Bon j'ai bâclé accéléré la fin du pov Ikki, vu que j'allais pas refaire tout le chapitre 5 non plus...
Comme le dit si bien Aiolia, "l'heure n'est plus à la réflexion mais à l'action" ;p
Ikki avait l’habitude de se tenir à l’écart, sans rien dire, jouissant simplement du cours de ses pensées. Il put ainsi rester presque deux heures assis dans l'obscurité de la galerie centrale, à attendre Shaka, partagé entre des flammes encore vives de colère, la pesanteur sombre de la résignation, et l'anticipation de le revoir...
Enfin le chevalier parut, sa silhouette unique se découpant sur l’obscurité, si blanc et blond, avec ses grandes paupières tristes, les drôles de mèches de sa frange qui rebiquaient sur le haut de sa tête, les petits muscles de ses bras…
Il s’approcha d’Ikki, ce qui le gela jusqu'au regard.
- Que fais-tu ici, dans mon temple ?, lui demanda Shaka avec dédain.
Piqué par cette feinte indifférence, Ikki laissa exploser son agressivité et son ressentiment.
Pff, c’était un enchaînement qui relevait presque de la loi naturelle… Shaka recommençait déjà à le caresser comme pour se faire pardonner, abandonnant toute la dignité qui convenait à sa grandeur. Mais cette fois Ikki était résolu à mettre un terme à cette pantomime. Et quand enfin Shaka prononça le mot magique, celui qui brisait tous les malentendus, ce fut comme si ce nom libérait tout l’amour caché derrière le rideau...
« Pardonne-moi de t’avoir dit toutes ces choses cruelles, Shaka. »
* * *
- Tu as raison… mon corps a pratiquement disparu. Je t’aime tellement. J’aime chaque partie de toi.
Ikki, l’air à la fois stupéfait et hagard, demeurait sans réaction. Poursuivant les étapes de son culte, Shaka était à présent en train d’embrasser les clavicules de son amour avec ferveur.
- Shaka… Arrête, eut enfin la force de murmurer Ikki.
Mais Shaka ne semblait pas l’entendre, et Ikki sentit sa bouche se presser amoureusement autour de sa pomme d’Adam.
- Je disais ça pour que tu me laisses partir… Tu ne peux pas gâcher toute ta vie pour quelqu’un comme moi…, articula-t-il avec difficulté, d’une voix suppliante.
- Ce n’est pas du gâchis, répondit Shaka en le regardant dans les yeux.
Il se mit à lui embrasser le front et les joues - mais quand ses lèvres en vinrent à se poser sur les siennes, c’en fut plus qu’Ikki ne pouvait en supporter.
De sa main droite il fit en sorte de maintenir le visage du chevalier d’or contre le sien, de son bras gauche il emprisonna sa taille, et le tenant ainsi contre il profita de son inspiration de surprise pour lui montrer par l’exemple ce qu’il entendait précisément lorsqu’il avait parlé de vrai baiser.
Sous le choc de cette brusque initiative qui lui prouvait la réciprocité de son amour, Shaka aurait sombré s’il ne l’avait soutenu fermement. Le moine n’avait jamais embrassé personne, mais lorsqu’il sentit les lèvres du jeune chevalier accrocher les siennes avec passion, sa langue mouillée glisser entre ses dents et toucher la sienne, ce fut comme si le « grand fleuve » dont il avait parlé à Mû descendait son abdomen d’un coup pour se transformer en quelque chose d’infiniment dense et douloureux - comme si le cours d’eau devenait montagne.
Une autre personne que Shaka n’aurait pas trouvé Ikki très raffiné en la matière, et même plutôt brute ou maladroit. Mais Shaka aimait tellement sa personnalité, sa voix, et Ikki avait au milieu de sa brutalité de tels accès de délicatesse, que Shaka réalisa que c’était en fait ce qu’il avait toujours recherché avec lui sans le savoir, cette intimité parfaite qu’ils étaient en train de connaître en ce moment. En même temps ils se touchaient le dos et les bras avec tendresse et avidité, ivres de sentir la peau chaude de l’autre, tout chatouillés de désir. Ikki avait tant de fois imaginé caresser la peau de l’ascète, qu’il le faisait du bout de doigts, comme un gosse qui a peur que son cadeau de noël disparaisse d’un coup s’il le manie en lui donnant trop de réalité. C’était en revanche tout le contraire pour le jeune homme blond, dont les mains affamées avaient tendance à s’insinuer en des endroits inattendus. Ikki, qui ressentit soudain comme un point de côté chaud, ne put s’empêcher de baisser les yeux par réflexe, pour constater que la toge du saint homme avait un faux pli.
« Ce n’est rien », balbutia Shaka hâtivement, « ça... ça me fait souvent cela quand je me réveille le matin. »
« Mais on est le soir… », murmura Ikki les yeux brillants.
Shaka, qui avait par ailleurs encore une main partie à l’aventure dans le dos du kimono d’Ikki, dut se sentir infiniment honteux sur l’instant. Mais le Japonais, que ses six mois de passion contenue avaient transformé en cocotte-minute explosive, ne lui laissa pas le temps de rougir davantage de son excroissance spirituelle s’incarnant charnellement [soit « le membre rebelle », comme l’écrivit saint Augustin en nos contrées :p], et amorça un second baiser plus profond, qui eut pour effet de faire tomber comme par magie le haut de son vêtement - tant était vive pour Shaka la hâte d’écarter tout obstacle matériel à la communion de leurs deux âmes.
à suivre