie, de courir auprès de l’homme qui m’avait tant de fois violenté que je ne pouvais plus les compter lorsque quelqu’un s’est présenté au cours d’une nuit particulièrement froide. Un homme que je connaissais, car il avait été mon professeur : Albus Dumbledore. Il nous a hébergé pour la nuit, puis le lendemain, il a peu subtilement glissé dans la conversation que le pub la Tête-du-Sanglier recherchait justement une serveuse. Je m’y suis présentée, sans grand espoir, mais pour faire plaisir à mon sauveur… et j’ai été engagé !
À cette époque, j’ignorais que le patron du dit-pub était le frère d’Albus ! Mais peu importe au fond, car je me suis révélée plutôt douée pour ce travail…
-Tu crois que je vais aller à Gryffondor, comme tonton Albus ? me demande mon fils, me sortant de mes souvenirs.
-Je n’en sais rien mon chéri. C’est le Choixpeau qui va décider !
Je vois ses yeux s’illuminer à cette idée. Albus lui a tant de fois raconté des anecdotes farfelues sur les répartitions auxquelles il a assisté que Severus ne peut que trépigner d’impatience à l’idée de voir ce spectacle à son tour. Pourtant, à mon souvenir, cela n’a rien d’extraordinaire.
Mais pour un enfant de 11 ans, tout est nouveau, merveilleux, magique. Severus n’est pas une exception. Il aime apprendre, comprendre, découvrir. Il veut tout savoir, tout connaître. Il aime se promener dans la forêt et étudier les animaux. Il aime poser toutes les questions qui lui passent par la tête aux gens qu’il rencontre, pour tout savoir d’eux.
Malgré sa réserve, c’est un véritable trésor qui vaut la peine d’être découvert. Car lorsqu’il accorde sa confiance, il devient l’enfant le plus attentionné, le plus doux, le plus généreux du monde.
Bien sûr, je ne suis pas objective : je suis sa mère !
Le sifflet du train retentit alors autour de nous et je passe une main dans les cheveux ras de mon fils avant de déposer un baiser sur sa joue.
-Allez mon chéri ! Il est l’heure !
Severus me sourit, mais je peux lire sa nervosité dans ses yeux.
-Tout va bien aller… crois-moi mon chéri !
Nous avons vu pire, bien pire, ajoutai-je pour moi-même.
Severus part la tête, puis sur un dernier aurevoir, il s’éloigne de moi d’un pas sautillant.
En le regardant s’arrêter à la porte d’un wagon pour laisser passer une jolie fillette à la chevelure de feu, je me demande ce qui serait advenu de lui si je n’avais pas quitter son père.
Serait-il le même qu’il est aujourd’hui ? Ou serait-il devenu une toute autre personne ?
Et moi, serais-je la même ?
Cette question, je peux y répondre : non. Assurément pas. Je serais encore cette femme apeurée qui tremblait chaque jour en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Je serais encore cette femme qui craignait de ne pas faire les choses correctement. Je serais encore cette femme qui était persuadée qu’elle ne valait rien.
Mais j’ai appris que chaque personne née égale. Tout le monde a le potentiel de faire de sa vie ce qu’il veut… il faut juste savoir trouver le courage d’aller de l’avant, la force d’essayer… de se tromper aussi. Et toujours se relever.
Cette force, moi, je l’ai trouvé grâce à mon fils.
Merci Severus.