(no subject)

Apr 14, 2006 21:07



il y a des filles
qui mangent leur madeleine
miette par miette et
qui auraient dit non,
non quand moi je trempe tout de même
un doigt hésitant dans le limon
et quand je rentre la bêtise de mon ventre,
elles respireraient, tu crois
qu'elles écriraient une petite apologie
pour tes ongles? tu sais,
elles ont disséqué leur petit beurre
avant d'avaler la clé de leurs dents.

dis, je te raconte
la même histoire triste? parce que
je crois que parfois
je passerai vraiment ma vie
dans le métro, avec les monsieurs chinois
ou arabes qui me regardent
ou ne me regardent pas, une femme indienne
ou un couple laid
qui s'embrasse devant moi; un peu
comme si j'avais seize ans
au japon.

bref, il y a des filles
comme des escaliers raides
qui se glissent, plâtreuses
entre les murs de chaque internat,
les regardes-tu? je ne suis pas elles,
chargée comme un ectoplasme
qui s'ennuie alors que
dans l'immense silence
de bibliothèque, tu lis le livre
ennuyeux de leurs doigts.

peut-être tu reviens
me chercher sur le quai et nous sursautons
gaiement sur le hoquet de lille vers
une fin peu plausible qui nous met sur un avion;
je plaisante tout bas
comme une gigantesque citadine
alors que ce soir
il y a des filles qui dormiront chez toi

et j'expire sur l'étagère
d'un supermarché qui bâille
sa dégoutante haleine de boîtes qu'on emmène
dans la salle obscure (il y a des filles parfois
qui ont été plus malines
en se congelant deux fois),
négatif timide qui ne racontera pas
l'histoire absurde de son phosphore.

ou alors il y a des filles, belles
aux bois dormants qui ronflent et ronflent
et ronflent comme des dépressives,
qui ne cousent plus de robes,
qui te feront chier pendant mille ans.
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