Maudits Minoens 1 : Santorin Gondolin Kaamelott

Nov 05, 2022 22:14


« C'est Minos qui, selon la tradition, fut le premier à posséder une flotte ; il établit sa puissance sur la plus grande partie de ce que nous appelons maintenant la mer grecque ; il soumit les Cyclades et, le premier, établit des colonies dans la plupart de ces îles, d'où il avait chassé les Cariens ; il avait établi comme gouverneurs ses propres enfants. »

Thucydide



Environ dix-sept siècles avant J.C.

Les administrateurs du Royaume étaient réunis autour d'une table circulaire, dans le palais du roi, au centre de l'île, au pied de la montagne sacrée de Thelas.

Le roi était vêtu de blanc et de bleu profond, et portait des bijous d'or. Ses longs cheveux noirs étaient en partie tressés et fixés à l'arrière de sa tête, puis retombait dans son dos en grandes mèches ondulées.

Autour de lui, la plupart des hommes avaient les cheveux courts ou attachés en chignon à la base du cou ; leur peau était tannée par le soleil. Les femmes, elles, étaient pâles, avaient les cheveux longs la plupart du temps, des vêtements colorés.

« Ecthelion est encore en retard, à ce que je constate », déclara le Roi.

« Les jeunes d'aujourd'hui », dit Egalmoth, le plus riche armateur de l'archipel. « C'est de pire en pire, génération après génération... »

Un magnifique jeune homme fit son entrée, vêtu d'un seul pagne et de ses longs cheveux noirs. Cernés de khôl, ses yeux gris ressortaient sur son visage ocre.

« Vous êtes en retard », signala le Roi. « Et vous feriez mieux de vous hâter, au lieu de faire votre kéké (1) comme d'habitude. »

« J'ai trouvé un Achéen sur la plage... » expliqua Ecthelion.

« Et... »

« Son navire avait coulé. Alors je voulais savoir si je pouvais le garder. »

« Comment voulez-vous le garder, s'il a coulé ? »

« Non, c'est l'Achéen que je voudrais garder. »

« Pour en faire quoi ? Vous n'avez pas assez de serviteurs ? »

Les joues du jeune homme s'empourprèrent.

« Il n'est pas comme les autres... »

« Ah ? »

« Ses cheveux sont comme de l'or. »

« Je crois qu'il a eu le coup de foudre », dit Egalmoth.

« Cela ne me fait pas rire », corrigea le roi. « C'est un des Achéens. Ils vont nous accuser de l'avoir enlevé ! C'est leur technique avant d'envahir les gens. Je les connais, c'est des malades ces types-là ! »

« Dans ce cas, qu'allons nous faire de lui ? »

« Ça tombe bien », répondit Egalmoth, « j'ai une vachette qui a besoin d'exercice. »

« Majesté, nous n'allons pas encore lâcher les taureaux... » s'inquiéta Penlodh.

« Et pourquoi pas ? »

« Ce déchaînement de violence ne nous fait pas honneur. »

« Vous n'avez pas intérêt à lui faire du mal ! » s'exclama Ecthelion.

« Bon. Hé bien gardez-le si vous voulez. Enfin, s'il est d'accord. Sinon, renvoyez-le chez lui ! »

« Entendu. »

« Bon. Passons à l'ordre du jour maintenant. Penlodh ? »

Le conseiller saisit un morceau de verre taillé et sembla s'en servir pour lire sur une tablette d'argile fraîche.

« Il y a plusieurs rapports à faire. Premièrement, le Grand Roi de Knossos, votre père, a fait savoir qu'il avait bien reçu la nouvelle baignoire que vous lui aviez envoyée. »

« Il doit bien bisquer en la comparant avec ses installations pourries, ah ah ! Maintenant, on va lui envoyer nos derniers toilettes, ceux avec la chasse d'eau. Ç a va lui changer de sa chaise perc... »

« Majesté », dit la fille du roi, dont la voix faisait autorité sur l'île. « Ne pourrions-nous pas garder ces mesquineries pour plus tard ? »

« Tu as raison. Sujet suivant. Penlodh ? »

« Les habitants de la deuxième péninsule ouest refusent de payer leur tribut. »

« C'est fort fâcheux. »

« Effectivement Majesté. »

« Quel est votre conseil ? »

« Moi mon conseil c'est de leur balancer notre flotte dans la tronche », déclara Egalmoth. « Ils vont moins faire les malins après ça. »

« Penlodh ? » dit le roi.

« J'ai ouï dire, d'après mes sources, qu'une de nos filles de cuisine s'était amourachée de l'un des leurs, et avait quitté sa famille et embarqué sur un bateau pour aller vivre avec lui. »

« Je vois. »

Alors, les seigneurs et dames se mirent tous à crier d'une même voix.

« Enlèvement ! Enlèvement ! »

(1) « kéké », expression idiomatique française, tirée de l'égyptien « Keftiu ».

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histoire, maudits silmarils, j'aime les grecs en sandalettes

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